Antonio de La Gandara

Antonio de La Gandara, né Antoine Henri Pierre de La Gandara le dans le 9e arrondissement de Paris[2] et mort le dans le 6e arrondissement, est un peintre, graveur, lithographe, dessinateur et pastelliste français.

Biographie

Samuel M. Roosevelt, Portrait d'Antonio de La Gandara (Salon de la Société Nationale de 1906).

La Gandara, dont le père était espagnol originaire de San Luis Potosí au Mexique et la mère française, éduquée en Angleterre, est influencé par les trois cultures. En , lorsqu'il est admis à l'âge de 17 ans à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, où il est élève d'Alexandre Cabanel, l'assiduité de son travail attire l'intérêt du prestigieux Jean-Léon Gérôme.

On le retrouve proche de Rodolphe Salis, fondateur du cabaret Le Chat Noir, et contribuant au Salon des incohérents. C'est alors qu'il se lie d'amitié avec Henri Rivière, Émile Goudeau, Steinlen, Caran d'Ache et Adolphe Willette.

Il expose pour la première fois au Salon des artistes français de 1882. L'année 1884 lui accorde la mention honorable du jury du Salon pour son Portrait de Saint Sébastien. En 1885, peu fortuné et toujours inconnu, La Gandara rencontre le comte Robert de Montesquiou, dont il fait un portrait[3] qui plaît au mécène, pourtant exigeant. Celui-ci le présente à quelques amis, parmi lesquels la comtesse Jean de Montebello, dont il reproduit l'image gracieuse vêtue de mousseline blanche, la taille petite, la tête couverte d'un chapeau qu'une main légère semble protéger du vent. Puis la baronne Adolphe de Rothschild, la comtesse Greffulhe, Anna de Noailles, et même madame Gautreau, le modèle du tableau Madame X de Sargent, s'intéressent à lui.

La Gandara côtoie Edmond de Goncourt dont il fréquente le « Grenier » — Anatole France, Alphonse Daudet, Mécislas Golberg, Jean Moréas — et d'autres auteurs menant une vie moins conventionnelle : Paul Verlaine, Jean Lorrain et Colette.

Des musiciens, aussi : Reynaldo Hahn, Paderewski, Camille Saint-Saëns et Gabriel Fauré. Mais aussi la grande-duchesse de Mecklembourg, le prince Edmond de Polignac, Leconte de Lisle, le prince de Sagan, Jean-Joseph Carriès, Sarah Bernhardt, Romaine Brooks, et tant d'autres personnages célèbres ou moins connus de cette époque riche en création artistique.

Madame Pierre Gautreau (1898), Charleston (Caroline du Sud), Gibbes Museum of Art (en).

Vers 1900, Antonio de La Gandara est au sommet de sa gloire, recherché en Europe et aux États-Unis, où il expose, et en Argentine. Émile Verhaeren le dit influencé par Chardin, et Whistler par lui-même. Le Larousse mensuel illustré d' le rapproche de Zurbarán et de Vélasquez. D'autres croient reconnaître dans sa technique le reflet de son admiration pour Goya. William B. Denmore du Metropolitan Magazine, au contraire, insiste sur l'individualité de son style.

Il se fait des ennemis parmi ses rivaux jaloux ou, selon la rumeur[réf. nécessaire], les maris dépités. On le voit souvent en compagnie de l'actrice Polaire, de l'épouse de Gabriele D'Annunzio, de Liane de Pougy, ou d'Ida Rubinstein.

Peu à peu la critique souligne son attachement à la mode du jour (il collabore notamment à La Gazette du Bon Ton). Il devient président de l'Association des peintres costumiers de la mode où le rejoignent René Préjelan, Adolphe Willette, Albert Guillaume, etc. Pendant ce temps là, d'autres peintres, comme Giovanni Boldini, font preuve de plus de nervosité, ou expérimentent, comme le jeune Pablo Picasso.

Plaque au n°22 rue Monsieur-le-Prince (Paris).

Pourtant, la renommée est loin de l'abandonner. La Gazette des beaux-arts estime, en 1910, que « M. de La Gandara atteint cette année la perfection que son art peut donner ». Le Figaro illustré lui fait l'honneur de sa première page. Le journal de la Buffalo Fine Arts Academy le décrit comme l'un des peintres contemporains les plus recherchés et les plus remarquables. L'Écho de Paris qualifie son portrait d'Ida Rubinstein de « rare et parfait ».

Vient la Première Guerre mondiale. Des amis lui écrivent du front, racontant les horreurs des tranchées. La Gandara se montre généreux envers les œuvres de soutien aux combattants et à leurs familles.

Mais, le , son ami André Rouveyre annonce sa mort à Serge de Diaghilev, Michel Fokine, Tamara Karsavina, Picasso et Marcelle Meyer. Celui qui avait été surnommé le peintre-gentilhomme [4] meurt d'un infarctus dans son atelier du 22 rue Monsieur-le-Prince. Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise (19e division)[5].

Œuvres

On retient aujourd'hui de cet artiste ses portraits mondains, par exemple celui, en pied, de la danseuse et mécène Ida Rubinstein (1913), des vues de Paris et des natures mortes.

Quelques œuvres inhabituelles, comme quatre Don Quichotte et La Belle et la Bête, mais aussi les lithographies d'une grande délicatesse qu'il produisit vers 1895 et 1896 et qui attirèrent l'attention du public lors des expositions Art nouveau chez Bing.

De La Gandara illustra quelques ouvrages littéraires dont Les Danaïdes de Camille Mauclair, l'Aiglon d'Edmond Rostand, et une rare édition des Chauves-souris (1892) du poète Robert de Montesquiou; l'exemplaire d'Edmond de Goncourt, orné en couverture du portrait de profil de l'auteur par l'artiste et relié par Pierson, a figuré à une vente aux enchères à Paris (Drouot-Richelieu) le 23/10/2019 (reprod. coul. p.90 de "La Gazette Drouot" n°33 - 4/10/2019).

Plusieurs ouvrages font figurer en frontispice des portraits de Rouveyre, Jean Moréas, Achille Segard...

Il exposa à Bruxelles, à New York, à Boston, à Saragosse, à Barcelone, à Munich, à Berlin, à Dresde, villes où la critique souligna les qualités de ce peintre qui refusait de se plier aux courants artistiques à la mode de son temps. Mais de son temps il fut un témoin exceptionnel. Un acteur, aussi, pour Edmond de Goncourt, Jean Lorrain, Marcel Proust, André Rouveyre, Guillaume Apollinaire, ou pour le comte de Montesquiou qui le citent[réf. nécessaire] dans leurs œuvres.

Galerie

Postérité

Un roman historique lui est consacré (Editions L'Harmattan, 2016): Intrigues parisiennes de la Belle Epoque - Le drame d'Antonio de La Gandara.

En , le musée Lambinet de Versailles (France), organise une importante rétrospective regroupant plus de cent œuvres du peintre et de nombreux documents et objets[7].

Notes et références

  1. Antonio de la Gandara dans le site (it) Marcel Proust
  2. Archives de l'état civil de Paris en ligne, acte de naissance no 9/2989/1861, Texte en ligne (consulté le 12 mars 2014)
  3. Portrait de Robert de Montesquiou, musée des beaux-arts de Tours.
  4. Journal des Goncourt
  5. Registre journalier d'inhumation, 2 juillet 1917, n°2156, page 18
  6. Portrait de Mlle Ida Rubinstein, danseuse, notice de la RMN.
  7. Xavier Mathieu, Antonio de La Gandara Gentilhomme-Peintre de la Belle Epoque 1861-1917, éditions Gourcuff-Gradenigo, 2018.

Annexes

Bibliographie

  • Jumeau-Lafond, Jean-David, « Antonio de La Gandara. Un témoin de la Belle époque, 1861-1917 », La Tribune de l'Art (lire en ligne)
  • Gabriel Badea-Päun, « Antonio de La Gandara (1861-1917), un portraitiste mondain oublié, un parcours, un réseau, une mode », dans Studii Şi Cercet. Ist. Art., ARTĂ PLASTICĂ, serie nouă, tom 2 (46), p. 87–119, Bucureşti, 2012 (Texte intégral en ligne [PDF]).
  • Xavier Mathieu, Antonio de La Gandara : Un témoin de la Belle Époque, Tourgéville, Librairie des Musées, , 307 p. (ISBN 978-2-35404-021-5, notice BnF no FRBNF42521898).
  • Gabriel Badea-Päun, « Les peintres whistlériens aux Salons de la Société Nationale des Beaux-Arts, 1890-1903 » , [conférence à la Société de l’Histoire de l’Art français, présentée à l’Institut National d’Histoire de l’Art, Paris], le , dans le Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, p. 303-322.
  • Gabriel Badea-Päun, « Entre mondanité et mécénat — les avatars d'une relation, Robert de Montesquiou et Antonio de La Gandara », dans la Revue de la Bibliothèque nationale no 25, 2007, p. 54-62.
  • Gabriel Badea-Päun, « Antonio de La Gandara (1861-1917), naissance d'un portraitiste mondain. L'exposition chez Durand-Ruel, , conférence à la Société de l'histoire de l'art français, présentée à l'Institut national d'histoire de l'art, Paris, le  », dans le Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art Français, 2007, p. 315-334, planches XII-XVI.
  • Gabriel Badea-Päun, « Un intermezzo lithographique — les estampes d'Antonio de La Gandara », dans les Nouvelles de l'estampe, no 207, juillet-, p. 23-36.
  • Gabriel Badea-Päun, « De l'atelier de Gérôme au cabaret du Chat noir. Les années de formation d'Antonio de La Gandara (1861-1917) », dans Le Vieux Montmartre, nouvelle série, fascicule no 75, , p. 12-36.
  • Gabriel Badea-Päun, Antonio de La Gandara, sa vie, son œuvre (1861-1917), catalogue raisonné de l'œuvre peint et dessiné, thèse de doctorat sous la direction de Bruno Foucart, Paris-IV Sorbonne, 2005, 3 volumes, 881 pages, Presses Universitaires de Lille, 2006.
  • Gabriel Badea-Päun, « Antonio de La Gandara », dans Allgemeines Künstlerlexikon, Leipzig-Munich, K.G.Saur Verlag, volume 49.
  • Gabriel Badea-Päun, Portraits de Société, Paris, Citadelles et Mazenod, 2007 — Prix du cercle Montherlant de l'Académie des Beaux-Arts 2008.
  • (en) Gabriel Badea-Päun, The Society Portrait, Thames & Hudson, Londres et Vendôme Press, New York, 2007.
  • Xavier Mathieu, Antonio de La Gandara Gentilhomme-Peintre de la Belle Epoque 1861-1917, éditions Gourcuff-Gradenigo, 2018 (ISBN 9782353402878).
    Ouvrage réalisé dans le cadre de l'exposition Antonio de La Gandara Gentilhomme-Peintre de la Belle Epoque, préface de François de Mazières, Maire de Versailles.

Liens externes

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