Marius Jolivet

Marius Jolivet, né le à Saint-Étienne et mort le à Collonges-sous-Salève (Haute-Savoie), est un prêtre catholique séculier français.

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Biographie

Né à Saint-Étienne, d'un père ouvrier métallurgiste de Scionzier, hauts savoyards, venu travailler à Saint-Étienne, et qui rentrera malade en 1908, et s'installe en 1911, à Chevrier, village natal de son épouse, où il décède quatre ans plus tard[1]. Marius est élève au collège Sainte-Marie de la Roche-sur-Foron. C'est sur les incitations de sa mère qu'il entre au Séminaire. Il est ordonné prêtre le . Il devient alors enseignant au petit séminaire de Thonon-les-Bains. Malade, il se voit contraint d'accepter un poste plus en rapport avec son état de santé, et devient donc en 1933, aumônier de l'institution Sainte-Geneviève à Megève. En , rétabli, il est nommé à la cure de Faucigny.

Le , il prend possession de la cure de Collonges-sous-Salève. Et il est ravi d'être en poste dans une paroisse si proche de la frontière. Il y voit la « main de Dieu ». Il a 36 ans et va s'engager à fond dans l'action. À partir de 1943, René Nodot, qui est le responsable du service social des étrangers assure avec son oncle Félix Petit, instituteur laïque et ancien maire destitué de Saint-Julien-en-Genevois, les liaisons avec Camille Folliet, vers Lyon et avec la sœur Neyrand de Saint-Vincent-de-Paul, et Jeanne Lavergnat et son époux Arthur Lavergnat, il va installer alors sa filière d'évasion. Il est en plus la boîte aux lettres de Allen Dulles, chef de l'Office of Strategic Services pour l'Europe, avec comme couverture un poste d'attaché d'ambassade à Berne. Il est également agent du réseau Ajax. En 1941, il passe Xavier de Gaulle, alors malade, frère du général, en Suisse. En , il accompagne personnellement la petite Éva Stein rejoindre sa mère en Suisse, après que la Résistance ait pu la faire échapper de prison à la suite du suicide de son père dans cette geôle. Cette famille venait de Hambourg.

En , l'abbé Henri Grouès, alias abbé Pierre, lui confie le passage en Suisse de la famille de Jacques de Gaulle. Parmi les passeurs de la région, on compte avec lui Jean Rosay et Gilbert Pernoud, prêtre enseignant. Il diffuse également les cahiers du Témoignage chrétien et transmet les courriers entre Pierre Chaillet, pseudonyme de Testis son nom de plume dans la clandestinité, le fondateur de Témoignage chrétien et également des Œuvres sociales de la Résistance (COSOR), dont le nom dans la Résistance était Prosper Charlier et Louis Cruvillier, qui a trouvé refuge en Suisse, en [2].
C'est avec la complicité des habitants du village qu'il a pu faire passer en Suisse des centaines de femmes, d'enfants et de vieillards juifs.

À la fin de la guerre, pensant être découvert, il ne couche plus au presbytère, mais caché dans une annexe de l'orphelinat des Filles de la Charité, ce qui aura par ailleurs des répercussions sur sa santé. L'institution dirigée par la sœur Neyrand s'investit et collabore pleinement avec l'abbé [3]. Homme très discret, ses actions sont d'une grande efficacité. Recevant quinze enfants juifs d'Annecy, Colette Dufournet, membre de la JOC féminine, il les loge chez les frères capucins, et le lendemain tout le monde est à Saint-Julien où ils sont interpellés par les gendarmes. Prévenu, l'abbé Jolivet envoie l'avocat Maître Roch et une autre personne qui parviennent à les faire libérer puis à leur faire franchir rapidement la frontière. Le compositeur Léon Algazi figure parmi les personnes ayant gagné la Suisse grâce à ses soins.

Il fera un séjour au sanatorium de Praz Coutant entre 1945 et 1947, et reprendra son activité paroissiale.

Il meurt en 1964, certainement des suites des maltraitances de la guerre[réf. nécessaire].

Distinctions

Hommages

  • Une plaque commémorative est apposée depuis le sur la façade de la salle « Marius Jolivet » qui jouxte l'église de Collonges-sous-Salève
  • Le complexe omnisports de Collonges-sous-Salève porte son nom

Notes et références

  1. Christian Sorrel, La Savoie, Éd. Beauchesne, 1996, p. 39/ 441. pp
  2. Jean-Marie Mayeur, Christian Sorrel et Yves-Marie Hilaire, La Savoie, Paris, Éditions Beauchesne, coll. Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, t. 8, 1996, 2003 (ISBN 978-2-7010-1330-5 et 2-7010-1330-5), p. 101, 456.
  3. « L'Église de France face à la persécution des juifs: 1940-1944 », par Sylvie Bernay, issu de sa thèse éponyme, éditions CNRS, 2012.
  4. Site du Comité français pour Yad Vashem.
  5. (en) Marius Jolivet sur le site Yad Vashem

Annexes

Ouvrages

  • Claudius Pierre Fournier, Curés passeurs[réf. non conforme]
  • Jean-Marie Mayeur, Christian Sorrel et Yves-Marie Hilaire, La Savoie (t. 8), Paris, Éditions Beauchesne, coll. « Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine », 1996, 2003, 441 p. (ISBN 978-2-7010-1330-5), p. 254, notice.
  • Michel Germain, Les maquis de l'espoir : chronique de la Haute-Savoie, au temps…, Éd. La Fontaine de Siloé, 1994, 295. p.
  • Anonyme, « Jolivet Marius (Abbé) », in Chemins de passages, La Salévienne (n°118)
  • F. Delpech, Les souvenirs d'un passeur non violent, René Nodot et le service social des étrangers. RHDGM no 125, 1982; p. 73-85 ; O. Munos: Ces passagers clandestins, entre la Haute-Savoie et la Suisse, pendant la Seconde Guerre mondiale, Université de Grenoble II, 1984. A. Perrot et al… Ma vie pour la tienne, Fribourg, 1987.
  • Limore Yagil, Chrétiens et Juifs sous Vichy sauvetage des Juifs, Cerf, 2005, pages 188-189.
  • Limore Yagil, La France terre de refuge et de désobéissance civile, 1936-1944 : sauvetage des Juifs, Cerf, 2010-2011; Tome II: p. 305, 319; Tome III: 64-66, 183, 276.

Articles

  • C. B., « Passeurs d'âmes, les prêtres de la frontière furent aussi des passeurs d'hommes », Le Messager, .
  • Éric Pierrat, « Les chemins clandestins de la Liberté », dans Témoignage chrétien, 6- et Information juive no 66 .
  • « La commune rend hommage à l'abbé Marius Jolivet », Le Dauphiné libéré,

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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