Jean-Marie de La Mennais

Jean-Marie de La Mennais (aussi écrit de la Mennais ou de Lamennais), né le à Saint-Malo (Bretagne) et mort le à Ploërmel (Morbihan), est un prêtre français. Il fonde la congrégation des Filles de la Providence de Saint-Brieuc en 1818 ainsi que la congrégation des Frères de l'instruction chrétienne de Ploërmel en 1819.

Pour l'écrivain et philosophe son frère, voir Félicité Robert de Lamennais.

Biographie

Jean-Marie de La Mennais, fils de Pierre-Louis Robert de La Mennais[N 1] et de Gratienne Lorin de la Brousse, fait partie d'une fratrie composée de cinq frères et une sœur[1] : Louis-Marie (1776-1805), Pierre Jean (1778-1784), Félicité (1782-1854), Marie-Joseph (1784-1851) et Gratien (1785-1818).

Pendant la Révolution, lors de sa jeunesse dans la ville de Saint-Malo, il vient en aide aux prêtres qui refusent de prêter serment à la République.

Il meurt le à la maison-mère de Ploërmel[2]. Il est d'abord inhumé dans le cimetière de la maison-mère des Frères  à sa demande car il souhaitait reposer parmi les Frères  puis, en hommage, il est transféré à la chapelle le [3] dans l'espace qui lui avait été dédié lors de la construction de la chapelle par Frère Cyprien.

Il est proclamé vénérable en 1966. Son procès en béatification est commencé en 2015[4].

Tombe de Jean-Marie de la Mennais à Ploërmel.
Portrait posthume réalisé par E. Le Chevalier en 1883.

Choix du sacerdoce

Il est ordonné sous-diacre le à Rennes.

Ordonné prêtre le à Rennes, à 24 ans, par Mgr de Maillé, il est nommée vicaire à la cathédrale de Saint-Malo. Il dévoue tout son temps aux paroissiens, par les prédications lors des offices dominicaux, l'accueil et la confession ainsi que le conseil.

Il est nommé chanoine le puis vicaire capitulaire de Saint-Brieuc de 1815 à 1820, à la mort de l'évêque Mgr Cafarelli, une fonction rare pour un jeune prêtre. Il participe activement à la vie chrétienne de son diocèse en soutenant les monastères, en réformant les séminaires et en animant des missions populaires. ll enseigne la théologie aux futurs prêtres du collège de Saint-Malo.

Il devient vicaire général lorsque Mgr de la Romagère est nommé pour administrer le diocèse de Saint-Brieuc mais son engagement auprès des écoles primaires et des difficultés relationnelles sont la raison de la très courte durée de cette fonction qui ne dure qu'un an.

Combat pour une instruction primaire et chrétienne

Préoccupé par la situation des jeunes et par le manque de lieux d'instruction, avec ses amis, les chanoines Étienne-Pierre Engerran et Jean Vielle, ils réouvrent en 1802 le collège de Saint-Malo qui avait été fermé sous la Révolution. L'établissement accueille des enfants de la maternelle au lycée. C'est un collège-séminaire où, sous-diacre, il enseigne la théologie et la philosophie à des étudiants à peine plus âgés que lui car il n'a que 22 ans. Il a la parole facile et parvient aisément à capter l'attention des étudiants.

Il est très vite convaincu que l'éducation a un rôle à jouer dans la lutte contre la délinquance et cherche une solution pour ouvrir davantage d'écoles primaires. Il décide de former quelques instituteurs en 1817, en s'appuyant sur le modèle des Frères des écoles chrétiennes mais ceux-ci œuvrent surtout en ville. Sa rencontre avec l'abbé Gabriel Deshayes à Auray la même année est déterminante. Ce dernier œuvre déjà pour former des frères instructeurs dans la région d'Auray. Le projet partagé par les deux prêtres c'est d'installer, dans les bourgs ruraux, un instituteur pour faire classe aux enfants des campagnes. Pour cela, ils envisagent une solution matérielle : tandis que les Frères des écoles chrétiennes, vivent obligatoirement par communauté de trois frères  ce qui s'avère coûteux pour la charge de la commune, à une époque où l'instruction n'est pas encore organisée de façon nationale  leur projet consiste à avoir au moins un instituteur dans les bourgs ruraux. Le , ils fondent l'institut des Frères de l'instruction chrétienne sur cette base avec l'idée de recruter de jeunes hommes, de leur apprendre les bases de l'instruction, en appui sur les méthodes déjà employées par les Frères des écoles chrétiennes, puis de les envoyer dans une commune rurale afin d'y ouvrir une ou plusieurs classes d'instruction élémentaire. La maison-mère de la congrégation est installée, en , dans un ancien couvent des Ursulines à Ploërmel.

Jean-Marie de La Mennais, en tant que vicaire général, administre les écoles primaires et assure la direction des communautés religieuses, dans tout le diocèse de Saint-Brieuc. C'est ainsi qu'il fait la connaissance d'un groupe de jeunes femmes, s'appelant "les demoiselles", composé de Marie-Anne Cartel, Marie Conan, Fanny Chaplain, Julie Bagot et Esther Beauchemin qui ont créé une association pour aider les enfants abandonnés. Elles œuvrent, dans un premier temps, pour l'accueil des orphelines. Lors d'une mission, il leur propose de suivre la règle des Filles du Cœur de Marie et devient leur directeur. Leur œuvre s'élargit, vers l'instruction et leur première école s'appelle La Providence. L'école est un succès : en 1819, elle compte sept classes, 400 enfants scolarisés gratuitement pour suivre des cours de lecture, écriture, broderie et couture. En 1821, lorsque Jean-Marie de la Mennais présente sa démission du poste de vicaire général à l'évêque, Mgr de la Romagère, il ne peut plus assurer la direction de la congrégation. C'est ainsi qu'il propose aux sœurs de devenir une congrégation autonome qui prend le nom de Filles de la Providence de Saint-Brieuc[5]. Il garde un rôle en tant que fondateur.

Malgré sa démission, il conserve la responsabilité de l'enseignement primaire dans le diocèse de Saint-Brieuc mais il est aussi est nommé vicaire général de la Grande aumônerie à Paris où il ne reste que deux ans (de 1822 à 1824). Il préfère, par la suite, se consacrer au développement de la congrégation des Frères de l'instruction chrétienne qui connait un succès rapide car ils répondent à une très forte attente de l’époque : instruire les populations paysannes et rurales, de loin les plus nombreuses au XIXe siècle. Il voyage alors beaucoup partout en Bretagne pour s'enquérir de bâtiments, fonder des écoles, suivre les Frères instituteurs , etc.

Soucieux de permettre aux enfants d'acquérir une instruction à la fois intellectuelle, sociale, morale et religieuse, il est également attaché au fait de créer des formations en lien avec les métiers existants, il cherche à ancrer les écoles dans leur territoire local. Ainsi se trouve-t-il en désaccord avec le ministre de l'instruction publique, François Guizot, lors des discussions sur la loi de 1833. Il écrit à ce titre plusieurs lettres au ministre pour l'interpeller sur l'uniformité des règles sur tout le territoire national ce qu'il juge être un inconvénient car il estime que l'instruction doit être adaptée au contexte local et que cela peut-être souhaitable que les pré-requis ne soient pas les mêmes pour enseigner dans une école à Squiffiec, Nantes ou Rennes, aussi bien pour l'élaboration des programmes scolaires que pour les brevets exigés pour enseigner. Il perçoit la détention obligatoire du brevet comme une entrave à l'installation des écoles dans les bourgs ruraux car peu de jeunes hommes sont en mesure d'obtenir le brevet à ce moment.

C'est également grâce à l'amitié qu'il a conservée avec ses connaissances de jeunesse que Jean-Marie de La Mennais parvient à réaliser une autre œuvre difficile : doter les établissements de manuels scolaires. On peut citer par exemple sa collaboration avec un ami d'enfance, Paul-Jean-Joseph Querret[6] qui a rédigé un traité d'arithmétique pour les Frères de Ploërmel.

En 1825 l'évêque de Rennes, Mgr de Lesquen, le nomme supérieur général de la congrégation des Prêtres de Saint-Méen. C'est une association de prêtres, professeurs du petit séminaire, constituée à Saint-Méen-le-Grand. Il ajoute ainsi une responsabilité supplémentaire à son travail, avec la motivation de voir la perspective d'une entraide et d'une meilleure formation des prêtres.

Bases d'une formation supérieure des prêtres

En 1828, Jean-Marie de la Mennais contribue à la création de la Congrégation de Saint-Pierre qui est une fusion de l'école de la Chesnaie et des prêtres de Saint-Méen. Le noviciat de la congrégation nouvellement créée est installé dans la ville de Malestroit avec l'idée, de réaliser un important travail, afin d'améliorer la culture religieuse, en portant une attention particulière au monde et une ouverture aux diverses confessions religieuses.

Ainsi, à Malestroit les étudiants de la congrégation se forment à la théologie, la philosophie, le grec, l'hébreu, l'arabe et la plupart des langues vivantes. Il s'agit de former des personnes capables de maintenir le dialogue avec toutes les formes de cultures et de civilisations.

Cependant, ce projet est réalisé en collaboration étroite avec son frère, Félicité, réprimandé par le Pape pour ses écrits et certaines de ses théories. La congrégation de Saint-Pierre prend fin pour cette raison.

Engagement social

En 1836, Jean-Marie de la Mennais reçoit une lettre officielle de l'amiral Duperré, ministre de la marine. Au nom du gouvernement, il lui demande d'organiser l'enseignement primaire aux Antilles, alors colonies françaises. Il prend un temps de réflexion avant de répondre à cette demande pour s'assurer qu'il y aura des candidats. En effet, à cette époque le nombre d'école augmente chaque année et, déjà en Bretagne, il est difficile de pourvoir des enseignants en nombre suffisant, d'où une hésitation malgré son enthousiasme. Il se renseigne également auprès de M. de Saint-Hilaire, directeur des colonies, sur les conditions de vie qui seraient celles des Frères aux Antilles. À la fin de l'année 1836, il accepte la proposition qu'il estime être une œuvre à la fois sociale et chrétienne. Pour commencer il s'agit des classes libres puis celle des esclaves, dans la perspective de leur affranchissement. Selon le ministre de l'époque, l'instruction chrétienne est une prérogative à la mise en place de l'affranchissement. C'est à la clôture de la retraite de 1837, à Ploërmel, qu'il présente le projet aux soixante Frères présents, parmi les plus aguerris. Il en faudrait cinq pour fonder une école en Guadeloupe, avec la conscience de la difficulté de la mission : le climat, les maladies, les réticences de planteurs. Cinquante-deux Frères sont volontaires, il en choisit cinq parmi ceux-ci. Ils partent le à bord de La Girafe, depuis la rade de Brest. Il les bénit et les encourage.

En 1853, alors que le chômage sévit dans la région de Ploërmel, il lance le chantier de construction de la chapelle, dans l'enceinte de la maison-mère. Il confie la direction des travaux à Frère Cyprien. Il s'agit d'édifier un édifice gothique de 111 pieds de long. Pour ce chantier, il embauche les chômeurs de Ploërmel durant deux ans, le temps des travaux de construction.

Œuvres

Il est secondé par le rédacteur belge Adolphe Bartels pour la rédaction de L'Avenir.

  • Réflexions sur l’état de l’Église en France.
  • Tradition de l’Église sur l’institution des évêques.

Ces deux ouvrages ont été publiés en collaboration avec son frère Félicité.

Hommages

Plusieurs établissements scolaires portent son nom :

Notes et références

Notes

  1. du nom de la métairie qu'il possède en Pleslin-Trigavou (Côtes-d'Armor)

Références

  1. Albert Métayer, « XVIIIe siècle à Saint-Malo, Les Robert de la Mennais » [PDF], sur lamennais.org (consulté le ), p. 10
  2. « Biographie de Jean de la Mennais » [PDF], sur lamennais.org (consulté le ), p. 8
  3. « Le cimetière des Frères est chargé d'histoires », sur ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le )
  4. « Vers une béatification de Jean-Marie de La Mennais », sur ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le )
  5. sœur Mary-Agnel Grindley, « Les filles de la Providence de Saint Brieuc : histoire de la province anglaise (1903-1996) » [PDF], sur lamennais.org (consulté le ), p. 3
  6. Françoise Huguet et Boris Noguès, « Les Professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au XIXème siècle (1808 - 1880) », sur ish-lyon.cnrs.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Sigismond Ropartz, La vie et les œuvres de Jean-Marie de Lamennais d'après sa correspondance et autres documents en majeure partie inédits, Paris, Lecoffre fils et Cie, , 491 p. (notice BnF no FRBNF31243198)
  • Frère Jean-Pierre Le Rest, Jean-Marie de La Mennais, carnet de bord d'un fondateur, 2020, Ploërmel, Congrégation des Frères de l'Instruction Chrétienne, 178 p.

Articles connexes

Liens externes

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