Ligure ancien

Le ligure ancien était la langue antique des Ligures qui peuplaient le nord-ouest de l'Italie, le sud-est de la France, et peut-être la Corse et le nord-est de l'Espagne. C’était une langue probablement d'origine indo-européenne. Elle était peut-être intermédiaire entre les langues celtiques et les langues italiques.

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Carte ethnique d'Italie au VIe siècle av. J.-C.. La zone ligure est en vert.

Historique

Les auteurs anciens distinguaient clairement les Ligures des Celtes voisins, bien qu'ils aient noté la similitude de leurs coutumes. Henri d'Arbois de Jubainville considérait que le ligure descendait d'un substrat non-indo-européen répandu dans la Méditerranée occidentale et correspondait approximativement aux territoires associés à la culture de la céramique cardiale des 6e et 5e millénaire av. J.C.

Nous ne possédons aucun texte complet en langue ligure. On ne connaît cette langue que par quelques noms propres (toponymes, ethnonymes et anthroponymes) et quelques termes cités par les auteurs antiques. Ainsi, d'après Hérodote, le mot sigynna aurait signifié « marchand »[1],[2]. Pline l'Ancien nous informe que les Ligures appelaient le Bodincus, ce qui signifierait « sans fond »[3] et que le seigle avait pour nom asia dans la langue des Taurini[4].

Le ligure a des affinités phonétiques à la fois avec le groupe italique et les langues celtiques, mais son vocabulaire le rapproche du celtique[réf. souhaitée]. Certains ethnonymes ligures n'ont cependant pas d'étymologie indo-européenne[5].

Cela dit, le ligure est généralement considéré comme une langue indo-européenne. Le pionnier de cette théorie est l'historien et celtologue Henri d'Arbois de Jubainville. Certains auteurs (Benvenuto Terracini, Paul Kretschmer, Hans Krahe), pour expliquer la présence d'ethnonymes non indo-européens, ont supposé qu'un peuple indo-européen aurait imposé sa domination à des populations pré-indo-européennes. Bernard Sergent considère, quant à lui, le ligure comme un idiome du groupe celtique[5].

Toponymie

L'étude de la toponymie a révélé la présence d'éléments ligures non seulement dans le sud des Alpes et le nord-ouest des Apennins, mais aussi dans l'est de la Sicile, en pays élyme, dans la vallée du Rhône et en Corse[6].

On attribue à la langue ligure les toponymes terminés par -ascu, -oscu, -uscu, -incu ou -elu[2].

France

Parmi les type -ascu, -oscu ou -uscu on peut citer Manosque ; Tarascon ; Venasque ; Artignosc ; Branoux ; Flayosc ; Gréasque ; Lantosque ; Gordolasque ; Vilhosc ; Chambost ; Albiosc et Névache dans le sud-est de la France, et Grillasca, Palasca, Popolasca, Salasca et Asco en Corse[6]. On le retrouve dans les gentilés tendasques, brigasques, et plus généralement dans le royasque.

Arlanc ; Nonenque et l'ancien nom de Gap (Vappincum) sont du type -incu. Le type -elu est représenté par Cemenelum (aujourd'hui Cimiez)[7] et peut-être Ramatuelle (Ramatuella en 1056, suffixe -elu, tombé dans l'attraction du diminutif latin -ella).

Italie

Des éléments ligures ont été révélés en Vallée d'Aoste (notamment pour Barmasc et Périasc, hameaux d'Ayas), dans le Piémont, la Toscane, l'Ombrie, le Latium et dans l'est de la Sicile.

Espagne

Benasque ; Velasco ou Huesca.

Bibliographie

Notes et références

  1. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], V, 9.
  2. Charles Rostaing, Les noms de lieux, P.U.F., Paris, 1945 (Rééd. 1985), ch. II : Les couches pré-celtiques, pp. 30 - 31 - 32
  3. Histoire naturelle, III, 122.
  4. Histoire naturelle, XVIII, 40.
  5. Bernard Sergent, op. cit., p. 72.
  6. Bernard Sergent, op. cit., p. 76-77 et 82-83.
  7. Henriette Walter, L'Aventure des langues en Occident, éditions Robert Laffont, Paris, 1994 (ISBN 978-2-253-14000-9), p. 198 et 266 et Charles Rostaing, op. cit., p. 31-32 et 131.

Voir aussi

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