Jacques Gonzales

Jacques Gonzalès, né à Montpellier (Hérault) le , est un chercheur, docteur en médecine français, biologiste, professeur d'université, historien de la médecine, secrétaire général de la Société de géographie. Il est l'un des pionniers de la fécondation in vitro en France.

Biographie

Enfance

À la suite d'une miliaire tuberculeuse diagnostiquée en 1946, Jacques Gonzalès est atteint en d’une tuberculose vertébrale (Mal de Pott) qui l’obligera à rester en permanence allongé pendant plus de quatre ans, puis, moins d’un an plus tard, d’une méningite avec coma. Traité par Robert Debré et Henri-Édouard Brissaud (1913-1981)[1], il reçoit de la streptomycine, le premier antituberculeux découvert par Selman Waksman (1888-1973), au cours d’une hospitalisation de treize mois en 1948 et devient ainsi un des premiers survivants dans le monde d’une méningite tuberculeuse[2],[3]. Il est autorisé à remarcher au cours de l’été 1951, atteint de troubles majeurs de l’équilibre liés à l’antibiotique qui l’a sauvé. Entré à l’école primaire en 1952, il sera élève du lycée Michelet à Vanves.

Études et formation

En 1973, il est docteur en médecine, lauréat de la faculté de médecine de Paris, diplômé de médecine du sport en 1971, de pédiatrie en 1973 et en médecine générale en 1997.

Docteur d'État en biologie humaine (1988, université Paris 5), il est habilité à diriger des recherches en (1989, université Paris 6).

Il a par ailleurs obtenu en 1979 un diplôme d'études médicales relatives à la réparation juridique du dommage corporel [4].

Cliniques et biologiques

Jacques Gonzalès est interne des Hôpitaux de Paris de 1969 à 1987, puis devient assistant des hôpitaux à la Pitié-Salpêtrière en 1974.

Il se spécialise alors dans le diagnostic et le traitement des stérilités conjugales avec consultations dans ce même groupe hospitalier où il exercera jusqu’en 2005. Il y crée un laboratoire de cytogénétique (1974) y compris prénatal, et un laboratoire de biologie de la reproduction (1975). En 1985, le centre de procréation médicalement assistée dont il dirige le laboratoire et le centre clinique de la Pitié, obtiennent les premières grossesses suivies de naissance[5]. Entre 1986 et 1989, Jacques Gonzalès, un des pionniers de la Fécondation in vitro en France, met en place trois autres centres biologiques de procréation médicalement assistée à l'hôpital des Diaconesses de Reuilly à Paris, à l'hôpital de La Trinité en Martinique et à l'hôpital d'Alexandrie en Égypte, premier centre égyptien.

Par ailleurs, il exerce des fonctions de chef de service en biologie, de 1994 à 1997, à l’hôpital Avicenne de Bobigny et à l’hôpital Jean-Verdier de Bondy qui dispose d’un centre de PMA. De 1998 à 2002, il occupe ces mêmes fonctions à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart, marquées par la naissance du premier bébé conçu après un diagnostic préimplantatoire en France (2000).

Recherche

Jacques Gonzalès devient spécialiste des malformations urinaires avec l'analyse de l’activité électrique de l’uretère et l’étude de la croissance rénale fœtale, ses données servant de normes aux premiers échographistes qui pratiquent cet examen en prénatal[6],[7],[8]. À partir de 1975, ses travaux sont consacrés à la biologie de la reproduction (études biochimiques et rhéologiques du sperme[9], et en gynécologie (analyses du mucus cervical et du liquide folliculaire). Ses recherches cliniques concernent la fertilité des transplantés rénaux[10], le retentissement de médicaments sur la fertilité, les causes chromosomiques de stérilité masculine et féminine, la qualité du mucus cervical au cours du cycle féminin[11].

Membre à partir de 2000 de l'unité INSERM composée des découvreurs français de l'hormone anti-Müllérienne (AMH), il participe à leurs recherches sur la place de cette hormone dans la survenue de malformations génito-sexuelles, en particulier chez les hommes à utérus et les femmes sans vagin[12],[13].

Enseignement

En 1969, Jacques Gonzalès enseigne l’histologie et l’embryologie à la faculté des Saints-Pères puis, à partir de 1973, à la faculté libre de Lille (jusqu’en 1975) et à la faculté Pitié-Salpêtrière (Paris 6) où il devient maître de conférences en 1983. Il y est nommé professeur des universités en biologie et médecine du développement et de la reproduction en 1995. De 1996 à 2005, il y est aussi responsable de l'enseignement de l'Histoire de la médecine, et à partir de 2001, de l'enseignement des sciences humaines (épistémologie, psychologie médicale, santé publique).

Formateur pour des médecins cliniciens et biologistes, des paramédicaux, sa carrière d’enseignant se poursuit après sa retraite universitaire pour des mandataires judiciaires au sein de l’Association AFFECT (Association française de formation et d'étude des curatelles et tutelles) pour des étudiants en économie à l'Ipag Business School à Paris. De 2013 à 2015, il enseigne aussi à l'espace éthique de l'AP-HP.

Hors de France, Jacques Gonzalès est chargé de plusieurs missions : de 1998 à 2004, il enseigne l'embryologie à la faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech et y organise, en 2005, des journées scientifiques en gynécologie. De 2000 à 2006, il assure le téléenseignement de l'Histoire de la médecine pour les étudiants en première année de médecine de Nouméa (Nouvelle-Calédonie) en partenariat avec la Pitié-Salpêtrière. En 2006, Jacques Gonzalès est nommé doyen de la faculté de médecine de l'université libre de Nouakchott en Mauritanie, dont il démissionne en 2007.

Activité de conseil et d'expertise pour l'industrie

De 1976 à 1989, membre du conseil médical pour les parfums Christian Dior et RoC, il participe à la mise au point de l'utilisation des liposomes en cosmétologie.

Comme expert pharmacologue toxicologue, il démontre l’effet spermicide du nonoxynol-9 utilisé en contraception [14], contenu dans les ovules qui seront commercialisés par les Laboratoires Bottu.

Hospitalières

Il est élu membre du comité consultatif médical du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière de 1982 à 1998 et en devient le vice-président de 1991 à 1995. Il est membre de la commission médicale consultative de l'Assistance publique en 1986.

Universitaires

De 1983 à 1986, membre élu du conseil supérieur des universités, il est assesseur de la 42e section (anatomie, histologie, anatomo-pathologie), Il est réélu en 1986 en Médecine et biologie du développement et de la reproduction (section 54-05).

Il est élu membre du conseil d'administration de l'université Paris 6 en 1980, puis de son conseil scientifique de 1981 à 1991 dont il est un de ses vice-présidents durant cette période. Il est aussi secrétaire du conseil d'administration de l'Unité d'enseignement et de recherche (UER) Pitié-Salpêtrière de 1982 à 1989. De 1994 à 1998, membre réélu du conseil d'administration de l'université Paris 6, il est nommé chargé de mission pour la diffusion de la culture scientifique de 1996 à 2001. À ce titre, il coorganise des expositions aux Eyzies-de-Tayac-Sireuil (Dordogne), à Hanoï, à Luzech (Lot), au Sénat avec le parrainage de l'Académie des sciences, au musée des arts et métiers à Paris et, en 2000, une conférence européenne L'eau et la vie. De 1990 jusqu’en 2001, il est directeur de l'université dans la Cité de l'université Paris 6, une « université tous âges », avec une centaine de conférences annuelles en science et en médecine destinées à tout public. De 1995 à 1998, il est aussi responsable du centre de documentation d'Histoire de la médecine Paris 6 (ancienne chaire d'histoire de la médecine), où une quinzaine de conférences sont données pour tout public chaque année sur une thématique historique.

Missions de coopération

Entre 1987 et 2006, Jacques Gonzalès est chargé de missions à Jérusalem, Saint-Petersbourg, Moscou, Bangkok, Kyoto, Hanoï, Los Angeles, Stanford et Yale.

De 1998 à 2004, il fait des missions bisannuelles d'enseignement de l'embryologie à la faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech. En 2005, il est chargé de l'organisation des journées d'échanges médico-biologiques en gynécologie à Marrakech. De 2000 à 2006, il met en place et pratique le téléenseignement de l'Histoire de la médecine pour les étudiants de première année de la faculté de médecine de Nouméa (Nouvelle-Calédonie) en partenariat avec la Pitié-Salpêtrière.

De 2006 à 2007, Jacques Gonzalès est doyen de la faculté de médecine de l'université libre de Nouakchott en Mauritanie.

Associatives

Jacques Gonzalès est instructeur de la Croix-Rouge de 1966 à 1971. Il est membre cofondateur du Collège Médicale d'Esthétique en 1976 avec organisation de deux colloques. Il est membre cofondateur de la fédération des BLEFCO dont il est le secrétaire-général de 1986 à 1992[15]

De 1980 à 2004, comme directeur de l’Université dans la cité pendant vingt ans, il s’implique dans les Universités Inter-Ages qui prônent une éducation tout au long de la vie. De 1994 à 1998, il est membre du bureau de l'AIUTA et de l’UFUTA[16]. Il préside à partir de 1999 jusqu’en 2004 deux associations regroupant des structures universitaires ayant cette même vocation (Paris 1, 6710, 11, 12, Université Claude-Bernard-Lyon-I, et Université Lumière-Lyon-II, Université Jean-Monnet-Saint-Étienne, Université de Reims-Champagne-Ardenne, Université de Bretagne-Sud). Il organise conférences et colloques et participent à des congrès nationaux et internationaux. En 1997, Jacques Gonzalès est fait président d'honneur de l'Association santé bien-être pour les populations du Sahel et de la Mauritanie. De 2007 à 2010, il est membre du bureau de l'Association ESPPER [17] en faveur des enfants des rues dans le monde. Il est aussi membre de l'Association pour le Développement Médical au Vietnam (ADM Vietnam), de l’Association Zebunet qui aide les paysans des pays du sud à développer leurs activités d'élevage. En raison de son handicap lié à son passé médical, Jacques Gonzalès travaille actuellement pour l’Association des paralysés de France dont le projet est de recréer sous sa coordination une Ecole de la sclérose en plaques (SEP) destinée aux malades de Paris Île-de-France récemment diagnostiqués

Membre de sociétés

Jacques Gonzalès est, entre autres, membre de la Société française de gynécologie depuis 1976, de la Société française et de la Société internationale d'histoire de la médecine depuis 1983. Sociétaire de 1988 à 2008, de l'European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE), il est encore membre de l'European Academy of Sciences, Arts and Literature.

Par ailleurs il s’est impliqué dans l’art-thérapie et dans le développement de la francophonie par le biais de sociétés (SFPE et Cercle Richelieu Senghor).

En 2007, il devient membre à vie de la Société de géographie, la plus ancienne du monde (créée en 1821). Il en est le secrétaire général élu depuis 2013 jusqu’en 2020.

Œuvres

Publications

Jacques Gonzalès est l'auteur de plus de deux cent trente publications médicales, il est également auteur de plusieurs articles dans la revue La géographie, Terre des hommes.

  • Histoire naturelle et artificielle de la procréation, Bordas, Larousse, 1996 (prix Serge Gas de l'Académie nationale de médecine)
  • Initiation à l'Histoire de la médecine, comprendre pour mieux apprendre, Éditions Heures de France, 1997
  • Initiation à l'Histoire de la médecine et des idées médicales, comprendre pour mieux savoir, préface d’Alain Ségal, Éditions Heures de France, 2005  (ISBN 9782853852579)
  • Histoire de la procréation humaine. Croyances et savoirs dans le monde occidental, Collection Évolution de l'humanité, Éditions Albin Michel, 2012  (ISBN 9782226209122)

Autres médias

  • participation à la réalisation du film de Claude Edelmann[18] : Quand la vie commence, 1986 ;
  • coproduction du film réalisé par Alain Bornet : Sur le sentier de la guérison, 1995 [une biographie d'Alexandre Yersin] ;
  • Épistémologie de la médecine, production de la faculté de médecine de Nouméa,1997, 600 minutes ;
  • L'Aventure du siècle en cardiologie : 1900-2000, l'aventure du siècle en gynécologie : 1900-2000, 1999, deux cédéroms, Médecine Interactive Productions ;
  • de 1996 à 2015 : participation à des émissions télévisées et radiophoniques en France (France Inter, France Culture, Canal Académie), en Grande-Bretagne, en Belgique, et en Suisse[19]

Notes et références

  1. Fils du docteur Étienne Brissaud, et petit-fils d'Édouard Brissaud, il était alors assistant du professeur Robert Debré
  2. Jacques Gonzalès, « Il y a cinquante ans naissait la Streptomycine », Histoire des Sciences médicales, n°28, 1994, pp.239-248.
  3. Jacques Gonzalès, « Le mal de Pott avant les antituberculeux », Histoire des Sciences médicales, n°39, 2005, pp.291-301.
  4. Jacques Gonzalès, A. J. Haertig, « Le préjudice sexuel et l'expertise à propos des paraplégies traumatiques », Médecine légale. Droit médical, no 29, 1986, p. 55-59.
  5. D. Vauthier, G. Lefebvre, Jacques Gonzalès et coll. , « In Vitro fertilization and embryo transfer at “Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière”, Paris, France », in Vitro Fertilization, n°3, 1986, pp.263-264.
  6. Van Kote G., Jacques Gonzalès, I. J. Savatovski, « L'électromyographie de l'uretère », Urologie. Néphrologie., n°78, 1972, pp.391-397.
  7. Jacques Gonzalès, « La vélocité de croissance du rein en longueur et en largeur au cours des trois derniers mois de la gestation. Intérêt en radiopédiatrie néonatale », Annales de radiologie, n°19, 1976, pp.449-455.
  8. Jacques Gonzalès, « Relation structure et fonction dans le développement de l'appareil urinaire du fœtus », Journal d'urologie, n°91 1985, pp.108-117.
  9. Jacques Gonzalès, Contributions à l'étude biochimique et biophysique de la liquéfaction du sperme humain, thèse de doctorat d'État en biologie humaine, Université Paris V, 1988.
  10. Jacques Gonzalès, « Érections et possibilités de reproduction chez l'insuffisant rénal chronique », in Séminaires d'Uro-néphrologie, Paris, Masson, 1991.
  11. Jacques Gonzalès , « Influence of the quality of the cervical mucus on sperm penetration », Fertility Sterility, n°44, 1985, pp.796-799.
  12. (en) N. Di Clemente, C. Belville , Jacques Gonzalès, N. Josso , J.Y. Picard, « Anti-Müllerian hormone type II receptor mutations », Human Reproduction, n°20, suppl. 1, 2005, pp.25-26.
  13. (en) N. Di Clemente, Jacques Gonzalès, R. Rey, « Normal and abnormal female sexual differentiation », Expert Review of Obstetrics and Gynecology, n°4, 2009, pp.415-427.
  14. J.L. Parier , Jacques Gonzalès, « Étude cytologique du mode d’action contraceptive du nonoxynol-9 », Annales pharmaceutiques françaises, n°44, 1986, pp.277-283 [présentation à l'Académie nationale de pharmacie le 6 novembre 1985].
  15. 11. BLEFCO : Biologistes des laboratoires d'études de la fécondation et de la conservation de l'œuf. Le premier président était Jacques Testart.
  16. Association internationale des universités du troisième âge (AIUTA), et Union française des universités tous âges
  17. Ensemble pour Soutenir les Projets et Programmes en faveur des Enfants de la Rue (ESPPER)
  18. Notice IdRef sur Claude Edelmann
  19. En particulier : Aventures de médecine Donner la vie (FR2) le 24 mars 2015 ; émission Babylone (Radio suisse romande) 8 janvier, 15 et 18 juillet 2013 ; La pensée et les hommes (RTBF) 4 et 11 mai, 1er et 8 juin 2013 ; Révolutions médicales (France culture) 5 mars 2013 ; La marche de l'histoire (France Inter) 29 janvier 2013 ; Les traitements contre l'infertilité (Canal Académie) 22 septembre 2008, Connaître le sexe de son futur enfant, 4 avril 2010.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


  • Portail de la biologie
  • Portail de la médecine
  • Portail de l’éducation
  • Portail de l’Hérault
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.