Progestérone

La progestérone est une hormone stéroïdienne principalement sécrétée par les cellules du corps jaune des ovaires et le placenta. Elle est impliquée dans la grossesse (progestogène : progestatif, supporte la gestation) et l'embryogenèse de nombreuses espèces de mammifères[2], ainsi que dans le cycle menstruel.

Progestérone
Formule chimique de la progestérone.
Identification
Nom UICPA (8S,9S,10R,13S,14S,17S)-17-acétyl-10,13-diméthyl-1,2,6,7,8,9,11,12,14,15,16,17-dodécahydrocyclopenta[a]phénanthrèn-3-one
No CAS 57-83-0
No ECHA 100.000.318
No CE 200-350-6
Code ATC G03DA04
DrugBank DB00396
PubChem 5994
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C21H30O2  [Isomères]
Masse molaire[1] 314,4617 ± 0,0195 g/mol
C 80,21 %, H 9,62 %, O 10,18 %,
Propriétés physiques
fusion 131 °C[réf. souhaitée]
Précautions
Directive 67/548/EEC

Xn



Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Dans le cycle ovarien, la progestérone inhibe[3] les contractions rythmiques de la musculature utérine et crée un silence utérin sans lequel toute gestation serait impossible.

Origine

La progestérone est synthétisée à partir du cholestérol sous l'action de l'hormone lutéinisante (LH). Cette hormone peut ensuite être convertie en androstènedione, puis en testostérone (par les cellules de la thèque chez la femme ou par les cellules de Leydig chez l'homme) ou en œstradiol par les cellules de la granulosa qui entourent le follicule ovarien.

Rôle dans le cycle menstruel

La concentration de progestérone varie pendant le cycle menstruel.

La progestérone est sécrétée en plus forte quantité à partir du 14e jour du cycle par les cellules de la granulosa du corps jaune. Elle permet le maintien et la densification de la muqueuse utérine, le développement de la vascularisation de l'endomètre, et l'apparition de glandes utérines responsables de l'aspect dentelé de la paroi utérine.

S'il n'y a pas fécondation, la concentration de progestérone revient à un niveau normal car les cellules du corps jaune dans lequel elle est produite vont aussitôt régresser puis disparaître. En cas de fécondation, l'hormone HCG (hormone gonadotrophine chorionique), produite par le trophoblaste de l'œuf (blastocyste), va diriger le maintien et l'augmentation de la production de progestérone nécessaire au maintien de l'endomètre en début de grossesse. Le HCG a la même action que la LH (la LH est une gonadostimuline qui stimule la production des cellules à progestérone), elle va donc stimuler, elle aussi, certaines cellules du corps jaune pour produire la progestérone, jusqu'à ce que le placenta puisse lui-même synthétiser de la progestérone (le placenta en est capable au 3e mois de la grossesse et le corps jaune se maintiendra jusqu'au 6e).

Notion de rétro-contrôle négatif

Par ailleurs, la progestérone effectue un rétro-contrôle négatif sur le complexe hypothalamo-hypophysaire lors de la phase lutéale, phase qui suit l'ovulation et qui constitue les quatorze derniers jours du cycle. C'est-à-dire qu'elle inhibe, de la même façon que l'estradiol, la sécrétion des hormones (FSH et LH) qui stimulent sa propre sécrétion par le corps jaune. Ce système est en fait un système de régulation qui maintient par ces deux actions réciproques un taux sanguin constant d'hormones, ici la progestérone mais aussi l'œstradiol.

Quand la progestérone est haute, ces hormones baissent (et par conséquent corrigent la tendance), et quand la progestérone est basse, ces hormones montent (et rétablissent la valeur).

Applications contraceptives

Progestérone (perorale ou parentérale)
Noms commerciaux
  • Progestérone Streuli (Suisse),
  • Utrogestan (Belgique, Suisse)
Classe Progestatif
Autres informations Sous classe : Progestatif
Identification
DCI 417
No CAS 57-83-0
No ECHA 100.000.318
Code ATC G03DA04
DrugBank 00396

Progestérone (locale)
Noms commerciaux
  • Crinan (Belgique),
  • Crinone 8 % (Suisse),
  • Progestagel (Belgique, Suisse)
Classe Progestatif local
Autres informations Sous classe : Progestatif local
Identification
DCI 417
No CAS 57-83-0
No ECHA 100.000.318
Code ATC G03DA04
DrugBank 00396

L'action de la progestérone sur l'épaississement de la muqueuse utérine est exploitée dans la pilule contraceptive (sous forme d'un agoniste : le lévonorgestrel) : on peut ainsi empêcher la fécondation en rendant la glaire cervicale dense, ce qui empêche le passage des spermatozoïdes. Le lévornorgestrel empêche aussi l'ovulation, ce qui a conduit à son utilisation en contraception d'urgence (pilule du lendemain).

Une autre molécule appartenant aux modulateurs sélectifs des récepteurs de la progesterone (SPRM), l'acétate d'ulipristal (pilule du surlendemain, EllaOne) exploite les actions de la progestérone sur l'ovaire mais inhibe ses fonctions dans l'endomètre. Elle est plus efficace que le lévonorgestrel car elle protège jusqu'à 5 jours après un rapport non-protégé, en bloquant l'ovulation tout en empêchant aussi l'implantation de l'embryon dans l'endomètre.

L'action de la progestérone peut aussi être empêchée par un antagoniste (mifepristone [RU486]), qui inhibe les fonctions biologiques du récepteur de la progestérone, altérant l'implantation de l'embryon dans l'endomètre. La mifépristone provoque aussi des règles anticipées et empêche donc la nidation.

Rôle dans la fécondation chez les mammifères

La progestérone produite par les cellules folliculaires (corona radiata) autour de l'ovocyte après l'ovulation augmente la mobilité des spermatozoïdes en faisant rentrer des ions calcium Ca2+ dans leur cytoplasme par ouverture d'un canal calcique appelé « CatSper »[4] ((en) Cation channels of sperm).

Autres applications

La progestérone peut également être utilisée comme anti-androgène, pour les femmes transgenre souhaitant réaliser une transition hormonale. Elle est souvent préférée à la cyprotérone et à la spironolactone, pour ses effets secondaires plus légers.

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. Physiologie de la reproduction chez les mammifères.
  3. « Hormones et gestation ».
  4. Brenker, C., Goodwin, N., Weyand, I., Kashikar, N.D., Naruse, M., Krähling, M., Müller, A., Kaupp, U.B. et Strünker, T. (2012), The CatSper channel: a polymodal chemosensor in human sperm, Embo J. 31, 1654-1665.

Voir aussi

Articles connexes

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