Iéna

Iéna (Jena en allemand, prononcé en allemand : [ˈjeːna] ) est une grande ville industrielle et universitaire de Thuringe. Cette ville-arrondissement d’Allemagne compte 103 392 habitants et est située dans la vallée de la Saale

Pour les articles homonymes, voir Iéna (homonymie) et Jena.

Iéna
Jena

Héraldique

Drapeau
Administration
Pays Allemagne
Land  Thuringe
Arrondissement
(Landkreis)
Iéna (ville-arrondissement)
Bourgmestre
(Oberbürgermeister)
Dr. Thomas Nitzsche
2018 -
Partis au pouvoir FDP
Code postal 07701–07751
Code communal
(Gemeindeschlüssel)
16 0 53 000
Indicatif téléphonique 03641 et 036425
Immatriculation J
Démographie
Population 111 407 hab. ()
Densité 975 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 55′ 38″ nord, 11° 35′ 11″ est
Altitude 155 m
Superficie 11 429 ha = 114,29 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Thuringe
Iéna
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
Iéna
Liens
Site web www.jena.de

    Iéna
    Administration
    Pays Allemagne
    Géographie
    Localisation
      Vue sur le centre de la ville

      Iéna est le siège de la cour d'appel (Oberlandesgericht) de Thuringe, dont la plus grande ville est Erfurt. Iéna est proche de la célèbre Weimar.

      Histoire

      Appartenances historiques

      Seigneurie de Lobdeburg 1182–1331
      Landgraviat de Thuringe 1331–1482
      Électorat de Saxe 1482-1547
      Duché de Saxe 1547-1572
      Duché de Saxe-Weimar 1572–1672
      Duché de Saxe-Iéna 1672–1690
      Duché de Saxe-Weimar 1690–1809
      Grand-duché de Saxe-Weimar-Eisenach 1809–1918
      République de Weimar 1918–1933
       Reich allemand 1933–1945
      Allemagne occupée 1945–1949
      République démocratique allemande 1949–1990
      Allemagne 1990–présent

      Moyen Âge

      La ville d'Iéna fut évoquée pour la première fois en 1182. Les historiens mettent aujourd'hui en cause l'assimilation, longtemps acceptée, de Iéna avec la colonie germanique de Jani, déjà évoquée par le livre terrier de Hersfeld (fin du IXe siècle). Selon une autre théorie, le nom de la ville proviendrait du quartier de Wenigenjena, où l'on a retrouvé de multiples vestiges des VIIIe et IXe siècle autour de l’église Schiller. Dans les textes en latin, Iéna est appelée l’« Athènes de la Saale » (Athenæ ad Salam).

      Les seigneurs de Lobdeburg, maîtres depuis le XIIe siècle de Iéna, la proclamèrent ville en 1230, et bientôt la dotèrent de remparts ; elle eut en 1275 l'autorisation de former un conseil d'échevins ; au XIVe siècle, elle était siège de prévôté, en 1365 elle se dotait d'une cour de basse-justice puis même en 1429 d'une cour de haute-justice. Le développement du vignoble enrichit les propriétaires. La construction du monastère des Dominicains remonte à 1286, celle du couvent cistercien, près de l'église Saint-Michel, à 1301.

      Avec la décadence des Lobdeburg, les comtes de Schwartzbourg et les Wettin gagnèrent en influence. Les Wettin prennent le contrôle de la ville à partir de 1331. En 1332 ils accordèrent à Iéna la charte des droits de Gotha. La prospérité de la ville se manifeste avec la reconstruction de l'église Saint-Michel et de l'hôtel de ville à la fin du XIVe siècle. Le couvent des Carmélites s'établit en 1414 puis en 1423 Iéna est rattachée au duché de Saxe, dont les princes de Wettin héritent à l'extinction de la dynastie des Ascaniens. Lors de la succession de Leipzig (1485), Iéna demeurera dans le domaine héréditaire de la branche ernestine des Wettin.

      La Réforme et ses conséquences

      Iéna vers 1650
      Iéna d’après Bodenehr vers 1720

      La Réforme gagna la ville en 1523 avec les prêches enflammés du théologien Martin Reinhardt, qui dut partir l'année suivante à la suite des attaques de Martin Luther. En 1525, les paysans et une partie des citadins détruisirent le couvent des carmélites et pillèrent le monastère des dominicains. Les Ernestins défaits lors de la guerre de Smalkalde en 1546-47, durent renoncer à la charge d’électeur de Saxe. Iéna fut désormais rattachée au duché de Saxe. La dissolution de l’université de Wittemberg, en 1548, fut à peine compensée par l’ouverture d'un lycée (Hohe Schule) dominicain, qui devait dès 1558 constituer le noyau de l’université d'Iéna.

      La création d'un présidial et d'une cour de justice en 1566, avec toute l'importance que cela eut pour l'application du droit en Thuringe, sont liées à ces événements. L'arrivée de l’imprimerie, qui gagna la région au début du XVIe siècle, est elle aussi liée à la création de l’université : au début du XVIIe siècle, Iéna tenait pour le nombre de livres imprimés la troisième place derrière Leipzig et Wittemberg[1]. Même après le partage de 1572, l’université demeura sous protection des Ernestins, alors que la ville était annexée au duché de Weimar.

      Pour peu de temps (1672–1690), Iéna devint capitale d'une principauté autonome de Saxe-Iéna, dont les ducs firent construire (1471) puis agrandir (1662) le château de la ville pour y vivre ; leur administration était logée en ville jusqu'en 1809. À la mort du duc de Saxe-Iéna, en 1692, la ville échut à la lignée ernestine de Saxe-Eisenach puis en 1741 au duché de Saxe-Weimar, avant d'être annexée en 1815 au grand-duché de Saxe-Weimar-Eisenach, auquel elle resta attachée jusqu'en 1918.

      Au fil des disputes théologiques de la fin du XVIe siècle, l'université s'imposa comme le centre de l’orthodoxie luthérienne avec Matthias Flacius ; à la fin de la guerre de Trente Ans, elle connut son apogée et avec quelque 1800 étudiants, elle était de 1706 à 1720 la plus grande université allemande. L'âge baroque en Thuringe se distingua par l'exubérance de ses édifices. La cour ducale donnait le ton pour la culture artistique et en particulier musicale avec l'ouverture du Collegium Musicum en 1570, qui avec la réorganisation de 1769 pourvoira aux « Concerts académiques » jusqu'au XXe siècle .

      L'Université et la naissance du Premier Romantisme

      Le déclin du vignoble et de l'imprimerie à la fin du XVIIIe siècle provoquèrent une récession à Iéna, et en 1788 la ville fut même mise en tutelle. Mais sous le règne éclairé de Charles-Auguste (de 1775 à 1828) et de son ministre Goethe, la ville reçut les Lumières de l'École de Weimar, ce qui suscita la renaissance de l'université. Goethe y consacra tout son zèle, pédagogique et administratif. C’est là qu'en 1794 il se lia d'amitié avec Friedrich Schiller, qui depuis 1789 était professeur et vécut jusqu'en 1799 à Iéna.

      L'université recruta une pléiade de talents, avec notamment Johann Gottlieb Fichte (1794), Schelling (1798), Hegel (1801-07), faisant de la ville le centre de l'idéalisme allemand, mais aussi du premier mouvement romantique, avec August Wilhelm Schlegel, sa femme Caroline, Friedrich Schlegel, Ludwig Tieck, Clemens Brentano et Novalis. L’Allgemeine Literatur-Zeitung, premier journal littéraire d'Allemagne, qui parut de 1785 à 1803, ajouta encore au rayonnement de Iéna. L'université, qui jouit pendant vingt-cinq ans d'une réputation de liberté inédite dans le pays, perdit pourtant rapidement de son crédit après 1800 avec le départ de certains de ses plus éminents professeurs (démission de Fichte en 1799).

      Bataille d’Iéna

      Napoleonstein, monument commémoratif de la victoire de Napoléon à Iéna
      Carte du champ de bataille et des monuments sur un panneau à Cospeda près d'Iéna

      La bataille d'Iéna en 1806 est une victoire décisive de Napoléon Ier sur les Prussiens. Après Austerlitz, la Prusse avait signé une alliance de circonstance avec Napoléon (alors qu'ils voulaient lui déclarer la guerre). Mais cette alliance ne dura pas. La Prusse, en paix avec la France depuis 1795, décida d'entrer en guerre après des provocations envers l'ambassade française de Berlin. La reine poussait notamment à la guerre.

      Napoléon développa son habileté habituelle : rapidité et audace. L'armée prussienne, qui se croit encore la première d'Europe, est surprise à Iéna, après que Napoléon eut grimpé sur le plateau de la bataille par une audacieuse manœuvre. Les Prussiens ont divisé leur armée en deux corps. Napoléon affronte les forces prussiennes avec 60 000 hommes, il en a environ 80 000. La bataille tourne rapidement à l'avantage des Français ; les Prussiens battent en retraite dans un désordre certain.

      Le désordre redouble quand l'armée en déroute rencontre le reste de l'armée prussienne en fuite. En effet, au même moment, le corps d'armée du maréchal Davout a battu le gros de l'armée prussienne à Auerstaedt, malgré son infériorité numérique écrasante (1 contre 2). Les fuyards se mélangent et c'est la panique totale. L'armée fuit, poursuivie par les Français et se désagrège. En une journée de bataille et 15 jours de poursuite, l'armée prussienne est totalement détruite et démoralisée. La forteresse de Stettin notamment se rend au général Lasalle sans se battre.

      C'est un choc terrible pour la Prusse et les pays d’Allemagne. Au traité de Tilsitt qui suit, le royaume de Prusse perd la moitié de son territoire et doit régler d'énormes réparations de guerre. C'est sous le coup de cette humiliation que va prendre naissance le nationalisme prussien. Les ministres Stein et von Hardenberg proposent leur analyse de la défaite et entreprennent désormais de moderniser le royaume pour relever le défi français.

      Seconde Guerre Mondiale

      La ville est prise par les unités du 8ème corps de la 3e Armée US le 13 avril 1945.

      La ville depuis 1945

      Dans le cadre de la Reconstruction, l’Université d'Iéna fut la première université allemande à reprendre les cours (le ). En 1946, les deux fleurons industriels de la ville : les entreprises Zeiss et Schott AG furent démantelés à 94 % et 300 spécialistes des deux groupes furent envoyés en URSS pour aider au transfert de la production dans ce pays. Le combinat pharmaceutique VEB Jenapharm voit le jour en 1950. En 1952, avec la formation de la RDA, Iéna est rattachée au District de Gera.

      À Iéna, l’insurrection de juin 1953 en Allemagne de l'Est provoque la manifestation de 30 000 citoyens : les manifestants exigent la démission du gouvernement, la tenue d'élections libres, et à terme la Réunification du pays. Le siège du SED est dévasté, la prison de Steiger est prise d'assaut (61 détenus seront libérés), les bâtiments des organisations officielles et le commissariat de la Stasi sont pillés. Des chars soviétiques sont envoyés dans la ville pour réprimer les émeutes, le couvre-feu est instauré et plus de 100 individus sont interpelés. Le , un soudeur originaire d'Iéna, Alfred Diener (1927-1953), est exécuté dans les locaux de l'État-major soviétique de Weimar. Avec deux délégués des mines de charbon, il avait pénétré dans le bureau du Premier Secrétaire du SED pour lui présenter le programme des manifestants. Plusieurs meneurs seront condamnés à des peines de prison de plusieurs années[2].

      L’architecture des grands ensembles ne gagne Iéna qu'en 1957. De 1965 à 1975, le quartier de logements collectifs Lobeda-West sort de terre. Dans le cadre de la réforme urbaine du Centre-ville entreprise en 1968, le vieux centre historique et la grand-place, l’Eichplatz, sont rasés, et le chêne centenaire Carl Horn planté en 1816 est abattu. À la périphérie de l'espace ainsi dégagé, les autorités édifient une « Tour de l’Université » (Jentower), qui est depuis l'un des monuments-symboles de la ville. La même année, la troupe Jenaer Madrigalkreis, le chœur de la Philharmonie de Iéna voient le jour. En 1969, l'orchestre symphonique devient la Philharmonie de Iéna.

      Un nouveau grand ensemble, Lobeda-Ost, est édifié entre 1971 à 1983, faisant franchir à la population de la ville la barre des 100 000 habitants en 1975 : Iéna passe ainsi au 14e rang des villes de RDA. Le quartier de Rähmen est aménagé en 1986. Au cours des années 1970, cette ville de Thuringe devient le foyer de nombreux groupes d’opposants au régime et au début des années 1980, les activistes du Weißer Kreis commencent à organiser les évasions vers l’Ouest.

      En 1989, avec l'instauration de la Perestroïka en RDA, une manifestation regroupant quelque 40 000 personnes put être organisée sur la Place des Cosmonautes (redevenue aujourd'hui Eichplatz) : c'était la plus grosse manifestation que la ville ait connue. Jusqu'en 1991, la 79e division blindée des Forces d'occupation soviétiques était stationnée à Iéna. Depuis la réforme administrative du , l'Arrondissement de Iéna a été annexé à l’Arrondissement de Saale-Holzland.

      Entre 1995 et 1997, Iéna a été le théâtre de plusieurs incidents liés aux mouvements d'extrême droite. Au mois de , la police a découvert que quelques membres du groupuscule néonazi Nationalsozialistischer Untergrund préparaient des assassinats et des attentats à travers le pays.

      Climat

      Iena a un climat de type Cfb (Océanique) avec comme record de chaleur 38.5 °C le 3/8/1943 et comme record de froid -30.6 °C le 2/2/1830le 22/1/1850. La température moyenne annuelle est de 9.9 °C.

      Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
      Température minimale moyenne (°C) −1,8 −1,7 1,3 3,7 7,9 11,3 13,2 12,8 9,8 5,7 2 −0,2 5,4
      Température moyenne (°C) 1,1 1,9 5,6 9 13,9 16,8 18,8 18,7 15 10,1 5,1 2,4 9,9
      Température maximale moyenne (°C) 3,9 5,4 9,9 14,2 19,7 22,1 24,5 24,6 20,1 14,6 8,1 5 14,4
      Record de froid (°C) −30,6 −30,6 −24 −12,4 −5,1 0,6 3,7 3,4 −4,4 −10,9 −24,6 −28,8 −30,6
      Record de chaleur (°C) 16,7 23,1 25,9 32,5 36,1 35,7 38 38,5 36,5 29 23,1 17,5 38,5
      Précipitations (mm) 34,1 31,4 44,9 49,3 57 72,3 67,7 63,8 43,1 41,9 45 43 593,5
      Source : Le climat à Iena (en °C et mm, moyennes mensuelles 1971/2000 et records depuis 1824)

      Université

      Iéna est le siège de l'université d'Iéna, qui a pris l'appellation d'université Friedrich Schiller, en mémoire de l'écrivain, qui a habité la ville et y a travaillé comme professeur d'histoire et de philosophie de 1789 à 1799. Karl Marx y a obtenu son doctorat en philosophie en 1841. En 2009-2010 l'université compte 21 323 étudiants auxquels s'ajoutent les 4 600 étudiants de la Fachhochschule Iéna[3].

      Industries

      L'industrie est bien représentée à Iéna, en particulier dans le domaine de l'optique (Carl Zeiss, Ernst Abbe, SCHOTT JENAer Glas GmbH, Jenoptik), ainsi que dans celui de la chimie (Jenapharm GmbH & Co.KG).

      Transports

      La ville possède un réseau de tramways, qui compte 8 lignes.

      Monuments et lieux touristiques

      • Le mémorial de Gœthe. Gœthe vécut cinq années à Iéna et disait y trouver la tranquillité nécessaire à la création littéraire.
      • La mairie, qui comporte des parties du XIIIe siècle.
      • Le jardin botanique d'Iéna, datant du XVIIe siècle et qui doit en partie son aménagement actuel à Goethe.
      • Le planétarium Zeiss, construit entre 1924 et 1926, c'est le plus ancien du monde et le plus grand d'Allemagne.
      • L'église de la paix, datant du XVIIe siècle, mais qui reçut son nom à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
      • Le musée de l'Optique retrace 500 ans d'histoire de l'optique. On peut y voir une très importante collection de lunettes, microscopes, télescopes, objectifs et appareils photographiques.

      Jumelages

      La ville de Iéna est jumelée avec[4] :

      La ville entretient également des accords de coopération avec :

      Personnages célèbres

      Iéna - vue panoramique à 360°

      Sport

      Voir aussi

      Articles connexes

      Liens externes

      Sources

      1. Wolfgang Müller: Das VD17 in Zahlen. Vortrag auf dem VD17-Symposium in München, 27. und 28. Oktober 2009
      2. D'après le catalogue de l'exposition « Le cri de la Liberté » (Der Schrei nach Freiheit. 17. Juni 1953 in Thüringen) organisée en juin 2012 à Erfurt par la Fondation Ettersberg au parlement régional de Thuringe.
      3. http://www.uni-jena.de/Statistik_intern_home.html
      4. Partnerstädte
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