Euthanasie animale

On appelle euthanasie animale la mise à mort volontaire d'un animal afin de mettre fin à ses souffrances ou à une agonie prolongée. Le terme est aussi couramment employé pour désigner l'abattage d'animaux ayant participé à une étude en laboratoire (prélèvements, recueil de données), dans les élevages d'animaux à fourrure ou dans le cadre de la prévention d'épizooties. Il s'agit également de l'une des méthodes de contrôle des populations animales.

Rat de compagnie euthanasié pour abréger ses souffrances dues à une tumeur.
Grenouille de laboratoire euthanasiée au chloroforme pour l'observation scientifique.

Dans le langage courant, les expressions « endormir » ou « abréger les souffrances » sont utilisées comme euphémismes pour atténuer le sens de ce mot.

Aspects légaux

En France, l'euthanasie d'un animal domestique ou d'élevage doit être effectuée par un docteur vétérinaire.

Dans le cas des animaux jugés « dangereux », le Code rural autorise les maires à prendre toutes dispositions propres à empêcher la divagation d'un animal jugé dangereux, y compris l'euthanasie, à la charge de son propriétaire ou de son gardien[1].

Dans le cadre des laboratoires de recherche, l'euthanasie des animaux de laboratoire est pratiquée par des manipulateurs possédant l'autorisation d'expérimenter sur l'animal, délivrée par la préfecture.

Aspects environnementaux

Dans le cas des élevages de montagne, pour lesquels il n'est pas toujours possible d'évacuer la carcasse après euthanasie, le mode d'euthanasie peut avoir des conséquences pour la faune sauvage[2]. Dans les Pyrénées, des décès de vautours ont été observés après la consommation de carcasses euthanasiées au pentobarbital ou au thiopental sodique[2]. D'autres molécules ont été envisagées pour éviter la contamination des charognards, mais posent des problèmes en termes de souffrance des bêtes euthanasiées[2]. Dans les cas où les carcasses ne peuvent être évacuées, il a donc été proposé de recourir à des méthodes non-chimiques[2].

Éthique et souffrance animale

Chaque année dans le monde plusieurs millions d'animaux domestiques, et des millions d'animaux sauvages (des milliards même si l'on compte les invertébrés) sont tués (empoisonnés ou tués via des pièges) pour protéger les rendements agricoles, des stocks d'aliments ou de textiles, pour des raisons cynégétiques, de sécurité sanitaire, pour protéger des infrastructures, lutter contre la dispersion d'espèces invasives ou potentiellement invasives, etc.[3]

Les vendeurs et utilisateurs privés de produits dits antiparasitaires et pesticides déciment ainsi des insectes, d'autres invertébrés (acariens notamment) et des vertébrés tels que rats et souris. Et jusqu'en pleine nature, des agents (gouvernementaux parfois) empoisonnent ou tirent des chats, des loups, des renards des lapins avec divers niveaux d'encadrement ou de surveillance éthique[3].

Prévention de la cruauté

Les notions de bien-être animal et de respects de l'animal ont depuis quelques décennies progressé, bénéficiant des découvertes des neurologues, des éthologues et des écologues d'abord au profit des animaux de compagnie et même aux animaux de laboratoire qui finissent euthanasiés[3]. L'asphyxie par le gaz carbonique, la noyade et les poisons douloureux autrefois couramment utilisés pour tuer les animaux jugés nuisibles sont de plus en plus considérées comme inhumaines, et inacceptable pour les animaux domestiques, mais encore acceptées par une partie de la population pour des espèces jugées nuisibles ou agressives ou dangereuses pour l'homme[3]. Les fonctionnaires américains chargés du contrôle de la faune au Département de l'Agriculture des États-Unis tuent chaque année des millions d'animaux risquant de nuire ou nuisant à l'agriculture ou en cas de conflits entre humains et animaux. Son porte-parole dit suivre « les directives produites pour l'euthanasie par l'association américaine de médecine vétérinaire, chaque fois que possible.»[3]

Un ensemble de lignes directrices ont été récemment proposées par un groupe de travail réunissant des experts du bien-être animal, des conservateurs et des chercheurs gouvernementaux du monde entier, pour examiner l'éthique de projets supposés nécessiter la mise à mort d'animaux sauvages. Elles ont été rédigées à Vancouver en 2015 et publiées en par la revue Conservation Biology. Ce travail intègre les découvertes les plus récentes du domaine de l'éthologie et du bien-être animal qui ont permis de mieux quantifier le stress, la douleur et la souffrance d'animaux exposés à différentes situations, y compris quand ils sont tués[3]. Ce document propose que des contrôles ne soient faits que s'ils ont un objectif clair, important et réalisable[3]. Il considère que le seul fait d'être classé comme «ravageur», «nuisible», ou «sauvage» ne peut à lui seul être une raison suffisante pour se débarrasser d'un animal en le tuant[3].

D'autres comme Bruce Warburton (de Landcare Research, en Nouvelle-Zélande) spécialiste de la lutte antiparasitaire jugent ces principes sains, tout en notant que leur application réduirait le nombre de moyens disponibles pour contrôler des animaux et/ou qu'ils risquerait d'entraîner un coût supplémentaire « au moins initialement ». Matt Heydon, expert en protection des espèces à Natural England estime que ces recommandations en faveur du bien-être animal vont un peu plus loin que celles suivies par son organisation utilise, tout en étant « largement similaires »[3]. « Nous abordons la question avec un peu plus d'accent sur la biodiversité, bien que le bien-être des animaux soit également très important pour nous »" commente-t-il. Le ministère australien de l'environnement estime déjà suivre des règles de ce type[3].

Ainsi les opossums australiens (Trichosurus vulpecula) sont devenus des ravageurs invasifs en Nouvelle-Zélande. Ils sont souvent tués par des appâts imprégnés d'anticoagulants (de même que des millions de rongeurs dans le monde). Or, les anticoagulants sont l'un des pires poisons en termes de souffrance animale ; les victimes saignent durant des jours ou des semaines d'agonie. Ce poison est cependant plus sûr pour les animaux domestiques et les enfants, justement car il met longtemps pour tuer ; en cas d'ingestion accidentelle par un humain, on a le temps de lui administrer l'antidote. Alors que le cyanure qui serait plus rapide et "humain" ne permettrait pas de sauver un humain empoisonné[3]. Une troisième option serait de réévaluer le besoin de tuer les opossums. Pourrait-on simplement les stériliser[3] ?

Il existe des produits endormant les animaux, mais assez peu utilisés sauf pour les corvidés.

Notes et références

  1. Article du Code rural : L211-11
  2. Serge Morand, François Moutou, Céline Richomme et al. (préf. Jacques Blondel), Faune sauvage, biodiversité et santé, quels défis ?, Quæ, coll. « Enjeux Sciences », , 190 p. (ISBN 978-2-7592-2202-5, lire en ligne), III. Traitement médicaux et phytosanitaires, et santé de la faune sauvage, chap. 10 (« Les vautours peuvent-ils devenir sentinelle ? »), p. 108-109, accès libre.
  3. Emma Marris (2017) How to kill wild animals humanely for conservation An international group offers guidance to help reduce pain and suffering in animals destined for culling ; Nature no 543, 18–19 (News du 02 mars 2017 d'après l'article mis en ligne le 28 février 2017 doi:10.1038/nature.2017.21536

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

  • Euthanasie : Cours sur le site de l'école vétérinaire le Lyon.
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