Didier Costes

Didier Costes, né le à Paris 16e et mort le à Albi (Tarn), est polytechnicien, ingénieur général des ponts et chaussées, concepteur de voiliers de vitesse et de dirigeables. Il invente notamment la dérive flottante surnommée « chien de mer » et le concept de « ballon-voile », dirigeable naviguant avec le chien de mer. Il travailla au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) puis à l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) de 1959 à 1990.

Pour les articles homonymes, voir Costes.
Ne doit pas être confondu avec Didier Coste.

Biographie

Didier Costes naît à Paris 16e le [1]. Il est le fils de Pierre Costes, ingénieur polytechnicien[2] et chevalier de la Légion d'honneur[3], et de Christine Thomas. Il intègre lui-même l'École polytechnique[4],[5] en 1947 et, à sa sortie, continue ses études supérieures à l'École nationale des ponts et chaussées, dont il sort dans la promotion 1952[6],[7]. Il devient ingénieur en chef puis ingénieur général des ponts et chaussées[4],[8]. Ses travaux concernent notamment la sûreté nucléaire, il émet des recommandations dans ce sens[9]. Il s'occupe aussi de génie parasismique et, de 1984 à 1988, il est le président du comité scientifique de l'AFPS (Association française du génie parasismique)[10].

Ingénieur CEA et génie parasismique

Il entre au CEA en 1959 au Service d’études mécanique et thermique, mais est tout de suite détaché pendant quatre ans à EDF pour la réalisation de la centrale nucléaire de Brennilis aux Monts d’Arée. Il participe alors à la réalisation de l’enceinte de confinement en béton précontraint, pour laquelle il a la charge de conduire les études de tenue mécanique notamment face à la menace sismique.

Il est rappelé au CEA en 1963 pour intégrer le Groupe de travail de sûreté des piles afin de traiter exclusivement des questions sismiques. Il devient adjoint de Jean Bourgeois, directeur général du Département de sûreté nucléaire à sa création en 1971. Il conserve son poste d’adjoint de la direction lors de la création de l’Institut de protection et de sûreté nucléaire en 1976 qu’il quittera en 1990. C’est un personnage central du génie parasismique dans le nucléaire et au-delà. Il contribue personnellement, avec Jean Despeyroux et Victor Davidovici à la création de l’Association française de génie parasismique (AFPS) en 1979, dont il est encore, à 92 ans, membre du comité scientifique. Il contribuera alors à la construction des règles parasismiques PS 92 et présidera le groupe de travail européen « Eurocode 8 : Calcul des structures pour leur résistance aux séismes » dans le cadre de la rédaction des normes européennes de dimensionnement et de justification des structures de bâtiment et de génie civil.

Voiliers de vitesse

Étudiant les voiliers de vitesse, Didier Costes conçoit l'idée d'une dérive flottante, distante du voilier et permettant d'augmenter la voilure. Il l'appelle « chien de mer » et en dépose le brevet en 1966[11].

En 1980 et 1981, il participe à la « semaine de vitesse » à Brest. Il présente son Exoplane, voilier de type prao muni de plusieurs inventions originales destinées notamment à compenser l'effet de gîte, et avec une curieuse voile en forme de parapluie. Ces innovations rendent le voilier très rapide mais difficile à manier et à diriger dans la bonne direction, et la vitesse maximale observée n'est pas homologuée[12],[13]. Il continue à construire des voiliers expérimentaux jusqu'à l'exoplane 5 en 1996[14].

Dirigeables

Le CEA charge en 1972 Didier Costes d'étudier la faisabilité d'un dirigeable lourd qui pourrait transporter des charges industrielles et contribuer à la construction de centrales nucléaires[15],[16]. Il publie en 1973 une étude sur le sujet[17].

Zeppy 2 de Didier Costes avec Nicolas Hulot et Gérard Feldzer.

Contacté par l'architecte Jean Marc Geiser, Didier Costes participe à la conception et assure les calculs du projet de dirigeable Zeppy 2. Il y adapte sa dérive flottante « chien de mer », reliée par un câble à la structure du dirigeable. Des premiers essais ont lieu en février et avril 1992, avec Nicolas Hulot et Gérard Feldzer comme pilotes[16],[18]. Ceux-ci sont satisfaits de l'appareil, et le chien de mer donne satisfaction ; la traversée de l'Atlantique est projetée mais n'est pas tentée, faute de bateau suiveur. La tentative a lieu l'année suivante, en 1993, mais échoue[16]. Costes conçoit alors le Zeppy 3 de taille plus réduite, et avec une meilleure utilisation du « chien de mer »[19]. Ce nouveau concept de dirigeable, naviguant avec le chien de mer, est parfois appelé « ballon-voile »[20].

Didier Costes conçoit par ailleurs le dirigeable Lithium-1000, avec une enveloppe souple et un empennage à ailes en delta, pour des missions d'observation et de sécurité[21]. Il fonde et dirige la société Liftium, et construit le « Liftium 1 », dirigeable de 250 mètres-cubes[22],[23]. Il règle le placement face au vent par pilotage automatique[24]. Il conçoit une enveloppe de dirigeable en forme delta trilobée, se rapprochant de la structure d'une voile et optimisant l'utilisation du chien de mer[20].

De 2003 à 2007, Stephane Belgrand Rousson travaille avec Didier Costes pour mettre au point son voilier des airs « Aerosail », qui utilise la force du vent pour se propulser, et la technologie du « chien de mer » pour la navigation[8],[18].

Il meurt à Albi dans le Tarn le [1].

Ouvrages

  • Problèmes techniques rencontrés dans l'étude d'un dirigeable transporteur de frêt, Commissariat à l'énergie atomique, 1973.
  • (en) Proceedings of the third International Seminar on the Reliability of Nuclear Power Plants (avec Gerhart I. Schuëller, Jack R. Benjamin, J. F. Witt), North-Holland, 1982.
  • (en) Ultimate Sailing III, Kite sailing (avec B. et C. Roeseler, C.P. Burgess et T. Schmidt), Tony Kitson, 1995
  • (en) Ultimate Sailing IV, progress with Kite and Hapa (avec T. Schmidt, R. Glenross, D. et B. Legaignoux, Peter Lynn), Tony Kitson, 1995.
  • (en) « Starting Fast Reactors Again », dans Valentin Uchanin (dir.) et al., Steam Generator Systems: Operational Reliability and Efficiency, InTech, (ISBN 9533073039 et 978-953-307-303-3, lire en ligne), p. 413-424.
  • Divers articles, introductions, contributions dans des revues scientifiques.

Brevets

  • Didier Costes, « Chien de mer », brevet fr. 1 494 784, 1966.
  • Didier Costes, « Aile d’eau à plongeant perceur régulé par le poids », brevet fr. 1594395, 1968.
  • Didier Costes, « Planeur aquatique », brevet fr. 7835008 ou 2443378, 1978.
  • Didier Costes, « Réacteur nucléaire refroidi par un métal liquide et comprenant une cuve posée à fond froid », fr. 80/27759, 1980.
  • Didier Costes, « Système de manutention pour réacteur refroidi au sodium », fr. 10/03351, 2010.
  • Didier Costes, « Sommier étendu pour réacteur refroidi par métal liquide », fr. 10/03352, 2010.
  • Didier Costes, « Collecteur torique pour réacteur à neutrons rapides », fr. 10/04519, 2010.

Didier Costes a déposé environ quatre-vingts autres brevets, surtout dans le domaine du nucléaire[25],[26].

Notes et références

  1. Avis de décès de Monsieur Didier Costes.
  2. Site de la bibliothèque de l'École polytechnique, onglet « Catalogues de la BCX –> Famille polytechnicienne », recherche « Costes Pierre », résultat : « Costes, Charles Marie Pierre (X 1906 ; 1885-1974) ».
  3. Bottin mondain, années 1951 et suivantes.
  4. De la promotion X1947, cf. le site de l'association des anciens élèves de l'École polytechnique (l'AX) ; la consultation de sa fiche sur ce site de l'AX mentionne aussi le grade de Didier Costes : « ingénieur général des ponts et chaussées et colonies ».
  5. Site de la bibliothèque de l'École polytechnique, onglet « Catalogues de la BCX –> Famille polytechnicienne », recherche « Costes Didier », résultat : « Costes, Didier Marie Dominique Alfred (X 1947) ».
  6. iesf.fr, recherche sur le répertoire du site des Ingénieurs et scientifiques de France.
  7. Recherche sur l’annuaire du site de l’École des ponts (onglets « Réseau » puis « Annuaire », demander Costes Didier) : « Didier Costes Ingénieur 1947 ».
  8. Site endlessflyers.com, « Aerosail ».
  9. Énergie nucléaire : revue de physique et de chimie nucléaires et de génie atomique, vol. 10, Publications techniques associées, 1968, p. 351.
  10. Annales de l'Institut technique du bâtiment et des travaux publics, Fédération nationale des travaux publics, 1986, p. 11.
  11. Site foils.wordpress.com, « Références ».
  12. (en) David Pelly, Faster! Faster! - The Quest for Sailing Speed, Hearst Marine Books, 1984, p. 168 et 170 (Extraits en ligne).
  13. Bateaux, no 295, décembre 1982, p. 118.
  14. (en) Site fionamsinclair.co.uk, « Experimental Boat photographs - Exoplane 5 ».
  15. Pierre Pascallon, Des dirigeables pour demain : Défense et sécurité nationale, L'Harmattan, 2010, p. 39.
  16. Site classe5ulm.fr, Le dirigeable « Zeppy 2 ».
  17. Didier Costes, Problèmes techniques rencontrés dans l'étude d'un dirigeable transporteur de frêt, Commissariat à l'énergie atomique, 1973.
  18. (en) Site seaglider.fr, « Seaglider : the long story ».
  19. (en) Proafile, « Zeppy 3 - Across the Med by Wind Powered Airship ».
  20. Site carnetdevol.fr, « Theolia : L'équipe – Didier Costes ».
  21. Pierre Pascallon, Des dirigeables pour demain : Défense et sécurité nationale, L'Harmattan, 2010, p. 45.
  22. (en) Paul Jackson, Kenneth Munson, Lindsay Peacock, Jane's - All the World's Aircraft 2009-2010, Jane's Information Group, 2009, p. 200.
  23. Éric Faure, L'aérostation scientifique : des dirigeables au service de la science, Publications de l'Université de Provence, 2004, p. 11, 12, 91, 192.
  24. Éric Faure, L'aérostation scientifique : des dirigeables au service de la science, Publications de l'Université de Provence, 2004, p. 12.
  25. Site boliven.com, « Didier Costes ».
  26. Site patent.ipexl, « Didier Costes - Inventor ».

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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