Internet sans frontières

Internet Sans Frontières est une association loi de 1901 française fondée en 2007[1]. Sa principale vocation est de promouvoir l’accès et la libre circulation des informations et des connaissances sur Internet.

Pour les articles homonymes, voir ISF.

Internet Sans Frontières est aussi un réseau international d'organisations non gouvernementales représenté au Brésil, au Togo, au Sénégal, au Tchad, au Cameroun, au Bénin, aux États-Unis et en Russie, et dispose d’un vaste réseau de partenaires et collaborateurs.

Vision et Mission

Internet sans frontières défend les droits humains sur Internet, en particulier le droit à l’accès non limité, la liberté d’expression et le droit à la sécurité des informations personnelles et privées.

Les principales missions d’Internet Sans Frontières sont :

  • La lutte contre la désinformation et les discours de haine en ligne et sur les réseaux sociaux
  • La lutte pour les droits numériques fondamentaux, notamment pour un accès juste, libre et neutre à Internet partout dans le monde
  • La lutte contre les coupures d’internet et la cybercensure, notamment en Afrique et en Amérique du Sud
  • La lutte contre les cyberviolences, notamment à caractère sexiste

Historique

Internet Sans Frontières a été fondée par un groupe de militant.es de la société civile en réaction à la censure du réseau Internet par la junte birmane[2].

Voici l'historique de l'association :

  • 2007 : création de l’association à Paris, officiellement enregistrée en 2008
  • 2010 : mise en place d’un outil de monitoring citoyen du processus électoral en Cote d’Ivoire, utilisé plus tard pour la surveillance de la crise post-électorale
  • 2011 : campagne en faveur de la libération du “Blogfather” iranien Hossein Derakshan[3]
  • 2011 : plainte contre la collecte frauduleuse de données personnelles par Facebook[4]
  • 2013 : campagne pour la liberté et la relocalisation des blogueurs tchadiens à haut niveau de risque
  • 2014 : campagne contre l’adoption de l’article 20 de la loi de programmation militaire[5]
  • 2016 : Internet Sans Frontières rejoint la coalition #KeepItOn[6]
  • 2018 : Internet Sans Frontières rejoint la Global Network Initiative[7]
  • 2018 : Internet Sans Frontières crée la coalition pour l’accès à Internet pendant les élections présidentielles au Cameroun[8]
  • 2020 : Internet Sans Frontières rejoint le Twitter Trust and Safety Council

Organisation

Internet Sans Frontières est à la fois une association loi de 1901 française et un réseau d’antennes locales à travers le monde, qui peuvent être formellement déclarées dans le pays qui les abritent ou non.

Les antennes locales d’Internet Sans Frontières sont localisées au Brésil[9], au Togo[10], au Sénégal[11], au Tchad[12], au Cameroun, au Bénin et en Russie.

Les groupes locaux d’Internet Sans Frontières sont totalement indépendants de l’association mère. Lors de sa création, le groupe local signe une charte qui l’engage à respecter les valeurs d’Internet Sans Frontières et l’autorise légalement à utiliser le nom et les supports de communication de l’association mère. Quant à cette dernière, elle s’engage à apporter tout type de soutien dont le groupe local pourrait avoir besoin.

L’association mère Internet Sans Frontières compte une quarantaine de bénévoles. Elle est dirigée notamment par un conseil d’administration et un bureau. Ce dernier désigne les directeurs et directrices de chaque région où intervient l’association.

Internet Sans Frontières est financée par :

Actions menées[13]

Actions menées pour lutter contre la désinformation et les discours de haine en ligne et sur les réseaux sociaux

En 2018[14], en collaboration avec Adisi-Cameroun, Activ Spaces et l’Association des blogueurs du Cameroun, Internet Sans Frontières a lancé la plateforme No Bad Mop - littéralement “Pas de mauvaise bouche” en langue pidjin - pour lutter contre le phénomène des discours de haine en ligne lors des élections camerounaises de 2018. Ceci a débouché sur une technique actuellement incubée à Harvard et à Stanford.

En 2019[15], Internet Sans Frontières a signé avec 6 autres organisations (dont le think tank Renaissance Numérique, l’association Internet Society France et le Conseil National du Numérique) une lettre ouverte pour alerter contre les risques d’atteinte à la liberté d’expression dus à la loi Avia contre la cyberhaine[16].

Actions menées pour faire valoir les droits numériques fondamentaux, notamment pour un accès juste, libre et neutre à Internet partout dans le monde

En 2013[17], Internet Sans Frontières a co-créé Datarmine, une extension pour des navigateurs web permettant de chiffrer des publications sur les réseaux sociaux.

Cette même année, en partenariat avec PEN International et le Comité Pour la protection des journalistes, elle a publié une contribution présentant l’état de la liberté d’expression au Cameroun et dénonçant les multiples persécutions de journalistes et les violations des libertés d’expression de ceux et celles-ci.

Régulièrement, Internet Sans Frontières publie des études et articles dénonçant les violations des droits fondamentaux et de la privacité des utilisateurs d’Internet ou rappelant l’importance des droits numériques. Par exemple, Internet Sans Frontières Brésil a publié en 2018 un article rappelant les effets néfastes des coupures d’internet au niveau national ou local. La même année[18], l’association a participé à la campagne #TaxePasMesMo, dénonçant la mise en place de taxes sur l’utilisation des réseaux sociaux souhaitée par le gouvernement du Bénin.

En 2018[19], l’association a publié, en partenariat avec l’équipe du projet Ranking Digital Rights et l’organisation Access Now, un rapport visant à étudier l’accessibilité, la clarté et la précision des clauses contenues dans les conditions d’utilisation et dans la politique de confidentialité de Sonatel et de Safaricom, bien différentes à leurs conditions dans leurs sièges européens.

De même, en 2020[20], l’association a écrit avec d’autres organismes une lettre ouverte au G20 en demandant aux pays de “travailler en collaboration avec les leaders de toutes les parties prenantes pour adopter des engagements à la hauteur non seulement de leur promesse, mais aussi de leur responsabilité de veiller à ce que la société numérique en évolution soutienne un écosystème Web sain, qui accorde la priorité aux personnes"

L’association est aussi engagée dans la diminution des inégalités femmes-hommes dans le numérique, et a par exemple fait en 2015[21] une étude sur les causes des inégalités d’accès à Internet entre femmes et hommes. Elle a aussi mené un projet en 2017 au Cameroun avec la publication d’un bulletin d’évaluation[22] des inégalités sur le numérique et le lancement de la campagne #MoiCamerounaiseDuNet pour partager les expériences des femmes camerounaises sur Internet.

Internet Sans Frontières lutte également pour la disparition des cyberviolences sexistes. En effet, en 2019[23], l’association a mené une étude à travers Twitter et Facebook concernant ces violences sexistes dans certains pays d’Afrique centrale et occidentale, révélant que plus de 45 % des femmes interviewées avaient vécu une forme de cyberviolence sexiste.

Actions contre les coupures d’internet et la censure, notamment en Afrique et en Amérique du Sud

En 2012[24], l’association a co-créé Feowl, une plateforme collaborative de mesure des besoins en énergie des métropoles africaines, permettant de recenser des données sur les coupures d'électricité.

En 2017[25], Internet Sans Frontières dénonce les coupures d’internet pendant 93 jours touchant 20 % de la population du Cameroun à la suite de la décision du gouvernement qui craignait des risques pour la sécurité nationale dans le cadre de la crise anglophone.

Une année après, Internet Sans Frontières Brésil a publié un article[26] rappelant les effets néfastes des coupures d’internet, que ce soit au niveau national ou local.

Aussi, entre 2018 et 2019[27], l’association a dénoncé l’interdiction d’accès aux réseaux sociaux par le gouvernement au Tchad, à travers articles[28], campagnes[29] et mobilisations. Elle a ainsi réussi que le gouvernement rétablisse l’accès aux tchadiens après 16 mois de coupure.

De même, en publiant une enquête[30] et des articles[31], Internet Sans Frontières a condamné le blocage d’accès aux réseaux sociaux effectué au Mali pendant les élections présidentielles de 2018, et a aussi réussi à intégrer l’accès aux réseaux sociaux comme élément d’un processus électoral démocratique[32] dans le cadre de la Mission d’observation électorale de l’Union Européenne.

Prises de position

Internet Sans Frontières s’est régulièrement exprimée sur des sujets touchant à la protection des données et la liberté d’expression sur Internet.

L’association a notamment interpellé l’Union Européenne à davantage protéger les lanceurs d’alerte[33], tel qu’Edward Snowden, notamment en co-signant une lettre ouverte en 2018.

Elle dénonce et alerte également régulièrement les coupures d’Internet ainsi que le coût d’accès à Internet exorbitant pratiqué dans certains pays, notamment en Afrique. Elle s’est exprimée notamment sur les coupures suivantes :

  • Coupure de janvier à avril 2017 au Cameroun[34],[35] : cette coupure qui a duré plus de trois mois a été la plus longue coupure d’internet enregistrée sur le continent africain à l’époque. Elle avait été ordonnée par le président Biya, qui disait vouloir couper internet pour éviter que des propos haineux ne circulent.
  • Coupure de mars 2018 à juillet 2019 au Tchad[36],[37] : pendant près de treize mois, les internautes avaient été privés de l’accès à plusieurs réseaux sociaux et aux principales messageries.
  • Coupure du 28 juillet 2018 au Mali[38],[30] : le jour de l’élection présidentielle, Twitter et la messagerie Whatsapp ont été bloqués sur le réseau du premier opérateur malien, Orange Mali.

Pour défendre la liberté d’expression et protéger internet de la censure arbitraire, l’association s’est opposée aux politiques européennes de lutte contre la haine en ligne[39] ainsi qu’à la loi Avia en France en 2019[15].

Critiques et louanges

Prix et distinctions

Internet Sans Frontières s'est vu décerné le prix 2012 de l'International Press Institute Innovation Challenge pour son projet Feowl, au Cameroun[40].

Autres

La directrice exécutive d’Internet Sans Frontières, Julie Owono, a été nommée le 6 mai 2020 membre inaugural du Conseil de surveillance de Facebook[41],[42].

Notes et références

  1. « Une association va être crééepour défendre la liberté sur Internet », sur L'Obs (consulté le )
  2. « RFI - La junte censure Internet », sur www1.rfi.fr (consulté le )
  3. « Free Hossein Derakhshan // Libérez Hossein Derakhshan », sur www.facebook.com (consulté le )
  4. Olivier Robillart, « Internet sans frontières porte plainte contre Facebook », sur Clubic.com, (consulté le )
  5. « Signez la pétition », sur Change.org (consulté le )
  6. « Internet Sans Frontières rejoint la campagne #KeepItOn pour lutter contre les coupures d’Internet », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  7. (en-US) Chris Sheehy, « Welcoming Internet Sans Frontières to GNI », sur Global Network Initiative (consulté le )
  8. « DECLARATION DE YAOUNDE », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  9. (pt-BR) « Internet sem Fronteiras », sur Internet sem Fronteiras (consulté le )
  10. « Retour d'Internet au Togo après 6 jours d'interruption volontaire », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  11. « Internet sans frontière lance officiellement ses activités au Sénégal - OSIRIS : Observatoire sur les Systèmes d'Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal », sur www.osiris.sn (consulté le )
  12. « Internet Without Borders creates office in N'Djamena, Chad », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  13. « Campagne Archives », sur Internet Sans Frontières (consulté le )
  14. « Cameroun: L'initiative "No Badmop" contre les discours dangereux en ligne. », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  15. « France : Pourquoi nous signons la lettre ouverte sur la proposition de loi Avia », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  16. Assemblée Nationale, « Proposition de loi no 1785 visant à lutter contre la haine sur internet », sur Assemblée nationale (consulté le )
  17. (en) KissKissBankBank, « Datarmine for all by Datarmine », sur KissKissBankBank (consulté le )
  18. « #Taxepamesmo: A Campaign To Cancel The "Facebook tax" in Benin », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  19. « Droits numériques en Afrique sub saharienne : analyse des pratiques d'Orange au Sénégal et Safaricom au Kenya », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  20. « Lettre ouverte au G20, pour un Internet libre, ouvert, et inclusif », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  21. « #moicamerounaisedunet : Comment Internet aide à l'autonomisation des camerounaises », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  22. « Box », sur app.box.com (consulté le )
  23. « #IWD2019: Online gender-based violence affects 45% of women on social media in West and Central Africa », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  24. (en) « Cameroon case study: Feowl – a community-driven open data platform assessing electricity supply in Douala », sur Open Government Partnership (consulté le )
  25. « Internet rétabli au Cameroun : Une victoire pour les citoyens, mais la vigilance demeure », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  26. « Brésil, élections 2018: il faut prendre au sérieux le risque de coupures d’Internet », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  27. « Tchad : révélations sur l'étendue de la censure des réseaux sociaux », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  28. « Victoire au Tchad : l'accès aux réseaux sociaux rétabli ! », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  29. « Campagne internationale pour le rétablissement d’Internet au Tchad », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  30. « Mali : Censure des réseaux sociaux pendant l’élection présidentielle de 2018 », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  31. « Mali: L'UE demande de rétablir les réseaux sociaux », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  32. « Communiqué de presse - Mali : la MOE UE renouvelle ses appels à la transparence avant le second tour de l’élection présidentielle, et invite les autorités à garantir la liberté d’expression », sur EEAS - European Commission (consulté le )
  33. « Edward Snowden Archives », sur Internet Sans Frontières (consulté le )
  34. « La coupure Internet au Cameroun coûte très cher ! », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  35. Agnès Faivre, « Cameroun : pourquoi le retour d'Internet ne règle pas tout », sur Le Point, (consulté le )
  36. « Tchad / restrictions d'Internet : les opérateurs Airtel et Tigo s'expliquent devant la justice », sur La Tribune (consulté le )
  37. « Tchad : Nouvelle coupure des réseaux sociaux », sur Internet Sans Frontières, (consulté le )
  38. (en) Maria Xynou et Julie Owono2018-07-31, « Mali: Social media disruptions amid 2018 presidential election? », sur ooni.org, (consulté le )
  39. (en-US) Adam Satariano, « Europe Is Reining In Tech Giants. But Some Say It’s Going Too Far. (Published 2019) », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  40. (en-US) IPI-author, « 2012 IPI News Innovation Contest winners named », sur International Press Institute, (consulté le )
  41. « Le rôle du conseil ne sera pas d’être la police de Facebook », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  42. « Découvrez le Conseil | Conseil de surveillance », sur www.oversightboard.com (consulté le )
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