Noua Dreaptă

La Nouvelle Droite (en roumain : Noua Dreaptă) est un petit parti politique d'extrême droite, ultranationaliste et xénophobe[6], comprenant en 2014 entre 1 000 et 2 000 membres[7], actifs en Roumanie et Moldavie.

Nouvelle Droite
(ro) Noua Dreaptă

Logotype officiel.
Présentation
Président Tudor Ionescu
Fondation 2000 (ONG)
2015 (parti politique)
Siège Bucarest, Roumanie
Religion Église orthodoxe roumaine
Positionnement Extrême droite[1],[2]
Idéologie Ultranationalisme
Irrédentisme roumain
Fascisme clérical
Néo-légionarisme (ro)[3]
Antimondialisme
Euroscepticisme
Antisémitisme[4]
Antioccidentalisme
Anti-islam
Opposition à l'immigration
Affiliation nationale Bloc d'identité nationale en Europe
Affiliation européenne Alliance pour la paix et la liberté
Couleurs Vert et blanc
Site web nouadreapta.org
Représentation
Conseillers locaux[5]
2  /  39900

Statut et histoire

Fondé en 2000 mais resté informel, le mouvement n'a pu devenir un parti politique qu'en 2015[8] lorsque la loi no 14/2003, modifiée le , a abaissé de 90 % le nombre minimum de membres et de parrainages[9]. Mais il ne peut toujours pas participer aux élections en raison de l'art. 30, alinéa 7 et de l' art. 40 alinéas 2 et 4 de la Constitution de la Roumanie, qui interdit cette participation aux mouvements prônant la haine et/ou la discrimination raciale, de classe, religieuse ou sexuelle[10]. Or la Nouvelle droite se réclame des idéaux de la Garde de fer mouvement légionnaire » de la Roumanie de l'entre-deux-guerres), mouvement politique favorable à l'Allemagne hitlérienne et comparable aux forces collaborationnistes d'autres pays comme les Croix fléchées en Hongrie, le PPF en France ou le Rexisme en Belgique[11].

En , des dizaines de membres de la Nouvelle Droite ont été arrêtés par la police après avoir tenté de perturber violemment la GayPride de Bucarest. La police a également utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser contre-protestataires dirigées par des individus identifiés comme membres de la Nouvelle Droite[12].

Le , jour de la fête nationale hongroise, la Nouvelle Droite organise un rassemblement anti-hongrois à Cluj-Napoca, certains de ses membres ont frappé un jeune de la minorité hongroise[13]. Deux députés de l'Union démocrate magyare de Roumanie hongrois exigent alors l'interdiction du mouvement qu'ils accusent d'être une résurgence de la Garde de fer.

Idéologie

L'idéologie de la Noua Dreaptă s’inspire du « légionarisme » de la Garde de fer des années 1930 et de son leader Corneliu Codreanu[8],[14]. C'est un mélange, inspiré des idées de Charles Maurras, de nationalisme militant (postulant les ethnies comme l'équivalent social des espèces biologiques), d'intégrisme religieux orthodoxe, et de protochronisme, courant d'idées pseudo-historique qui remonte aux délires mystico-mythologiques de Nicolae Densușianu (début du XXe siècle) mais qui a été largement promu tant par la Garde de Fer, que par le « Pétain roumain » : le maréchal Antonescu et plus récemment par le dictateur « national-communiste »[15] Nicolae Ceaușescu. Les historiens Neagu Djuvara et Florin Constantiniu discutent le qualificatif de « fasciste » communément appliqué à cette idéologie. Il y a certes des points communs (justification de la violence politique, culte d'un État autoritaire, culte du chef, xénophobie, antisémitisme, mépris et haine contre les Roms), mais la Noua Dreaptă, comme d'ailleurs l'ancienne Garde de Fer, est sans animosité envers les bourgeois, les intellectuels ou les propriétaires, pourvu qu'ils soient « roumains de souche », et c'est avant tout un mouvement intégriste chrétien.

Le site web de la Noua Dreaptă indique une nette hostilité aux Roms, à l'avortement, au communisme, à la mondialisation, à l'Union européenne, à l'OTAN, aux groupes religieux autres que l'Église orthodoxe roumaine, au métissage ethnique et culturel, à l'autonomie territoriale pour la minorité hongroise de Roumanie. Ils prétendent être à la fois contre le marxisme et le capitalisme, en proposant un concept économique de « justice sociale », se fondant sur la troisième idéologie tercériste. Très homophobe, la Noua Dreaptă postule que seul serait « naturel » le modèle familial promu par l'Église : un couple hétérosexuel monogame à vocation reproductrice[16].

Bien qu'aligné idéologiquement sur les positions d'organisations nationalistes européennes ayant une forte rhétorique antisémite[17], la Noua Dreaptă n'a pas cherché à attaquer la minorité juive roumaine, préférant stigmatiser la minorité hongroise, les Roms ainsi que d'autres minorités sexuelles ou religieuses[18].

Programme, buts et actions

La Noua Dreaptă a un programme social et économique dont l'ambition est de limiter les excès du capitalisme en favorisant les PME et les artisans plutôt que les grandes entreprises, en encadrant le crédit et en interdisant l'achat de terres agricoles par des entrepreneurs étrangers notamment américains, russes et chinois.

Les points défendus par la Noua Dreaptă sont :

L'objectif politique ultime déclaré de Noua Dreaptă est de restaurer la « Grande Roumanie », qui de la Première à la Seconde Guerre mondiale a englobé plus de 95 % des roumanophones, ce qui n'était le cas ni avant, ni depuis. Le groupe indique également qu'il est fortement opposé aux principes de la démocratie représentative, qu'il considère comme une forme « insuffisante » du gouvernement, « ouvrant la porte à toutes les corruptions, les concussions, les compromissions ». Il milite pour le démocratie directe en utilisant les moyens technologiques modernes. Certains membres sont monarchistes.

Certains membres ont également recours à la violence : des incidents ont été signalés impliquant spécifiquement les attaques physiques par des membres du parti contre des mormons[6] et des homosexuels[12].

Entre autres actions, l'organisation tente d'attirer des partisans à travers des campagnes de contestation de certaines festivités qu'il considère soit comme perverties (campagnes commerciales de Noël commençant à la mi-novembre) soit comme étrangères au patrimoine culturel roumain, comme Halloween ou la Saint-Valentin.

Alliances internationales

Ancien membre du Front national européen, la Noua Dreaptă entretient des liens avec un certain nombre de partis ou d'organisations européennes nationalistes, certaines d'entre elles étant considérées comme néofascistes, tel que le Parti des Danois (en)[19]. Elle a également noué des relations avec l'Union de la jeunesse eurasienne, l'organisation de jeunesse russe du Parti Eurasie d'Alexandre Douguine[20].

Depuis le , elle est membre de l'Alliance pour la paix et la liberté, un parti politique européen d'extrême droite qui comprend notamment Forza Nuova, le Parti national-démocrate d'Allemagne, le Parti populaire « Notre Slovaquie » et Démocratie nationale[21].

Résultats électoraux

Élections parlementaires

Année Chambre des députés Sénat Gouvernement
Voix  % Mandats Voix  % Mandats
2020 3 551 0,06
0  /  330
4 345 0,07
0  /  136
Extra-parlementaire

Noua Dreaptă dans la culture

Du point de vue symbolique, bien que la Nouvelle Droite roumaine affirme combattre l'« américanisation » et la mondialisation, son logo est une croix celtique. Sa couleur est noire avec un liséré blanc, comme l'était la croix de fer sur les flancs des chars d'assaut et des avions allemands. Le fond vert rappelle celui du logo de la Garde de fer (que le mouvement aurait aimé utiliser, mais qui est légalement interdit).[réf. nécessaire]

Du point de vue musical, la Noua Dreaptă a son propre groupe de rock : Brigada de Asalt brigade d'assaut »), connu pour diffuser des messages ultranationalistes et haineux dans ces chansons (que lui-même qualifie de « coups d'aiguillon pour réveiller la nation »).[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. (en) Uwe Backes et Patrick Moreau, The Extreme Right in Europe : Current Trends and Perspectives, Vandenhoeck & Ruprecht, (ISBN 978-3-647-36922-8, lire en ligne)
  2. « Gay pride à Bucarest sur fond de mouvement anti-mariages homosexuels », Le Point, (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) « Romania », sur state.gov (consulté le ).
  4. (en) רפאל ואגו et Raphael Vago, « Anti-Semitic Media in Post-Communist Romania / תקשורת אנטישמית ברומניה הפוסט קומוניסטית », Kesher / קשר, no 33, , p. 108–115 (JSTOR 23919091, lire en ligne)
  5. (ro) « Voturi si mandate obtinute de competitori la CL pe partide și localităţi », sur 2016bec.ro.
  6. (en) « Country Reports on Human Rights Practices », sur U.S. Department of State, (consulté le ).
  7. Henri Deleersnijder, Démocraties en Péril : L'Europe face aux dérives du National-Populisme, Renaissance du Livre (ISBN 978-2-507-05219-5, lire en ligne).
  8. (ro) « Partidul Noua Dreaptă, lansat ieri | », sur www.punctul.ro, (consulté le ).
  9. Désormais, trois membres suffisent pour une fondation comme association, et pour présenter des candidats, 100 en milieu rural, 500 en milieu urbain non municipal, 1000 dans les municipalités : voir
  10. « CONSTITUTION DE LA ROUMANIE », sur www.cdep.ro (consulté le )
  11. Alexander E. Ronnett, (en) The « Legionary » movement and the romanian nationalism, Romanian-American National Congress, 1995, (ISBN 0-8294-0232-2).
  12. (ro) « Gay Parade - de la timiditate la cafteala », sur HotNewsRo, (consulté le ).
  13. « L'extrême-droite roumaine a organisé une manifestation anti-hongroise à Cluj-Napoca », sur Hulala, (consulté le ).
  14. « Roumanie : l’extrême droite dépassée », sur liberation.fr, .
  15. « National-communisme » est une expression due à l'historienne française Catherine Durandin.
  16. L'idée que seul un couple hétérosexuel monogame à vocation reproductrice serait « naturel » est contraire aux constats des naturalistes lesquels trouvent dans la nature une variété d'orientations, de fonctions et de pratiques sexuelles, reproductives (ou non), familiales, claniques et d'élevage (ou non) des juvéniles, bien supérieure à la diversité des sociétés humaines : voir Jean Génermont, Une histoire naturelle de la sexualité - plus d’un milliard d’années d’évolution, Éditions Matériologiques, Coll. Sciences et Philosophie, 2014, 375 pages; (ISBN 9782919694754).
  17. (en) Stephen Roth Institute: Antisemitism And Racism
  18. (en) 2003 International Religious Freedom Report (Romania) — from U.S. State Department web site
  19. (ro) "Danskernes Parti besøgte Rumænien", Corneliu Codreanus monument, 3 décembre 2013
  20. (ru) ЕСМ и румынские неонацисты объединились для борьбы против государства Украина, Lenta: Transdniestrian News Agency, 09/05/2009, accessed 15.05.2009
  21. Jens Pühse, « Milan Congress and Meeting – APF », sur apfeurope.com (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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