Jules Siegfried

Jules Siegfried, né à Mulhouse le et mort au Havre le , est un entrepreneur et homme politique français.

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Biographie

Parcours professionnel et vie familiale

Issu d’un grand-père drapier et d’un père qui avait commencé comme commissionnaire avant de créer une maison de négoce avec son cousin, Jules Siegfried interrompit ses études à l’âge de treize ans pour entrer comme apprenti dans la maison de commerce de son père, auquel il s’associe avant de partir pour les États-Unis. Rentré en France en 1862, il fonde, avec son frère Jacques Siegfried, au Havre et à Mulhouse, la société Siegfried Frères, spécialisée dans le négoce du coton. Elle deviendra la Compagnie cotonnière vers 1870. Dès l’automne 1862, la société a une succursale à Bombay. Les frères Siegfried ne tarderont pas à devenir millionnaires.

Toujours avec son frère, il sera à l’origine de la création de l’École supérieure de commerce de Mulhouse, fondée en 1866 sur le modèle de l’Institut supérieur de commerce d’Anvers. Celle-ci sera fermée en , en raison de l’annexion de l’Alsace. Elle servira de modèle à celle de Lyon qui recrutera nombre de ses professeurs. Les frères Siegfried quittent alors l’Alsace pour s’installer en Normandie, où ils fondent l’École supérieure de commerce de Rouen et l’École supérieure de commerce du Havre qui existent toujours. Une succursale de leur maison de négoce est ouverte à La Nouvelle-Orléans tandis que son frère Jacques se retire en 1865, remplacé par son autre frère Ernest.

Jules Siegfried épouse Julie Puaux-Siegfried (1848-1922), le , à Alès (Gard)[1]. Julie Siegfried est féministe, présidente ou fondatrice de nombreuses œuvres d'assistance ou d’œuvres de guerre, qui lui permettent d'être décorée de la Légion d'honneur, en 1919, sur contingent du ministère de l'intérieur[2]. Jules Siegfried partage les combats de sa femme pour le vote des femmes : il présidera notamment le « groupe des droits de la femme », créé à la Chambre des députés en 1918. Ils sont les parents de l’historien et sociologue André Siegfried (1875-1959), membre tout d'abord de Académie des sciences morales et politiques, puis élu à l’Académie française.

Carrière électorale

Jules Siegfried lors d'une réunion politique au Havre en 1914.

Siegfried fut premier adjoint, puis maire du Havre (1870-1873 et 1878-1886), député et conseiller général de la Seine-Inférieure (1886-1897 et 1902-1922), sénateur (1897-1900), puis ministre du Commerce, de l’Industrie et des colonies, du au , dans le 1er et le 2e cabinet Ribot.

À la Chambre, il traita avec compétence les questions commerciales, maritimes, financières et sociales. Préoccupé par le sort des plus pauvres et cherchant la prospérité de son pays, il chercha à promouvoir l’habitat social. Ainsi, la « loi Siegfried » du encourage la création d’organismes d’habitations à bon marché.

En 1905, lors du vote de la loi de séparation des Églises et de l'État, il est absent par congé.

C’est auprès de cet homme politique influent, « le plus représentatif de l’esprit havrais » selon René Coty, que ce dernier entama sa carrière politique.

Distinctions et postérité

Jules Siegfried était chevalier de la Légion d'honneur, membre de la Chambre de commerce du Havre, fondateur de la Société des cités ouvrières, du Cercle Franklin, des Bains et lavoirs publics. Sa Compagnie cotonnière est devenue une filiale de Dagris (anciennement Compagnie française pour le développement des fibres textiles (CFDT).

À Strasbourg, une plaque de bronze à son effigie, exécutée par P. Klein, honore sa mémoire sur la route du Polygone, à côté de l'église protestante de Neudorf[3].

Il existe une rue Jules-Siegfried dans le lotissement « Campagne à Paris » du 20e arrondissement de Paris, ainsi qu'à Villeurbanne, dans le quartier des Buers, et à Marseille, où une avenue lui est dédiée dans le 9e arrondissement. De la même façon, une telle rue rejoint, au Havre (76600), la place de l'hôtel de ville à l'avenue du général Archinard, en longeant le Pasino[4], situé dans les locaux de l'ancienne Chambre de commerce et de l'industrie. À Saint-Denis (93200), des pavillons en brique construits par la société coopérative de construction bon marché le coin du feu donnent sur une voie dénommée Passage Jules-Siegfried. Le nom de Jules Siegfried est également porté par un lycée technologique et professionnel au Havre ainsi qu'un lycée général et technologique dans le 10e arrondissement de Paris.

Mandats électifs

Député
  • 1885 - 1897 : Seine-Inférieure
  • 1902 - 1922 : Seine-Inférieure (groupes parlementaires de l’Alliance démocratique)
Sénateur
  • 1897 - 1900 : Seine-Maritime

Œuvres

Notes et références

  1. Léonore, acte de mariage..
  2. Décret du 26 mai 1919.
  3. « Jules Siegfried », in Les statues de Strasbourg, Éditions Coprur, Strasbourg, p. 75 (ISBN 2-903297-42-8).
  4. « Rencontres au Havre - Faites des rencontres au Havre et en Haute Normandie », sur Rencontres au Havre (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Ardaillon, Les républicains du Havre au XIXe siècle (1815-1889), Universités du Havre et de Rouen, Rouen, 1999.
  • Pierre Klein, Jules Siegfried (1837-1922). Un Alsacien de conviction et de progrès, Mulhouse, SHGM, 2015, p. 23-39.
  • Roger Merlin, Jules Siegfried sa vie, son œuvre, Paris, Musée social, 1923.
  • Raymond Oberlé et Léon Strauss, « Jules Siegfried », in Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 35, p. 3629.
  • André Siegfried, Jules Siegfried, 1837-1922, Paris, Firmin-Didot, 1942.
  • André Siegfried, Mes souvenirs de la 3e république. Mon père et son temps, Jules Siegfried, 1836-1922, Paris, Presses universitaires de France, 1946.
  • Th. Vallée, Quarante ans de vie républicaine : Jules Siegfried, Le Havre, O. Randolet, 1910, in-8°, 28 p.
  • « Jules Siegfried », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]

Liens externes

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