Fête de l'Humanité

La Fête de l'Humanité, communément appelée Fête de l'Huma, est un événement organisé tous les ans par le journal L'Humanité au cours du second week-end de septembre.

Créée en 1930 par Marcel Cachin, directeur de L'Humanité, sa première édition eut lieu le à Bezons.

C'est à l'origine une fête politique où le Parti communiste français et les organisations politiques qu'il invite sont fortement représentés. Outre les activités politiques, la Fête comprend de nombreuses activités culturelles, commerciales et de divertissement. Son édition 2010 a attiré environ 600 000 visiteurs[1].

Grande scène de la fête en 2005 pour le concert de Bernard Lavilliers.

Objectifs et histoire

Ici, une vente d'articles dédiés à Che Guevara et à Bob Marley.
Stand représentant Gaza
Stand de Granma, organe officiel du comité central du Parti communiste cubain.

La Fête de l'Humanité est créée en 1930 par Marcel Cachin (directeur de L'Humanité de 1918 à 1958), qui souhaite en faire un événement populaire, une manifestation de « solidarité prolétarienne ». Marcel Cachin reprend une idée ancienne : le principe d'une fête de L'Humanité avait été avancé par Marcel Sembat et adopté au conseil national du parti socialiste du 2 février 1913, juste après le lancement de L'Humanité à six pages (Le Socialiste, 9 février 1913), décision confirmée lors du congrès socialiste de Brest (23-25 mars 1913). La guerre en avait empêché la réalisation. Une fête du Populaire, quotidien socialiste du soir, le , avait rencontré un certain succès (10 000 participants), mais, en raison de la montée des divisions internes, ne s'était pas renouvelé pour sa seconde édition le 19 septembre 1920.

La première « fête de l'Huma » se tient le au parc Sacco et Vanzetti, à Bezons aujourd'hui dans le Val-d'Oise. L'objectif de cette fête est de développer la diffusion de L'Humanité et de dégager des bénéfices pour financer le journal. De l'argent est récolté pour soutenir les mineurs en grève. L'entrée est à deux francs, mais seulement mille personnes viennent à cette première fête, à laquelle n'est présent qu'un seul stand non parisien, celui de la ville d'Alès[2], hors de l'Île-de-France[3].

Le seconde fête de l'Humanité se déroule en 1931 à Athis-Mons (aujourd'hui en Essonne), au parc communal d'Avaucourt. Elle connait l'innovation de retransmettre des concerts radiophoniques par haut-parleurs.

En 1932, elle a lieu à la clairière des Quatre-Cèdres à Garches, en présence de 50 000 participants et de Jacques Prévert, auteur du chœur parlé Vive la presse.

En 1934, ce sont 80 000 participants qui se pressent à Garches.

En 1935, le chiffre de 150 000 participants est atteint. Pour la première fois, l'édition se clôture par une fête de nuit.

Les spectacles se développent au fur et à mesure que grandit la Fête. Les premiers grands concerts ont lieu en 1936 lors du Front populaire, qui voit la fête pour la première fois dépasser le seuil de 300 000 participants[2].

Toujours à Garches, en 1937, le 30 août, la fête accueille ses premiers stands d'autres pays : Suisse, Belgique, Angleterre, Union soviétique ; la vedette Marianne Oswald et le French cancan sont à l’affiche. A lieu une grande parade de la FSGT. Pour la première fois, la Fête dure deux jours et demi, du samedi matin au lundi après-midi. Les organisateurs ont obtenu de la TCRP, ancêtre de la RATP, qu'elle mette à disposition des trains spéciaux. Son succès attire des délégations étrangères anglaise, belge et suisse, nous apprend l'Humanité du 2 septembre : « Pour voir Garches mais aussi apprendre la technique ardue des grandes fêtes populaires ».

En 1938, à Garches, c'est Charles Trenet et La ronde des Saisons de Paul Vaillant-Couturier (750 acteurs). « Le 4 septembre 1938, la durée de la fête, placée sous le signe de l'"union de la nation laborieuse pour la défense des conquêtes sociales du Front populaire et la sauvegarde de la sécurité du pays est revenue à un seul jour. Un service de bateaux relie le quai du Louvre à la fête pour 5 francs aller-retour. Le spectacle continue dans la recherche de la qualité. Après la projection de films militants sur les luttes du peuple espagnol, le tour de France de l'Humanité ou de dessins animés de Walt Disney, on peut assister à des danses et ballets, et applaudir les chanteurs. Quatorze danseurs de l'opéra participent au ballet. Et la grande vedette de la chanson, Charles Trenet, qui, la nuit venue, clôturera cette 9e fête, rencontre un gros succès. »

Un spectacle en 20 tableaux "La Ronde des Saisons" est présenté sur la grande scène, une multitude de ballons rouges sont lancés dans le ciel, on rend hommage à Paul Vaillant-Couturier, mort dans l'année, et Cachin et Duclos prononcent leurs discours

Interrompue pendant la guerre puis les années d’Occupation, de 1939 à 1944, la tradition de la fête de l’Huma reprend à la Libération et réunit un million de personnes en 1945[4], au bois de Vincennes.

En 1954, trente départements sont représentés.

Jusqu’en 1956, la fête se déroule au bois de Vincennes, puis en 1957 et 1958, elle a lieu à Montreuil, au parc Montreau. En 1959, ce sont les terrasses de Meudon qui l’accueillent.

Le parc des Sports de La Courneuve accueille pour la première fois la fête à partir de 1960 et jusqu'en 1971, où des centaines de milliers de personnes prennent son chemin, avec une escapade de 1966 à 1970 sur la pelouse de Reuilly, au bois de Vincennes, où elle ne cesse de grandir. Le Village international, créé en 1954, a vu sa place augmenter dans les années 1970. De 1972 à 1998, elle se tient dans le parc Georges-Valbon (ou parc paysager de la Courneuve), dessiné par des paysagistes sur un ancien bidonville, et depuis 1999 la fête s'installe à l’Aire des Vents du parc Georges-Valbon (parc de la Courneuve-Dugny) contigu à l'aéroport du Bourget.

La grande vedette de l'année 1981 est le TGV qui vient de battre le record du monde de vitesse sur rail, le 26 février 1981, la rame TGV no 16 ayant atteint sur la LGV Sud-Est 380 km/h[5], alors que le ministre des transports Charles Fiterman, l'un des quatre communistes entrés au gouvernement après l'élection de François Mitterrand fait du lobbying pour que la SNCF investisse dans d'autres lignes afin d'en faire un levier de démocratisation des vacances.

Le programme de la fête est accessible sur Internet à partir de 1991[6].

La journée du vendredi, auparavant réservée aux militants, est ouverte au public depuis les années 1980.

En 2016, l'édition attire 450 000 personnes[7].

L’edition 2020 est annulée en raison de la crise du coronavirus.

L'édition 2022 se déroulera sur l’ex-base aérienne 217, au Plessis-Pâté en Essonne ; un contrat serait signé pour dix ans[8].

Fête de l'Humanité 1936 à Garches en Seine-et-Oise. Une carte de soutien destinée aux participants est éditée et diffusée par les Comités de défense de l'Humanité (CDH). En médaillons figurent deux figures emblématiques du journal : Marcel Cachin et Paul Vaillant-Couturier. Des cartes postales sont éditées régulièrement pendant des décennies, à l'occasion de la fête. Le 30 août 1936, plus de 300 000 participants sont annoncés[9].

Organisation

La fête commence, le week-end précédent, par la classique randonnée cyclotouriste La Courneuve-Dieppe-La Courneuve. Le samedi matin, une course à pied de dix kilomètres traverse la fête où est située son arrivée. Chaque année, une exposition culturelle est organisée.

Débat sous l'agora, en 2006, au sujet de l'agriculture.

Dans l'après-midi du dimanche, le grand meeting politique, qui s'achève par le chant de L'Internationale, et certaines années de La Marseillaise, donne le ton de la rentrée sociale.

La fête est structurée en « espaces » ; des artistes se produisent sur chaque scène. La « Grande Scène » accueille des artistes de grande renommée, tandis que d'autres scènes, thématiques, accueillent des artistes moins connus. Chaque année dans l'Agora de l'Humanité — un immense chapiteau de plusieurs centaines de place — et dans les différents stands de la Fête ont lieu de nombreux débats portant sur la politique, mais aussi la culture, le sport, les médias… Des partis étrangers idéologiquement proches présentent également leurs luttes y compris des partis uniques comme entre autres le Parti communiste chinois. La tente des Amis de L'Humanité accueille aussi de nombreux débats.

Le « village du Livre » accueille des centaines d'artistes venus dédicacer leurs ouvrages et des dizaines de débats.

Le Parti communiste espagnol et le Parti Tudeh d'Iran.

De nombreux stands proposent de la nourriture ou des boissons ; en particulier, ceux tenus par des sections locales du Parti communiste français proposent souvent des spécialités locales.

Chaque année, la fête de l'Humanité accueille plus d'un demi-million de visiteurs.

Expositions culturelles

  • 1957 : Exposition de peinture de tapisseries, de dessins (Fernand Léger, Jean Lurçat, Marc Saint-Saëns, Boris Taslitzky, André Fougeron).
  • 1967 : Pablo Picasso : plus de cent toiles, gravures, lithographies, dessins, portraits, céramiques, tapisseries et papiers collés de l’artiste.
  • 1973 : Picasso : exposition posthume de 136 œuvres venues de Leningrad, Moscou, Prague, ou prêtées par des musées français et des collectionneurs particuliers.
  • 1974 : « Les Impressionnistes »[10].
  • 1982 : Picasso : « Louis Aragon et les peintres de son siècle ».
  • 1985 : « Contre l'apartheid » : peintures performances du groupe Banlieue-Banlieue avec le big band Urban Sax.
  • 1991 : « L’Homme au cœur de tout », histoire des relations entre communistes et catholiques.
  • 1992 : « Aragon dans son siècle ».
  • 1993 : « Notre planète vue du ciel ».
  • 1994 : « Les plus grands faits de la période 1939–1944, de l’insurrection et de la Libération », par le Comité national pour la célébration du 50e anniversaire de la Libération.
  • 1995 : centenaire de la naissance de Paul Éluard.
  • 1996 : le musée de la Résistance de Champigny met à la disposition de la fête l’exposition des photos de Willy Ronis « À nous la vie. 1936–1958 ».
  • 2003 :
    • « L’Humanité dans le siècle ».
    • « Attention jeunes, l’Humanité dans l’art du temps » : présentation des œuvres de quarante jeunes artistes peintres.
  • 2004 :
    • « Cent peintres pour les cent ans de l’Huma ».
    • « Jean de Encres, Jean des Sources » consacrée à Jean Ferrat.
  • 2005 : peinture abstraite au XXe siècle.
  • 2008 : « 1968/2008 les artistes dans la rue » (…) des artistes reconnus tels que Jean Dubuffet, Ernest Pignon-Ernest, Pierre Alechinsky ou Jacques Villeglé, pour n’en citer que quelques-uns, côtoient des grapheurs et artistes urbains contemporains comme Miss.Tic, Speedy Graphito, Faucheur et bien d’autres[11].

Au cours des dernières éditions, la partie culturelle de la fête s'est développée, avec un stand théâtre, cinéma, etc.

Programmation musicale de ces dernières années

La fête dispose de plusieurs scènes. La principale est la Grande scène qui peut recevoir environ 100 000 spectateurs. De nombreux artistes internationaux et nationaux, tels que Léo Ferré, Stevie Wonder, Joan Baez, Pink Floyd, The Who[12], The Pogues, The Chemical Brothers[13], Texas, Deep Purple, Iggy Pop[14], Jacques Brel, Noir Désir, Trust, Michel Polnareff, Alain Souchon, Laurent Voulzy, Johnny Hallyday, Renaud, IAM, Julien Clerc, Bernard Lavilliers, Chuck Berry, Jacques Dutronc, Leonard Cohen ou Tryo[15], se sont produits sur la grande scène de la Fête de l'Humanité.

Notes et références

  1. Véronique Mortaigne, Sylvia Zappi, « La Fête de "L'Huma", entre fièvre sociale et liesse populaire », Le Monde, (lire en ligne).
  2. Pedro Da Nobrega, « Il était une fois… La fête de l'Humanité fête ses 80 bougies », L'Humanité Dimanche du 9 au 15 septembre 2010.
  3. Pascal Paradou, « La Fête de l’Huma : 80 ans d’histoire(s) communes et communistes », sur rfi.fr, (consulté le ).
  4. http://parcours.cinearchives.org/Les-films-774-87-0-0.html.
  5. http://www.sncf.com/fr_FR/html/media/CH0008-hier-et-demain/BR0283-Record-de-vitesse-1981/MD0005_20070703-Lire-l-article.html.
  6. « 13,14,15 septembre 1990 Parc paysager de La Courneuve ». Sur humanite.fr, 28 juin 1991
  7. Florian Pierrat, « Quand les festivals d'été donnent un coup de pouce à l'économie », sur Le Figaro, (consulté le )
  8. Par Nolwenn Cosson Le 9 juin 2021 à 17h13, « La Fête de l’Huma prendra la direction de l’Essonne à partir de 2022 », sur leparisien.fr, (consulté le )
  9. L'Humanité, 31 août 1936.
  10. archive vidéo de l'INA >>> Vidéo Ina - Fête de l'humanité : les impressionnistes, vidéo Fête de l'humanité : les impressionnistes, vidéo - Archives vidéos : Ina.fr.
  11. « "Sur les pavés..." 1968-2008 - Les artistes dans la rue », sur humanite.fr, .
  12. en 1972 voir l'archive vidéo YouTube - The Who fête de l'humanité 1972.
  13. « Chemical Brothers. Légende sonore », sur humanite.fr/,
  14. « Fête de l'Humanité. Iggy Pop, immortel Iguane », sur humanite.fr,
  15. « Historique de la Fête de l'Humanité », sur humanite.fr, .

Voir aussi

Bibliographie

Article connexe

Liens externes

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