Néofascisme

« Néofascisme » désigne l'idéologie et l'ensemble des mouvements prétendant trouver leur inspiration dans le fascisme italien.

Le fascisme est considéré par la majorité des historiens comme un événement historique déterminé, propre en particulier à l'Europe (et, au-delà, à l'ensemble du monde occidental). Le fascisme réfère stricto sensu au régime mussolinien, mais l'utilisation du terme peut s'étendre aux mouvements qui le reconnaissent comme influence notable.

Le faisceau, symbole du fascisme, apparaissant sur le drapeau du Parti national fasciste.

Le nom « néofascisme » a pu être appliqué à tous les mouvements politiques se réclamant plus ou moins de cette idéologie mais étant postérieurs à la Seconde Guerre mondiale. Le néofascisme est parfois assimilé ou confondu avec le néonazisme, et le qualificatif peut être attribué par leurs opposants à divers mouvements nationalistes, nationaux-révolutionnaires, nationaux-bolchéviques ou plus largement d'extrême droite. Le qualificatif de néofasciste, comme celui de fasciste, est parfois d'un usage polémique, et n'est pas toujours explicitement revendiqué par les mouvements rangés dans cette catégorie.

Des tentatives de confédérations européennes des mouvements néofascistes ont eu lieu sans grand succès, en 1949 avec le Front européen de libération animé au Royaume-Uni par l'Américain Francis Parker Yockey, puis en 1951 avec le Mouvement social européen, qui subit la même année une scission avec la naissance du Nouvel ordre européen. Jeune Europe, créé en 1962, fait figure de tentative comparable, mais tendant davantage vers l'activisme violent.

Idéologie du néofascisme

Critiques du système démocratique

En 1931, Mussolini explicite son refus de la démocratie, définissant les inégalités comme « fécondes et bénéfiques » et, dans La doctrine du fascisme, il écrit que « les régimes démocratiques peuvent être définis comme ceux dans lesquels, de temps à autre, l'illusion est donnée au peuple d'être souverain, alors que la véritable souveraineté effective réside dans d'autres forces, parfois irresponsables et secrètes ». Le néofascisme, à l'instar du fascisme, soutient que les démocraties « autoproclamées » sont en réalité des régimes « ploutocratiques », une sorte de dictature maçonnique fondée sur la manipulation de la volonté populaire[réf. nécessaire]. Les citoyens n'ont ni la connaissance ni les raisons nécessaires pour prendre des décisions cohérentes et justes pour le bien commun[réf. nécessaire]. Platon a défini la démocratie comme « une forme de gouvernement très agréable, pleine de variété et de désordre, qui dispense une sorte d'égalité aux égaux comme aux inégaux »[réf. nécessaire]. Cependant, certains groupes néo-fascistes acceptent la « démocratie organique », tels que le Parti fasciste démocratique dans le passé et CasaPound aujourd'hui[réf. nécessaire].

Identité

Les néo-fascistes se considèrent comme des différentialistes : ils soutiennent l’existence et la diversité des différentes races appartenant à l’espèce humaine, estimant que tous les êtres humains ne sont pas égaux, mais qu’ils ont droit à la même dignité, rejetant ainsi à la fois le suprémacisme et le multiculturalisme[réf. nécessaire]. Ils identifient dans une unité d'origine une communauté dans laquelle se reconnaître et appartenir au nom de la solidarité mutuelle. Dans la diversité des races et des conflits entre les nations, ils voient le darwinisme social, caractéristique inhérente à l'homme[1].

En ce qui concerne l'antisémitisme, certains prônent l'antisémitisme culturel, la différence culturelle sociologique et socio-économique[réf. nécessaire]. Ce n’est donc pas blâmer les Juifs en tant que tels, mais le fait qu'ils formeraient une société culturellement différente de leurs idéaux[réf. nécessaire]. Toutefois, il existe des néofascistes prônant un antisémitisme raciste[réf. nécessaire]. Par ailleurs, les néofascistes sont fortement antisionistes[réf. nécessaire].

Lutte contre la drogue

Les néofascistes sont opposés à la drogue car l’économie qu’ils ont mise en place serait la « drogue » du capitalisme libéral : un produit fictif qui la soutiendrait, alimentant un PIB faussé[réf. nécessaire]. Un stratagème mis en place à partir de 1967 avec l'opération Chaos, conçu au cours des années au cours desquelles le capitalisme semblait céder le pas au communisme, visant également à préserver les cultures d'opium lao par le biais du contrôle du Vietnam[réf. nécessaire][pas clair]. Les néo-fascistes considèrent que les drogués qui se déclarent opposés au capitalisme sont hypocrites et favorisent personnellement la survie du capitalisme en devenant des consommateurs de drogues et en participant directement aux moyens de subsistance[réf. nécessaire]. Ils affirment également que la drogue entraîne le développement d'un crime organisé de type mafieux avec des victimes conséquentes, un jeune homme hébété, des décès dus à une overdose, des familles détruites, des prisons surpeuplées[réf. nécessaire].

Langage

Des études récentes dans les domaines linguistique et sociolinguistique mettent en évidence l’existence d’un langage néo-fasciste spécifique, caractérisé par des traits contre-hégémoniques dominants, de plus en plus présents dans le phénomène plus vaste de la culture du graffiti et des ultras[2]. Dans ces tendances, il existe également un lien entre le néo-fascisme et les sous-cultures skinheads et Casual que l’espace suffisant, en particulier la seconde, occupe au sein des sous-cultures de jeunes.

Par pays

Italie

En Italie, le mouvement le plus important a longtemps été le Mouvement social italien - Droite nationale (MSI), fondé en 1946. Bien que se référant explicitement à Mussolini, le MSI a échappé à la sanction judiciaire visant la reconstitution du Parti national fasciste, et a connu une longue présence sur la scène politique italienne, obtenant en 1948 six députés et un sénateur, et remportant ensuite des résultats électoraux non négligeables, notamment dans le Sud de l'Italie[3]. Sous l'impulsion de Gianfranco Fini, le MSI a renoncé progressivement à ses référents néofascistes pour devenir en 1995 Alliance nationale, parti politique de droite plus modérée. L'aile dure du MSI l'a quitté pour fonder le Mouvement social - Flamme tricolore.

La filiation fasciste a également été revendiquée dans les années 1960 et 1970 par divers mouvements minoritaires, dont certains ont basculé dans le terrorisme, comme Avanguardia Nazionale, Nuclei armati rivoluzionari, ou Movimento Politico Ordine Nuovo.

Le mouvement Action sociale, dirigé par Alessandra Mussolini, continue de revendiquer une certaine fidélité au fascisme, principalement incarnée par le lien familial et affectif entre sa fondatrice et la figure de Benito Mussolini. Les référents fascistes sont également utilisés de manière plus ou moins ouverte par des mouvements minoritaires comme Movimento Idea Sociale fondé par Pino Rauti, ou Forza Nuova.

Casa Pound, mouvement politique né d'un squat à Rome en 2003, est la plus grande organisation néofasciste en Italie d'après guerre. Gianluca Iannone son fondateur se réclame « fasciste du troisième millénaire» et a une forte influence dans l'extrême droite italienne.

France

En France, le courant néofasciste a été représenté par des mouvements comme Jeune Nation et L’Œuvre française, fondés respectivement en 1949 et en 1968 par l'ancien collaborationniste Pierre Sidos, ainsi que par l'éphémère Parti nationaliste, créé en 1958 et dissout au bout de quelques jours.

Des références au fascisme ont pu être utilisées par des mouvements nationalistes étudiants comme Occident ou le Groupe union défense, ainsi que par des organisations minoritaires comme le Parti nationaliste français, Troisième voie ou plus largement par les groupes se réclamant du nationalisme révolutionnaire et de la mouvance identitaire, comme Unité radicale dans les années 2000[4][réf. incomplète].

Ordre nouveau a été, de 1969 à 1973, l'un des mouvements français les plus importants pouvant être rattaché au néofascisme[5]. Il a été à l'origine de la création du Front national, puis du Parti des forces nouvelles[6]. La Dissidence Française se déclare néofasciste sur son site.

Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, l'un des principaux mouvements rattachés au néofascisme a été l'Union Movement, animé par Oswald Mosley, déjà responsable avant-guerre de la British Union of Fascists[7]. Le parti a existé de 1948 à 1973.

Le qualificatif de néofasciste est parfois attribué à des mouvements comme le Parti national britannique, ou le Front national britannique[8].

Belgique

En Belgique, le Mouvement d’action civique, actif de 1960 à 1962, est assimilable au néofascisme[9], de même que Jeune Europe, animé par Jean Thiriart à partir de 1962[10]. Ce dernier mouvement relève cependant surtout, de manière plus large, du national-bolchévisme.

Le Vlaamse Militanten Orde, fondé initialement en 1949 par Bob Maes, a commis de nombreuses actions violentes contre les francophones dans les années 60 et 70. Ce mouvement a été dissous en 1971 par son fondateur et recréé par les militants les plus radicaux se réclamant ouvertement des suprémacistes blancs et du fascisme. Ce mouvement a été condamné en tant que milice privée par la Cour d'appel de Gand en 1981 puis interdit.

Le Voorpost est aussi présent en Belgique ainsi qu'en Afrique du Sud et aux Pays-Bas. Ce mouvement est à l'origine de plusieurs manifestations anti-immigrés et anti-francophones. L'organisation est considérée comme une continuation du Vlaamse Militanten Orde. Ce mouvement a des liens avec le Vlaams Belang et le Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond dont Bart de Wever fut un membre actif. Il fut notamment rédacteur en chef dans cette organisation de 1991 à 1994.

Le Nationalistische Studentenvereniging (NSV), fondé en 1976, est issu d'une scission du Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond. L'actuel président de la Nieuw-Vlaamse Alliantie, Bart de Wever, a donné une conférence devant les membres du NSV de Gand le .

Espagne

En Espagne, le néofascisme est surtout assimilé aux mouvements politiques se réclamant du franquisme, comme Fuerza Nueva ou les différents partis se présentant comme héritiers de la Phalange espagnole (Falange Auténtica, Falange Española de las JONS, FE - La Falange).

Néofascistes célèbres

Partis politiques

Italie

Groupes armés

Galerie

Notes et références

  1. Gabriele Adinolfi, Quel domani che ci appartenne, Barbarossa editore, Milano, 2005.
  2. Linguaggi ed elementi del politico nel radicalismo di destra e di sinistra nel graffitismo urbano, ANALELE UNIVERSITII DIN CRAIOVA, SERIA TIINE FILOLOGICE LINGVISTICA, ANUL XXXIV, Nr. 1-2, 2012
  3. http://www.pbmstoria.it/dizionari/storia_mod/m/m232.htm
  4. http://www.univ-perp.fr/modules/resources/download/default/documents/.../Nicolas%20Lebourg%20Histoire%20et%20fascisme.doc
  5. Pierre Milza, Les Fascismes, Seuil, 1991, 603 p. (ISBN 9782020128636) p. 510. Voir également Nonna Mayer et Pascal Perrineau, Le Front national à découvert, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, , 368 p. (ISBN 978-2-7246-0696-6) [EPUB] emplacement 188 et suiv. sur 7257.
  6. Alexandre Dézé, Le Front national : à la conquête du pouvoir ?, Paris, Armand Colin, , 194 p. (ISBN 978-2-200-27524-2), p. 31 et suiv.
  7. The Culture of fascism, visions of the Far right in Britain, Julie V. Gottlieb & Thomas P. Linehan, I.B. Tauris
  8. (en) « Andrew Brons : the genteel face of neo-fascism », sur the Guardian, (consulté le ).
  9. De l'avant à l'après-guerre, l'extrême droite en Belgique francophone, De Boeck Université
  10. Anne-Marie Duranton-Crabol, L'Europe de l'extrême droite de 1945 à nos jours, Complexes

Articles connexes

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