Jean-Michel Caradec

Jean-Michel Caradec est un auteur-compositeur-interprète français, né le à Morlaix[1] (Finistère) et mort le à l’hôpital de Rambouillet (Yvelines), après un accident de la route alors qu'il rejoignait la tournée France Inter. Il est notamment l'auteur des chansons Ma petite fille de rêve, La Colline aux coralines, Ile ou encore Ma Bretagne quand elle pleut.

Pour les articles homonymes, voir Caradec et Jean-Michel Caradec'h.

Jean-Michel Caradec
Naissance
Morlaix, Finistère
Décès
Rambouillet, Yvelines
Activité principale Auteur-compositeur-interprète
Genre musical Variété française
Années actives 1969 - 1981
Labels Disques Decca (1977)
Site officiel www.jeanmichelcaradec.com

Biographie

Jean-Michel Caradec nait le à Morlaix (Finistère), d'un père officier-marinier dans la Marine nationale et d'une mère institutrice. La famille est originaire de Brest, où elle vivait avant la guerre. Elle y retourne en 1954[2].

C'est à Brest que va se forger le futur poète-chanteur. Dès , il est inscrit à l’école nationale de musique de Brest (à présent conservatoire de Brest[3]) où il commence à apprendre le solfège. En 1955, il commence l'apprentissage de la flûte traversière auprès de Paul Caffiaux, un retraité de la musique militaire. Il abandonne fin 1962. Pour son 16e anniversaire, sa sœur lui a offert une guitare qui devient son instrument de prédilection.

C'est à Brest que naît sa dimension poétique. Dans les années 1960, il y avait dans cette ville un groupe de poésie vivante animé par une figure locale, le poète Jean-Yves Le Guen. Le jeune Jean-Michel y participe. Il dédie en 1966 un poème intitulé Dans les deux hémisphères à José Le Moigne, un ami de lycée. Celui-ci l'intègre dans un recueil de poésies publié la même année[4]. Ce texte constituera les paroles du deuxième 45 tours de Jean-Michel Caradec en 1969.

Élève du lycée Saint-Marc à Brest (lycée de l'Iroise, actuellement), il en sort avec le baccalauréat de philosophie, mention assez bien, en 1965. De 1966 à 1968, il suit la préparation à l’École normale supérieure du lycée Henri-IV, à Paris, en vue d'une carrière de professeur de géographie. Mais cela ne lui convient pas. Il renonce et ne passe pas l'examen[5].

Il se produit en public à Brest dans les années 1960 lors de concours de chants locaux (Les Tréteaux chantants) ou dans les foyers de jeunes et les cabarets[6]. Mais c'est à Brignogan-Plages, à la fin du mois de , où il passait des vacances dans la maison que possédait sa famille au 1, rue des Écoles, que le futur chanteur va ouvrir la porte du destin. Dans cette station balnéaire du Nord-Finistère se déroule le tournage du film Goto, l'île d'amour. Il apprend la présence du célèbre comédien Pierre Brasseur grâce à un article dans le journal et va crânement, sa guitare sous le bras, lui présenter ses chansons à son hôtel. Il s'agit en particulier de la chanson "Mai 68" qu'il espérait faire interpréter par Serge Reggiani, figure des événements du mois de mai. Touché par son talent et son répertoire original, Pierre Brasseur décide de l'inviter à le rejoindre à Paris. Dès le mois de juillet, Jean-Michel Caradec passe une semaine chez Pierre Brasseur et Catherine Sauvage, le temps d'enregistrer une bande magnétique d'une dizaine de chansons. Pierre Brasseur la fait écouter à Serge Reggiani qui se dit intéressé et présente le jeune chanteur à sa maison de disques (Polydor) en , notamment son directeur artistique Jacques Bedos (oncle de Guy Bedos). Ainsi commence la carrière du poète musicien. Un an plus tard, en août 1969, il déclare avoir de grands projets avec Pierre Brasseur, s'entendre très bien avec Georges Moustaki et recevoir de nombreux conseils de la part d'un Reggiani très cordial. Au mois d', conséquence probable d'un début difficile et d'un succès qui se fait attendre, il sera un peu moins positif. Il lui faut quelques années de "vache enragée" avant d'atteindre le succès[7].

Il rencontre l'écrivain Jean-Pierre Chabrol, qui produisait, et présentait comme animateur une émission TV importante de l'ORTF intitulée Bienvenue, où il recevait des chanteurs, des acteurs et diverses personnalités du monde du spectacle et de la culture, et cette émission sera diffusée de 1966 à 1972. Par Jean-Pierre Chabrol, il fait la connaissance de Georges Brassens. En 1970, Caradec fera la connaissance du chanteur alors débutant Maxime Le Forestier, avec qui il deviendra rapidement ami.

En 1969, il signe son premier contrat chez Polydor et enregistre quelques 45 tours. Son premier 33 tours sort en 1972. Mais ce n'est que deux ans plus tard, avec son deuxième album, qu'il rencontre le succès grâce à Ma petite fille de rêve qui devient un tube. Cela fera dire à la presse spécialisée que "Jean-Michel Caradec vient de prouver que les chemins de la poésie mènent parfois à la gloire"[8].

En 1973-1974, il compose la musique du générique de la série de personnages animés Ysengrin de Richard Rein, diffusée à l'ORTF. Il y chantera également des chansons. Maxime Le Forestier s'investit aussi dans le projet en chantant la chanson du générique.

Il assure souvent les premières parties de Georges Brassens, de Serge Lama et de son ami Maxime Le Forestier, qui a chanté Mai 68 sur scène en 1973.

En 1973, sa maison de disque Polydor l'associe avec Jean-Hervé Limeretz pour travailler au clavier, au piano et, surtout, pour lui faire travailler sa voix et l'orienter vers d'autres gammes, autant dans la voix que vers les instruments musicaux.

En 1976, Jean-Michel Caradec est tête d'affiche à l'Olympia (le )[9].

Cette année-là, il enregistre un disque 33 tours entièrement consacré à des chansons pour enfants. Jean-Hervé Limeretz participera aux claviers et aux chœurs. À sa sortie, l'album est salué par la critique musicale. Au départ, ce disque devait être réalisé avec le parolier Étienne Roda-Gil, mais Caradec écrira lui-même les textes de ses chansons, et en voyant les textes, Roda-Gil encouragea celui-ci à les conserver et à les enregistrer. Très embarrassé, Jean-Michel Caradec trouvera un accord avec Étienne Roda-Gil : il travaillera avec son ami René Joly, qui recherchait un parolier pour les chansons d'un album dont le thème serait également l'enfance. Le disque sortira en 1976, presque en même temps que celui de Jean-Michel Caradec.

Jean-Michel Caradec a participé à la comédie musicale Le Rêve de Mai, album conceptuel sorti à l'occasion du 10e anniversaire des événements de Mai 1968, auprès de Nicole Rieu, Nicolas Peyrac et Didier Marouani notamment. De cette comédie musicale, il aura de longs débats et de longues discussions avec Maxime le Forestier à propos des chansons dites «  engagées » . Jean-Michel Caradec se voyait comme un troubadour, ou plutôt un artisan de la chanson. Il pensait qu'une chanson ne devait pas s'inscrire dans un contexte, par exemple historique, car les nouvelles générations risquaient de ne pas comprendre de telles chansons, ou plutôt s'en détourner. Cependant, Jean-Michel Caradec ne négligeait pas lui-même de composer des chansons dites «  engagées » . Si c'était le cas, il attendait des occasions pour le faire, trouver un sujet qu'il avait à cœur de traiter, mais pour lui, c'était l'envie qui restait la plus importante.

Le plus important pour lui était qu'une chanson soit intemporelle, pour traverser le temps, et s'adapter aux nouvelles générations. Il préférait également les salles à taille humaine aux grandes salles. Le partage de la poésie s’accommode mieux d'une certaine intimité avec le public.

En 1977, Jean-Hervé Limeretz lui fera faire la connaissance du chanteur Daniel Balavoine. Si Caradec ne participera pas à la comédie musicale Starmania, en 1978, il réussira cependant à y décrocher un rôle pour son ami, René Joly.

En 1978, la catastrophe écologique de l'Amoco Cadiz lui inspire la chanson Portsall et le titre de son nouvel album.

Jean-Michel Caradec a créé, en 1975, sa maison d'édition Madeline Songs[10] ainsi que son propre studio d'enregistrement, le studio Florian, au sous-sol de la grande maison en meulière qu'il occupait 9 avenue du Maréchal-Foch à Saint-Cloud[9].

Disparition

cimetière de Recouvrance.

Le , il roule sur l'autoroute A10 quand, vers 16 heures, sa Citroën CX s'encastre sous l'arrière d'un poids lourd. Grièvement blessé, atteint d'une hémorragie abdominale, il est transporté à l'hôpital de Rambouillet où il meurt dans la soirée[11]. L'origine de l'accident reste mystérieuse, malgré la présence d'une autre personne dans la voiture, qui a survécu à l'accident. Son dernier album, Dernier avis, sort juste après. Dans le contexte, ce nom et des titres comme Passeport pour la mort, ont pu présenter une résonance particulière. Le chanteur semblait cependant plutôt envisager un nouveau départ. Il s'intéressait notamment au journalisme. Il est inhumé au cimetière de Recouvrance de Brest.

Famille

Jean-Michel Caradec était marié avec Patricia (1953-2020)[12] avec laquelle il a eu deux enfants : Florian (1971-1993) et Madeline (née en 1975) [13]

Collaborations et hommages

Il collabore avec Maxime Le Forestier, avec qui il partage le poète parolier Jean-Pierre Kernoa. En 2011, Maxime Le Forestier écrira que, pour ses premières parties, "c'est Caradec que je choisissais le plus souvent"[14].

Jean-Michel Caradec a aidé le chanteur auteur compositeur Didier Barbelivien à ses débuts, en 1974, quand il travaillait toujours comme directeur artistique chez Polydor. Ce dernier écrira une chanson en son honneur, simplement intitulée Caradec, et enregistrera Au château des alouettes sur le même album en 1982. Marie Laforêt, Jack Treese, Roger Mason et Francesca Solleville sont également à compter au rang des collaborations.

Jean-Michel Caradec s'est également lié d'amitié avec Francis Cabrel, fin 1977, séduit par la prestation de celui-ci à l'Olympia. Ils chanteront plusieurs fois ensemble[15]

Jean-Michel Caradec chante Ballade pour ailleurs et Cours camarade sur le double album collectif Le rêve de mai (1978).

Parmi les hommages à Caradec, Michèle Torr reprend Île sur son album Midnight Blue en Irlande (1983). Dix de ses chansons sont interprétées par Louis Capart, Yvon Étienne, Anne Vanderlove, Jean-Luc Roudaut et Claude Besson, sur le CD en public Jean-Michel Caradec chanté par... en 2005. En 2010, la chanteuse Nolwenn Leroy reprend, dans son album Bretonne, la chanson Ma Bretagne quand elle pleut. Elle reprend également sa chanson Ma petite fille de rêve dans son album folk en 2018.

Un concert hommage a été organisé par l'association des amis de Jean Michel Caradec, le , jour de son anniversaire à Gouesnou (Finistère).

En 2018, sous l'impulsion du président de l'Association des amis de Jean-Michel Caradec, l'éditeur phonographique EPM a publié un coffret de 5 CD "Jean-Michel Caradec l'intégrale" reprenant l'ensemble de son œuvre. Il inclut un livret biographique avec, en introduction, des hommages de Maxime Le Forestier, Francis Cabrel, Jean Musy et Yves Duteil.

En 2019, à l'occasion de la fête de la Musique, 250 personnes ont assisté au bel hommage organisé, au cimetière de Recouvrance, par les services des cimetières de la ville de Brest et l’association Les Passeurs de Chansons[16],[17]. Les chansons de Jean-Michel Caradec font partie intégrante du répertoire de cette association.

Compositions musicales

L'hymne du Stade Lavallois Allez Laval a été écrit par Jean Foucher, Producteur musical des disques Pluriel[18] à Passais la Conception, sur une composition[19] musicale de Jean-Michel Caradec[20],[21]. Il date de 1976 et correspond à la montée de l'équipe en Division 1. Elle est interprétée par Les enfants de la balle : Il y a dans les chanteurs Yvon Etienne et les Shouters[22]. Un 45 tours enregistré en 1976 au Studio d'Angers est édité : face A, avec les paroles, face B, version instrumentale, pochette dépliable avec un poster de l'équipe[23].

Prix et distinctions

  • Prix de la SACEM en 1977 pour l'album Ma Bretagne quand elle pleut[24]
  • Prix de la SACEM "Chansons pour enfants" (pour son album de 1976) en 1977[25].
  • Prix du Haut Comité de la langue française en 1978.

Discographie

Singles

Les titres en gras n'ont jamais figuré sur un album ni sur une compilation

  • 1969 : Qui ? - Aquarelle
  • 1969 : Le bateau - Les deux hémisphères
  • 1971 : Complainte pour un enfant - Toucher ta main
  • 1971 : La course au soleil - Mille sarabandes
  • 1972 : Un petit soleil - Dodo dans tes draps
  • 1974 : Monde d'amour - Ma petite fille de rêve (Japon)
  • 1974 : Ma petite fille de rêve - Colombine Mélusine et Cie
  • 1975 : Ile - La ballade Mc Donald
  • 1976 : Quand l'école est finie - Une mandarine
  • 1978 : Bande originale du film Le pion : Si ma vie est belle - Minuetto de la 7e sonate de Beethoven - Si ma vie est belle (instr.)
  • 1979 : Maryline - Western
  • 1979 : Heureuse un peu - Parle-moi
  • 1979 : Passer la nuit avec toi - Je voudrais
  • 1981 : Le fil du funambule - A mardi, on s'est pas vu

Albums

Seuls les cinq derniers albums ont été réédités en CD

Nombreuses compilations, sur 1 seul CD.

2018 Intégrale des enregistrements studio chez EPM : 117 titres, 5 CD. Inclut des titres inédits.

...Et le rêve se brisa premier livre hommage sur Jean-Michel Caradec écrit par Richard Stamper aux éditions 'Les Presses du Midi' à l'occasion des 40 ans de sa disparition. (Parution le 29 juillet 2021)

Notes et références

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Rémi de Kersauson, « Jean-Michel Caradec, mémoire retrouvée d'un poète musicien », Les Cahiers de l'Iroise n°227,
  3. https://conservatoire.brest.fr/conservatoire-accueil-3283.html
  4. José Le Moigne, Polyphonies..., Aurillac, Éditions du Centre,
  5. cf. réf. 1, page 12.
  6. Alain Cabon, « Parce que Pierre Brasseur est venu à Brignogan Parce que Reggiani et Moustaki "aimaient ça" », Ouest-France, , p. 8
  7. Jean-Pierre Balannec, « Jean-Michel Caradec veut devenir "le grand de la chanson" », Le Télégramme,
  8. « Jean-Michel Caradec a trouvé sa "petite fille de rêve". », Salut les Copains, , p. 30-31
  9. cf. réf. 1 p. 17
  10. Renaud Marhic, Jean-Michel Caradec « La ballade d'Arlequin », jeanmichelcaradec.com, n.d.
  11. Jean-Michel Caradec, un des artisans de la nouvelle chanson française, La Liberté de l'Est, date inconnue (probablement daté du 30 ou 31 juillet 1981)
  12. https://avis-de-deces.ouest-france.fr/20200208/patricia-caradec-883905
  13. Journal L'Action républicaine du 3 juin 1977, article consacré à Jean-Michel Caradec.
  14. Maxime Le Forestier, Né quelque part, Don Quichotte éditions, , p. 49
  15. Alain Wodrascka, Cabrel, les chemins de traverse, L'Archipel, , p. 54
  16. « Le bel hommage rendu à Jean-Michel Caradec », Ouest-France (Nord-Finistère), , p. 8 (lire en ligne)
  17. voir la vidéo
  18. Ce dernier refuse d'interpréter le morceau : Les milieux un peu intellectuels n'aimaient pas trop se frotter à ce genre de chansons... C'était surtout les orchestres de bal qui jouaient ces morceaux.
  19. Un groupe de rock célèbre à Laval dans les années 1970 avec Norbert Gobin, Jean-Pierre Tribondeau, Paul Faure, Jean-Pierre Leguay, Jean-Pierre Chéron.
  20. Livret biographique publié dans le coffret 5 CD "Jean-Michel Caradec l'intégrale", édité par EPM MUSIQUE en 2018, p. 14
  21. cf. réf. 1. p. 18

Liens externes

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