Financement des partis politiques français

Le financement des partis politiques français est un ensemble de moyens permettant d'assurer les ressources financières nécessaires à l'activité des partis politiques français.

Depuis 1988, un financement public des partis est prévu, en fonction des résultats aux élections législatives et du nombre de parlementaires. Le financement privé est réglementé.

La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) est chargée du contrôle des comptes des partis.

Historique

Les lois du et du mettent en place le financement public des partis politiques. Elles sont progressivement renforcées jusqu’à l’interdiction du financement par les personnalités morales par la loi du [1]. La loi du réduit les financements de partis qui ne respectent pas la parité lorsqu’ils présentent des candidats aux élections. En 2017, les lois pour la confiance dans la vie politique encadrent les prêts aux partis politiques et aux campagnes électorales, et créent le médiateur du crédit aux candidats et aux partis politiques.

Mandataire financier

Un parti politique ne peut recevoir de financement directement sur ses comptes. L'ensemble des ressources doit être recueilli par un mandataire financier, qui peut être soit une association de financement distincte du parti politique, soit une personne physique.[2] L'association de financement doit être agréée par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques[3].

Types de financements

Financement public

Le montant des crédits inscrits dans le projet de loi de finances de l’année pour être affecté au financement des partis et groupements politiques est divisé en deux fractions égales

  • une première fraction destinée au financement des partis et groupements en fonction de leurs résultats aux élections législatives ;
  • une seconde fraction spécifiquement destinée au financement des partis et groupements représentés au Parlement[4].

Pour l’année 2021, les aides publiques sont de soixante six millions d’euros.

En plus de cette aide directe, les partis politiques bénéficient d’un « droit d’antenne » leur permettant de s’exprimer sur les chaînes publiques de radio et de télévision (Expression directe), et d’allègements fiscaux sur certains de leurs revenus propres[5].

Première partie (résultats électoraux)

Cette fraction des aides est attribuée :

  • soit aux partis et groupements politiques qui ont présenté lors des dernières élections législatives des candidats ayant obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions ;
  • soit aux partis et groupements politiques qui n’ont présenté des candidats lors des dernières élections législatives que dans une ou plusieurs collectivités territoriales parmi les départements d’outre-mer, collectivités d’outre-mer, Nouvelle-Calédonie et dont les candidats ont obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimés dans l’ensemble des circonscriptions dans lesquelles ils se sont présentés.

La répartition est effectuée proportionnellement au nombre de suffrages obtenus au premier tour de ces élections par chacun des partis et groupements[6]. Lorsque, l’écart entre le nombre de candidats de chaque sexe dépasse 2 % du nombre total de ces candidats, le montant de la première fraction qui lui est attribué est diminué d’un pourcentage égal aux trois quarts de cet écart rapporté au nombre total de ces candidats. Cette diminution n’est pas applicable aux partis et groupements politiques ayant présenté des candidats exclusivement outre-mer lorsque l’écart entre le nombre de candidats de chaque sexe qui s'y sont rattachés n’est pas supérieur à un[7].

En 2021, cette fraction représente 32 097 747,87 , détaillée dans le tableau suivant[8].

Partis et groupements politiques bénéficiaires de la première fraction de l’aide publique pour 2021 (métropole)
Partis et groupement Nombre de voix prises en compte Modulation parité Aide publique
La République en marche 6 152 527 -0  10 098 122,23 
Les Républicains 3 478 875 -1 787 436,33  3 922 429,71 
Rassemblement national 2 973 612 -0  4 880 579,55 
La France insoumise 2 438 734 -252 454,61  3 750 231,45 
Parti socialiste 1 594 942 -0  2 617 773,03 
Mouvement démocrate 1 120 897 -0  1 839 724,54 
Europe Écologie Les Verts 773 738 -0  1 269 933,62 
Union des démocrates et indépendants 635 204 -0  1 042 558,23 
Parti communiste français 634 340 -0  1 041 140,15 
Debout la France 247 480 -13 245,26  392 942,85 
Régions et peuples solidaires 167 838 -0  275 471,95 
Lutte ouvrière 158 866 -0  260 746,24 
Parti radical de gauche 140 156 -0  230 037,58 
Alliance écologiste indépendante 97 792 -54 612,96  105 892,73 
La France qui ose 90 270 -34 288,42  113 871,43 
Parti animaliste 63 679 -37 327,19  67 188,94 

Seconde partie (nombre de parlementaires)

Cette fraction des aides est attribuée aux partis et groupements politiques bénéficiaires de la première fraction proportionnellement au nombre de membres du Parlement qui ont déclaré au bureau de leur assemblée, au cours du mois de novembre, y être inscrits ou s’y rattacher. Chaque membre du Parlement ne peut indiquer qu’un seul parti ou groupement politique[6].

En 2021, cette fraction représente 34 037 738,28 , détaillée dans le tableau suivant[8].

Partis et groupements politiques bénéficiaires de la seconde fraction de l’aide publique pour 2021
Partis et groupement Députés Sénateurs Aide publique
La République en Marche 272 20 10 862 316,48 
Les Républicains 105 142 9 188 329,35 
Parti socialiste 25 63 3 273 574,83 
Union des démocrates et indépendants 25 55 2 975 977,12 
Mouvement démocrate 68 17 3 124 775,97 
Parti communiste français 15 15 1 115 991,42 
La France insoumise 17 632 395,14 
Parti radical de gauche 3 9 446 396,57 
Parti progressiste martiniquais 3 4 260 398,00 
Rassemblement national 7 1 297 597,71 
Régions et peuples solidaires 11 1 446 396,57 
Europe Écologie Les Verts 13 11 892 793,14 
Tapura huiraatira 1 2 111 599,14 
Debout La France 3 111 599,14 
Calédonie ensemble 2 3 111 599,14 
Le Rassemblement 2 74 399,43 
Archipel demain 1 37 199,71 
Cap sur l'avenir 1 37 199,71 
Tavini huiraatira 1 0 37 199,71 

Financement privé

Les dons privés sont limités à 7 500  annuels par personne physique de nationalité française ou résidant en France, et les personnes morales à l’exception des partis ne peuvent contribuer au financement des partis[9]. Les dons peuvent donner lieu à une réduction d’impôt[10].

Les personnes morales à l’exception des partis ou groupements politiques ne peuvent contribuer au financement des partis ou groupements politiques, ni en consentant des dons, sous quelque forme que ce soit, à leurs associations de financement ou à leurs mandataires financiers, ni en leur fournissant des biens, services ou autres avantages directs ou indirects à des prix inférieurs à ceux qui sont habituellement pratiqués. Les personnes morales, à l'exception des partis et groupements politiques ainsi que des établissements de crédit et sociétés de financement ayant leur siège social dans un Etat membre de l'Union européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen, ne peuvent ni consentir des prêts aux partis et groupements politiques ni apporter leur garantie aux prêts octroyés aux partis et groupements politiques[9]. Les emprunts sont déclarés et sont rendus publics[11].

Aucune association de financement ou aucun mandataire financier d’un parti politique ne peut recevoir, directement ou indirectement, des contributions ou aides matérielles d’un État autre que la France ou d’une personne morale de droit extérieur à la France[9].

En pratique, ces contributions des adhérents ne représentent souvent qu’une très faible part des ressources du parti et la cotisation perçue auprès des élus locaux et des parlementaires adhérents est généralement plus élevée[5].

Comptes des partis

Les comptes des partis politiques pour l’exercice 2017[12]
Partis et groupements Cotisation des adhérents Dettes bancaires Aide publique
Les Républicains 2 758 480  54 907 873  18 657 558 
Front national 1 857 394  9 399 030  5 074 684 
Union populaire républicaine 1 064 763  0  0 
Parti socialiste 3 788 426  32 199 054  24 819 060 
Parti communiste français 3 997 561  793 887  2 948 398 
Lutte ouvrière 1 155 712  262  0 
Mouvement démocrate 229 436  181 026  0 
Debout la France 187 270  0  357 362 
Europe Écologie Les Verts 676 847  763 386  2 803 975 
Parti de gauche 632 594  1 728 342  0 
Union des démocrates et indépendants 90 406  1 778  0 
Les Patriotes 65 720  0  0 
Nouveau parti anticapitaliste 552 993  1 886  0 
Mouvement républicain et citoyen 36 102  0  0 
Résistons ! 3 600  0  0 
Solidarité et Progrès 6 220  0  0 
La République en marche 0  0  0 
La France insoumise 0  0  0 
Génération.s 0  0  0 
Exemple

Pour exemple, les comptes du parti socialiste en 2015 se présentent sous la forme suivante[13] :

Contrôle

Les partis bénéficiant du financement public ont l’obligation de tenir une comptabilité. Les comptes sont arrêtés chaque année et sont certifiés par un commissaire aux comptes (deux si les ressources du parti dépassent 230 000 ) et déposés à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, qui assure leur publication sommaire au Journal officiel de la République française. Si la commission constate un manquement aux obligations prévues au présent article, le parti perd le financement public ou la possibilité de réduction fiscale pour les dons[11].

Notes et références

  1. Gérard Davet, « Les lois sur le financement des partis politiques », Le Monde, (lire en ligne)
  2. « C.N.C.C.F.P. - Le financement de la vie politique », sur www.cnccfp.fr (consulté le )
  3. « C.N.C.C.F.P. - Le mandataire », sur www.cnccfp.fr (consulté le )
  4. Article 8 de la loi no 88-227 du 11 mars 1988 relative à la transparence financière de la vie politique, en vigueur au 16 janvier 1990, consulté le 11 décembre 2016
  5. Fiche Le financement de la vie politique : partis et campagnes électorales
  6. Article 9 de la loi du 11 mars 1988
  7. Article 9-1 de la loi du 11 mars 1988
  8. Décret no 2021-203 du 23 février 2021 pris pour l'application des articles 8, 9 et 9-1 de la loi no 88-227 du 11 mars 1988 modifiée relative à la transparence financière de la vie politique
  9. Article 11-4 de la loi du 11 mars 1988 , en vigueur au 15 septembre 2017, consulté le 24 septembre 2017
  10. Article 200 3. du code des impôts
  11. Article 11-7 de la loi du 11 mars 1988
  12. Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, « Comptes des partis et groupements politiques », sur data.gouv.fr,
  13. Comptes publiés sur data.gouv.fr

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Décrets de répartition

  • Portail de la politique française
  • Portail de la Ve République
  • Portail de la finance
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.