Menstruation

La menstruation, ou règles, désigne l'écoulement périodique d'un fluide biologique complexe composé de sang, de sécrétions vaginales, et de cellules endométriales de la paroi utérine, évacué par le vagin. Ce fluide d'apparence sanguine est une manifestation visible du cycle menstruel des femmes et des femelles en âge de procréer de certaines espèces de mammifères. Parmi ces espèces se trouvent majoritairement des primates : tous les Catarhiniens ou presque (singes de l'Ancien monde, dont fait partie l'espèce humaine), ainsi que certains Platyrhiniens (singes du Nouveau monde)[1]. Des chauves-souris et une espèce de musaraigne, le macroscélide de Peters présentent aussi cette caractéristique physiologique[2].

Du sang menstruel humain et frais sur un papier hygiénique.

Les menstrues correspondent à l'évacuation de la couche superficielle de la muqueuse de l'utérus, l'endomètre, qui s'était constitué plus tôt durant le cycle menstruel pour accueillir un éventuel œuf fécondé. En l'absence de fécondation, la surface de l'endomètre, richement vascularisé, est alors évacuée par le vagin sous forme d'un saignement plus ou moins abondant, sur une période pouvant durer de trois à dix jours, et pouvant s'accompagner de douleurs.

Dans l'espèce humaine, la première menstruation ou « ménarche » apparaît entre la préadolescence et l'adolescence, et ce phénomène s’arrête définitivement lors de la ménopause. Les menstruations sont généralement interrompues durant la grossesse. Les saignements sont communément absorbés par des protections hygiéniques. Chez la femme, le volume des pertes menstruelles est compris entre 50 et 60 millilitres de sang, mais varie entre les individus et selon les cycles[3]. Durant la période des menstruation (aussi appelées règles) la femme peut avoir des douleurs ou crampes dans le bas du ventre, causées par des petites contractions.

Étymologie

Le terme menstruation vient du mot latin mensis « mois » (proche du grec mene, la lune) qui évoque une parenté avec les cycles lunaires mensuels.

Généralités

Les menstruations sont l'écoulement d'un fluide biologique complexe composé de sang, de sécrétions vaginales, et de cellules endométriales de la paroi utérine[4]. Elles surviennent après un cycle menstruel durant lequel l'ovule n'a pas été fécondé.

Tous les saignements qui peuvent apparaître durant le cycle menstruel ne sont pas des règles[5].

Les premières règles ou ménarches apparaissent à un âge variable selon les individus, estimé entre 12 et 13 ans. Elles peuvent toutefois survenir beaucoup plus tôt ou beaucoup plus tard, sans que cela ne soit révélateur d'une affection. Les règles peuvent mettre plusieurs cycles à devenir régulières[6].

L'hypothétique effet McClintock indiquerait que lorsque plusieurs femmes vivent ensemble, il y a synchronisation des règles. Cependant, cet effet est largement controversé et les preuves scientifiques actuelles tendent à indiquer l'absence de phénomène de synchronisation, la synchronisation constatée serait due au hasard. Ce phénomène a été observé chez d'autres animaux comme la souris sous la forme d'une synchronisation des œstrus au sein d'un même groupe, phénomène appelé effet Whitten[7].

Nombre de menstrues dans la vie d'une femme

Le nombre de menstruations au cours de la vie varie. Le fait que les femmes aient des menstrues tous les mois est relativement récent puisque leurs ancêtres alternaient fréquemment grossesse et allaitement, ce qui empêchait l'apparition des règles (aménorrhée de lactation)[8],[9].

Ce nombre de menstrues dépend aussi fortement de l'environnement sociétal. Il est estimé qu'une femme américaine a environ 450 menstruations durant sa vie, alors qu'une femme aborigène d'Australie en a environ 180, en raison du nombre plus élevé d'enfants conçus et de l'allaitement consécutif à la grossesse. Il est également estimé que les femmes du Paléolithique étaient peu réglées, en raison de leur courte espérance de vie, du nombre de grossesse vécues et de l'allaitement consécutif, mais aussi en raison de leur activité physique ou de leur mauvais état de santé, périodes pouvant provoquer une absence de règles[10].

Ces différences de comportement (grossesses plus espacées, périodes d'allaitement absentes ou raccourcies) ainsi qu'une puberté plus précoce impliquent pour la femme occidentale actuelle un risque plus élevé de carence en fer[9].

Fertilité

Les spermatozoïdes peuvent survivre dans le corps de la femme pendant une période de 2 à 5 jours et l'ovule environ 24 heures. La période de fécondation commence donc cinq jours avant l'ovulation et se termine une journée après celle-ci.

La période de menstruation, lorsque les cycles sont régulièrement établis, est donc peu fertile mais le reste néanmoins[11].

Physiologie

Cycle Menstruel et hormonal

La fonction de reproduction, c'est-à-dire la production des gamètes et des hormones gonadiques, est contrôlée par l'axe hypothalamo-hypophysaire. L'hypothalamus synthétise et libère de manière pulsative une hormone peptidique (GnRH = hormone gonadolibérine) qui stimule la libération par l'hypophyse antérieure de deux hormones FSH et LH. Les hormones principales ovariennes impliquées dans le contrôle du cycle menstruel sont les œstrogènes, la progestérone et l'inhibine. Au début du cycle, l'hypophyse antérieure (glande pituitaire) libère la FSH (hormone stimulant la folliculogenèse) signalant au follicule immature de grandir dans les ovaires. Le follicule est un sac contenant l'ovocyte. Normalement, un seul ovule est produit par cycle. Il n'y a pas de coordination gauche/droite. Le même ovaire peut donc théoriquement émettre un ovule plusieurs mois de suite. En fait, la présence d'un corps jaune dans un ovaire perturbe fortement la sélection du follicule dominant, de telle sorte que chez 88 % des femmes, l'ovulation se produit alternativement dans un ovaire, puis dans l'autre. Le premier follicule à se développer sécrète de l'inhibine. Les niveaux d'œstrogènes montent quand l'hormone est sécrétée par le follicule qui se développe. Ce taux d'œstrogènes est à son maximum juste avant l'arrivée de l'ovulation. L'ovulation a lieu le 14e jour du cycle, environ 36 h après le pic de LH (hormone lutéotrophe) libérée par l'hypophyse antérieure. Ce pic de L.H est provoqué par l'importante quantité d'œstrogènes qui étaient présents juste avant l'ovulation[12].

Après l'ovulation, œstrogènes et progestérone sont chacun sécrétés par le corpus luteum (ou corps jaune) qui se développe à partir du follicule rompu et reste dans l'ovaire. Le rôle de la progestérone est de préparer le corps pour une éventuelle grossesse. En particulier, la progestérone provoque une augmentation de la température basale d'environ 0,3 °C. Cette augmentation de la température peut être utilisée pour détecter l'ovulation.

Si aucune grossesse n'intervient le corpus luteum dégénère et le niveau des hormones chute brutalement, ce qui provoque l'élimination de l'endomètre lors de la menstruation.

S'il y a une grossesse, le placenta produit les hormones pour interrompre le cycle menstruel :

  • hCG (hormone gonadotrophine chorionique humaine) pour garder le corpus luteum ;
  • inhibine pour empêcher une autre ovulation.

Absence de règles

L'absence de règles est désignée sous le terme d'« aménorrhée ». Elle peut être primaire ou secondaire.

Une fois les premières menstruations apparues et régulièrement établies, l'absence de règles, ou aménorrhée secondaire, traduit généralement une grossesse et peut se prolonger pendant l'allaitement (aménorrhée de lactation). À partir de l'âge de 40 à 50 ans, il peut s'agir de l'apparition de la ménopause. D'autres facteurs très fréquents peuvent causer une disparition des règles : maladies graves, prises de certains médicaments, anorexie, pratique sportive intensive, origines psychogènes (stress métabolique ou psychique accrus, troubles alimentaires, conditions chroniques)[13], troubles d'origines utérine ou ovarienne[14].

Aménorrhée de lactation

L'allaitement consécutif à une grossesse aboutit à une anovulation ainsi qu'à la suspension des règles, dues à l'action sur l'axe hypothalamo-hypophysaire des stimulations mamelonnaires liés à la succion et aux stimuli neurosensoriels[15].

Contraception hormonale

Il est possible de choisir d'avoir des règles ou non par l'utilisation d'un moyen de contraception hormonal comme une pilule combinée prise sans interruption, une pilule progestative prise en continu, un DIU hormonal, un implant progestatif, un anneau contraceptif ou encore un patch pris sans interruption[16].

Conséquences

Flux


Douleurs

Chez certaines femmes, une douleur pelvienne (au niveau du bassin) ou des crampes de l'utérus, appelées dysménorrhées peuvent précéder et accompagner la période des règles. Elle peut s'associer dans le cadre du syndrome prémenstruel (ou SPM) à des douleurs, des malaises, de la fatigue, dans certains cas à une anémie. Ces douleurs peuvent perturber la vie quotidienne ou le sommeil et entraîner une irritabilité. Certaines femmes peuvent également ressentir des maux de tête, une douleur dans le bas du dos ou une tension des seins (qui peuvent augmenter de volume en fin de cycle), et rendre nécessaire le changement de taille de soutien-gorge. Des diarrhées peuvent survenir les premiers jours[17].

Une étude indique une corrélation entre la présence d'anémie et les troubles menstruels notamment la dysménorrhée, le syndrome prémenstruel, et les cycles irréguliers ou d'une longueur anormale[18].

On distingue généralement les dysménorrhées primaires, liées à l'effet des prostaglandines, qui affectent en priorité les adolescentes lors des premières années de leurs règles, et qui sont le plus souvent sans gravité, bien que pouvant être invalidantes, et les dysménorrhées secondaires, liées à de nombreuses pathologies possibles, dont l'endométriose. Dans le premier cas, les pharmaciens peuvent délivrer des traitements de type anti-inflammatoire non stéroïdien, en l'absence de contre-indications. Dans le second cas, ou lorsque les traitements sont inefficaces, il est nécessaire de consulter un médecin[19].

Ces douleurs poussent certains pays à instituer un « congé menstruel » pour les femmes concernées :

  • le Japon depuis 1947 : les employeurs doivent déterminer la durée autorisée des absences et si elles sont rémunérées ou non ; seules 0,09 % des Japonaises osent le prendre en 2016, contre 1,6 % en 2004, 9,2 % en 1985 et 26,2 % en 1965 ; 17,8 % prennent systématiquement des anti-douleurs et 31,8 % en prennent « parfois »[20] ;
  • l'Indonésie depuis 1948 ; cependant, depuis la modification de la loi en 2003, l'employeur n'est plus obligé de payer ses salariées quand elles veulent bénéficier de ce congé et les femmes doivent désormais subir un examen médical afin de prouver qu'elles ont bien leurs règles[20] ;
  • la Corée du Sud depuis 2001 : chaque salariée a droit à un jour de congé (non payé) par mois[20] ;
  • Taïwan depuis 2013 : les femmes ont droit à trois jours de congés menstruels payés supplémentaires par an, additionnés aux 30 jours de congés maladie à moitié payé auquel tous les employés ont droit[20] ;
  • en 2015, la Zambie institue une « fête des mères » qui accorde aux salariées un jour de repos supplémentaire chaque mois, sans certificat médical et indépendamment de l'âge de l'employée[21].

En Italie, un projet de loi autorisant les femmes à prendre trois jours de congés payés par mois en cas de règles douloureuses, a été présenté en [20].

Selon la gynécologue Brigitte Letombe, opposée à la mise en place de ce congé : « Les femmes ne doivent pas rester chez elles en cas de règles insupportables à chaque cycle. » et doivent consulter « Contrairement à une croyance populaire, il n’est pas normal d’avoir mal pendant cette période. Cela peut cacher une pathologie plus grave, comme l’endométriose. Selon l’Inserm, 40 % des femmes qui souffrent de douleurs chroniques pelviennes intenses, notamment au moment des règles, en sont atteintes »[22].

Risque de carence en fer

Chez la femme, le volume des pertes menstruelles est compris entre 50 et 60 mL de sang, mais varie entre les individus et selon les cycles[3]. Un millillitre de sang contenant 0,5 mg de fer[23].

Il y a un risque de carence martiale, déficit en fer avec anémie (anémie ferriprive) ou sans anémie (carence en fer sans anémie), chez la femme moderne[9].

Chez la femme en âge de procréer, les principales causes d'anémie ferriprive sont la menstruation et la perte de fer associée à la grossesse[24].

Dans le monde, 30 % des femmes agées entre 15 et 49 ans sont anémiques[25].

Les femmes qui ont des menstruations ont des besoins en fer (18 mg par jour) deux fois supérieurs aux hommes (mg par jour) et aux femmes allaitantes(mg par jour)[26].

Sachant que concernant le fer les apports nutritionnels conseillés, hors carence en fer, pour les femmes adultes (hors grossesse et allaitement) sont de 18 mg par jour, soit l'équivalent de 750 g de steak par jour (2,4 mg de fer dans 100 g de steak). Selon une étude, les femmes adultes avec des menstruations devraient avoir 18,9 mg ; les femmes adolescentes avec menstruation devraient avoir 21,4 mg de fer par jour[27].

Une étude indique qu'obtenir 18 mg de fer par jour peut rarement être atteint avec les aliments ordinaires disponibles[28]. Sachant que sur les 18 mg que contiennent la nourriture, seuls 10 % seront absorbés[28]. Il a été établit que 1,8 mg de fer doit être assimilé pour satisfaire les besoins de 80 à 90 % des femmes[28].

En 1994, l'alimentation de 92 % des femmes anglaises entre 16 et 50 ans n'atteignait pas 14,8 mg de fer[29].

Histoire et sociétés

La menstruation est un phénomène physiologique « spectaculaire », à l'origine de nombreuses croyances et tabous culturels souvent liés à l'idée d'impureté.

Dans l'Europe pré-chrétienne les règles sont partie prenante d'une ritualisation du passage des saisons, qui concernent aussi bien la terre, les plantes que la reproduction humaine. L'ethnologue Sylvie Muller explique ainsi la place des règles dans le calendrier de l'ancienne Irlande paysanne :

« Au printemps, les fleurs signalent la disponibilité d’un potentiel fécond, exploité en Irlande par les mariages de février ; en été, se déroule la gestation des fruits ; en automne ont lieu la récolte et l’accouchement ; enfin, l’hiver correspond à la saison de la mort, de la menstruation et des sacrifices sanglants, pendant laquelle se constitue le terreau, lequel est composé des vies mortes qui nourriront le prochain cycle saisonnier[30]. »

Chez les Oglalas, un rite de passage nommé Išnati Awicalowanpi isolait les jeunes filles en ménarche. On leur attribuait temporairement un tipi à l'extérieur du village. Une femme d'expérience, choisie par la famille, avait comme rôle de pourvoir à ses besoins et de lui enseigner ses futures tâches d'épouse et de mère. Une dizaine de jours après l'apparition des premières menstruations, une cérémonie était menée par un chaman. L'invocation de l'esprit du bison avait pour but d'assurer la fécondité de la jeune fille et de marquer son passage du monde des enfants à celui des adultes.[31]

Religions

Les religions sémitiques (notamment juives et musulmanes) associent différentes croyances et interdits aux règles. Les femmes sont considérées en état d'impureté rituelle lorsqu'elles ont leurs règles. En Islam, pendant son cycle menstruel[32][source insuffisante], la femme musulmane n'a pas le droit de faire sa prière ni son jeûne ni d'avoir un rapport sexuel (avec pénétration) avec son mari. Par ailleurs, pendant le pèlerinage de la Mecque, la circumambulation lui est interdite.

Le Lévitique  un livre de l' Ancien Testament, et de la Torah  décrit l'impureté des objets qui touchent les règles de la femme :

« La femme qui aura un écoulement de sang restera 7 jours dans la souillure de ses règles. Si quelqu'un la touche, il sera impur jusqu'au soir.
Tout lit sur lequel elle couchera pendant ses règles sera impur et tout objet sur lequel elle s'assiéra sera impur.
Si quelqu'un touche son lit, il lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau et sera impur jusqu'au soir.
Si quelqu'un touche un objet sur lequel elle s'est assise, il lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau et sera impur jusqu'au soir.
S'il y a quelque chose sur le lit ou l'objet sur lequel elle s'est assise, celui qui y touchera sera impur jusqu'au soir.
Si un homme couche avec elle, si la souillure des règles de cette femme vient sur lui, il sera impur pendant 7 jours et tout lit sur lequel il couchera sera impur.
La femme qui aura un écoulement de sang pendant plusieurs jours en dehors de ses règles, ou dont les règles dureront plus que d'habitude, sera impure pendant toute la période de son écoulement, comme pendant ses règles[33]. »

Les prescriptions dans le judaïsme sont très détaillées. La Niddah, qui interdit les relations sexuelles avec la femme pendant ses règles car elle est alors considérée comme « impure », prévoit un ensemble de vérifications (bedika) visant à éliminer toute trace d'une goutte de sang qui pourrait souiller l'époux, et sept jours plus tard, le bain rituel, le mikvé. La crainte du sang menstruel se retrouve comme une constante dans de nombreuses cultures, pour des raisons religieuses. Dans l'analyse psychanalytique, la mise en place de périodes d'interdit dans le judaïsme est aussi considéré comme propre à alimenter le désir sexuel, en retardant le moment du plaisir[34].

Interdits

Dans les sociétés traditionnelles, il existe également des croyances très diverses liées aux menstruations. La question de la contamination est par exemple présente chez les Marquisiens  :

« Les menstruations étaient entourées de plusieurs restrictions, et étaient la principale raison pour laquelle les femmes étaient regardées comme impures et impies. Les femmes ayant leurs règles devaient être évitées sous peine de contracter la lèpre, par contamination par contact avec elles, ou avec le fluide menstruel ou avec leurs vêtements. Les restrictions liées aux menstruations ont ensuite été étendues à toutes les femmes pubères à toutes les occasions. Il était interdit aux femmes de passer au-dessus de tout objet ou structure, ou de passer au-dessus de la tête d'une personne. Ainsi, une femme ne pouvait pas s'asseoir sur la selle d'un homme, aller en canoë, ou s'asseoir sur une chaise ou sous le porche d'une maison si un enfant était également en dessous. Car autrement elle contaminait l'objet ou la personne. Et la contamination ne pouvait être enlevée qu'en tuant la femme, ou en détruisant l'objet, ou en pratiquant le rituel ha'a tahe tahe[35]. »

Le supposé pouvoir contaminant des règles reçoit à l'époque moderne diverses justifications. Au XIXe siècle, le criminologue italien Cesare Lombroso, dans le cadre d'une théorie sexiste et naturalisante de la criminalité, liait ainsi les menstruations à la criminalité féminine[36]. Les sexologues Masters et Johnson font état, concernant la même époque, d'une tentative de justification médicale, en Angleterre, de la croyance en un pouvoir corrupteur des règles sur la nourriture :

« En 1878, le prestigieux British Medical Journal édita une série de lettres de médecins qui donnaient des « preuves » que le contact d’une femme qui avait ses règles pouvait abîmer le jambon qu’elle avait touché[37]. »

En 1846, Victor Hugo cite l’exemple des catacombes de Paris, vouées en partie à la culture des champignons, et interdites aux femmes, dont les menstrues pouvaient « faire tourner et pourrir » les plantations. Lui-même affirme que l’indisposition périodique des actrices « fait tomber le blanc et le rouge » dont elles se maquillent[38].

Un tabou dans de nombreux pays

En 2017, un groupe multinational vendant des protections périodiques, Essity, lance dans de nombreux pays une campagne publicitaire montrant un liquide rouge simulant le sang menstruel, au lieu du liquide bleu habituellement utilisé pour le représenter, avec le slogan Le sang c'est normal, le montrer devrait l'être aussi. Cette campagne déclenche en Australie les foudres de 600 téléspectateurs, qui se plaignent auprès de l'autorité de contrôle du caractère « désagréable », « inutile », « choquant et inapproprié », « dérangeant », « dégradant pour les femmes » de la campagne et du fait qu’elle « ne convient pas aux enfants », sans toujours réaliser que le sang affiché lors de scènes de violence ne les fait pas réagir comme l'analyse une chargée de cours en études de genre. D'autres s'inquiètent que le spot publicitaire, passé à une heure de grande écoute, ne les expose à des questions de la part de leurs enfants sur ce que sont les règles. L'organisme de contrôle de la déontologie publicitaire, Ad Standards, rejette les plaintes et donne raison au fabricant, notant que « la publicité faisait partie d’une campagne conçue, au contraire, pour normaliser les règles et éliminer toute stigmatisation de honte ou de gêne envers les femmes ». Une étude parue après cet incident montre que pour 3 Australiennes sur 4 avoir ses règles est une honte, et 70 % d'entre elles préfèreraient rater un examen plutôt que leurs camarades apprennent qu'elles sont en période de menstruations[39].

Dans la majorité des pays où le groupe a décliné sa campagne, celle-ci n'a été relayée que sur Internet, les autorités locales l'ayant jugé « inappropriée », dont la France pour la marque Nana qui a jugé que « le sang sur une serviette est susceptible d’offenser le public[39]

En France aussi à l'époque contemporaine les premières règles sont généralement mal vécues par les jeunes filles. Les règles en effet sont largement associées à un sentiment de honte et de dégoût. Elles sont identifiées à une saleté à cacher, en particulier des hommes. Cela participe à faire considérer la condition féminine comme une contrainte[40].

Éducation

En 2018, selon l'UNESCO dans certains pays, les 2/3 des jeunes filles ignorent encore ce qui leur arrive quand leurs règles apparaissent[41].

L'ONU a mis à jour début 2018 ses principes directeurs internationaux sur l’éducation sexuelle en plaidant pour une éducation sexuelle "complète et de qualité" promouvant la santé et le bien-être, le respect des droits de l'homme et l'égalité des sexes, pour un passage plus facile et sûr de l'enfance à la vie adulte[41]. La connaissance du phénomène de menstruation est l'un des nombreux sujets que l'éducation sexuelle aborde (dans la famille et/ou à l'école).

Expressions

Plusieurs expressions désignent les menstrues d'une femme.

Certaines font référence à la guerre : « les Anglais ont débarqué » remonte aux guerres napoléoniennes par référence aux armées britanniques qui ont débarqué en France pour la bataille de Waterloo en 1815 et l'ont occupée jusqu'en 1818. Ces armées étaient en effet vêtues d'uniformes rouges et le lien avec le flux menstruel désagréable apparaît en 1820 dans le parler populaire parisien, en mauvais souvenir de l'occupant[42]. La métaphore de la couleur rouge est aussi utilisée en Belgique ou en Grèce avec l'expression « les Russes sont arrivés » (référence à l'Armée rouge), tandis qu'aux Pays-Bas on « hisse le drapeau rouge », voire le « drapeau japonais »[42].

« Avoir ses ragnagnas » utilise le mot ragnagna qui semble dériver du gascon « arrouganh » signifiant le désir ou l'envie[43].

« Avoir ses ourses » (ou « avoir ses ours ») est peut-être un glissement linguistique pour « avoir ses jours » (expression désuète) ou une référence à la déesse lunaire Artémis dont le nom signifie « ourse puissante »[44].

Théories évolutionnistes

Le Macroscélide de Peters est une des espèces de mammifères où la femelle a des menstruations.

La plupart des mammifères femelles ont un cycle de fertilité, mais seules dix espèces de primates, quatre espèces de chauves-souris, les musaraignes éléphants et les souris épineuses ont un cycle menstruel[45],[46]. Quatre hypothèses évolutionnistes ont été émises pour tenter d'expliquer l'apparition des menstruations[47].

En 1993, une biologiste évolutionniste émet l'idée que les règles servent à lutter contre les pathogènes qui seraient véhiculés par les spermatozoïdes[48]. Une anthropologue évolutionniste lui répond en remettant en question le coût énergétique de la reconstruction de l'endomètre à chaque cycle de fertilité. Elle émet l'hypothèse que les économies d'énergie réalisées grâce à l'absence d'entretien continu de la muqueuse utérine compensaient largement le coût énergétique de la reconstruction de la muqueuse lors du cycle de fertilité suivant, même chez des espèces telles que l'humain, où une grande partie de la muqueuse est perdue par les saignements (menstruations manifestes) plutôt que réabsorbée (menstruations cachées)[49],[48]. Ces hypothèses sont considérées comme peu sérieuses[47].

Pour le promoteur brésilien de la Depo-Provera, Coutinho, les cycles menstruels se seraient installés à une époque où les femmes enchainaient les grossesses, et n'auraient été que le signe d'un échec de la reproduction. Dès lors que la survie de l'espèce ne nécessite plus un taux de reproduction si élevé, il suggère que les menstruations sont devenues inutiles ; il s'agirait d'une fonction obsolète et trop coûteuse qu'il propose de les supprimer[48]. Des études récentes (2012) suggèrent que la menstruation elle-même n'est pas un trait évolué et adaptatif. Il s'agit plutôt d'une conséquence propre à la décidualisation (en) spontanée qui évolue comme un trait dérivé de la décidualisation non spontanée[47]. Deux explications possibles à la décidualisation spontanée chez certaines espèces sont soit qu'elle protège la mère contre un fœtus agressif, soit qu'elle permet à la femelle de « tester » la viabilité du conceptus (en)[50].

À partir de 1971, certaines recherches ont suggéré que les cycles menstruels des femmes et des jeunes filles qui cohabitent se synchronisaient  ce qui a été appelé la synchronisation menstruelle. Cependant, le début des années 2000 a vu connu un important débat sur son existence[51]. Une étude réalisée en 2013 a conclu que la synchronisation menstruelle n'existe probablement pas[52].

Notes et références

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  2. Élise Thiébaut, Ceci est mon sang. Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font, La Découverte, , p. 17.
  3. (en) Miranda A. Farage et Howard I. Maibach, The Vulva : Anatomy, Physiology, and Pathology, CRC Press, , 344 p. (ISBN 978-0-8493-3608-9), p. 155.
  4. Heyi Yang, Bo Zhou, Mechthild Prinz et Donald Siegel, « Proteomic Analysis of Menstrual Blood », Molecular & Cellular Proteomics : MCP, vol. 11, no 10, , p. 1024–1035 (ISSN 1535-9476, PMID 22822186, PMCID 3494145, DOI 10.1074/mcp.M112.018390, lire en ligne, consulté le ) :
    « menstrual blood is a complex biological fluid composed of blood, vaginal secretions, and the endometrial cells of the uterine wall as they exist immediately prior to menses. »
  5. « Tous les saignements ne sont pas des règles ! », sur Cycle Naturel, (consulté le )
  6. Martin Winckler, Tout ce que vous vouliez savoir sur les règles sans jamais avoir osé le demander, Paris, Fleurus, coll. « La santé en questions », , 143 p. (ISBN 978-2-215-09481-4), p. 55-56.
  7. Élise Thiébaut, Ceci est mon sang : Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font, Paris, La Découverte, , 248 p. (ISBN 978-2-7071-9292-9), p. 169-171.
  8. « TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR LES RÈGLES SANS JAMAIS AVOIR OSÉ LE DEMANDER » (consulté le ), p. 31, 32,33 et 46, 47
  9. D. Hugh Rushton et Julian H. Barth, « What is the evidence for gender differences in ferritin and haemoglobin? », Critical Reviews in Oncology/Hematology, vol. 73, no 1, , p. 1–9 (ISSN 1879-0461, PMID 19394859, DOI 10.1016/j.critrevonc.2009.03.010, lire en ligne, consulté le ) :
    « This divergence between genders is aggravated by the lifestyle of modern women who have a very different reproductive history from their forebears. They reach sexual maturity at an earlier age, have fewer pregnancies and breastfeed for shorter periods of time; as a result they menstruate more frequently and therefore become more iron deficient. With the exception of a few countries, women of fertile years around the world have a negative iron balance. »
  10. Martin Winckler, Tout ce que vous vouliez savoir sur les règles sans jamais avoir osé le demander, Paris, Fleurus, coll. « La santé en questions », , 143 p. (ISBN 978-2-215-09481-4), p. 30-35.
  11. Efficacité contraceptive et taux d’abandons de la méthode après 1 an aux États-Unis et en France, HAS 2013, p. 27, tableau 1
  12. cours La Procréation
  13. Netgen, « Aménorrhée chez l’adolescente sportive : la pointe visible de l’iceberg », sur Revue Médicale Suisse (consulté le )
  14. Aménorrhée secondaire Faculté de médecine Pierre et Marie Curie
  15. Comité éditorial pédagogique de l'UVMaF, « Physiologie de la lactation » [PDF], .
  16. Martin Winckler, Tout ce que vous vouliez savoir sur les règles sans jamais avoir osé le demander, Paris, Fleurus, coll. « La santé en questions », , 143 p. (ISBN 978-2-215-09481-4).
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Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Camille Emmanuelle, Sang tabou : Ne plus jamais rougir de nos règles, Paris, La Musardine, , 206 p. (ISBN 978-2-84271-778-0)
  • Jack Parker, Le grand mystère des règles. Pour en finir avec un tabou vieux, Paris, Flammarion, (ISBN 978-2-08-140864-7 et 2-08-140864-3)
  • Élise Thiébaut, Ceci est mon sang : petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font, Paris, La Découverte, , 246 p. (ISBN 978-2-7071-9292-9)
  • Nahema Hanafi, « Fluides corporels », dans Juliette Rennes, Encyclopédie critique du genre, Paris, La Découverte,
  • Jessica Spina, Le Flux instinctif libre, ou l'art de se passer de protections périodiques, Paris, L'Instant présent,

Liens externes

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