Ordre des chevaliers de Notre-Dame

L'Ordre des Chevaliers de Notre-Dame est une association de fidèles laïcs catholique internationale fondée en 1964. D'origine française, elle est devenue internationale avant de se scinder, en , en deux ordres distincts : le premier, l' Ordre des Chevaliers de Notre-Dame, qui a accepté le Novus Ordo Missae, et dont la Règle a été modifiée à la suite du Concile Vatican II ; et le second, l'Ordre des Chevaliers de Notre-Dame - Observance des saints Cœurs de Jésus et de Marie (latin : Militia Sanctae Mariae, Observantia SS. Cordis Iesu et Mariae), qui a conservé la Règle originelle et s'attache au Catholicisme traditionnel.

Ordre des chevaliers de Notre-Dame

Emblème de l'Ordre

Nom Militia Sanctae Mariae
Devise Opportune et importune (A temps et à contre-temps)[1]
Statut Œuvre d'Église canoniquement érigée
Siège Montireau
Grand maître Maître Carlos de Aguiar Gomes
Assemblées chapitres généraux

Bien qu'on y pratique l'adoubement laïc et liturgique authentiques, qui confère bel et bien le statut de Chevalier, l'Ordre n'est officiellement reconnu ni par le Vatican, ni par la Légion d'Honneur, contrairement à l'ordre Souverain de Malte ou à l'ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Histoire commune aux deux ordres

Avec le soutien de Dom Gabriel Gontard (abbé bénédictin de l'abbaye de Saint-Wandrille en Normandie), Gérard Lafond (plus tard Dom Marie-Gérard Lafond, OSB) fonda l'Ordre des chevaliers de Notre Dame le , reprenant la suite des "Chevaliers de Notre-Dame", troupe scoute anticommuniste créée par l'abbé collaborateur Stéphane Vautherin, dont Gérard Lafond était un disciple[2]. Il est fondé sur deux grandes institutions de l'Église : d'une part la chevalerie avec l'adoubement liturgique, sacramental conféré par un évêque depuis le IXe siècle[réf. nécessaire], et d'autre part la profession (ou vœux) des ordres militaires ou de chevalerie, qui ont vu le jour à l'époque des croisades et ont été louées par Bernard de Clairvaux. En 1947, Gérard Lafond fait paraître la première règle de l'ordre, empreinte de la spiritualité bénédictine et de la spiritualité montfortaine; les premiers adoubements sont conférés par Roger Beaussart la même année. En 1948, Gérard Lafond entre chez les bénédictins de l'abbaye de Saint-Wandrille et est ordonné prêtre sept ans plus tard. À partir de 1955, l'abbaye de Saint-Wandrille accueille les premiers chapitres généraux de l'Ordre. En 1958, l'Ordre se dote de sa règle en vingt-et-un chapitres[3]. L'Ordre est érigé canoniquement dans la crypte de Notre-Dame de Sous-Terre de la cathédrale de Chartres par Roger Michon (puis en Allemagne, en Suisse, au Portugal et en Espagne) le avec, pour témoin officiel, François-Xavier de Bourbon-Parme, prince de Parme. Depuis, l'Ordre s'est doté d'un cérémonial qui lui est propre.

En 1966, dans le cadre des mille ans de l'abbaye bénédictine du Mont-Saint-Michel, le chapitre général de l'Ordre, qui se tint à Chartres, se conclut par un pèlerinage en l'abbatiale Saint-Michel où des chevaliers de Notre-Dame furent exceptionnellement adoubés par Roger Michon. En 1968, un groupe d'amis, dont certains membres étaient aussi chevaliers de Notre-Dame, acheta aux chanoines du Grand Saint-Bernard leur domaine de Riddes. Ceux-ci le revendirent, en 1970, à Marcel Lefebvre qui y fonda le séminaire d'Écône de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X[4].

L'Ordre a subi la crise liée à la réforme liturgique de 1969 (messe de Paul VI) entraînant le départ de ceux qui, restant attachés exclusivement à la liturgie tridentine (messe dite de saint Pie V) comme au Magistère de toujours et voyant dans le Concile Vatican II un danger pour la Foi, étaient opposés aux réformes opérées en son sein.

En 1970, une scission traditionaliste forma la Fraternité chevaleresque.

En 1989, quatre anciens de l’Ordre des Chevaliers de Notre-Dame et de cette Fraternité chevaleresque décidèrent de restaurer l’Ordre des Chevaliers de Notre-Dame lui-même, dans son observance traditionnelle. C'est ainsi que fut fondé l'Ordre des Chevaliers de Notre-Dame - Observance des Saints Cœurs de Jésus et Marie.[5],[6]

C'est la branche traditionaliste de l'Ordre.

Les deux branches de l'Ordre sont formées de laïcs vivant dans le monde et les vœux prononcés sont des vœux privés (non des vœux de religion). L'Ordre a pour fin le règne social du Christ-Roi et la défense de l'Église. Il n'a aucun caractère honorifique et agit dans un esprit de service de l'Église et de la Chrétienté. Deux exemples notables : à Paris, jusqu'en 1989, les Chevaliers de Notre-Dame assuraient, le Vendredi saint, le service d'ordre du chemin de croix de Montmartre ; à l'automne 1988, lors de la venue du pape Jean-Paul II à Strasbourg, deux chevaliers en grande tenue figuraient dans la haie d'honneur. Après une lignée de Français, le nouveau grand maître, élu lors du XXXIIIe chapitre général (en 2015), est un Portugais : Carlos de Aguiar Gomes.

La branche historique, réformée après le Concile Vatican II

Aujourd'hui, fort de moins d'une centaine de membres[réf. nécessaire], l'Ordre organise des retraites ou des récollections spirituelles et dispose d'une commanderie principale située à Montireau. Il milite également dans des œuvres charitables, en particulier les visites aux prisonniers. Il a pour emblème la croix patoncée d'azur (à huit pointes). Il publie un bulletin.

À la suite du Concile Vatican II, l'Ordre historique a réformé sa Règle et adopté la messe de Vatican II.

Politiquement, l'Ordre ne prône le ralliement à aucun parti politique particulier, mais est parfois proche de certains milieux d'extrême droite[7]. Il lutte notamment pour la défense de la famille. Il est à l'origine de plusieurs organisations dont certaines s'impliquent dans le champ politique : la Fraternité catholique eurafricaine, la Fraternité Notre-Dame-de-la-Merci (qui vient en aide aux collaborateurs visés par l'épuration) ou encore la Fraternité de Saint-Benoît pour une Europe Chrétienne[8],[9].

Le Canard enchaîné déclare en 1989 que Paul Touvier, milicien recherché pour crime contre l'humanité, est protégé par l'Ordre des chevaliers de Notre-Dame. Avertie, la gendarmerie lance une enquête sur l'Ordre en , réussissant à arrêter Paul Touvier qui se cachait au prieuré Saint-Joseph de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X à Nice. Jean-Pierre Lefevre, ancien Waffen SS de la division Charlemagne et secrétaire général de la Fraternité Notre-Dame-de-la-Merci, soutient alors l'épouse de Touvier pour l'éducation de ses enfants. Lors de l'assemblée générale de l'Ordre, en , l'affaire est commentée ainsi : « Nous avons subi récemment des tracasseries au sujet de l'aide apportée à une famille en détresse qui nous a valu une publicité de mauvais aloi dans une certaine presse »[10],[11],[12]. La Fraternité édite un bulletin, La Chaîne, depuis le [10].

Maîtres de l'Ordre précédents

  • Gérard Lafond (1945-1948)
  • Pierre Virion (1948-1955)
  • Jehan de Penfentenyo de Kervéréguin (1955-197?)
  • Jacques Pellabeuf (?-2015)

Liturgie

Le rite employé est la messe de Vatican II mais, dans la mesure du possible, en latin et le prêtre officiant en direction du chœur à l'unisson avec les chevaliers.

L'œuvre hospitalière : la Fraternité Notre-Dame de la Merci

Ordre des chevaliers de Notre-Dame - Observance des saints Cœurs de Jésus et de Marie
Nom Militia Sanctae Mariae, Observantia SS. Cordis Iesu et Mariae
Devise Opportune et importune (A temps et à contre-temps)
Statut Œuvre suppléante d'Église
Grand maître Saint Michel
Assemblées chapitres généraux

La Fraternité Notre-Dame de la Merci est créée en 1945 comme section hospitalière de l'Ordre par le chanoine Jean Desgranges. Destinée à venir en aide aux collaborateurs visés par l'épuration, la Fraternité cesse de fonctionner en 1958. Pierre Rimasson la réactive au lendemain de la guerre d'Algérie pour venir en aide aux membres de l'Organisation armée secrète prisonniers. François Marie Lagneau prend la tête de l'organisation en 1968 à la mort de Pierre Rimasson. La Fraternité compte alors 1 200 membres. Au cours des années 1970, perdant ses adhérents (477 en 1976), la Fraternité ouvre ses activités aux prisonniers de droit commun puis aux réfugiés d'Asie du Sud-Est et aux Maronites libanais[10].

La branche traditionaliste, fondée après le Concile Vatican II

Maîtres de l'Ordre

Jean-Pierre Leroy

Règle, Constitutions et approbation canonique

Souhaitant poursuivre fidèlement la mission confiée à l'Ordre par son fondateur, la branche traditionaliste de l'Ordre, fondée par des chevaliers ayant refusé les réformes consécutives au Concile Vatican II, a conservé la Règle originelle de l'Ordre des Chevaliers de Notre-Dame, telle qu'elle existait avant les réformes apportées par la branche historique des Chevaliers de Notre-Dame.

Ses Constitutions ont fait l'objet d'une approbation par décret de la Commission canonique de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X[13].

Liturgie

Le rite employé est le rite tridentin.

Vie de l'Ordre

L'Ordre traditionnel compte aujourd'hui des membres dans une quinzaine de pays en Europe, Amérique, Asie et Australasie.

Les chevaliers s'engagent à réciter le Petit Office de la Sainte Vierge et le Rosaire en entier chaque semaine, à faire un temps d'oraison mentale quotidien, à participer chaque année à une retraite fermée, à poursuivre leur formation doctrinale et spirituelle, à s'entraîner physiquement, à assister aux chapitres mensuels de leur commanderie et à participer aux combats de l'Ordre.

Lesquels visent tous à élargir ici-bas les frontières du Royaume de Dieu[14].

L'Ordre combattant pour le Christ-Roi.

Les épouses et filles de membres peuvent également y être admises.

Il y a aussi des pages et des cadets, qui ont la possibilité de rester toute leur vie dans l'Ordre, sans avoir à changer d'orientation ou de mouvement.

Rattachement

L'Ordre traditionnel, à la suite de Marcel Lefebvre, soutient et collabore activement avec tous les prêtres restés fidèles à la sainte doctrine catholique, c'est-à-dire non-ralliés à la Rome conciliaire. Pour autant, au sein de la Tradition, il n'est lui-même formellement rattaché ou subordonné à aucun groupe en particulier, qu'il s'agisse de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X ou encore de la "Résistance".

Il s'affirme simplement comme Catholique semper idem.

2015 - Ordre des Chevaliers de Notre-Dame de l'Assomption et confusions nouvelles

En 2015, postérieurement à la Déclaration du Chapitre Général 2015 de la branche traditionaliste de l'Ordre des Chevaliers de Notre-Dame, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, sous l'impulsion de Bernard Fellay, a créé l'Ordre des Chevaliers de Notre-Dame de l'Assomption[réf. nécessaire].

Cet Ordre nouveau reprend tant la Règle (originelle) que la devise et - presque à l'identique - l'emblème de l'Ordre des Chevaliers de Notre-Dame.

Pour ce qui concerne son organisation interne cependant, il s'en distingue sensiblement en ce qu'il est formellement rattaché à la Fraternité, mais aussi en ce qu'il se divise en groupes "paroissiaux" (au nombre de deux en 2021) tout à fait distincts et sans lien direct entre eux, chaque groupe étant subordonné hiérarchiquement à un prêtre de la Fraternité. Prêtre n'étant pas lui-même chevalier, mais assurant une fonction de supérieur ecclésiastique. Et tenant ainsi lieu de "Maître de l'Ordre" pour chaque groupe considéré, en quelque sorte.

C'est d'ailleurs entre ses mains que chaque membre d'un de ces groupes prononce ses vœux.

Pour le groupe existant en France, il s'agit de l'abbé Briols[15].

Pour le groupe existant aux États-Unis, de l'abbé Vernoy[16].

Bien que sa vocation soit a priori identique - élargir ici-bas les frontières du Royaume de Dieu, combattre pour le Christ-Roi - la branche traditionaliste de l'Ordre des Chevaliers de Notre-Dame tout comme la branche historique de l'Ordre, en dehors d'une appellation voisine et de nombreux éléments qui peuvent parfois prêter à confusion, n'ont aujourd'hui pas de lien avec cet Ordre en général, ni avec les groupes qui le composent en particulier.

Liens externes

Notes et références

  1. Inspirée par la Deuxième épitre (chapitre 4) de saint Paul à Timothée
  2. (en) Sophie Coignard et Marie-Thérèse Guichard, French connections : networks of influence, Algora, (lire en ligne), p. 224
  3. Règle des Chevaliers de Notre-Dame
  4. Fideliter no 208 (juillet 2012).
  5. http://www.laportelatine.org/confreries/chevaliers_nd/chevaliers_nd.php
  6. Site officiel de l'Ordre des chevaliers de Notre Dame-Observance des Saints Cœurs de Jésus et Marie
  7. Un membre de l'Ordre intervient sur Radio Courtoisie
  8. Jacques Leclercq, Dictionnaire de la mouvance droitiste et nationale de 1945 à nos jours, L'Harmattan, Paris, 2008 (ISBN 9782296064768), p. 419
  9. http://www.militia-sanctae-mariae.org/fr/action.htm
  10. Les droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, PUF, , 526 p. (ISBN 2-7297-0416-7 et 9782729704162, OCLC 26152351), p. 372-373
  11. (en) Sophie Coignard et Marie-Thérèse Guichard, French connections : networks of influence, Algora, (lire en ligne), p. 224-225
  12. (en) Thierry Féral, Suisse et nazisme (lire en ligne), p. 154
  13. « Site Officiel de Ordre des Chevaliers de Notre-Dame, Observance des Saints Cœurs de Jésus et Marie »
  14. Léon Gautier, La Chevalerie, p. I, 10
  15. « Page officielle de l'Ordre des Chevaliers de l'Ordre de Notre-Dame de l'Assomption - La Porte Latine »
  16. (en) « The Dubbing of the knights of Our Lady of the Assumption -SSPX Florida »
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