François Bégaudeau

Biographie

Jeunesse et débuts

Né à Luçon en Vendée[1], François Bégaudeau passe toute son enfance à Nantes. Il est le fils d'enseignants dans un environnement classé à gauche, son père étant « plutôt parti communiste français »[2]. Ses amitiés dans ses études en hypokhâgne l'amènent plutôt vers l'anarchisme, cependant il déclare avoir voté pour Olivier Besancenot lors des élections présidentielles de 2002[2].

Le sport tient très tôt une place importante dans sa vie et influencera ses écrits depuis son premier roman où le narrateur, librement inspiré d'une figure du FC Nantes dont l'auteur est supporter, expose ses vues à ses joueurs. François Bégaudeau prend ensuite la direction d'ouvrages collectifs (Le sport par les gestes, La politique par le sport) en passant par des chroniques écrites pour le quotidien Le Monde depuis l'année 2008.

Le rock est un autre déterminant : durant ses années d'études supérieures, il fonde avec quelques amis le groupe punk rock Zabriskie Point dont il est le chanteur et le parolier. Le groupe enregistre quatre albums entre 1992 et 1999, réédités en 2009 par le label Des Gens de l'Occident et un album live enregistré pendant la tournée d'adieu en 1999[3].

Agrégé de lettres modernes (1994)[4], il poursuit d'abord une carrière d'enseignant, mais livre dès 1995 quelques textes aux Cahiers du cinéma, dont il devient un rédacteur à part entière à la fin de 2003, après avoir publié aux éditions Verticales son premier roman Jouer juste. Suivent un autre roman Dans la diagonale (2005) et une « fiction biographique », Un démocrate, Mick Jagger 1960-1969 qui inaugure une nouvelle collection chez Naïve.

Par ailleurs François Bégaudeau est réalisateur au sein du collectif Othon dans lequel on retrouve également Gaëlle Bantegnie et Xavier Esnault, avec par exemple Jacques en 2007[5]. Le collectif a réalisé trois documentaires : Jeunes militants sarkozystes (2008), On est en démocratie (2010), Le fleuve, la tuffe et l’architecte (2012). Un documentaire sur Cergy-Pontoise est sorti en 2014, intitulé Conte de Cergy avec un certain nombre de clins d'œil au film d'Éric Rohmer, L'Ami de mon amie[6].

Diversification

À une classe de maître parisienne, à l'occasion de la sortie vidéo d'Entre les murs, le 25 mars 2009.

François Bégaudeau a régulièrement participé à l'émission Le Cercle sur Canal+, traitant de l'actualité cinématographique et animée par Frédéric Beigbeder ainsi qu'à Ça balance à Paris, sur Paris Première et il a été rédacteur en chef adjoint des pages cinéma du magazine Transfuge auquel il fournit une chronique littéraire entre 2005 et 2019.

En 2006, son troisième roman, Entre les murs, inspiré par son expérience d'enseignant en ZEP au Collège Mozart à Paris[7], lui vaut de recevoir le Prix France Culture-Télérama. Pour Jean-Paul Brighelli, les réflexions de François Bégaudeau concernant l'école rejoindraient le « degré zéro » de l'éducation[8]. Quelques années auparavant, dans une interview donnée au Monde en 2006, Bégaudeau avait lui-même attaqué Brighelli, le considérant comme le chantre d'« une tradition pamphlétaire moisie ».

En 2008, Entre les murs est porté à l'écran par Laurent Cantet. François Bégaudeau écrit le scénario avec le réalisateur et Robin Campillo. Le film, dans lequel François Bégaudeau joue son propre rôle de professeur, obtient la Palme d'or au Festival de Cannes 2008. L'auteur-scénariste obtient aussi le César 2009 de la meilleure adaptation cinématographique. Les réactions de la presse sont excellentes, mais l'avis du public s'avère plus contrasté. Une partie des enseignants, notamment, émet de fortes réserves et l'œuvre fait débat. Un certain nombre de professeurs s'attachent à considérer Entre les murs comme une sorte de documentaire sur l'école, mettent en cause la posture du professeur face à ses élèves, alors que Bégaudeau insiste, tout au long de la promotion du film, sur la dimension fictionnelle et profondément cinématographique de l'œuvre. Il reviendra sur cette dimension dans le chapitre « 2008 » de son récit autofictionnel, Deux singes ou ma vie politique, publié en 2012, en se déclarant globalement consterné par la réception réservée au long métrage, en dépit de son succès public.

La même année, il publie un Antimanuel de littérature, dans une collection inaugurée par Michel Onfray; suivront Vers la douceur, un livre jeunesse chez Hélium, L’Invention du jeu, un essai sur la jeunesse écrit avec Joy Sorman, Parce que ça nous plaît.

Sa première pièce, Le Problème, est créée en janvier 2011 au Théâtre du Nord, avec dans les rôles principaux Emmanuelle Devos et Jacques Bonnaffé, puis est jouée plus de deux mois à Paris.

En janvier 2012, Bégaudeau publie Au début, un recueil composé de treize récits, pris en charge par des narratrices et dont la thématique est la grossesse.

L'année suivante, il scénarise son premier album de bande dessinée, Mâle occidental contemporain, dessiné par Clément Oubrerie et paru chez Delcourt le 30 octobre 2013[9] : il évoque les pérégrinations sentimentales d'un jeune trentenaire. L'œuvre est publiée en plusieurs épisodes dans le journal Libération durant l'été 2013.

En 2015, l'auteur signe La Politesse. Il y évoque, à travers des séquences narratives, la circulation publique d'un écrivain entre émissions littéraires, dédicaces dans des salons du livre, interventions en milieu scolaire. La troisième partie du récit revisite certains lieux sur le modèle de l'hétérotopie foucaldienne, imaginant, au-delà même du statut de l'auteur et du lecteur, les fondements d'une société autogérée.

L'année suivante, l'écrivain fait paraître deux textes aux contenus dissemblables : le premier intitulé L'Ancien Régime raconte l'entrée de Marguerite Yourcenar à l'Académie française. François Bégaudeau en profite pour égratigner l'institution séculaire, en adoptant les codes d'un style classique. Le second, Molécules, est un récit policier, mêlant notamment satire du système judiciaire et influences de l'écriture autofictionnelle. Molécules a été récompensé par le Prix CALIBO 2017 du Café littéraire de Sainte-Cécile-les-Vignes.

En 2017, l'auteur a proposé une réflexion sur les théories du complot, à travers une pièce de théâtre nommée Contagion. Son ouvrage, Une certaine inquiétude, est le fruit d'une correspondance avec l'écrivain Sean Rose, autour du thème de la foi.

En janvier 2019, il publie Histoire de ta bêtise, une « généalogie de [l]a bêtise »[10] de la « bourgeoisie contemporaine » où l'auteur s'adresse à un interlocuteur fictif avec l'emploi systématique du pronom personnel « tu ». Ce « tu » s'incarnera tour à tour dans différents personnages en vue, journaliste, auteur, politicien, responsable d'entreprise, marketing, etc. L'ouvrage sera critiqué dans la presse, qui lui reproche de « méprise[r] son lecteur »[11] et de se laisser aller à une « haine » qui retire « le moindre sens »[12] à son analyse. En février, à l'occasion de la présentation du livre sur le plateau de l'émission Zemmour et Naulleau, le critique littéraire Éric Naulleau ira jusqu'à qualifier François Bégaudeau de « stalinien »[13]. À la suite de la publication de Histoire de ta bêtise, François Bégaudeau est révoqué de son poste de critique à la revue Transfuge. Son directeur, Vincent Jaury, s'en explique dans l'éditorial du numéro d'avril 2019, avançant que ce qui « irrigu[e] le fond de ce livre » est « un glissement rouge-brun, une pulsion fasciste »[14]. Fin mars, François Bégaudeau publie sur son blog une longue réponse à son ancien patron, tout en soulignant que l'éditorial « flirte avec la diffamation »[15]

François Bégaudeau cite des influences diverses, qui vont de Jacques Rancière à la musique punk. En 2019, lors d'une émission sur France Culture[16], il revient sur le fait qu'il se soit abstenu lors du deuxième tour de l'élection présidentielle de 2017, affichant une position politique « anti-capital » (il déteste l'expression « anticapitaliste ») et « antifasciste ». Par ailleurs, lors de cette interview, il se montre critique envers la pratique électorale, selon lui « Le geste même de voter est un geste anti-politique. […] Avoir habitué des générations entières depuis deux cents ans, en France, à voter, a probablement beaucoup fait pour la dépolitisation, en tout cas la perte d'un certain nombre de réflexes de réelle citoyenneté ou de réelle activité politique. Le vote a donc une certaine toxicité insidieuse. »

Depuis octobre 2019, François Bégaudeau est critique cinéma sur le podcast La gêne occasionnée (voir les liens externes) en compagnie d'un même interlocuteur se faisant appeler L'Homme qui n'a pas de prénom. Il a déjà chroniqué Portrait de la jeune fille en feu, Alice et le maire, Le Traître, Chanson douce, Le Cas Richard Jewell, Joker, Effacer l'historique etc.

Ouvrages

François Bégaudeau à Mouans-Sartoux en 2012.

Fiction

  • Jouer juste, éditions Verticales, 2003, (ISBN 2-84335-158-8).
  • Dans la diagonale, éditions Verticales, 2005, (ISBN 2-84335-202-9).
  • Un démocrate : Mick Jagger 1960-1969, Naïve, 2005, (ISBN 2-350-21001-4).
  • Entre les murs, Éditions Verticales, 2006, (ISBN 2-07077-691-3).
  • Fin de l'histoire, Éditions Verticales, 2007
  • Collaboration à Une chic fille, ouvrage collectif, Naïve Records, 2008
  • Vers la douceur, éditions Verticales, 2009, (ISBN 978-2-07-012301-8) (notice BnF no FRBNF41438347)
  • La Blessure, la vraie, éditions Verticales, 2011, (ISBN 978-2-07-013107-5)
  • Au début, éditions Alma, 2012
  • Deux singes ou ma vie politique, éditions Verticales, 2013, (ISBN 978-2-07-013980-4)
  • Le moindre mal, éditions Raconter la vie, 2014, (ISBN 2370210044)
  • La Politesse, éditions Verticales, 2015
  • L’Ancien Régime. La Première Femme à l'Académie française, Editions Incipit, 2016.
  • Molécules, éditions Verticales, 2016, (ISBN 978-2-07-019722-4)
  • En guerre, éditions Verticales, 2018, (ISBN 978-2-07-277679-3)
  • Un enlèvement, éditions Verticales, 2020, (ISBN 978-2-07-289820-4)

Essais

  • Collaboration à Débuter dans l'enseignement : Témoignages d'enseignants, conseils d'experts, ouvrage collectif, ESF, 2006
  • Collaboration à Devenirs du roman, ouvrage collectif, Naïve, 2007
  • Collaboration à Une année en France : Réferendum/banlieues/CPE, ouvrage collectif, Gallimard, 2007
  • Codirection avec Xavier de La Porte de Le sport par les gestes, Calmann-Lévy, 2007
  • Collaboration à Remix # 4, ouvrage collectif, Hachette Littératures, 2008
  • Antimanuel de Litterature, éditions Bréal, 2008 (ISBN 2-74950-328-0)
  • Collaboration à La Politique par le sport, ouvrage collectif, Éditions Denoël, coll. Médiations, 2009 (ISBN 978-2207261330)
  • Parce que ça nous plaît : L’invention de la jeunesse, avec Joy Sorman, Larousse, collection Philosopher, 2010 (ISBN 978-2035842930)
  • Tu seras un écrivain mon fils, éditions Bréal, 2011 (ISBN 2749530547)
  • « Une vie périphérique » dans le magazine Megalopolis, mars 2012
  • D’âne à zèbre, Grasset & Fasquelle, 2014
  • La critique de cinéma à l'épreuve d'Internet, Éditions l'Entretemps, 2014 (ISBN 978-2-35539-190-3)
  • Une certaine inquiétude (correspondance avec Sean Rose), Éditions Albin Michel, 2018 (ISBN 978-2-226-32660-7)
  • Histoire de ta bêtise, Fayard/Pauvert, 2019 (ISBN 978-2720215629)
  • Jésus, les bourgeois et nous, entretiens avec Paul Piccarreta, Éditions de l'escargot, 2020 (ISBN 978-2380740073)
  • A Valenciennes, ouvrage collectif (Othon), éditions Au diable Vauvert, 2020 (ISBN 9791030703344)
  • Notre joie, Fayard/Pauvert, 2021 (ISBN 9782720216749)

Jeunesse

  • L'Invention du jeu, roman, Hélium, 2009

Bande dessinée

Théâtre

Filmographie

Scénariste

Réalisateur

Acteur

Notes et références

  1. « François Bégaudeau envisage de racheter le FC Nantes », lemonde.fr, 7 octobre 2008.
  2. François Bégaudeau : « Je ne crois pas à votre modèle de vie », Sandrine Blanchard, lemonde.fr, le 25 septembre 2016.
  3. Site officiel du label Des Gens de l'Occident (consulté le 28 août 2010)
  4. « Agrégations », Le Monde, 11 août 1994.
  5. Site de Capricci (consulté le=28 août 2010)
  6. Raphaël Nieuwjaer, « François Bégaudeau, cinéaste et écrivain », sur debordements.fr, (consulté le ) : « La référence est plus directe avec Conte de Cergy, qui cite et rejoue une séquence de L’Amie de mon amie, dernier volet du cycle des Comédies et proverbes tourné en 1987 à Cergy-Pontoise »
  7. « L'ancien prof joue le rôle de sa vie », leparisien.fr, (lire en ligne, consulté le )
  8. Brighelli : l'école va mal, supprimons-la !, Jean-Paul Brighelli, lepoint.fr, 17 novembre 2014
  9. Aurélia Vertaldi, « François Bégaudeau, bête de sexe en BD », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
  10. Bégaudeau François, Histoire de ta bêtise, Fayard/Pauvert, 2019, p.7
  11. Proust Jean-Marc, « Peut-on convaincre en méprisant ? », Slate, 20 février 2019. URL : http://www.slate.fr/story/173388/francois-begaudeau-histoire-de-ta-betise-mepris-classe-bourgeoisie
  12. Georgesco Florent, « "Histoire de ta bêtise" : Bégaudeau refuse le débat », Le Monde, 7 mars 2019. URL : https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/07/histoire-de-ta-betise-francois-begaudeau-refuse-le-debat_5432523_3232.html
  13. Extrait vidéo de l'émission : https://twitter.com/parispremiere/status/1095799779886477312
  14. Jaury Vincent, « Bégaudeau, dernières explications », Transfuge, avril 2019, n°128. URL : https://www.transfuge.fr/editorial-begaudeau-dernieres-explications,1169.html
  15. Bégaudeau François, « Ta bêtise sans fin », Begaudeau.info, 23 mars 2019. URL : http://begaudeau.info/2019/03/24/ta-betise-sans-fin/
  16. « La bourgeoisie est-elle toujours en marche ? », sur France Culture (consulté le )
  17. Philippe Peter, « Une vie de moche : pour le désarmement des canons de la beauté », dBD, no 139, décembre 2019 - janvier 2020, p. 113.
  18. « François Bégaudeau parle du Problème - Classiques et contemporains Magnard », Classiques et contemporains Magnard, (lire en ligne, consulté le )
  19. « La Théâtrothèque.com / Spectacle : "Un Deux Un Deux" de Francois Bégaudeau - Théâtre Théâtre de Belleville - PARIS », sur www.theatrotheque.com (consulté le )
  20. « Le Foie », Théâtre Ouvert - Centre National des Dramaturgies Contemporaines, (lire en ligne, consulté le )
  21. « "Non réconciliés", Bégaudeau met en scène la rivalité Lyon-Saint-Etienne », Culturebox, (lire en ligne, consulté le )
  22. « LA GRANDE HISTOIRE | Théâtre Dijon Bourgogne », sur www.tdb-cdn.com (consulté le )
  23. « Liberté, Egalité, Fraternité : François Bégaudeau met “La Devise” en pièce dans les lycées », Arts & Scènes, (lire en ligne, consulté le )
  24. theatreauvent, « CONTAGION de François BEGAUDEAU AU THEATRE PARIS-VILLETTE – 211 AV JEAN JAURES 75019 PARIS du 6 au 18 Juin 2017 », sur THEATRE AU VENT (consulté le )
  25. jean-pierre thibaudat, « « La Bonne Nouvelle » de François Bégaudeau et Benoît Lambert recadre les cadres », Club de Mediapart, (lire en ligne, consulté le )
  26. Murielle Joudet, « « N’importe qui » : la politique à la sauce mayennaise », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Ronan Lancelot, « Petite frappe : poteau rentrant », dBD, no 83, , p. 73.

Liens externes

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