Fédération des artistes de Paris

La Fédération des artistes de Paris est une organisation professionnelle créée sous la Commune de Paris en 1871.

Convocation pour l'élection de la Commission fédérale des artistes.

Histoire

Le , le peintre Gustave Courbet, élu du conseil communal et membre de la commission de l'Enseignement, lance un appel aux artistes, qui doivent, selon lui, « concourir à la reconstitution de l'état moral de Paris et au rétablissement des arts qui sont sa fortune »[1].

Répondant à cet appel, plus de 400 artistes (dont Delaplanche, Bertall, Burty...) se réunissent le dans le grand amphithéâtre de l’École de médecine afin de fonder la Fédération des artistes de Paris, dont l'organisation a été préparée par une sous-commission[2]. Une déclaration d'intention, rédigée et lue par Eugène Pottier, est votée à main levée et à la quasi-unanimité[3].

Sous l'influence de Courbet, ce manifeste accorde une place importante à l'enseignement des arts dès l'école primaire.

Malgré une adhésion explicite à la République communale, cette déclaration collective ne prône pas un art officiel mais proclame au contraire la liberté des artistes à l'égard du pouvoir. Cette volonté d'indépendance va très loin car les représentants de la fédération iront jusqu'à proposer de supprimer le budget des secours et encouragements officiels destinés aux artistes, afin d'affranchir ceux-ci « de toute tutelle gouvernementale ». Il est également proposé de ne plus financer les institutions incarnant l'art officiel des régimes précédents, telles que l’École des beaux-arts ou la section des beaux-arts de l'Institut.

Organisation autonome se présentant comme le « gouvernement du monde des arts par les artistes », la Fédération se donnait ainsi trois missions : « la conservation des trésors du passé », « la mise en œuvre et en lumière de tous les éléments du présent », et « la régénération de l'avenir par l'enseignement »[3].

Le , au Louvre, un comité directeur appelé « commission fédérale » est élu à bulletin secret par 290 artistes. Ses 47 membres ont pour mission de veiller à la conservation et à l'administration des musées et des monuments, d'organiser des expositions et de publier un Officiel des arts afin de fournir tous les renseignements utiles aux artistes et au public. Le , ce comité présente à Édouard Vaillant, délégué à l'Instruction publique, un rapport préconisant des réformes dans l'administration des beaux-arts.

Certains des membres de ce comité directeur ont été élus sans être candidats et ont refusé ce mandat. C'est notamment les cas d'Eugène Leroux[4], de Félix Bracquemond[5], d’Émile Reiber[6] et de Jean-François Millet[7].

Le siège de la commission fédérale est situé rue de Rivoli, dans les locaux de l'ex-ministère des Beaux-arts[8].

Le , la Fédération des artistes remplace les conservateurs du Musée du Louvre par l'architecte Achille Oudinot, assisté par le peintre Jules Héreau et le sculpteur Jules Dalou. Le lendemain, elle délègue à l'administration provisoire du Musée du Luxembourg le dessinateur André Gill, secondé par le sculpteur Jean-Baptiste-Agénor Chapuy et le peintre Eugène Gluck[9].

Si la Fédération des artistes concernait exclusivement les peintres, sculpteurs, architectes, décorateurs et graveurs, une association semblable, la Fédération artistique, a été créée à la mi-avril par les professionnels des arts dramatiques et lyriques[8]. Ces organisations n'ont eu qu'un rôle limité, la Commune ayant été écrasée dès le mois suivant.

Membres du comité

Peintres

Sculpteurs

Architectes

Graveurs lithographes

Artistes industriels

Notes et références

  1. Journal officiel de la Commune du 6 avril 1871, cité in Milza, p. 284.
  2. Membres de cette sous-commission selon le Journal officiel du 15 avril (cf. Réimpression du Journal officiel..., p. 274) : « G. Courbet, Moulinet [i.e. Moulin ?], Stephen Martin, Alexandre Jousse, Roszezench, Trichon, Dalou, Jules Héreau, C. Chabert, H. Dubois, A. Faleynière [i.e. Alexandre Falguière ?], Eugène Pottier, Perrin, A. Moulliard [ou Houlliard ?] ».
  3. « Courbet et la colonne Vendôme », p. 521-523.
  4. Le Temps, 19 avril 1871, p. 4.
  5. Le Rappel, 20 avril 1871, p. 2.
  6. Le Rappel, 22 avril 1871, p. 2.
  7. Henry Marcel, J.-F. Millet : biographie critique illustrée de 24 reproductions hors texte, Paris, Laurens, 1903, p. 111.
  8. Charles-Louis Livet, Journal officiel de Paris pendant la Commune (20 mars-24 mai 1871), Paris, L. Beauvais, 1871, p. 246.
  9. Le Bulletin de la vie artistique, 15 mars 1923, p. 125.
  10. Edouard Lindeneher (médaillon par Dalou), notice du Petit Palais.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Milza, « L'Année terrible », t. II (La Commune), Paris, Perrin, 2009, p. 283-287.
  • Gonzalo Sánchez, Organizing Independence : The Artists Federation of the Paris Commune and its legacy, University of Nebraska Press, 1997.
  • « Courbet et la colonne Vendôme », Revue des grands procès contemporains, t. XI, Paris, Chevalier-Marescq, 1893, p. 519-542.
  • Réimpression du Journal officiel de la République française sous la Commune, du au , Paris, Bunel, 1871, p. 273-274, 342, 498, 522-524, 551.

Liens externes

  • Portail de la France au XIXe siècle
  • Portail de Paris
  • Portail des arts
  • Portail de l’histoire de l’art
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.