Feu bactérien

Erwinia amylovora

Feu bactérien

Symptôme du feu bactérien.

Type Maladie bactérienne
Agents Erwinia amylovora
Hôtes Rosacées (dont pommiers, poiriers, cognassiers, néfliers).
Vecteurs Insectes pollinisateurs (dont les abeilles).
Code OEPP ERWIAM
Répartition Cosmopolite

Le feu bactérien, ou brûlure bactérienne au Canada[1], est une maladie bactérienne des plantes qui affecte les Rosacées.
C'est l'une des plus dangereuses maladies des poiriers, pommiers, cognassiers, néfliers et de quelques autres espèces de Maloideae comme l'aubépine ou le cotoneaster.

L'agent pathogène est Erwinia amylovora, bactérie Gram-négative de la famille de Enterobacteriaceae.

Symptomatologie

Pommier atteint par le feu bactérien.

À la suite de l'infection, les fleurs et les feuilles des bouquets floraux flétrissent et noircissent. Dans des conditions favorables, des branches entières peuvent flétrir et se dessécher en quelques jours. La pointe encore herbacée des jeunes rameaux infectés se recourbe en forme de crosse. À la différence d'autres maladies, les organes (fleurs, feuilles, fruits) infectés et desséchés restent attachés à l'arbre. Un chancre peut se développer sur l'écorce.

Dans des conditions d'humidité suffisante, des gouttelettes d'exsudat, riches en bactéries et polysaccharides, sont produites à la surface des tissus infectés. C'est également un symptôme typique de la maladie.

Dans le cas de fortes attaques et sur des variétés très sensibles, la maladie peut rapidement provoquer la mort de l'arbre.

Cycle

Les infections se font principalement par les fleurs et les blessures. Du point d'infection, elles progressent par le rameau, puis les branches pour atteindre finalement le tronc et les racines.

Les conditions de l'apoplaste (pH acide, pauvreté en nutriments) sont défavorables à la vie saprophytique et amènent la bactérie à passer en phase parasitaire, phase qui s'accompagne de l'expression du système Hrp et de la disparition des flagelles. Lorsque l'infection est réussie, la bactérie gagne les espaces intercellulaires des parenchymes situés autour des vaisseaux conducteurs. L'infection se traduit par des nécroses des tissus dans lesquels évolue la bactérie ; celle-ci progresse ensuite par les tiges, à la surface desquelles peuvent exsuder des gouttelettes très riches en bactéries et en exopolysaccharides.

Dissémination

Par temps humide, on observe l'écoulement de ces gouttelettes visqueuses de couleur d'abord laiteuse, devenant brunâtre par la suite. Cette sécrétion, source d'inoculum, contribuera à propager la bactérie à l'aide des insectes (dont abeilles à miel[2]), des oiseaux, du vent, de la pluie et de l'homme par le transport de greffons malades, raison pour laquelle certaines variétés très sensibles sont interdites de plantation en France[3].

L'hiver, la bactérie survit dans des chancres situés sur les troncs des arbres. Ces chancres sont réactivés au printemps et émettent des exsudats qui serviront d'inoculum primaire pour les futures infections. Toutes les parties d'une plante infectée (boutures, greffons, semences) peuvent être vecteurs de la maladie[4].

Le feu bactérien n'est pas présent sur tous les continents. Par exemple, l'Australie en est exempte et refuse les importations de végétaux étrangers susceptibles de l'importer.

Lutte

Aucune résistance monogénique de type R/Avr n'a été identifiée pour le pathosystème E. amylovora/Maloidées. Les résistances sont d'origine multigénique et d'intensités diverses : certaines variétés de pommiers et poiriers présentent une résistance quasi totale à Erwinia amylovora.

Les méthodes de lutte actuelles sont essentiellement prophylactiques :

  • exclure ou éloigner à plus de 500 mètres les plantes hôtes mais non productives de fruits comestibles appétissants : cotonéasters (cotoneaster), cognassier ou pommier du Japon (chaenomeles), buisson ardent (pyracantha), aubépine (crataegus), sorbier (sorbus), néflier (mespilus), alisier, allouchier, cormier, amélanchier, néflier du Japon (eriobotrya) ;
  • éliminer les débris végétaux infectés et traiter les chancres sur les troncs
  • préférer les variétés résistantes ou très peu susceptibles (par exemple la variété de poire Passe-Crassane est interdite en raison de sa très forte sensibilité) ;
  • pour les pommiers, utiliser des porte-greffes résistants au feu bactérien tels les Geneva[5].

Des éliciteurs des défenses naturelles sont efficaces contre la maladie, c'est notamment le cas de produits de synthèse contenant le principe actif acibenzolar-S-méthyl[réf. nécessaire]. Cependant, celui-ci n'est pas actuellement homologué pour cet usage[6].

Il faut mentionner aussi la lutte au moyen de bactériophages spécifiques des bactéries de la famille des Enterobacteriaceae comme Erwinia. La firme OmniLytics a par exemple fait approuver par l'EPA (États-Unis d'Amérique) le produit AgriPhage[7] qui est actif contre la plupart des bactéries nuisibles en agriculture et horticulture.

Bactérie antagoniste

Pour soigner ou limiter les dégâts sur la culture infectée, on peut volontairement introduire une bactérie inoffensive pour la plante mais qui présente des antagonismes forts : Erwinia herbicola.

Références

  1. « Brûlure bactérienne », Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation de l'Ontario (consulté le ).
  2. Johnson, K. B., Stockwell, V. O., Burgett, D. M., Sugar, D., & Loper, J. E. (1993). Dispersal of Erwinia amylovora and Pseudomonas fluorescens by honey bees from hives to apple and pear blossoms. Phytopathology, 83(5), 478-484.
  3. Arrêté du 12 août 1994 relatif à l'interdiction de plantation et de multiplication de certains végétaux sensibles au feu bactérien
  4. « Pathologie des plantes », Faculté des sciences - Université d'Aix-Marseille (consulté le )
  5. http://www.cctec.cornell.edu/plants/GENEVA-Apple-Rootstocks-Comparison-Chart-120911.pdf
  6. (en) « AgriPhage  », OmniLytics Inc. (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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