Le Déjeuner

Le Déjeuner est une huile sur toile du peintre français Gustave Caillebotte (1848-1894) datant de 1876. Elle mesure 52 × 75 cm[1] et se trouve dans une collection particulière.

Description

Cette toile représente une scène de déjeuner dans la salle à manger de l'hôtel particulier familial des Caillebotte à Paris au 77 rue de Miromesnil, maison aujourd'hui disparue. On y trouve la mère de l'artiste, Mme Martial Caillebotte, née Céleste Daufresne (1819-1878)[2], se faisant servir par le maître d'hôtel et à droite le frère de l'artiste, René Caillebotte (1851-1876). Ce dernier est également représenté dans une œuvre de son frère cette même année, Jeune homme à la fenêtre de cette même maison ; il meurt brusquement très peu de temps après. Mme Caillebotte est encore en grand deuil car le père de famille, homme d'affaires prospère qui a fait construire cette maison en 1866[3], est mort à la Noël 1874. L'impression de cette scène est pesante, comme est pesant le décor bourgeois de la salle à manger. Ainsi que le souligne l'historien de l'art Jérôme Coignard : Dans ce tableau, « il [Caillebotte] donne une vision menaçante de la vie bourgeoise »[4]. La pièce est « soigneusement protégée des agressions du monde extérieur par de lourdes tentures qui obstruent partiellement les fenêtres. »[5] La table d'ébène est dressée à l'anglaise sans nappe. L'atmosphère est silencieuse engendrant un sentiment de solitude et « les cristaux[6] semblent jouer une partie d'échecs avec cette famille somnambule, déjà morte. »[7]

Le génie de l'artiste est de nous faire participer à cette scène par la vue en grand angle[8] et l'assiette, possiblement celle du peintre lui-même, laissée vide au premier plan. La lumière provient des fenêtres et se reflète sur les cristaux, les personnages sont à contre-jour. La composition joue sur les cercles, les demi-cercles et les triangles des fenêtres en point de fuite.

Ce tableau a été présenté à la deuxième exposition impressionniste de avec sept autres toiles de Caillebotte : Jeune homme à la fenêtre, deux versions des Raboteurs de parquet, Jeune homme jouant au piano, Après déjeuner et deux vues de jardin[9]. Il a été redécouvert par le public français à l'exposition du Grand Palais de 1994. Il a été exposé en 2011 à Paris au musée Jacquemart-André et à Québec pour l'exposition « Dans l'intimité des frères Caillebotte », avec une cinquantaine d'œuvres de Gustave Caillebotte et cent trente photographies de son frère Martial Caillebotte.

Notes et références

  1. Marie Berhaut 37
  2. Description sur baudelet.net
  3. Catalogue de l'exposition « Caillebotte peintre et jardinier », mars-juillet 2016, musée des impressionnismes Giverny, éd. Hazan, 2016, p. 138
  4. Jérôme Coignard, « Caillebotte. Le blues des grands boulevards », in Beaux-Arts magazine, n° 126, septembre 1994, p. 66
  5. Coignard, op. cit, p. 66
  6. Il s'agit du service Harcourt de la maison Baccarat, lancé en 1841. Cf Le Musée virtuel
  7. Coignard, op. cit., p. 68
  8. Sabine Gignoux, La Croix, Dans l'œil des frères Caillebotte, 29 avril 2011
  9. Catalogue de l'exposition « Caillebotte peintre et jardinier », mars-juillet 2016, musée des impressionnismes Giverny, éd. Hazan, 2016, p. 139

Bibliographie

  • Marie Berhaut, Gustave Caillebotte : catalogue raisonné des peintures et des pastels, 2e éd. revue et commentée par Sophie Pietri, Wildenstein Institute, 1994
  • Serge Lemoine, cat. exp. « Dans l'intimité des frères Caillebotte », Paris, musée Jacquemart-André, mars-, éd. Skira, 240 pages

Liens externes

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