Jeune homme à la fenêtre

Jeune homme à la fenêtre est un tableau de Gustave Caillebotte réalisé en 1876. Il est conservé dans une collection privée à New York. Il mesure 117 cm de hauteur sur 82 cm de longueur.

Description

Ce tableau représente de dos René Caillebotte[1],[2], l'un des frères de l'artiste (il mourut à peine quelques mois plus tard), debout à la fenêtre devant un balcon de l'hôtel particulier familial, 77 rue de Miromesnil, donnant au loin sur le boulevard Malesherbes en oblique[3]. C'est une œuvre de jeunesse qui témoigne de l'intérêt de l'artiste pour le réalisme urbain et de ses recherches sur la perspective.

Ce thème d'un personnage représenté de dos à la fenêtre est fréquent dans la peinture, notamment dans la peinture romantique allemande[4]. Pourtant ce tableau de Caillebotte diffère des romantiques : l'homme ne regarde pas la nature, mais jette un regard sur une scène urbaine située en bas.

Histoire

Ce tableau a été présenté à l'exposition des impressionnistes de avec sept[5] autres travaux de Caillebotte dont le fameux tableau aujourd'hui conservé au musée d'Orsay, Les Raboteurs de parquet, refusé au Salon de 1875.

Émile Zola est favorablement impressionné par la technique que cette œuvre révèle, mais n'est pas du tout enthousiaste à propos de son style. Pourtant apôtre du naturalisme et chantre des réalités sociales[6], Zola traite ce tableau d'« anti-artistique »: « c'est une peinture anti-artistique, une peinture proprette comme du verre, une peinture bourgeoise, en raison de la précision de la copie. La photographie de la réalité n'est pas marquée du sceau original du talent du peintre - c'est une piètre chose. »[7]. Zola en fait n'a pas su voir la recherche des lignes fuyantes et la réflexion de l'artiste sur les limites et la thématique du seuil et de la contemplation en dehors du temps. Zola n'en fait qu'une lecture politique superficielle. La prédilection de Caillebotte à regarder « par procuration » le spectacle de la ville en fait « un étranger parmi les siens, à la fois proche et séparé de tous, de plain-pied au bord d’un vide »[8], comme si le temps était suspendu[5].

Notes et références

  1. (en) Varnedoe, op. cit., p. 60
  2. Gustave Caillebotte le représente dans un autre tableau exposé également à la deuxième exposition impressionniste de mars[réf. nécessaire] 1876, Le Déjeuner.
  3. (en) Varnedoe, op. cit., p. 21
  4. Par exemple: Femme à la fenêtre de Caspar David Friedrich (1822), Goethe à la fenêtre de sa chambre à Rome (1787) de Johann Heinrich Tischbein ou encore L'Heure matinale (1857–1860) de Moritz von Schwind
  5. Anatole Daalderop, Gustave et Martial Caillebotte, La mystérieuse impression du temps suspendu dans la peinture et la musique
  6. (en) Varnedoe, op. cit., p. 187
  7. Émile Zola, « Deux expositions d'art en mai », in Le Messager de l'Europe, juin 1876
  8. « On ne s’étonnera pas de l’importance que prend dans son œuvre la thématique du seuil et du bord : appuis de fenêtre, pas-de-portes, grilles de balcons, bordures de massif, accotements, débarcadères, marquent la place du peintre ou des personnages qu’il délègue à la contemplation des paysages ou des intérieurs », in Danielle Chaperon, « Caillebotte, peintre du plain pied, Point de vue naturalistes », Au cœur de l’impressionnisme, Lausanne, Fondation l’Hermitage, 2005, p. 64

Bibliographie

  • Marie Berhaut, Gustave Caillebotte. Catalogue raisonné des peintures et des pastels, Paris, éd. Bibliothèque des arts, 1994
  • (en) Kirk Varnedoe, Gustave Caillebotte, New Haven, Yale University Press, 1987, p. 220, (ISBN 0300082797)

Voir aussi

Liens externes

  • Portail de la peinture
  • Portail de la France au XIXe siècle
  • Portail des années 1870
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.