Monte Rotondo (navire)

Le Monte Rotondo est un roulier construit de 1971 à 1973 par les Ateliers et Chantier de La Rochelle - Pallice pour la Compagnie générale transméditerranéenne (CGTM). Mis en service en sur les liaisons de fret entre Marseille et la Corse, il sera transféré à la Société nationale maritime Corse-Méditerranée (SNCM) en 1976. Retiré du service en 2002, il est vendu à la société turque Orsa Deniz Hizmetleri et rebaptisé Lale Ünaldi[1]. Exploité par cet armateur jusqu'en 2005, il est revendu cette année-là à la compagnie Tramola Gemi İşletmeciliği et navigue depuis lors sur une courte ligne entre les provinces turques d'Istanbul et de Balıkesir sous le nom de Tramola 1.

Tramola 1

Le Monte Rotondo à L'Île-Rousse dans les années 1990.
Autres noms Monte Rotondo (1973-2002)
Lale Ünaldi (2002-2005)
Type Roulier
Histoire
Chantier naval ACRP, La Rochelle, France (#01208)
Commandé
Quille posée
Lancement
Mise en service
Statut En service
Équipage
Équipage 7 officiers et 32 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 109,51 m
Maître-bau 17,50 m
Tirant d'eau 5,24 m
Port en lourd 2 860 tpl
Tonnage 5 127 UMS
Propulsion 2 moteurs SEMT Pielstick 8PC2
Puissance 62 000 kW
Vitesse 19 nœuds
Caractéristiques commerciales
Pont 7
Capacité 660 m linéaires
32 convoyeurs
Carrière
Armateur CGTM (1973-1976)
SNCM (1976-2002)
Orsa Deniz Hizmetleri (2002-2005)
Tramola Gemi İşletmeciliği (depuis 2005)
Pavillon France (1973-2002)
Turquie (depuis 2002)
Port d'attache Marseille (1973-2002)
Istanbul (depuis 2002)
Indicatif (FSJO) (1973-2002)
(TCCD8) (depuis 2002)
IMO 7224461

Histoire

Origines

Au début des années 1970, le trafic fret sur la Corse est en plein développement. Cependant, la Compagnie générale transméditerranéenne rencontre, à ses débuts, des problèmes d’exploitation de sa flotte de cargo. L’Estérel et le Relizane sont affectés sur l’Afrique du Nord et le Travetal ne pourra pas être maintenu sur la Corse à cause de problèmes liés à son affrètement. Ce dernier doit donc être remplacé. La direction de la CGTM s’attache alors à se doter d’un cargo à la capacité et à la vitesse permettant à la fois de faire face aux besoins de la clientèle (roulier toute l’année et cargo doublant des car-ferries en saison), d’absorber les prévisions de développement du trafic et d’obtenir la meilleure productivité. Cette future unité doit être le navire de charge le plus important et le plus rapide mis en service sur les lignes de la Corse. Sa vitesse permettra d’allonger les escales et la technique de la manutention horizontale évitera la rupture de charge, permettant un gain de temps. En raison de son prix d’achat, le coût du mètre linéaire sera réduit. La mise en service d’un tel navire demande cependant à être anticipée. Il s’agit de mettre en avant les avantages de la technique du roll on/roll off auprès des transitaires et transporteurs, de définir les besoins de la clientèle et d’investir dans l’équipement des acconiers des ports touchés par la future unité. Celle-ci, dans la lignée de ses prédécesseurs, est baptisée du nom du Monte Rotondo, sommet situé en Corse et culminant à 2 622 mètres d'altitude.

Construction

Le contrat de construction entre la CGTM et la Société Nouvelle des Ateliers et Chantiers du Havre associé aux ACRP est signé le . La mise sur cale a lieu le aux chantiers de La Rochelle-Pallice. Le navire est lancé le à 16h00. Sa ligne tranche radicalement avec les précédents cargos de la compagnie, mais la véritable évolution se situe essentiellement dans ses caractéristiques. Sa vitesse de 19 nœuds permet ainsi de transporter les véhicules des passagers en doublage des car-ferries sensiblement avec le même horaire mais également à un convoyeur de débarquer le matin et d’embarquer de nouveau le soir. Mais ce qui surprend le plus dans ce navire, c’est que sa coque était à l’origine prévue pour un chalutier de haute mer en construction pour la pêche à Terre-Neuve. Puis à mi-construction, le propriétaire renonça à la poursuite des travaux. La coque va donc servir au futur Monte Rotondo. On note ainsi quelques détails sur l'architecture générale qui trahissent ses origines : l’important pont arrière et le portique étant destinés à la récupération des chaluts (la cale à poissons devint donc le garage à voitures) et la marque de franc bord HAN (Hiver Atlantique Nord). Les essais à la mer se déroulent le . Il est pris en charge par la CGTM le .

Service

Le Monte Rotondo quitte La Rochelle le à 15h21 à destination de Marseille, via Bordeaux et Alger. Il arrive pour la première fois à son port d'attache le à 23h17, sous les ordres du commandant Perrin. Le baptême du Monte Rotondo a lieu le . Le navire est béni par l’abbé Party, aumônier du port. Madame Blum, épouse du président de la CCI de Marseille, est la marraine. Il est rapidement constaté que les stabilisateurs, non rétractables, ne conviennent pas au navire. En effet, par mer de travers de force 7 à 8 le navire peut connaître des coups de roulis d’une amplitude pouvant dépasser les 30°. Ces fortes inclinaisons étant incompatibles avec le transport de camions et remorques en pontée sans craindre de graves avaries, il est donc nécessaire de trouver une solution convenable. C’est ainsi que le Monte Rotondo entre en arrêt technique du 18 au afin de mettre en place des quilles anti-roulis.

Le navire quitte Marseille le pour La Rochelle où il arrive le . Ce retour aux chantiers entre dans le cadre d’un arrêt technique de garantie destiné au remplacement des stabilisateurs à ailerons fixes par des ailerons repliables de beaucoup plus grandes dimensions et dont l’efficacité se fera immédiatement sentir. Le Monte Rotondo quitte les chantiers le pour rejoindre Marseille. Durant le voyage, le navire fait escale à Casablanca au Maroc, affrété par la Compagnie Fabre, il charge des primeurs puis reprend sa route pour Marseille où il arrive le . Le entre Ajaccio et Marseille, à 2h00 et à une trentaine de milles du Cap Camarat le Monte Rotondo recueille six personnes se trouvant dans un radeau pneumatique depuis 36 heures. Celles-ci étaient parties de Cavalaire-sur-Mer dans la matinée du pour Ajaccio quand leur voilier, le Sirocco, a coulé dans l’après-midi, après avoir été chaviré par une lame de fond.

Le , le Monte Rotondo est transféré à la Société nationale maritime Corse-Méditerranée, nouvelle entité succédant à la CGTM.

Le , le Monte Rotondo est la première unité de la SNCM touchant le port de Porto-Vecchio. Le navire est reçu officiellement par les personnalités locales, à 11h00, sous pavois. Les liaisons avec le continent étaient assurées jusqu’alors par la CMN, les deux compagnies se relaieront à présent sur cette desserte.

Le , le Monte Rotondo quitte le port de Marseille à 16h en direction de Porto-Vecchio. Le lendemain, alors que Porto-Vecchio est en approche, le navire heurte à 8h00 des rochers de l’îlot du Toro à la suite d'une erreur de navigation. Ordre est immédiatement donné de faire une inspection rapide afin de connaître l’étendue des dégâts. A 8h10 les ballasts 3 à 8 ont leurs niveaux d’eau anormalement augmentés, il y a une voie d’eau machines sous les réducteurs et l’hélice bâbord à pas variable ne répond plus. Le Monte Rotondo navigue alors sur son seul moteur tribord, qui ne fonctionne que sur 7 cylindres, le huitième cylindre étant en avarie depuis la nuit. À 9h25, le commandant décide de dérouter son navire sur Bastia car l’entrée sur Porto-Vecchio est jugée dangereuse dans ces conditions. Les moyens de pompage sont mis en œuvre pour limiter l’entrée d’eau dans la salle des machines. La remontée se fait à 8,5 nœuds et Bastia est rallié à 18h00. Le lendemain, l’équipage tente de colmater les voies d’eaux avec les moyens dont il dispose, alors que du personnel est dépêché en renfort depuis Marseille. Il est finalement décidé de faire appel à un remorqueur pour rapatrier le navire à Marseille. Et le en soirée, le Marseillais 17 passe une remorque au Monte Rotondo. Mais durant la traversée, le niveau d’eau monte dans la salle des machines. Le convoi se déroute alors vers Nice, atteint le lendemain à 8h00. Dans la journée du , les plongeurs de la société Oceamer s’affairent autour de la coque du navire et deux moto-pompes sont embarquées pour limiter la montée de l’eau. Le convoi prend alors la direction de Marseille. Le lendemain vers 16h00, le Monte Rotondo peut entrer dans la forme 7. L’hélice tribord est endommagé, des tôles sur bâbord sont déformées et déchirées sur une longueur d’environ 50 mètres et 30 centimètres de large. Près de 200 m2 de tôles sont remplacées. Après des essais en mer, le Monte Rotondo reprend son exploitation régulière sur Porto-Vecchio le . Le Monte Rotondo sera le seul navire de la flotte à ne pas arborer sur sa muraille la marque SNCM Ferryterranée.

Dans les années 1990, le navire est proche de la limite d'âge imposée par la convention particulière de la continuité territoriale, il est donc prévu de le remplacer à l'horizon 1994 par une nouvelle unité plus importante. Cependant, le , le Monte Stello s'échoue au large de Bonifacio et est abandonné par la SNCM. Le nouveau cargo mis en service cette année là, le Paglia Orba, remplace donc le Monte Stello, accordant ainsi un sursit au Monte Rotondo.

Le , le Monte Rotondo appareille de L'Île-Rousse et quitte pour la dernière fois la Corse. Il arrive le lendemain à 6h30 à Marseille. Le navire est désarmé le et attend d’être vendu au poste 124. Après une carrière de près de 30 ans pour la SNCM, le navire est remplacé au sein de la flotte par le Pascal Paoli.

Le Tramola 1 en 2007.

En , le navire est vendu à la société turque Orsa Deniz Hizmetleri qui le rebaptise Lale Ünaldi. Après quelques transformations, le navire est mis en exploitation par son nouveau propriétaire en Mer de Marmara.

Il est de nouveau vendu en à la compagnie Tramola Gemi İşletmeciliği et devient le Tramola 1. Il navigue toujours actuellement pour cet armateur entre les provinces d'Istanbul et de Balıkesir.

Aménagements

Avant tout conçu pour le transport de fret, le Tramola 1 est équipé pour transporter 32 convoyeurs, ceux-ci ont à leur disposition une salle à manger comportant neuf tables de quatre et neuf cabines pouvant loger quatre personnes.

Caractéristiques

Le Tramola 1 mesure 109,51 mètres de long pour 17,50 mètres de large, son tirant d'eau est de 5,24 mètres et sa jauge brute est de 5 127 UMS. Le navire possède un garage de 660 mètres linéaires de roll accessible par une porte-rampe arrière de 7,00 mètres de large et permettant un accès aux semi-remorques de plus de 4,50 mètres de hauteur. Il est entièrement climatisé. Il possède 2 moteurs diesel 4 temps semi-rapides SEMT-Pielstick 8 PC2, 8 cylindres en ligne, entraînant chacun à 250 tours par minute une hélice à 4 pales orientables KaMeWa par l’intermédiaire d’un réducteur Lohmann & Stolterfoht. La puissance totale est de 6 252 kW et la vitesse en service s'élève à 19,5 nœuds. Le cargo est en outre doté d'un propulseur d’étrave Shottel de 300 ch et de stabilisateurs HDW à ailerons non rétractables (qui seront remplacés par des stabilisateurs à ailerons rétractables en 1974). Le navire est pourvu de deux embarcations de sauvetages ouvertes de petite taille pour l'évacuation des personnes à bord.

Lignes desservies

Pour la CGTM puis pour la SNCM, de 1973 à 2002, le Monte Rotondo était affecté au transport de marchandises entre Marseille et les ports de Bastia et d'Ajaccio, et servait aussi, au début de sa carrière, de doublon des car-ferries pour le transport des véhicules en saison estivale. Progressivement remplacé par des unités plus importantes, le navire a desservi Porto-Vecchio dans les années 1980 puis L'Île-Rousse à la fin de sa carrière sous pavillon français. Il sert également régulièrement de navire école et permet ainsi aux officiers ou au personnel de maistrance de suivre la formation à la fonction supérieure.

Actuellement, il dessert une courte ligne de fret entre Ambarlı (Province d'Istanbul) et Bandırma pour la compagnie Tramola Gemi İşletmeciliği sous le nom de Tramola 1.

Notes et références

  1. « Monte Rotondo », sur Ferries Online.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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