Saint-Louis (Sénégal)

Saint-Louis, Ndar en wolof, souvent appelée « Saint-Louis-du-Sénégal », est l'une des plus grandes villes du Sénégal et, historiquement, l'une des plus importantes, comme en témoigne son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. C'était une des quatre communes Quatre Vieilles ») historiques du Sénégal à statut de département français.

Pour les articles homonymes, voir Saint-Louis.

Saint-Louis
Administration
Pays Sénégal
Région Saint-Louis
Département Saint-Louis
Maire
Mandat
Mansour Faye
2014-
Démographie
Gentilé Saint-Louisiens
Population 237 563 hab. (estim. 2015)
Densité 3 509 hab./km2
Géographie
Coordonnées 16° 02′ 00″ nord, 16° 30′ 00″ ouest
Altitude 22 m
Superficie 6 770 ha = 67,7 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Sénégal
Saint-Louis
Géolocalisation sur la carte : Sénégal
Saint-Louis

    Géographie

    La Langue de Barbarie

    Saint-Louis se trouve à l'embouchure du fleuve Sénégal, à 264 km[1] au nord de la capitale du pays, Dakar, près de la frontière avec la Mauritanie. Du fait de cette situation géographique, au moment de la création du comptoir français, elle est simplement appelée « Île du Sénégal », puis « colonie du Sénégal » ; ce nom sera étendu à l'ensemble du Sénégal actuel après les annexions qui font suite à la conférence de Berlin. La République du Sénégal reprendra à son tour le nom du fleuve lors de son indépendance en 1960.

    Représentations cartographiques de la ville
    Carte OpenStreetMap
    Carte topographique

    Histoire

    Saint-Louis fut la première ville fondée par les Européens en Afrique occidentale en 1659[2]. Établie par des marins de Dieppe (Normandie) sur l'île homonyme du fleuve Sénégal, longue de km et large de 300 m, elle fut baptisée ainsi en l'honneur du roi de France régnant Louis XIV, au travers de son ancêtre et homonyme Saint Louis.

    En 1689, le religieux français Jean-Baptiste Gaby dans un récit de voyage en Nigritie présente l'île et les rives du fleuve « Senega » comme encore en partie couverte de mangroves à palétuviers[3].

    La ville fut un très important centre du commerce de l'or, de la gomme arabique, de l'ivoire et des esclaves.

    Dès la Révolution Française, ses habitants eurent un statut de citoyenneté devenant citoyens français.

    De 1793 à 1816, la ville de Saint-Louis, ainsi que toute la cote maritime du Sénégal sont occupés par les Britanniques, à la suite de l'exécution de Louis XVI. Au traité de Vienne, en 1815, le Sénégal est rendu aux Français, sauf la Gambie, qui deviendra une colonie Britannique en 1815.

    Centre-ville de Saint-Louis en 1910

    Le , La Méduse, frégate de trois mâts transportant à Saint-Louis le nouveau gouverneur du Sénégal Julien Schmaltz, avec 400 personnes à bord, fait naufrage sur les côtes de Mauritanie, s'échouant dans les sables du banc d'Arguin, au nord de Saint-Louis. Cet épisode fut immortalisé par le peintre Théodore Géricault dans le radeau de la Méduse (Musée du Louvre).

    Pierre Loti habita au « 32 rue Mage » où il écrivit Roman d'un spahi.

    La route de Sor et la gare primitive vers 1902

    Elle devient la capitale politique de la colonie française et de l'Afrique-Occidentale française, jusqu'en 1902, puis capitale du Sénégal et de la Mauritanie. Le statut des quatre communes leur accorde des droits spécifiques en 1872.

    Le , l'aviateur français Jean Mermoz part de Saint-Louis-du-Sénégal afin de réaliser la première liaison postale transatlantique sans escale qui le mène jusqu'à Natal au Brésil. Le succès de ce vol permet à l'aéropostale d'établir de manière définitive une liaison aérienne régulière entre Toulouse et Santiago du Chili.

    Elle reste un comptoir de commerce français important jusqu'en 1957.

    En 1959, des militants du Parti africain de l'indépendance tentent une insurrection pour obtenir l'indépendance du Sénégal[4].

    Culture

    Maisons coloniales
    A Damalice Foubine : la danse des Wolofs à Saint-Louis (1890)

    Saint-Louis, qu'on surnommait la « Venise africaine » est classée au répertoire du patrimoine mondial par l'Unesco depuis l'an 2000. Elle s'est lancée dans un ambitieux programme de rénovation de ses anciens bâtiments et a commencé à transformer les entrepôts en restaurants et en hôtels.

    La ville conserve de très nombreuses maisons, typiques de l'époque coloniale, avec leur façade de chaux, leur double toiture en tuile, leur balcon en bois et leur balustrade en fer forgé.

    La musique jazz, amenée par les soldats américains, au moment de la Seconde Guerre mondiale, a fait éclore toute une génération de jazzmen africains. Le Festival international de Jazz de Saint-Louis a été créé en 1992 et a connu début mai 2004, sa douzième édition.

    Lors du défilé du Fanal, les habitants défilent au son des tam-tam, en portant des lampions qu'ils ont confectionnés et qui ressemblent à ceux que les esclaves du XVIIe siècle portaient pour éclairer les Signares jusqu'à la messe de minuit.

    Depuis 2003 se déroule le Festival Rapandar, d'abord consacré au mouvement hip-hop sénégalais et aujourd'hui ouvert aux musiciens et groupes de rap africains ou internationaux, avec le message « citoyens africains, citoyens du monde : un échange culturel dynamique ».

    Le Musée du Centre de Recherches et de Documentation du Sénégal à Saint-Louis est fondée en 1956.

    En 2017, le MuPho, premier musée consacré à la photographie au Sénégal est créé[5].

    Mosquée et barques de pêcheurs sur la Langue de Barbarie

    Économie

    Saint-Louis a perdu toute son importance au moment de l'indépendance au profit de la nouvelle capitale Dakar qui de plus a attiré à elle tous ses intellectuels et tous ses fonctionnaires. La ville est alors tombée en léthargie.

    La communauté des pêcheurs de Saint-Louis est l'une des plus importantes de l'Afrique de l'Ouest et comprend plus de 4 000 équipages. Guet Ndar est le quartier des pêcheurs, où vivent plus de 25 000 personnes, sur une étroite langue de sable. C'est aujourd'hui la plus importante activité économique de la ville.

    De 1996 à 2004, le nombre de chambres d'hôtels a doublé, selon le syndicat d'initiative.

    Transports

    La ville est reliée par le transport aérien avec l’Aéroport de Saint-Louis (Sénégal).

    Éducation supérieure

    L'Université Gaston Berger a été fondée en 1990.

    Architecture

    • Le quartier historique (l'île Saint Louis), relié par un pont métallique à sept arches, le pont Faidherbe, aux quartiers de l'île de Sor. Les plans de ce pont sont attribués à tort à Gustave Eiffel. C'est l'entreprise Nouguier, Kessler & Cie, ancienne maison Joly, d’Argenteuil, qui en assura la réalisation.
    • Le siège de la gouvernance est construit sur l'emplacement d'un ancien fort colonial dont quelques murs subsistent.
    • La statue en bronze de Faidherbe par Crauck, fondue par Thiébaut en 1886 (352 kg), érigée de son vivant, en 1887, non loin du pont, place Faidherbe, ex place d'Orléans, autrefois "La Savane".

    Parcs

    Lieux de culte

    La Grande Mosquée

    Parmi les lieux de culte, il y a principalement des mosquées musulmanes[6]. Il y a aussi des églises et des temples chrétiens : Diocèse de Saint-Louis du Sénégal (Église catholique), Assemblées de Dieu, Église universelle du royaume de Dieu.

    Jumelages

    Personnalités nées ou mortes à Saint-Louis

    Notes et références

    1. Dakar et ses environs, carte 1/16 000, édition 2007-2008.
    2. Britannica, Saint-Louis, britannica.com, USA, consulté le 23 juin 2019
    3. Relation de la Nigritie, contenant une exacte description de ses Royaumes & de leurs Gouvernements, la Religion, les Mœurs, Coustumes & raretez de ce Païs. Avec la découverte de la Rivière du Senega, dont on a fait une Carte particulière » ; Ed: E. Couterot, 92 pages (livre numérisé par Google)
    4. « Disparition. Dansokho, figure de la gauche africaine », sur L'Humanité,
    5. Voir l'entretien au sujet de la création de ce musée entre Salimata Diop, directrice artistique du MuPho et Jeanne Mercier, publié sur Afrique in visu, 15 janvier 2018
    6. J. Gordon Melton, Martin Baumann, ‘‘Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices’’, ABC-CLIO, USA, 2010, p. 2573-2575

    Voir aussi

    Articles connexes

    Bibliographie

    • Abdoul Hadir Aïdara, Saint-Louis du Sénégal d'hier à aujourd'hui, Grandvaux, 2004, 143 p. (ISBN 2-909550-43-5)
    • Camille Camara, Saint-Louis du Sénégal. Évolution d’une ville en milieu africain, Dakar, IFAN, 1968, 292 p. (édition d'une thèse soutenue en 1965 à Paris, 322 p.)
    • (en) Lucy Ann Gallistel Colvin, Kajor and its diplomatic relations with Saint-Louis-du-Sénégal, 1763-1861, PhD, University of Columbia, 1972, 460 p.
    • J. Joire, « Amas de coquillages du littoral sénégalais dans la banlieue de Saint-Louis », Bulletin de l'Institut fondamental d'Afrique noire, Paris, Larose, 1947, p. 170-340
    • Pierre Edward Nolasque Louise, « Considérations sur le littoral des environs de Saint-Louis-du-Sénégal », Bulletin du Comité d'études historiques et scientifiques de l'Afrique occidentale française, Paris, Larose, , p. 1-17 (ISSN 2419-8269, notice BnF no FRBNF34381764, lire en ligne)
    • Serigne Matar Ka Devenir d'un patrimoine architectural et urbain d'une ville en mutation : Saint-Louis du Sénégal, thèse, Université d'Aix Marseille, 2012, 361p.
    • Nathalie Reyss, Saint-Louis du Sénégal à l’époque précoloniale. L’émergence d’une société métisse originale 1658-1854, thèse de 3e cycle, Université de Paris I, 1983, 2 t., VII + 270 p. et IV + 127 p.
    • Guy Thilmans, « L'église oubliée de Saint-Louis du Sénégal », dans Outre-Mers. Revue d'histoire, 2006, no 350-351, p. 193-236 (lire en ligne)
    • Alain Sinou, Comptoirs et villes coloniales du Sénégal : Saint-Louis, Gorée, Dakar, Paris, Karthala, 1999, 344 p. (ISBN 2865373932)
    • Abdoul Sow, L'île de Saint-Louis du Sénégal, formes spatiales et formes sociales : destinées d'une ville, thèse, Université Paris X-Nanterre, 2008, 345 p.
    • Mamadou Wade, Croissance urbaine de Saint-Louis du Sénégal de 1789 à 1902, thèse de 3e cycle, Université de Bordeaux III, 1982
    • François Zuccarelli, « Les maires de Saint-Louis et de Gorée de 1816 à 1872 », in Bulletin de l'IFAN, série B, n° 3, 1973, p. 551-573
    • (en) Jones (Hilary), The Métis of Senegal. Urban life and politics in French West Africa, Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 2013, XI + 276 p.
    • (en) Michael David Marcson, European-African interaction in the Precolonial Period: Saint-Louis-Senegal 1758-1854, PhD, Princeton University, 1976, IX-311 p.
    • (en) Karen Amanda Sackur, The development of creole society and culture in Saint Louis and Goree, 1719-1817, PhD, University of London, 1999, 351 p. (thèse disponible, gratuitement, sur inscription, auprès du service EThOS de la British Library : suivre le lien).

    Mémoires universitaires non publiés

    • Corinne L. Benveniste, Les relations Dakar - Saint-Louis. Le rail et la route, Dakar, Université de Dakar, 1967, 119 p. (diplôme d’études supérieures)
    • Saliou Diop, Les traitants Saint-Louisiens : genèse et évolution d’un groupe social, XVIIIe et XIXe siècles, Dakar, Université de Dakar, 1979, 110 p. (mémoire de maîtrise)
    • El Hadj Dioum, Les élections municipales de 1925 à Saint-Louis, Université de Dakar, 1978, 93 p. (mémoire de maîtrise)
    • Adbulaay Soxna Joop, La colonie française de N’Dar - Saint-Louis, de la fondation de l’habitation fixe à la faillite de la Compagnie du Sénégal (1659, fin du XVIIe siècle). L’impact global du mercantilisme colonial dans la concession du Sénégal, Université de Dakar, 1971, 323 p. (mémoire de maîtrise)
    • Ibrahima Ka, L’évolution sociale à Saint-Louis du Sénégal du XIXe au début du XXe siècle, Université de Dakar, 1981, 135 p. (mémoire de maîtrise)
    • Serigne Matar Ka, Dégradations et tentatives de réhabilitation du patrimoine architectural de Saint-Louis du Sénégal, Université d'Aix-Marseille 1, 2005, 102 p. (mémoire de maîtrise)
    • Mamadou Kane, L’esclavage à Saint-Louis et à Gorée à travers les Archives notariées : 1817-1848, Université de Dakar, 1984, 109 p. (mémoire de maîtrise)
    • Mamadou Kane, L’histoire économique de Saint-Louis à travers les archives notariées : 1817/1848. Enquête préliminaire, Université de Dakar, 1985, 29 p. (diplôme d’études approfondies)
    • Ngouda Kane, L’évolution sociale à Saint-Louis à travers les archives de police de 1900 à 1930, Université de Dakar, 1988, 120 p. (mémoire de maîtrise)
    • Thomas Maillard, La pérennité de l’horticulture périurbaine à Saint-Louis au Sénégal, Université Paris 8, 2011, 121p. (mémoire de Master 1)
    • Thomas Maillard, Pérennité, urbanité et citadinité de l’agriculture urbaine à Saint-Louis (Sénégal), Université Paris 8, 2012, 115p. (mémoire de Master 2)
    • Nathalie Reyss, La santé à Saint-Louis du Sénégal à l’époque précoloniale d’après les récits de voyages et romans : alimentation, hygiène et santé ou le métissage comme moyen de survie, Université Paris I, 1981, 42 p. (diplôme d’études approfondies).
    • Sylvain Sankalé, Une ancienne coutume matrimoniale à Saint-Louis du Sénégal. Le mariage « à la mode du pays », Université de Dakar, 1982, 78 p. (diplôme d’études approfondies en histoire du droit)
    • Seck Ndiaye, Ahmed Ndiaye Sarr, le cadi de Saint-Louis, Université de Dakar, 1986 (mémoire de maîtrise)
    • Abdoul Aziz Traoré, Les compagnies et le commerce à Saint-Louis à la fin du XVIIIe siècle, Université Paris I, 1979, 99-VI p. (mémoire de maîtrise)
    • Sylvaine Trioullier, Saint-Louis et la question maure (1895-1905), Université Paris I, 1972 (mémoire de maîtrise)
    • Guillaume Vial, Les signares à Saint-Louis du Sénégal au XIXe siècle : étude critique d'une identité métisse, Université de Reims, 2 vol., 1997, 407 p. (mémoire de maîtrise)
    • Oumar Amadou Wane, Monographie climatique d’une station synoptique : Saint-Louis (1946-1975), Université de Dakar : 1977, 127 p.

    Filmographie

    • [vidéo] Samkat (Le dernier berger de Saint-Louis), court métrage documentaire réalisé par Oumar Ndiaye et le Club des Jeunes de Saint-Louis, 1999, 13'
    • [vidéo] Patchwork (Njakhass), de Oumy Ndour, 2007, 26'
    • [vidéo] La Brèche, de Abdoul Aziz Cissé, 2007, 40'
    • [vidéo] Thiam B.B., de Adams Sié, 2007, 26'
    • [vidéo] Les Maraîchers de Khor (Saint-Louis, Sénégal), court-métrage documentaire de Thomas Maillard avec le Pôle Image du département de Géographie de l'Université Paris 8, 2011, 5'

    Liens externes

    Galerie de photos

    • Portail du Sénégal
    • Portail du patrimoine mondial
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.