Hong Sang-soo

Hong Sang-soo (en coréen : 홍상수) est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né le à Séoul.

Pour les articles homonymes, voir Hong.

Dans ce nom coréen, le nom de famille, Hong, précède le nom personnel.

Hong Sang-soo
Hong Sang-soo en 2017.
Naissance
Séoul
Nationalité Corée du Sud
Profession réalisateur, scénariste
Films notables Le Jour où le cochon est tombé dans le puits
Le Pouvoir de la province de Kangwon
Turning Gate
La femme est l'avenir de l'homme
Conte de cinéma

Hong Sang-soo
Hangeul 홍상수
Romanisation révisée Hong Sangsu
McCune-Reischauer Hong Sangsu

Au Festival du film de Locarno, il reçoit en 2013 le Léopard d'argent pour son film Sunhi, et en 2015 il reçoit le Léopard d'or pour son film Un jour avec, un jour sans.

Biographie

Hong Sang-soo découvre le cinéma avec les films hollywoodiens à la télévision. En 1982, après avoir étudié la mise en scène à l'université de Chungang, à Séoul, il part étudier aux États-Unis au College of Arts and Crafts de Californie et à l'Art Institute de Chicago[1],[2].

De retour en Corée du Sud, il travaille comme réalisateur pour la télévision avant de se lancer au cinéma[réf. souhaitée].

Il tourne en 1996 son premier film, Le Jour où le cochon est tombé dans le puits qui connaît immédiatement un certain succès critique et public. Il reçoit ainsi des récompenses au Dragon Blue Coréen, à l’Asia-Pacific Film Festival, et aux festivals de Rotterdam et de Vancouver. Le film dépeint avec des performances improvisées et peu de dialogues, une relation amoureuse moderne.

Il réalise ensuite Le Pouvoir de la province de Kangwon un conte sur la désillusion. C'est son premier film présenté à Cannes, dans la section Un certain regard. Il devient ensuite un habitué du festival : jusqu'en 2017, neuf de ses films sont sélectionnés[3].

En 2000, Hong Sang-soo revient avec le film au titre provocateur La Vierge mise à nu par ses prétendants. Celui-ci, tourné en noir et blanc suit un triangle amoureux vu par les trois personnages. Si le titre est emprunté à Marcel Duchamp, Hong Sang-soo dit ne pas être inspiré par l'artiste et n'avoir choisi le titre que parce qu'il correspond à l'histoire filmée[1].

Fort de sa réputation, Hong Sang-soo dispose de moyens plus confortables pour son quatrième opus, Turning Gate, coproduit par Marin Karmitz et interprété par trois stars locales[Lesquelles ?]. Dans cette comédie mélancolique, son plus important succès commercial, notamment auprès du public de Corée, le réalisateur affine son style tout en restant fidèle à sa thématique. Dans la continuité, les éléments caractéristiques de son cinéma se retrouvent dans La femme est l'avenir de l'homme, en compétition au festival de Cannes en 2004[4].

Il sort en 2005 Conte de cinéma, lui aussi présenté à Cannes, ce qui conforte ainsi le statut du réalisateur sur le plan international.

Depuis 2008, il enseigne à l'université de Konkuk à Séoul où il anime un atelier consacré au scénario et un autre consacré à la mise en scène. Auparavant, il a enseigné à l'université nationale des arts de Corée de 1995 à 2001[5].

En 2009, il présente Les Femmes de mes amis, toujours à Cannes mais à la Quinzaine des réalisateurs : il aborde dans ce film la vidéo haute-définition[réf. souhaitée].

Avec Ha ha ha (2010), il retrouve un certain succès auprès du public coréen avec 56 000 entrées[6].

Son film Matins calmes à Séoul est présenté dans la sélection Un certain regard au festival de Cannes 2011[7]. Sorti en 2012 en France, le film fait 12 500 entrées[8].

Il réalise Oki's Movie (2010) sans aucun financement et tourne en partie dans son bureau à l'université de Konkuk à Séoul[5].

En 2012, son film In another country, avec l'actrice française Isabelle Huppert, est sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes. Le film sort en France en octobre et aux États-Unis en novembre. Il rassemble 70 000 spectateurs dans les salles françaises[9],[10].

En , il présente Haewon et les hommes à la Berlinale[11].

En , il présente On the Beach at Night Alone à Berlin et l'actrice principale Kim Min-hee y remporte le prix de la meilleure actrice.

Vie privée

Il se marie en 1985[2]. Il demande le divorce fin 2016 à la suite d'une liaison avec l'actrice principale de ses deux derniers films à ce moment, Kim Min-hee[12].

Analyse de l'œuvre

La majorité de ses films racontent une histoire d'amour malheureuse.[13].

La plupart de ses films mettent en scène le milieu du cinéma. Par exemple, Matins calmes à Séoul montre les errances d'un jeune cinéaste talentueux qui a arrêté de tourner des films. Dans Oki's Movie, Hong Sang-soo montre les amours de deux étudiants en cinéma et d'un professeur de cinéma[14]. Hong Sang-soo explique qu'il préfère filmer un milieu qu'il connaît, et affirme qu'il se sentirait moins à l'aise en filmant un autre milieu[1].

L'ivresse, comme échappatoire au réel et vecteur de révélations, est une des caractéristiques principales du cinéma d'Hong Sang-soo[15]. Il est célèbre pour son goût immodéré pour l'alcool que l'on retrouve dans de nombreux films[2].

Jeu avec le temps

Hong Sang-soo aime raconter les histoires simultanées vécues par les différents protagonistes de ses films ou les points de vue de différents personnages sur la même histoire[1].

Influences

Il est influencé par des cinéastes comme Yasujirō Ozu, Robert Bresson, Éric Rohmer, Luis Buñuel, Jean Vigo, Friedrich Wilhelm Murnau mais aussi des peintres comme Paul Cézanne[1],[6], ou des écrivains comme André Gide[16]. Il se dit notamment très marqué par Journal d'un curé de campagne de Robert Bresson[2].

Le critique coréen Huh Moon-yung voit aussi une parenté avec le cinéaste coréen Lee Man-hee (en). La mère de Hong Sang-soo a produit certains films de ce cinéaste et Hong Sang-soo s'est rendu sur certains de ses tournages étant enfant[6].

Méthode de travail

Hong Sang-soo travaille généralement sans scénario bien établi et à partir de notes qu'il rédige en partie pendant le tournage et distribue à l'équipe chaque matin. Il écrit les dialogues en fonction de la personnalité des acteurs[17]. Pour le chef opérateur Park Hong-yeol, le fait que les techniciens et les acteurs ne connaissent pas l'issue du film les force à une concentration extrême sur le tournage qui permet de donner aux films de Hong Sang-soo leur intensité[6],[18].

Il privilégie les tournages légers. Par exemple, sur Oki's Movie, il n'y avait que quatre techniciens[6].

Pour lui, certains comédiens, comme Yu Jun-sang, acceptent de ne pas être payés[6].

Filmographie

Rétrospectives

Distinctions

Notes et références

  1. Vincent Ostria, « Hong Sang-Soo - Nouveaux fragments d'un discours amoureux », Les Inrockuptibles, (lire en ligne, consulté le )
  2. Hong Sang-Soo, « Mes dates clés », Libération, (lire en ligne, consulté le )
  3. « Sangsoo HONG - Festival de Cannes 2017 », sur Festival de Cannes 2017 (consulté le ).
  4. « La femme est l'avenir de l'homme », sur Festival de Cannes (consulté le ).
  5. Vincent Malausa, « À l'ombre du campus », Cahiers du cinéma, no 682, , p. 14.
  6. Park Hong-yeol, Yu Jun-sang et Huh Moon-yung, « Une méthode Hong Sang-soo ? », Cahiers du cinéma, no 682, , p. 16-18.
  7. Jean-François Rauger, « The Day He Arrives. Matins calmes à Séoul : l'héritier d'Éric Rohmer est coréen », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Matins calmes à Séoul », sur jpbox-office.com (consulté le ).
  9. « In Another Country », sur jpbox-office.com (consulté le ).
  10. Jean-Marc Lalanne, « Festival de Cannes 2012: la sélection officielle », Les Inrockuptibles, (lire en ligne, consulté le ).
  11. Serge Kaganski, « Berlinale 2013 : les films en compétition », Les Inrockuptibles, (lire en ligne).
  12. (en) « Trial to Decide Movie Director Hong Sang-soo's Divorce », The Chosun Ilbo, (lire en ligne, consulté le ).
  13. Jacques Mandelbaum, « Hong Sang-soo, athlète de la nonchalance », Le Monde, (lire en ligne)
  14. (en) Richard Brody, « Hong Sang-soo Spring », The New Yorker, (lire en ligne)
  15. Florian Guignandon, « L’aquarium de Hong Sang-soo », Critikat, (lire en ligne, consulté le )
  16. This Evening Class - HONG SANG-SOO BLOGATHON—Virgin Stripped Bare By Her Bachelors Q&A At Pacific Film Archives, 22 mars 2007 : "In his 20s he was particularly fond of Andre Gide and read him nearly every day" http://theeveningclass.blogspot.fr/2007/03/hong-sang-soo-blogathon-virgin-stripped.html
  17. Jean-Sébastien Chauvin, « Il suffit de peu pour voir la vie sous un angle joyeux : Entretien avec Hong Sang-soo », Cahiers du cinéma, no 682, , p. 28-29.
  18. Isabelle Huppert, « En terre étrangère », Cahiers du cinéma, no 682, , p. 30-35.
  19. Année de sortie en Corée du Sud.
  20. « FIDMarseille - Festival international de cinéma - International film festival », sur www.fidmarseille.org (consulté le )
  21. « Cannes : le film coréen «Ha Ha Ha» reçoit le prix Un Certain Regard », (consulté le )
  22. « Un film espagnol remporte le Léopard d'or du Festival de Locarno », Le Point, (lire en ligne)
  23. « Corée, Israël, Japon : les échappées belles du palmarès de Locarno », Télérama, (lire en ligne)
  24. « San Sebastian consacre les cinémas de l’Extrême-Orient et du monde hispanique » Le Blog d'Ecran Noir », sur ecrannoir.fr (consulté le )
  25. « FIDMarseille - Festival international de cinéma - International film festival », sur www.fidmarseille.org (consulté le )
  26. « Interdit de quitter l’Iran, le dissident Mohammad Rasoulof primé à la 70e Berlinale », sur Le Monde, (consulté le )
  27. « Le trio gagnant de la Berlinale 2021 : une comédie roumaine, une merveille japonaise et un doc allemand », sur Télérama, (consulté le )

Voir aussi

Ouvrages

  • (en) HUH Moonyung, HONG Sangsoo, Seoul Selection, coll. « Korean Film Directors », , 154 p. (ISBN 9781624120015)
  • Simon Daniellou, « L’Origine du monde fictionnel de Hong Sang-soo », dans Pierre-Henry Frangne, Antony Fiant et Gilles Mouëllic (dir.), Les œuvres d'art dans le cinéma de fiction, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 320 p. (ISBN 9782753532618), p. 149-162
  • Les variations Hong Sang-Soo. Vol. 1, De l'Incidence éditeur, , 256 p. (ISBN 978-2-918193-40-1)
  • Les variations Hong Sang-Soo. Vol. 2, De l'Incidence éditeur, , 301 p. (ISBN 978-2-918-193-59-3)

Articles

  • Claire Denis, « La sainte victoire de Hong Sang-soo », Cahiers du cinéma, no 597, , p. 37
  • Adrien Gombeaud, « Boire et séduire : Vertiges d’alcool et de séduction chez Hong Sangsoo », Double jeu, no 4, , p. 73-82 (lire en ligne)
  • (en) Marco Grosoli, « Moral tales from Corea : Hong Sang-Soo and Éric Rohmer », Acta Univ. Sapientae, film and media studies, no 3, , p. 95-108 (lire en ligne, consulté le )
  • Dossier « Hong Sang-soo, balade à Séoul » dans Cahiers du cinéma, no 682,

Travaux universitaires

  • Romain Lefebvre, Hong Sang-soo, un cinéma de la croyance : continuités, discontinuités, conflits d’images et mutation des personnages [Thèse de doctorat en Études cinématographiques, sous la direction de Dork Zabunyan], Saint-Denis, Paris 8, École doctorale Esthétique, sciences et technologie des arts, 24 novembre 2017 (soutenance), 658 p. (lire en ligne)

Radio

Article connexe

Liens externes


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