Jacques Guillaume Simoneau

Jacques Guillaume Simonneau[1], né le à Étampes et mort dans la même ville[2] le , est un industriel marchand-tanneur et homme politique français.

Pour les articles homonymes, voir Simoneau.

Il fut maire d'Étampes de 1791 à 1792. À la suite de son assassinat, l'Assemblée législative fait célébrer en sa mémoire une fête de la Loi le à Paris[3].

Biographie

L'église Saint-Basile d'Étampes où a été baptisé Simonneau.

Tanneur puis maire d'Étampes

Jacques Guillaume Simonneau est né le à Étampes, fils de Pierre Étienne Simonneau, maître-tanneur, et de Marguerite Leclerc : il est baptisé le jour de sa naissance à l'église Saint-Basile d'Étampes ; son parrain est Louis Leclerc, marchand de blé à Poissy, sa marraine est Geneviève Simonneau, fille d'Étienne Simonneau, officier du roi[4].

Simonneau est tanneur à Étampes et, au début de la Révolution française, y dirige une tannerie employant 60 ouvriers[5]. Il est élu maire d'Étampes lors des élections de 1791[6]. Il est membre de la Société des amis de la constitution ou Club des Jacobins[7].

Son assassinat

Néanmoins depuis la fin des années 1790 un climat d’insécurité, particulièrement ressenti en milieu rural, s’installe. La hantise des disettes et famines ressurgit dans les campagnes de la France révolutionnaire. Ce sont des années difficiles. Une partie des populations rurales sont poussées sur les routes, réduites à la mendicité et au brigandage. Les principales régions touchées sont la Picardie, la Normandie, l’Île-de-France.[réf. nécessaire] En 1792, comme la valeur de l’assignat commence à chuter et que les récoltes sont très mauvaises, le prix des produits de grande nécessité augmente bien plus rapidement que les salaires. La Législative proclame la loi martiale. Jacques Guillaume Simonneau essaie de la faire appliquer et de protéger les paysans et les marchands d'Étampes.

Le , douze ou quinze hommes entrent à cinq heures du matin dans Boissy-sous-Saint-Yon, à quatre lieues d'Étampes. Ils y battent la générale et sonnent le tocsin. Ils proclament leur projet d'aller à Étampes faire taxer le prix du blé. Ils menacent d'incendier la ville si on ne les suit pas. Ils répètent la même manœuvre dans les villages rencontrés en chemin, jusqu'à la ville d'Étampes, où la troupe grossie paraît vers sept heures du matin[réf. incomplète][8].

L'église Saint-Gilles d'Étampes près de laquelle a été tué le maire Simonneau.

Sur le marché d'Étampes, sept heures d'agitations et de tumulte amènent le maire à réagir[réf. incomplète][9]. Le maire, accompagné d'un détachement de 80 hommes, se rend sur la place du marché. Comme il ne veut pas obliger les paysans et les marchands à diminuer le prix de leur blé et du pain[réf. incomplète][10], il est frappé de plusieurs coups de bâtons au milieu des militaires[11]. Puis, il reçoit des coups de fusil et meurt, les militaires s'enfuyant.

Les émeutiers s'acharnent sur le cadavre de Simonneau[8], puis quittent Étampes, tambour battant[8]. D'après Le Moniteur universel, il n'y a pas de vol de blé comme lors d’une émeute frumentaire habituelle. Le maire est tué à coups de fusil, et pas par des instruments de labourage[8]. Toutefois aucune enquête sérieuse ne permettra de savoir pour quelle raison, ou pour qui agissent ce 3 mars 1792 ces douze ou quinze hommes.[réf. nécessaire]

Les obsèques catholiques de Jacques Guillaume Simonneau sont célébrées le en l'église Saint-Gilles d'Étampes, l'acte paroissial précisant que Simonneau a été « mis à mort indignement par une populace effrénée pour avoir voulu défendre et soutenir les décrets de l'Assemblée nationale, ledit Sieur Simonneau qui est de la paroisse de St-Bazile d'Estampes a été ainsi indignement mis à mort sur la paroisse de St-Gilles d'Estampes »[12]. Une cérémonie religieuse a également lieu ensuite en l'église Saint-Basile d'Étampes puis le corps de Simonneau est inhumé dans le cimetière de cette paroisse[13].

La cérémonie nationale

Programme arrêté par le directoire du département de Paris, pour la fête décrétée par l'Assemblée nationale, le 18 mars 1792, à sa mémoire.

Le meurtre trouve un grand retentissement dans toute la France.[réf. nécessaire]

La garde nationale se plaint à la municipalité de Paris du scandale de son silence. Elle demande à l'Assemblée législative que la mémoire du maire Simonneau soit consacrée par une fête publique. Ce souhait est aussi celui des Sociétés populaires[11]. L’Assemblée législative voit en Simonneau un martyr de la Liberté et de la Fidélité à la Loi.

Antoine Chrysostome Quatremère de Quincy, député du département de Paris à l'Assemblée législative fait décréter le , malgré une vive opposition de la Montagne, une fête pour honorer la mémoire de Jacques Guillaume Simonneau.

L’Assemblée législative fait célébrer en sa mémoire une Fête de la Loi, le , à Paris[réf. incomplète][14]. Elle veut lui décerner un monument[réf. incomplète][15] sur la place Saint-Gilles, où il a été assassiné. D’autres villes organisent des services funèbres. À Blois, c’est l’abbé Grégoire qui est l’auteur du discours qu’il prononce en la cathédrale.[réf. nécessaire]

Jean-Charles Jumel prononce l’Oraison funèbre de Jacques Guillaume Simonneau, maire d'Estampes martyr de la loi, le 29 mars, au service solennel célébré dans l'église cathédrale de Tulle.[réf. nécessaire]

À Paris, une musique lugubre et touchante, deux cent mille spectateurs, la gendarmerie à pied, les soixante bataillons de la garde nationale, un modèle en pierre de la Bastille, des députations des quarante-huit sections de la capitale, marchent, précédées d’un drapeau portant pour inscription « Indivisibles »[16]. Les représentants des différents tribunaux, les citoyens qui l’ont défendu, des groupes de vieillards, d’enfants, de femmes, des députés, et cinq régiments de troupes de ligne ou de chasseurs, dont celui des gardes suisses, lui rendent hommage. Même le peintre David a composé une œuvre d'art gigantesque.[réf. nécessaire]

Ce cortège se rend au champ de la Fédération par les boulevards, la place Louis XV et le pont Louis XVI. La cérémonie funèbre en l'honneur de Jacques Guillaume Simonneau, le a lieu en l’église de la Madeleine, qui n'est pas encore tout à fait terminée.

Le dimanche , lors d'une cérémonie nationale, consacrée au respect de la loi, on accroche aux voûtes du Panthéon de Paris l'écharpe tricolore du maire d'Étampes, mort le , victime de son dévouement à la Patrie[réf. incomplète][17].

Le jugement des coupables

Un jugement est rendu à Versailles, le . Il condamne à la peine de mort les nommés Gérard Henri, ancien garde-chasse à Étampes, et Baudet Gabriel, charretier à Étampes, ancien carabinier. Mais les évènements de la Révolution se précipitant, les condamnés, protégés par Robespierre, ne seront pas guillotinés.[réf. nécessaire]

Des gardes nationaux marseillais et parisiens dirigés par Claude Fournier-L'Héritier dit Fournier l'Américain, séjourneront à Étampes et libèreront les prisonniers[18].

Les accusations contre Simonneau en mars 1792

Un certain Dolivier présente aux jacobins le , puis à l’Assemblée législative, le 1er mai, un texte expliquant les causes des violences qui ne rencontre aucun succès : son radicalisme fait peur. Dolivier rédige une pétition qui est signée par quarante citoyens d'Étampes.[réf. nécessaire] Le texte dépasse le cadre de l’affaire Simonneau. Deux conceptions de l’économie s’affrontent : le libéralisme économique de la Législative et une certaine forme de pré-communisme.[réf. nécessaire]

Seul Robespierre, qui avait pris le parti des habitants d'Étampes, osera défendre Dolivier aux Jacobins, et publier sa pétition dans son journal, Le Défenseur de la Constitution. Effectivement, cet événement, qui a un impact énorme sur l’opinion en mars 1792[réf. nécessaire], n’est rien comparé aux massacres de Septembre et aux exécutions massives pendant la Terreur.

La Loi du maximum général instituera le maximum décroissant du prix des grains, voulu par les assassins de Jacques Guillaume Simonneau, mais aussi par les 600 pauvres qui les accompagnaient. Toutefois, les paysans et les marchands, eux, n’en voudront pas. Sa suppression va pourtant être à l'origine d'une terrible famine après le 9 Thermidor.

Postérité

Notes et références

  1. Son nom de naissance sur son acte de baptême à Étampes (église Saint-Basile) est bien Jacques Guillaume Simonneau. Dans son Histoire civile, politique, militaire, religieuse, morale et physique de la ville de Saint-Omer, Jean Lambert Derheims le nomme « Simonneau de Preslin » page 512.
  2. Assassiné lors d'une émeute frumentaire.
  3. Philippe Joseph Benjamin Buchez et Pierre Célestin Roux-Lavergne, Histoire parlementaire de la Révolution française, ou Journal des assemblées nationales depuis 1789 jusqu'en 1815, Paris, Paulin, 1834-1838, p. 417-421 (en ligne sur Gallica).
  4. Acte de baptême de Jacques Guillaume Simonneau, registre paroissial de l'église Saint-Basile d'Étampes, 1736-1745, p. 152/360, archives départementales de l'Essonne.
  5. Association Étampes-Histoire, Étampes en Révolution 1789-1799, Le Mée-sur-Seine, Amatteis, 1989, page 419.
  6. Biographie nouvelle des contemporains [1787-1820], par Antoine-Vincent Arnault, p.214.
  7. Histoire de la terreur, 1792-1794, par Louis Mortimer Ternaux, Mortimer Ternaux, p.99.
  8. Réimpression de l'ancien Moniteur universel, seule histoire authentique et inaltérée de ..., par A. Ray, p.573.
  9. Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre ..., par Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud, p.266.
  10. Biographie moderne, ou, Galerie historique, civile, militaire, politique ..., par Alph. de Beauchamp, Étienne Psaume, p.262.
  11. L'Armée et la Garde nationale, par Charles Poisson, p.373.
  12. Acte de sépulture de Jacques Guillaume Simonneau, registre paroissial de l'église Saint-Gilles d'Étampes, 1788-1792, page 218/256, Archives départementales de l'Essonne.
  13. Acte de sépulture de Jacques Guillaume Simonneau, registre paroissial de l'église Saint-Basile d'Étampes, 1788-1792, page 123/154, Archives départementales de l'Essonne.
  14. Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre ... par Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud, p.266.
  15. Mémoires particuliers pour servir à l'histoire de la Révolution qui s'est ..., par Charles-Georges de Clermont-Gallerande, p.431.
  16. Anonyme. Fêtes et cérémonies révolutionnaires, p.257 et suivantes.
  17. Histoire de la Terreur (1792-1794), Mortimer Ternaux, page 106, tome premier, deuxième édition, 1863, Michel Levy frères, libraires éditeur Paris.
  18. Histoire de la terreur, 1792-1794, par Louis Mortimer Ternaux, Mortimer Ternaux, p.383.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la Révolution française
  • Portail de l’Île-de-France
  • Portail de la politique française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.