Hubert Védrine

Hubert Védrine, né le à Bellegarde-en-Marche (Creuse), est un haut fonctionnaire et homme politique français membre du Parti socialiste. Après avoir travaillé avec le président François Mitterrand comme conseiller diplomatique puis secrétaire général de l'Élysée, il est nommé au Conseil d'État en 1986. Hubert Védrine devient par la suite ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Lionel Jospin, de 1997 à 2002.

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Hubert Védrine

Hubert Védrine en 2006.
Fonctions
Ministre des Affaires étrangères

(4 ans, 11 mois et 2 jours)
Président Jacques Chirac
Premier ministre Lionel Jospin
Gouvernement Jospin
Prédécesseur Hervé de Charette
Successeur Dominique de Villepin
Secrétaire général de la présidence
de la République

(4 ans)
Président François Mitterrand
Prédécesseur Jean-Louis Bianco
Successeur Dominique de Villepin
Porte-parole de la présidence de la République française

(2 ans, 11 mois et 23 jours)
Président François Mitterrand
Prédécesseur Michèle Gendreau-Massaloux
Successeur Jean Musitelli
Biographie
Nom de naissance Hubert Yves Pierre Védrine
Date de naissance
Lieu de naissance Bellegarde-en-Marche (France)
Nationalité Française
Parti politique PS
Diplômé de IEP de Paris
ENA
Profession Diplomate

Ministres français des Affaires étrangères

Biographie

Famille et études

Hubert Yves Pierre Védrine est le fils de Jean Védrine, ami et collaborateur de François Mitterrand et, par sa mère, le petit-fils du peintre verrier Francis Chigot. Son père est lyonnais. Prisonnier pendant la guerre, il tombe gravement malade. Il part se reposer chez l'un de ses amis, à Bellegarde-en-Marche dans la Creuse où il rencontre la sœur de ce dernier qu'il épouse[1]. Hubert Védrine naît dans la maison de sa grand-mère maternelle, dans ce village[1].

Il étudie au lycée Albert-Camus à Bois-Colombes, obtient une licence d'histoire[Où ?], et poursuit ses études à l’Institut d'études politiques de Paris et à l’École nationale d'administration (ENA).

En 1974, il se marie avec Michèle Froment, médecin et conseiller-maître à la Cour des comptes qui dirige l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) de 2002 à 2008. Le couple a deux fils : Laurent, né en 1976, et Julien, né en 1977.

Début de carrière politique

À sa sortie de l'ENA en 1974 (promotion Simone Weil), il est affecté au ministère de la Culture, puis ministère de l'Environnement, avant de rejoindre celui des Affaires étrangères. Parallèlement, il milite à « Échanges et Projets », alors présidé par Jacques Delors. Par ailleurs, il a été conseiller municipal de Saint-Léger-des-Vignes, dans la Nièvre, de 1977 à 1995, et suppléant du candidat socialiste Daniel Benoist aux élections législatives de 1978.

Conseiller diplomatique, porte-parole puis secrétaire général du président Mitterrand

François Mitterrand, élu président de la République en 1981, l’appelle à l’Élysée la même année. Durant le premier septennat, il est conseiller à la cellule diplomatique, puis rejoint le Conseil d'État lors de la première cohabitation. En 1988, il devient porte-parole de la présidence. En 1991, il est nommé secrétaire général de la présidence de la République, jusqu'au départ de François Mitterrand en . Il réintègre ensuite le Conseil d’État avant de rejoindre le cabinet d’avocats Jeantet Associés. Il assure également des chroniques dans Le Point (rubrique « Étranger »), aux côtés de Claude Allègre (rubrique « Science »).

Ministre des Affaires étrangères

Hubert Védrine avec Vladimir Poutine (Moscou, 2000).

Le , après la victoire de la gauche plurielle aux élections législatives anticipées consécutives à la dissolution parlementaire décidée par le président Chirac, il est nommé ministre des Affaires étrangères par celui-ci, sur la proposition du nouveau Premier ministre socialiste Lionel Jospin. Il reste à ce poste durant les cinq ans que durent le gouvernement Jospin et la troisième cohabitation, soit jusqu'en . Il l'est notamment pendant la Guerre du Kosovo en 1998-1999. Il co-préside avec le ministre britannique Robin Cook la conférence de Rambouillet où fut tenté, sans succès, de régler diplomatiquement la question du Kosovo. C'est durant cette période qu'il définit également la notion et l'utilisation du terme d'« hyperpuissance » pour qualifier les États-Unis. L'action d'Hubert Védrine au Quai d'Orsay fut appréciée aussi bien par la gauche que par la droite. Jacques Chirac écrira à ce propos dans ses Mémoires :

« Ce qui caractérise Hubert Védrine, c'est une grande finesse d'analyse alliée à une parfaite maîtrise des rouages diplomatiques, la fidélité à des convictions affirmées en même temps qu'une ouverture d'esprit à rebours de tout esprit dogmatique. À cela s'ajoute ce qui fait de lui un homme d'un commerce toujours agréable : sa courtoisie, sa pondération naturelle. Hubert Védrine n'est ni le représentant d'une caste, ni celui d'un parti. Sa liberté de jugement le distingue tout autant des cercles diplomatiques traditionnels. Dans sa conception de la politique étrangère française comme dans sa vision du monde, il réussit à concilier l'exigence gaullienne et le pragmatisme mitterrandien, l'attachement profond à la souveraineté nationale et la conscience éclairée d'une nécessaire adaptation aux évolutions de l'Histoire[2]. »

Carrière professionnelle et universitaire

Hubert Védrine au Salon du livre de Paris (2014).

Hubert Védrine quitte ses fonctions ministérielles après l'échec de Lionel Jospin à l'élection présidentielle de 2002. En 2003, il crée une société de conseil géostratégique : Hubert Védrine Conseil. Depuis 2003, il préside l'Institut François-Mitterrand[3]. Il est également membre du club Le Siècle.

En 2004, dans la perspective des élections régionales, il est pressenti pour être tête de liste en Limousin, proposé par le président sortant Robert Savy et François Hollande, mais finit par renoncer devant le faible soutien des socialistes locaux[4]. Auparavant, à la fin des années 1980, il avait envisagé de se présenter aux municipales dans la Nièvre ; pour ce faire, il s'était fait domicilier au presbytère de Saint-Léger-des-Vignes, dont le prêtre n'était autre que[style à revoir] Nicolas Glencross, impliqué dans l'affaire de la disparition du pasteur Doucé, dont il était un proche[5]

Depuis 2005, il est administrateur du groupe LVMH, dont l'actionnaire majoritaire est Bernard Arnault[6]. Hubert Védrine est aussi membre du conseil d'administration de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)[7] et depuis du Conseil d'administration de l'Institut Aspen France[8].

Il a été nommé en 2005, par le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, membre du Haut Conseil pour l'Alliance des Civilisations. Il a participé en 2007, aux côtés de Nicolas Hulot, Alain Juppé, et Edgar Morin au comité chargé de préparer la Conférence de Paris sur l'environnement visant à poser les bases d'une future Organisation des Nations unies pour l'Environnement. Il est pressenti pour être nommé ministre des Affaires étrangères par Nicolas Sarkozy.

Le , Nicolas Sarkozy lui confie la rédaction d'un rapport sur la France et la mondialisation qu'il lui remet en septembre.

Hubert Védrine, en 2008.

Le , Hubert Védrine est aspergé de peinture rouge en pleine rue par un collectif altermondialiste qui exige qu'il soit traduit en justice « pour sa responsabilité dans la politique française d'assistance à la préparation et à l'accomplissement du génocide des Tutsis au Rwanda ». Édouard Balladur, Alain Juppé et Hubert Védrine contestent et rejettent absolument cette présentation de la politique française menée au Rwanda avant 1994[9],[10]. Après cette agression, Hubert Védrine porte plainte pour violences en réunion.

Il assure depuis mars 2008 un cours sur les Réalités Internationales à l'Institut d'études politiques de Paris[réf. souhaitée].

En 2010, il se voit décerner par l’ambassade du Qatar à Paris le prix « Doha Capitale Culturelle Arabe », accompagné d’un chèque de 10 000 euros[11].

En 2011, il siège au conseil consultatif de la banque d'affaires américaine Moelis & Company (en)[12].

François Hollande, devenu président de la République, le charge d'un rapport sur l'OTAN qu'il remet le [13],[14]. Le , il remet un rapport intitulé Un partenariat pour l'avenir (au sujet des relations économiques franco-africaines), commandé par le ministre de l'Économie Pierre Moscovici[15],[16].

Il est chroniqueur hebdomadaire dans Les Matins de France Culture, dans lesquels il anime la rubrique « Le monde selon Hubert Védrine » jusqu'en 2016.

Selon la revue "Diplomatie GD" (numéro 59 / géopolitique de la France), la taille d'Hubert Védrine est : 1 mètre 78.

Controverse sur le génocide des Tutsi au Rwanda

Hubert Védrine est au cœur des discussions concernant le rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda. En tant que secrétaire général de l'Élysée, il aurait eu, de fait, accès à tous les documents nécessaires pour comprendre l'évolution du régime du président rwandais Juvénal Habyarimana entre 1990 et 1994, durant la guerre civile débutée en 1990, puis de la tournure des événements après l'attentat contre ce dernier le et l'accomplissement du génocide par le gouvernement intérimaire. Étant donné l'état de santé dégradé par un cancer du président François Mitterrand à cette époque, Hubert Védrine est régulièrement mentionné par des spécialistes de la question[17] comme un des principaux responsables de la politique de l'Élysée vis-à-vis du Rwanda, d'autant qu'il a participé à tous les conseils restreints qui ont décidé des interventions militaires au Rwanda.

Il a eu plusieurs fois l'occasion de s'exprimer sur ce sujet, à commencer par la mission d'information parlementaire présidée par Paul Quilès[18], ou auprès des médias. Il défend l'idée que la France n'a pas participé au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994[19]. Toutefois, au cours de son audition par la commission de la défense de l'Assemblée nationale le [20], Hubert Védrine a reconnu la livraison d'armes par la France au régime de Kigali « à partir de 1990 et après », en affirmant que ces armes n'ont jamais servi au génocide, sans faire référence aux livraisons durant la période même du génocide, ce qui était la question posée par le député Joaquim Pueyo[21].

En , la revue XXI publie un article faisant état du témoignage d'un haut fonctionnaire qui a examiné différents documents des archives non communiquées au public concernant ces événements. Selon ce témoin, les documents incluent une note signée par Hubert Védrine enjoignant aux militaires français de réarmer les génocidaires hutus passant la frontière du Rwanda vers la république démocratique du Congo (ex Zaïre) lors de l'opération Turquoise[22],[23]. Hubert Védrine n'a pas souhaité commenter cette publication[24]. Un des officiers de l'opération Turquoise, Guillaume Ancel, a confirmé avoir reçu de tels ordres et avoir été témoin d'une de ces livraisons[25].

En 2021, dans un entretien à la revue Éléments, il condamne ceux qui critiquent la position de la France de François Mitterrand au Rwanda, estimant que « le Rwanda est devenu le prétexte pour tous les gauchistes de la place de Paris de régler leur compte avec François Mitterrand, la Ve République, la France comme puissance ». Ces propos sont notamment dénoncés par Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste[26].

Détail des fonctions et mandats

Décorations

Publications

Livres

Rapports

Télévision

  • 2009 : Gorbatchev / Védrine : une histoire inédite du Mur (face à Hubert Védrine, Mikhaïl Gorbatchev revient sur les quatre années, de 1985 à 1989, qui ont préparé la fin du mur de Berlin et la chute du rideau de fer. Mikhaïl Gorbatchev raconte à Hubert Védrine la façon dont l'Histoire s'est déroulée de l'autre côté du Mur)
  • 2012 : Un monde dans tous ses états (film sur l'état du monde comme son titre l'indique, Hubert Védrine rencontre des personnalités du monde entier, scientifiques, hommes d'État, chef d'entreprise, ambassadeur, pour tirer le bilan de la situation mondiale)
  • 2013 : Le pouvoir ne se partage pas (histoire du déroulement de la deuxième cohabitation entre le président François Mitterrand et le premier ministre Édouard Balladur)

Notes et références

  1. "Creusois et petit-fils de Francis Chigot", interview par Jean-François Julien, Le Populaire, 21 avril 2018
  2. Chirac : morceaux choisis des "Mémoires" d'un président sur lemonde.fr du 8 juin 2011
  3. Biographie
  4. L'Express - Les socialistes à la manœuvre, en ligne le 19 janvier 2004 (consulté le 9 décembre 2014).
  5. BERNARD VIOLET, Mort d'un pasteur, Fayard,
  6. « Exigences exagérées », rubrique « La Mare aux Canards », Le Canard enchaîné, 16 mai 2007
  7. IRIS - Institut de Relations Internationales et Stratégiques - Conseil d'administration
  8. Institut Aspen France. Conseil d’administration
  9. Hubert Védrine. Rwanda : les faits. Institut François Mitterrand, 15 juin 2004
  10. Blog d'Alain Juppé. 27 janvier 2008
  11. Jacques Marie Bourget, « Best of 2015 (1) : Ces politiques français achetés par le Qatar pour 10000 euros », sur Mondafrique (consulté le )
  12. (en) « Chasing Business, Moelis Adds Advisers », dealbook.nytimes.com,
  13. "Hubert Védrine, L'influent désabusé", Le Monde, supp. "Géo & Politique", p. 8, 11-12 novembre 2012
  14. Rapport d'Hubert Védrine sur le site officiel de la diplomatie française
  15. Hubert Védrine, interviewé par Anne Cheyvialle et Marie-Amélie Lombard-Latune, « Védrine : "La France a cédé trop de terrain en Afrique" », in Le Figaro, mercredi 4 décembre, page 18.
  16. Afrique: Védrine fait 15 propositions pour que la France regagne des parts de marché. AFP/20 minutes, 4 décembre 2013.
  17. Patrick de Saint Exupéry, Complices de l'inavouable : la France au Rwanda, Paris, Les arènes, , 313 p. (ISBN 978-2-35204-083-5)
  18. Mission d’information sur le Rwanda N° 1271. Rapport d'information. Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 15 décembre 1998.
  19. « Hubert Vedrine: «La France n'a pas participé au génocide.» »
  20. Commission de la défense : M. Hubert Védrine sur la politique de la France au Rwanda - Mercredi 16 avril 2014 (voir vidéo)
  21. « Assemblée nationale ~ Compte rendu de réunion de la commission de la défense nationale et des forces armées », sur www.assemblee-nationale.fr (consulté le )
    On doit toutefois remarquer que la transcription des propos d'Hubert Védrine sur le site de l'Assemblée nationale n'est pas "mot à mot". On peut retrouver la transcription exacte sur cette lettre ouverte de l’association Survie et les écouter dans la vidéo de l'Assemblée Nationale à 1:09:45
  22. « Du nouveau sur le rôle de la France au Rwanda », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  23. « Génocide au Rwanda : la France aurait ordonné le réarmement des génocidaires Hutus », Europe 1, (lire en ligne, consulté le )
  24. « La France a-t-elle fourni des armes aux auteurs du génocide rwandais en 1994? », RFI Afrique, (lire en ligne, consulté le )
  25. « Rwanda : "Nous avons reçu l'ordre de livrer des armes aux génocidaires dans les camps de réfugiés", affirme un ancien officier de l'armée française », Franceinfo, (lire en ligne, consulté le )
  26. Sophie de Ravinel, « Rwanda : Hubert Védrine crée la polémique au PS en ciblant «les gauchistes» », sur lefigaro.fr, 1er juin 2021 (consulté le 2 juin 2021).
  27. https://www.quirinale.it/onorificenze/insigniti/72835
  28. http://isap.sejm.gov.pl/DetailsServlet?id=WMP20000230477
  29. http://www.ordens.presidencia.pt/?idc=154
  30. « Hubert Védrine : Le monde au défi », sur cairn.info, .
  31. « Pour Hubert Védrine, l’Europe peut sortir de l’impasse », sur lemonde.fr, .
  32. « L'ex-ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine brosse le portrait du sinistre colonel Olrik », sur ouest-france.fr, .
  33. « Hubert Védrine: Et après? », sur leaders.com.tn, .

Liens externes

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