Jean-Baptiste Mockey

Jean-Baptiste Mockey, né le et mort le , est un pharmacien et homme politique ivoirien. Parlementaire au sein de plusieurs assemblées, secrétaire général du PDCI-RDA, il est vice-Premier ministre chargé de l'Intérieur du premier gouvernement de la République de Côte d'Ivoire avant l'indépendance, puis il est tour à tour ambassadeur en Israël, ministre de l'Agriculture et ministre d'Etat chargé de la Santé.

Jean-Baptiste Mockey
Fonctions
Ministre d'Etat chargé de la Santé publique et de la population

4 ans, 10 mois et 25 jours
Président Félix Houphouët-Boigny
Gouvernement Houphouët-Boigny IX, X et XI
Prédécesseur Hippolyte Ayé
Successeur Lazéni Coulibaly
Ministre de l'Agriculture et de la Coopération

7 mois et 13 jours
Président Félix Houphouët-Boigny
Gouvernement Houphouët-Boign II
Prédécesseur Charles Donwahi
Successeur Félix Houphouët-Boigny
Ambassadeur de Côte d'Ivoire en Israël

1 an, 4 mois et 27 jours
Vice-Premier ministre chargé du ministère de l'Intérieur

4 mois et 9 jours
Premier ministre Félix Houphouët-Boigny
Gouvernement Houphouët-Boigny du 30 avril 1959
Sénateur de la Communauté

1 an, 11 mois et 20 jours
Groupe politique Alliance pour l'unité de la Communauté et Gauche démocratique
Commission Commission des traités, accords internationaux et Défense commun
Biographie
Nom de naissance Jean-Baptiste Mockey
Date de naissance
Lieu de naissance Nouamou, Côte d'Ivoire
Date de décès (à 65 ans)
Lieu de décès Treichville, Abidjan, Côte d'Ivoire
Nature du décès Accident de la route
Nationalité Ivoirien
Parti politique PDCI
Diplômé de École de médecine de l'AOF École normale William-Ponty
Profession Pharmacien et homme politique
Distinctions Grand Croix de l’Ordre national

Biographie

Naissance et formation

Jean-Baptiste Mockey est né le à Nouamou (Adiaké) alors circonscription d’Aboisso en Côte d’Ivoire, de Williams Edouard Kangah et de Marie Niamkey Avoula. Il effectue sa scolarité à Grand-Bassam et à l’École primaire supérieur de Bingerville, puis il étudie à l’École Normale William Ponty de Dakar au Sénégal et enfin à l’École de médecine de l'AOF de cette même ville, d'où il est diplômé en pharmacie en 1935.

Carrière professionnelle

Il débute sa carrière de pharmacien à Abidjan en 1936, puis à Bamako et Kayes, au Mali. Mobilisé de 1941 à 1947, il est nommé chef-adjoint à la pharmacie d’approvisionnement de Saint Louis du Sénégal, puis occupe le même poste à Abidjan de 1948 à 1953.

Débuts en politique

Militant du PDCI dès sa création en 1946, Jean-Baptiste Mockey est conseiller général de 1947 à 1951. Il s'affaire notamment au dossier du foncier en Côte d'Ivoire.

Le 6 février 1949, à Treichville, lors d'une conférence organisée par un opposant au PDCI soutenu par l'administration coloniale, des militants du PDCI et ceux du Bloc Démocratique Eburnéen s'affrontent, faisant un mort et plusieurs blessés. Huit dignitaires du PDCI sont alors arrêtés puis conduits à la prison de Grand-Bassam, dont les conseillers généraux Jean-Baptiste Mockey et Albert Paraiso, et entre autres Mathieu Ekra. Ces arrestations déclenchent des manifestations de protestation marquées surtout par le boycott des produits français. Jean-Baptiste Mockey est jugé par le tribunal de Grand-Bassam en mars 1950, poursuivit pour sédition, trouble à l’ordre public, complicité de violences, pillage en bande organisé et propagande d’une doctrine inféodée à l’étranger (communiste). Il est condamné à 5 ans de prison. Mais l'instruction ayant donné lieu à de nombreuses irrégularités, la Cour de cassation annule le jugement en juin 1951[1]. Il est jugé de nouveau en avril 1953 par la cour d'assises d'Abidjan et est acquitté[2].

En 1956, il devient secrétaire administratif du PDCI-RDA, dont il est déjà vice-président de la commission permanente. En 1956 et 1957, Jean-Baptiste Mockey se rapproche de Félix Houphouët-Boigny alors ministre du gouvernement Français et devient son chef de secrétariat. Dans le même temp, il ouvre sa propre officine de pharmacie à Treichville.

Il est également élu premier maire de la ville de Grand-Bassam en 1956, devenue la première commune de plein exercice de Côte d'Ivoire.

Membre du conseil de gouvernement

En 1957, il est élu à l'Assemblée territoriale, dans le contexte de la Loi-cadre Defferre. Le 15 mai 1957, Jean-Baptiste Mockey devient ministre de l'Intérieur au sein du Conseil de gouvernement, alors dirigé par le gouverneur Ernest de Nattes mais dont les ministres sont issu de la majorité à l'Assemblée. Puis en 1958, lorsque Auguste Denise devient président du Conseil de gouvernement, Jean-Baptiste Mockey lui succède à la vice-présidence.

Secrétaire général du PDCI

Lors du troisième congrès du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI-RDA) les 19, 20 et 21 mars 1959, soutenu par la Jeunesse du RDA section Côte d’Ivoire (JRDACI), Jean-Baptiste Mockey défait le secrétaire général sortant Auguste Denise. Devenu secrétaire général du parti, Jean-Baptiste Mockey est également le directeur de publication de l'organe de presse du parti, l'hebdomadaire Fraternité (dont le premier numéro parait le 24 avril 1959). Dès novembre de la même année, il est remplacé à la direction du journal par Philippe Yacé, également secrétaire général adjoint du parti.

Sénateur de la Communauté

Député de l'Assemblée législative, Jean-Baptiste Mockey est délégué par cette assemblée pour siéger au Sénat de la communauté à Paris, le 27 avril 1959[3]. Membre du groupe Alliance pour l'unité de la Communauté et Gauche démocratique, il est membre de la commission des traités, des accords internationaux de la de la Défense commune. Son mandat parlementaire se termine le 16 mars 1961, par la disparition de la Communauté française à la suite des indépendances.

Vice-Premier ministre du gouvernement

Le 30 , Félix Houphouët-Boigny, tout juste investi Premier ministre par l'Assemblée législative ivoirienne, nomme Jean-Baptiste Mockey vice-Premier ministre du gouvernement, chargé du ministère de l’intérieur.

Eviction du gouvernement et affaire du « chat noir »

A la fin juillet 1959, après la découverte de fétiches (une tête d’un chat avec une corne de bœuf dans sa gueule) dans la résidence de Félix Houphouët-Boigny à Yamoussokro et dans les valises de ce dernier, il convoque Jean-Baptiste Mockey à Paris, pour lui faire part de trahisons dans son entourage. Rentré à Abidjan le 11 août, Jean-Baptiste Mockey est soupçonné d'en être à l'origine. Il lui est également reproché d'entretenir des relations épistolaires avec Keita Fodeba, ministre de l’Intérieur de la Guinée – qui n'a pas rejoint la Communauté en 1958 – en vu d'un éventuel complot.

Lors du Congrès extraordinaire du Rassemblement démocratique africain (RDA), du 26 au 29 août, Jean-Baptiste Mockey prononce un discours offensif vis-à-vis de la France, en tant que secrétaire général du PDCI[4]. Il accuse la France de pousser les États africains à l’indépendance tout en les affaiblissant au sein de la Communauté, pour permettre à ses milieux financiers et économiques de continuer à l’exploiter.

Le 8 septembre, Félix Houphouët-Boigny le convoque et exige sa démission des fonctions de vice-Premier ministre et de ministre de l’Intérieur. Après cet entretien oral, le premier ministre communique immédiatement la démission de Jean-Baptiste Mockey au bureau politique du PDCI et au gouvernement[5].

Le procès de Jean-Baptiste Mockey pour le « complot du chat noir » se déroule dans « l'hôtel de la Plantation » à Yamoussoukro, appartenant à Félix Houphouët-Boigny, le 31 octobre 1959, en présence de certains ministres, du bureau politique du PDCI, des délégations du RDA et des chefs coutumiers. Les délibérations sont prises par le bureau politique du PDCI, le 2 novembre, en l’absence de Jean-Baptiste Mockey. Ce dernier est contraint de démissionner de son poste de secrétaire général du PDCI[6]. Il est remplacé le 4 novembre par l'intérim de Philippe Yacé, puis définitivement par ce dernier quelques semaines plus tard. S'en suit pour Jean-Baptiste-Mockey une période de traversée du désert.

De retour au pouvoir

Le 13 janvier 1961, Jean-Baptiste Mockey est nommé ambassadeur de Côte d’Ivoire en Israël. Il remet ses lettres de créance le 2 septembre 1961, et l’ambassade ivoirienne ouvre ses locaux à Jérusalem[7]. Le 29 janvier 1963, Félix Houphouët-Boigny le rappel pour présider la Cour de Sûreté de l’État chargée de juger[8] 85 personnalités politiques, proches ou impliqués dans la Jeunesse du RDA section Côte d’Ivoire (JRDACI) accusées de complot[9] envers le chef de l'Etat ; dont les ministres et secrétaires de la JRDACI Amadou Koné, Joachim Bony et Charles Donwahi[10]. Le 15 février 1963, Jean-Baptiste Mockey se voit confier le poste de ministre de l’Agriculture et de la Coopération[11], laissé vacant par l'arrestation de Charles Donwahi.

Seconde éviction et condamnation

A la fin de l'été 1963, Jean-Baptiste Mockey est mis en cause dans un nouveau complot supposé visant Félix Houphouët-Boigny[12][13]. Il est arrêté début septembre, ainsi que plusieurs autres personnalités de la franc-maçonnerie[14], dont le président de la Cour suprême Ernest Boka (mort sans explication), le ministre de la Justice Germain Coffi Gadeau, celui de l'Information Amadou Thiam et le ministre de la Défense Jean Konan Banny, sont également arrêtés et jugés pour complot contre l’intégrité territoriale de la Côte d’Ivoire. Le 30 novembre 1964, la Cour de Sûreté de l’Etat, réunie une fois de plus à Yamoussoukro, prononce six condamnations à mort, dont celle de Jean-Baptiste Mockey. Gracié, il est libéré le 11 mai 1967.

Second retour au gouvernement et mort

Jean Baptiste Mockey est réhabilitée politiquement par le président Houphouët-Boigny, en 1975, lorsqu'il est nommé membre du bureau politique du PDCI, fonction qu'il occupe jusqu'à sa mort en 1981.

Puis, rappelé au gouvernement en mars 1976, Jean-Baptiste Mockey devient ministre d’Etat chargé de la Santé Publique et de la Population[15]. Il est de nouveau maire de Gand Bassam de 1980 à 1981.

Jean-Baptiste Mockey meurt, le au CHU de Treichville, à la suite des blessures occasionnées lors d'un gave accident de la route, sur la route de Grand Bassam à Abidjan[16][17].

Distinctions

  • Grand officier de l’Ordre national (1962)
  • Grand Croix de l’Ordre national

Notes et références

  1. « PLUSIEURS DIRIGEANTS DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE AFRICAIN répondent de la mort d'un adversaire politique », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  2. « LA COUR D'ASSISES ACQUITTE QUATRE DES ACCUSÉS DE L' "AFFAIRE DE TREICHVILLE" », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. « MM. CORNIGLION-MOLINIER ET GEORGES MONNET REPRÉSENTERONT LA CÔTE-DIVOIRE AU SÉNAT DE LA COMMUNAUTÉ », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  4. Marcel Amondji, « Assabou et Marcoussis : deux tragédies ivoiriennes », Outre-terre, no 11, , p. 15 (ISBN 2749204577)
  5. « DÉMISSION DU VICE-PREMIER MINISTRE DE LA CÔTE-DIVOIRE », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  6. « M. Mockey se démet de ses fonctions de secrétaire général du R.D.A, de Côte-d'Ivoire », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  7. Babacar Fodé Diouf, « Quand l’action israélienne en Afrique noire bouscule la diplomatie française (1958 – début des années 1960) », Revue d’histoire diplomatique, nos 2020-2, , p. 122
  8. « LA COUR DE SÛRETÉ DE L'ÉTAT JUGERA À HUIS CLOS les quatre-vingt-cinq personnes inculpées de complot », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  9. « UN COMPLOT AURAIT ÉTÉ DÉCOUVERT EN CÔTE-DIVOIRE », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  10. « LA COUR DE LA SURETÉ DE L'ÉTAT PRONONCE DIX-SEPT CONDAMNATIONS À MORT », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  11. « Le gouvernement de la Côte-d'Ivoire est profondément remanié », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  12. Claude Wauthier, « Jacques Foccart et les mauvais conseils de Félix Houphouët-Boigny », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques. Archives, no 30, (ISSN 0990-9141, DOI 10.4000/ccrh.512, lire en ligne, consulté le )
  13. « M. Houphouët-Boigny a éliminé les derniers opposants de son gouvernement », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  14. Entretien avec Francis Akindès, réalisé par Marie Miran-Guyon, « « La francmaçonnerie en Côte d’Ivoire, brève histoire des enjeux actuels » », Afrique contemporaine, nos 263-264, , pp. 325-338 (ISBN 9782807390881)
  15. « M. Houphouët-Boigny a remanié son gouvernement M. Mockey fait partie du nouveau cabinet », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  16. « Ministre de la santé publique M. JEAN-BAPTISTE MOCKEY EST TUÉ DANS UN ACCIDENT DE VOITURE », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  17. « Grand-Bassam : Retour sur l'accident tragique qui a causé le décès du maire Jean-Baptiste Mockey - Opera News », sur ci.opera.news (consulté le )
  • Portail de la Côte d’Ivoire
  • Portail de la politique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.