Louis Barthou

Louis Barthou, né le à Oloron-Sainte-Marie et mort le à Marseille, est un journaliste et homme d'État français. Élu des Basses-Pyrénées, président du Conseil en 1913, il est tué lors de l’assassinat du roi de Yougoslavie, alors qu'il est la principale figure du parti Alliance démocratique et qu’il exerce la fonction de ministre des Affaires étrangères.

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Louis Barthou

Louis Barthou.
Fonctions
Ministre des Affaires étrangères

(8 mois)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Doumergue II
Prédécesseur Édouard Daladier
Successeur Pierre Laval

(24 jours)
Président Raymond Poincaré
Gouvernement Painlevé I
Prédécesseur Alexandre Ribot
Successeur Stephen Pichon
Ministre d'État

(1 mois et 2 jours)
Président Raymond Poincaré
Gouvernement Painlevé I
Président du Conseil des ministres
et ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts

(8 mois et 17 jours)
Président Raymond Poincaré
Gouvernement Barthou
Législature Xe législature
Prédécesseur Aristide Briand
Successeur Gaston Doumergue
Ministre de l'Intérieur

(2 ans, 1 mois et 30 jours)
Président Félix Faure
Gouvernement Méline
Prédécesseur Ferdinand Sarrien
Successeur Henri Brisson
Ministre des Travaux publics

(7 mois et 19 jours)
Président Sadi Carnot
Jean Casimir-Perier
Gouvernement Dupuy II et Dupuy III
Prédécesseur Charles Jonnart
Successeur Ludovic Dupuy-Dutemps
Biographie
Nom de naissance Jean Louis Barthou
Date de naissance
Lieu de naissance Oloron-Sainte-Marie (France)
Date de décès (à 72 ans)
Lieu de décès Marseille (France)
Sépulture Cimetière du Père-Lachaise
Nationalité Française
Parti politique Modérés, ARD, PRD, PRDS, AD
Profession Avocat
Journaliste

Biographie

Enfance et formation

Jean Louis Barthou est issu d'un milieu modeste mais aisé, son père étant quincaillier à Oloron-Sainte-Marie  qui selon Georges Clemenceau inventa un tire-bouchon  puis à Pau, dans le Béarn. Il poursuit des études de droit à la faculté de Bordeaux avant de partir à Paris, où il obtient son doctorat au cours de l’année 1886. Revenu dans ses Pyrénées natales, il devient avocat, inscrit au barreau de Pau, puis secrétaire de la Conférence des Avocats.

Journaliste et parlementaire

Il est attiré très tôt par deux passions : la politique et le journalisme. Il embrasse donc les deux carrières, devenant député et journaliste. Tout en étant rédacteur en chef de l'Indépendant des Basses-Pyrénées, il adhère aux Républicains modérés avant de se faire élire en 1889, à l'âge de 27 ans, député des Basses-Pyrénées. Il sera réélu sans interruption à ce poste jusqu'aux législatives de 1919 et il quittera en 1922 la Chambre des députés pour le Sénat. Proche d'écrivains et d'artistes comme Jean Moréas, Antonio de La Gandara, Adolphe Willette et Paul Adam, il commence à fréquenter à la fin du siècle le salon de Madame Arman de Caillavet, l'égérie d'Anatole France.

Il est l'un des membres d'honneur de la Société nationale des beaux-arts en 1913[1].

Ministre républicain modéré

En 1894, à l'âge précoce de trente-deux ans, il obtient son premier portefeuille comme ministre des Travaux publics. Il est ensuite successivement ministre de l'Intérieur en 1896, de nouveau ministre des Travaux publics de 1906 à 1909, puis Garde des Sceaux de 1909 à 1913. Louis Barthou est devenu l'un des grands notables de la IIIe République.

Le , sous la présidence de Raymond Poincaré, il devient président du Conseil, une fonction qu’il occupe jusqu’au . Conscient de la montée des périls (crise d'Agadir de 1911, etc.), et avec l'appui du président Poincaré, il reprend le projet de son prédécesseur direct, Aristide Briand, visant à augmenter la durée du service militaire : la loi des trois ans est votée par la Chambre en , malgré l'opposition de la SFIO et d'une majorité des radicaux.

Plusieurs événements entraînent son retrait temporaire de la scène politique. En un très court laps de temps, il subit la victoire de la gauche aux élections législatives de 1914 malgré la constitution de la Fédération des gauches  dont il fait partie  puis la déclaration de guerre et enfin la perte au front de son fils, quelques mois plus tard.

En 1917, il retrouve cependant une place de premier plan en récupérant le ministère des Affaires étrangères. Tout au long des années 1920, il continue d'occuper des ministères importants, comme ceux de la Guerre et de la Justice, dans des gouvernements de coalition républicaine.

Crise de 1934

Après les émeutes du 6 février 1934, l’ancien président de la République Gaston Doumergue est rappelé par Albert Lebrun afin de former un gouvernement d'union nationale pour tenter de stabiliser la politique intérieure. Pour ce faire, le nouveau chef du gouvernement s’entoure de deux poids lourds de la politique, proches du chef de l’État en exercice : Albert Sarraut à l'Intérieur et Louis Barthou aux Affaires étrangères, son poste de prédilection.

Louis Barthou essaie ainsi de lutter contre les menées hitlériennes en attirant la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Union soviétique dans un front anti-allemand. Il prône l'isolement de l'Allemagne en montant contre elle une série d'alliances avec les États de l'Europe centrale alliés à la France (Pologne et Petite Entente). Son projet de pacte oriental se solde toutefois par un échec.

Mort

Le , en tant que ministre des Affaires étrangères, Louis Barthou accueille le roi Alexandre Ier de Yougoslavie à Marseille.

Un attentat est alors commis par le révolutionnaire bulgare Vlado Tchernozemski, en collaboration avec le mouvement croate des Oustachis. Lors de la riposte des services de protection, Louis Barthou est touché par balle et meurt peu après[2]. Toutefois, le ministre ne succombe pas directement du fait de sa blessure au bras  son artère humérale est gravement atteinte  mais parce qu'il est mal soigné : en effet, dans l'affolement, l'infirmier qui tente de comprimer la blessure se trompe dans le sens du garrot, provoquant une hémorragie fatale.

Tombe de Louis Barthou (cimetière du Père-Lachaise, division 11).

La disparition de Louis Barthou constitue une perte non sans conséquence pour la France. Il était l'artisan et le moteur d'une politique visant à la constitution d'une alliance contre le péril nazi et nul ne reprend cette idée après sa mort[3].

Détail des mandats et fonctions

Président du Conseil

Ministre

En quarante ans, de 1894 à sa mort en 1934, Louis Barthou a été ministre dans quinze gouvernements, pendant une durée cumulée de treize ans et demi.

du au Ministère Gouvernement
Travaux publics Charles Dupuy (3)
Intérieur Jules Méline
Travaux publics, postes et télégraphes Ferdinand Sarrien
Travaux publics, postes et télégraphes Georges Clemenceau (1)
Justice Aristide Briand (1)
Justice Aristide Briand (3) et (4)
Président du Conseil Louis Barthou
Ministre d'État Paul Painlevé (1)
Affaires étrangères
Guerre Aristide Briand (7)
Justice Raymond Poincaré (2)
Justice Raymond Poincaré (4) et (5) et Aristide Briand (11)
Guerre Théodore Steeg
Affaires étrangères Gaston Doumergue (2)

Mandats électifs

Travaux littéraires et historiques

Louis Barthou en tenue d’académicien (1926).

En parallèle à son activité politique, Louis Barthou publie des livres de littérature et d'histoire. Il est élu membre de l'Académie française le . Il y fait deux éloges : celui de Joseph Bédier en 1921 et celui d'Albert Besnard en 1924. Il fonde en 1921 la revue Byblis : miroir des arts du livre et de l'estampe, qu'il confie à Pierre Gusman et qui publie dix volumes jusqu’en 1931.

Les principales publications de Louis Barthou sont :

  • Notes de voyage : en Belgique et en Hollande, trois jours en Allemagne, 1888 ;
  • Thiers et la loi Falloux, 1903 (texte en ligne) ;
  • Mirabeau, 1913 ;
  • Impressions et essais, 1913 ;
  • Lamartine orateur, 1916 (texte en ligne) ;
  • L'Heure du droit : France, Belgique, Serbie, 1916 ;
  • Toute la France pour toute la Guerre, conférence faite à Genève le , in « Pages actuelles 1914-1916 » no 95, Bloud et Gay, 1916 ; (texte sur Internet Archive) ;
  • Sur les routes du droit, 1918 ;
  • Les Amours d'un poète : documents inédits sur Victor Hugo, 1918 ;
  • La Bataille du Maroc, 1919 ;
  • Le Traité de paix, 1919 (texte en ligne) ;
  • Le Politique, 1923 (texte en ligne) ;
  • Wagner et le Recul du temps, 1924 ;
  • La Vie ardente de Richard Wagner, Flammarion, 1925 ;
  • Voyage à travers mes livres : autour de Lamartine, 1925 ;
  • Victor Hugo, élève de Biscarrat, 1925 ;
  • Le Neuf thermidor, Hachette (Récits d’autrefois), 1926 ;
  • Rachel, 1926 ;
  • Paroles vécues, 1928 ;
  • Danton, 1932 ;
  • Promenades autour de ma vie : lettres de la montagne, 1933 ;
  • Leconte de Lisle et Jean Marras : documents inédits, 1933 (texte sur wikisource ;
  • Lettres à un jeune Français (s. d.).

Notes et références

  1. Paul-Arnaud Herissey, Catalogue de la Société Nationale des Beaux-Arts
  2. Jacques de Launay, Les Grandes Controverses de l'histoire contemporaine, 1914-1945, coll. « Cercle du bibliophile », photographies de Nicolas Bouvier, Genève, Édito-service, 1974, p. 251-256.
  3. La France et la menace nazie, (DOI 10.14375/np.9782369425953, lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Jules Bertaut, Louis Barthou : biographie critique, Paris, E. Sansot, coll. « Les Célébrités d’aujourd’hui », (lire en ligne).
  • « Louis Barthou », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 .
  • J. Bousquet-Melou, Louis Barthou et la circonscription d'Oloron (1889-1914), Pedone, 1972.
  • Octave-Louis Aubert, Louis Barthou, sa vie, son œuvre. Préface de Gaston Doumergue, Quillet, 1935.
  • Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
  • Robert J. Young, Power and Pleasure : Louis Barthou and the Third French Republic, McGill-Queen's University Press, 1991.
  • Robert J. Young, Pouvoir et passions : Louis Barthou et la IIIe République, Traduction de Caroline Rivière, Ed. Marrimpoey, 2012.
  • Jackson, Peter, La France et la menace nazie (1933-1939), Paris, Nouveau Monde, 2020.

Liens externes

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