FGM-148 Javelin

Le FGM-148 Javelin est un lance-missiles antichar portable américain développé dans les années 1980, et déployé à partir de 1996.

FGM-148 Javelin

Un soldat lançant un missile Javelin (2006).
Présentation
Type de missile Missile antichar
Constructeur Raytheon et Lockheed Martin
Coût à l'unité
  • 78 000 $ (missile)
  • 125 000 $ (poste de tir réutilisable)
Déploiement depuis 1996
Caractéristiques
Moteurs moteur fusée à poudre
Masse au lancement
  • 11,8 kg (missile)
  • 6,4 kg (poste de tir)
Longueur missile 1,1 m, tube de lancement 1,2 m
Diamètre missile 127 mm, tube de lancement 142 mm
Envergure 26,7 cm
Vitesse 143 m/s
Portée
  • 150 à 2 000 m (attaque par le dessus)
  • 65 à 2 000 m (attaque directe)
Altitude de croisière
  • 160 m (attaque par le dessus)
  • < 60 m (attaque directe)
Charge utile charges creuses en tandem de 8,4 kg
Guidage infrarouge
Précision < 1 m
Détonation à l'impact
Plateforme de lancement poste de tir réutilisable M98 A1

Il remplace le lance-missile M-47 Dragon au sein des forces armées des États-Unis[1], lequel commençait à manquer d'efficacité contre les blindages modernes.

Caractéristiques générales

Le Javelin est un missile de type « tire et oublie » (« fire and forget » en anglais), avec un verrouillage de la cible avant la mise à feu et un autoguidage infrarouge. Chaque missile a un coût de production de l'ordre de 78 000[2] dollars américains.

Le missile peut être programmé pour effectuer deux types d'attaques :

Schéma détaillant l'option d'attaque par le dessus du Javelin.
Schéma détaillant l'option d'attaque directe du Javelin.
  • un mode d'attaque par le dessus, contre les véhicules blindés : une fois le missile lancé, celui-ci monte à une altitude de 160 m et retombe sur la cible à la verticale, permettant une meilleure pénétration contre les blindages ;
  • un mode d'attaque directe à l'horizontale, contre les fortifications ou les bâtiments : le missile peut s'élever jusqu'à une altitude de 60 m pendant le vol. Dans ce mode d'attaque, il peut aussi engager des hélicoptères.

L'ogive du missile est constituée de deux charges explosives, placés en tandem. La première charge permet de faire exploser les blindages réactifs, et la deuxième charge (la principale) permet de perforer les blindages classiques. Les effets dévastateurs de ce missile ont été observés en 2003 lors de la guerre d'Irak contre les chars T-62 et T-72 irakiens.

Le missile est éjecté à une distance de sécurité minimum du lanceur (entre cinq et dix mètres) avant que le système de propulsion du missile ne s'active. Ceci permet au tireur d'être moins repérable et permet de tirer le missile dans des endroits confinés (fenêtres, bâtiments, etc.) à condition qu'il n'y ait personne derrière le lanceur, car le catapultage du missile hors du tube lanceur génère des gaz sous pression pouvant causer de graves blessures. Le système d'autoguidage de type « tire et oublie » permet au tireur de se mettre à couvert immédiatement après le lancement du missile.

L'utilisation du lance-missile Javelin s'effectue en général par deux personnes : un porteur et un tireur. Le porteur identifie les cibles potentielles et évalue le degré de menace des forces de blindés et d'infanterie ennemies, le tireur vise la cible choisie et lance le missile.

Historique

Tir d'un FGM-148 Javelin. On peut voir la trainée des gaz d’échappement à l'arrière du missile lors du tir.

En 1983, l'armée des États-Unis annonce son besoin pour un système « AAWS-M » (Advanced Anti-Tank Weapon System - Medium ; « système d'arme anti-chars avancé - moyen » en français). En 1985, le développement du AAWS-M est approuvé. En juillet 1986, une phase de test de capacité est menée pour départager trois prototypes. Cette phase de test s’achève à la fin de l'année 1988 et, en juin 1989, le contrat de développement est remporté par une co-entreprise regroupant Texas Instrument et Martin Marietta (repris aujourd'hui par Raytheon et Lockheed Martin). Le système AAWS-M reçoit la désignation FGM-148.

En avril 1991, le test en vol du missile Javelin est un succès et, en mars 1993, il est procédé à un test de la mise à feu depuis le lanceur. En 1994, la production en faible quantité est autorisée. En juin 1996, les premiers lance-missiles Javelin sont déployés du 3e bataillon du 75e régiment de rangers à Fort Benning, en Géorgie, puis ce fut le tour de la 82e division aéroportée, à partir de l’an 2000 il est distribué à la 2e division d'infanterie en Corée du Sud puis dans le reste de l'armée de terre américaine[3].

En 2018, le United States Marine Corps veut faire passer le nombre d'équipes antichars équipées de missiles Javelin de huit à douze par bataillon[4].

Les États-Unis prévoient de garder le Javelin en service après modernisation jusqu’en 2050 environ[réf. nécessaire].

Test et évaluations

Les tests de tir du FGM-148 Javelin sont très concluants, avec des effets extrêmement dévastateurs. Le Javelin lance des roquettes qui transpercent n'importe quel blindage, mais cependant il reste toujours très lourd et imposant. Le guidage thermique peut s'utiliser de jour comme de nuit, sans que le système ne confonde une source de chaleur autre (un incendie par exemple) et sa cible.

Entrainement

Écusson des unités de Javelin de l'US Army.

Une grande familiarité avec chaque commande de contrôle du Javelin et de son fonctionnement doit être atteinte avant que le lance-missile puisse être déployé efficacement. Les troupes américaines sont formées pendant deux semaines à son utilisation à l'École d'infanterie de Fort Benning, en Géorgie.

Les soldats y apprennent le fonctionnement, les capacités, l'entretien, l'assemblage et le désassemblage du missile, ainsi que les positions de tir. On leur enseigne également à distinguer une variété de types de véhicule, même lorsqu'une esquisse est seulement visible. Les soldats doivent être capables d'accomplir plusieurs exercices chronométrés (avec des normes fixées) avant d'être brevetés pour faire fonctionner le système, à la fois en entrainement et en situation de guerre.

Il existe aussi de petits programmes de formation mis en place dans la plupart des bases de l'armée américaine, qui instruisent les soldats sur le bon usage du système Javelin. Lors de ces cours, le programme de formation peut être modifié légèrement. Il s'agit le plus souvent d'exigences mineures laissées de côté pour cause de budget, de temps disponible ou de ressources. Les deux types de stages de formation requièrent des niveaux de compétences qui doivent être remplis avant que les soldats ne puissent faire fonctionner le système, dans des exercices de formation ou lors de missions de guerre.

Avantages et inconvénients

Avantages

Schéma descriptif du Javelin.
Schéma descriptif du CLU du Javelin (vue de devant).
  • Le système portatif est facile à séparer en composantes principaux et facile à mettre en place si nécessaire. Par rapport à d'autres systèmes d'armes antichar lourds, la différence est notable. Par exemple, un BGM-71 TOW a besoin d'un trépied lourd, un gros étui de protection thermique pour la vue, un plus grand et plus long tube de lancement, et nécessite beaucoup plus de temps à monter et à préparer. Le Javelin (bien que très lourd) est plus léger que d'autres missiles ;
  • Bien que l'imagerie thermique du CLU (Command Launch Unit ; « unité de commande de tir » en français) puisse entraver la visée, le guidage infra-rouge permet au Javelin d'être un missile de type « tire et oublie », donnant la possibilité au tireur de quitter la zone de lancement tout de suite après la mise à feu du missile. Cela permet un tir plus sûr et plus efficace que le filoguidage, qui lui nécessite de viser la cible en continu jusqu'à l'impact ;
  • Un autre avantage est la capacité de perforation : le missile a une charge creuse en tandem dans son ogive qui est faite pour pénétrer les blindages réactifs. Le Javelin a été créé avec l'intention d'être en mesure de pénétrer tout blindage et il a été testé sur le char M1 Abrams. Avec le mode d'attaque par le haut il a même une plus grande capacité à détruire les chars d'assaut, puisqu'il peut attaquer là où les chars sont les plus faibles ;
  • Le lancement du missile Javelin, du fait de son éjection  principe du « cold launch » , permet d'avoir une zone de sûreté derrière le tireur, puisque ce n'est pas le propulseur principal (moteur-fusée) du missile qui est actif lors du lancement. Cela permet au Javelin d'être tiré de l'intérieur d'un large éventail de structures et lui donne l'avantage dans les zones urbaines par rapport au lance-roquettes AT4, qui produit des gaz brûlants lors du tir, bien que cette lacune soit atténuée avec l'AT4 CS.
  • Le missile a également un éventail plus large que le système qu'il remplace, le M47 Dragon.

Inconvénients

  • Le principal inconvénient du système est son poids total, d'environ 22 kg, sans tenir compte des autres piles (batteries au lithium BA5590), qui pèsent environ kg chacune. Chaque batterie est estimée à maximum quatre heures d'autonomie par le fabricant du Javelin ;
Une charge normale de piles (sans compter les rajouts, « juste au cas où », que la plupart des équipes portent) est de cinq à dix piles. Ce chiffre peut être plus ou moins grand, en fonction de la durée de la mission. Le système est conçu pour être portable par l'infanterie, mais pèse en définitive plus que le poids spécifié à l'origine par l'armée américaine ;
  • Le fabricant du Javelin estime à 30 secondes la durée nécessaire pour refroidir le système mais, en fonction de la température ambiante, ce processus peut prendre beaucoup plus de temps. La vision thermique est parfois entravée par un phénomène naturel où la température de la terre chauffe ou refroidit rapidement, et donc peut interférer avec la reconnaissance et le verrouillage de la cible visée.

Utilisateurs

Un soldat norvégien équipé d'un FGM-148 Javelin.
  • Australie : 92 lance-missiles.
  • Bahreïn : 13 lance-missiles.
  • Émirats arabes unis.
  • Estonie : 80 lance-missiles, en cours de livraisons depuis septembre 2015[5].
  • États-Unis
  • France : 76 postes de tirs et 260 missiles commandés pour les forces en Afghanistan[6], livrés en 2011.
  • Irlande : 36 lance-missiles.
  • Jordanie : 30 lance-missiles.
  • Liban
  • Lituanie : 40 lance-missiles.
  • Mexique : 140 postes de tir et 780 missiles.
  • Nouvelle-Zélande : 24 postes de tir et 120 missiles.
  • Norvège : 100 postes de tir et 526 missiles, livrés depuis 2006.
  • Oman : en , la compagnie Raytheon reçoit un contrat de 115 million de dollars pour fournir des Javelin aux Émirats arabes unis et à l'Oman.
  • Pakistan
  • République tchèque : 3 postes de tir et 12 missiles pour ses forces spéciales (destinés pour des missions en Afghanistan).
  • Royaume-Uni
  • Taïwan : 40 postes de tir et 360 missiles, acquis en 2002 pour 39 millions de dollars. Le contrat incluait également des dispositifs de formation et un soutien logistique, associé à des équipements et des formations.
  • Ukraine : possiblement 37 postes de tir et 210 missiles plus deux 2 postes de tir dispositifs de formation, autorisation pour un contrat approuvé début mars 2018 pour 47 millions de dollars[7].

Dans la culture populaire

Tir d'un Javelin.

Le Javelin apparait dans les jeux vidéo suivants :

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « FGM-148 Javelin » (voir la liste des auteurs).

Voir aussi

Articles connexes

  • Portail des forces armées des États-Unis
  • Portail des armes
  • Portail des chars de combat
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.