Cynorhodon

Le cynorhodon ou cynorrhodon[1] est, sur le plan botanique, le faux-fruit provenant de la transformation du conceptacle floral du rosier et de l’églantier, et plus généralement des plantes du genre Rosa, de la famille des Rosacées. Les fruits proprement dits des rosiers sont en fait les akènes velus (mm de longueur sur 1 à 1,5 mm de largeur) situés à l'intérieur et qui sont appelés improprement « graines »[2].

Cynorhodons d’un églantier.

Cynorhodon

Faux-fruits du rosier, Cynorhodon ou Gratte-cul

Plante Rosier
Espèce Canina
Famille Rosa
Origine Asie centrale
Vitamines C
Faux-fruits du rosier (Cynorhodon).

Le cynorhodon est appelé vulgairement « gratte-cul », car il fournit du poil à gratter. Il est parfois aussi appelé « gousson ».

Étymologie

Le terme vient du grec, kunorhodon, qui signifie « rose de chien ». Cette appellation vient des propriétés attribuées à la racine de l'églantier rosier des chiens », dont la fleur (l'églantine) est aussi appelée rose canine, dog rose en anglais) pour lutter contre la rage[3].

Le Dictionnaire de l'Académie française retient la seule orthographe « cynorhodon », mais l'orthographe « cynorrhodon » est également admise.

Description

Fruits du rosier.

Le cynorhodon est un faux fruit charnu ovoïde allongé, plus ou moins globuleux selon les espèces et variétés, de 15 à 25 mm de long, de couleur rouge orangé à maturité. Il forme une espèce d’urne, ouverte au sommet, qui porte les restes desséchés des étamines et des sépales. Il contient à l’intérieur vingt à trente vrais fruits qui sont des akènes issus de la transformation des carpelles, contenant chacun une seule graine. Ces akènes, prolongés par le reste des styles et stigmates, sont munis de nombreux poils stériles.

Les cynorhodons arrivent à maturité en automne, vers octobre-novembre dans l'hémisphère nord, mais on peut en voir tout l'hiver dans les haies champêtres. Ils se consomment soit à maturité, soit mieux encore après les premières gelées, quand ils sont blets et que la pulpe est molle, astringente et acide[2].

Utilisation

Les cynorhodons contiennent des akènes fibreux qui doivent être enlevés, car leurs poils sont très irritants pour la peau et les muqueuses (ils constituent le « poil à gratter »)[4]. Ils ne sont plus irritants au niveau de la muqueuse intestinale, mais ont un effet vermifuge. Le nom de gratte-cul fait référence au prurit anal souvent associé à l'infestation de l'intestin par des ascarides[5].

Selon Françoise et Grégoire Nicollier (1984) dans leur une étude ethnobotanique sur les usages traditionnels et des plantes dans la vie quotidienne d'autrefois à Bagnes (France), le cynorhodon était aussi utilisé en tisane[6].

Composition nutritionnelle

Ils sont riches en vitamine C (20 fois plus que les oranges)[7] s'ils sont consommés sans cuisson (la vitamine C est détruite au-dessus de 60 °C), mais aussi en vitamines B et PP, en provitamine A et en sels minéraux, et ils contiennent des sucres : saccharose et lévulose.

Utilisation alimentaire

Confiture de cynorrhodon (France).
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Le fruit de l'églantier (cynorhodon séché ou frais) s'utilise surtout cuit en confitures maison et artisanales (la confiture de cynorhodons ou confiture d'églantine en Alsace), en gelées, marmelade et ketchup, en sirops et liqueurs, seules ou mélangées à divers autres fruits.

Frais et récoltés tardivement (voir ramollis par les gelées), après une légère cuisson les cynorhodons forment une pâte qui se mange sucrée avec des laitages, procurant à l'organisme un apport nutritif important sous une forme rapidement assimilable, et légèrement diurétique. On peut aussi en faire de la bière, du vin.

En pressant un cynorhodon bien mou (bien mur) en le plaçant entre 3 ou 4 doigts, on peut en faire sortir une pulpe rouge et sucrée, tout en laissant les poils et les fruits à l'intérieur.

Séchés et réduits en poudre, ils peuvent servir à faire des décoctions et tisanes.

Chez les Amérindiens

De nombreuses ethnies amérindiennes consommaient les cynorhodons, généralement bouillis en soupe, mélangés avec de la graisse animale ou infusés en décoction. Ils étaient particulièrement utiles en période de disette, car en partie disponible sur les buissons tout l'hiver[8]. Les Pieds-Noirs (Blackfoot) les consommaient broyés et mélangés à de la graisse, avant de les faire frire dans une sorte de poêle. Occasionnellement, les cynorhodons étaient utilisés pour faire du pemmican[9].

Certaines tribus les utilisaient également pour leurs vertus médicinales.

Les Esquimaux Iñupiat de l'Alaska en faisaient une sorte de pudding (en mélangeant la pulpe écrasée avec de l'huile de phoque et de l'eau) ou ajoutaient les baies à un plat composé de queues de saumon pré-mastiquées et séchées[8].

Les Tanainas en faisaient une sorte de crème glacée (mélangée à de la graisse ou des œufs de poisson)[10].

Des pêcheurs du Grand lac des esclaves utilisaient les fruits pour confectionner une sorte de bière[8].

Variantes actuelles
Préparations au cynorhodon
Nyponsoppa, dessert suédois
préparé avec des cynorrhodons.
Thé turc au cynorhodon.
  • En Suède, les cynorhodons sont à la base du nyponsoppa[11], littéralement soupe de cynorhodon, qui est servie en dessert ou en entrée[12].
  • En Arménie, on boit le jus du cynorhodon[réf. nécessaire].
  • Aux Pays-Bas, la confiture de cynorhodons (rozenbotteljam[13]) et d'autres produits à base de cynorhodons peuvent se trouver dans les supermarchés.

Utilisation médicinale

En médecine populaire, les cynorhodons sont employés notamment contre les diarrhées, l'avitaminose et l'asthénie. On les utilise soit en décoction, soit sous forme de vin ou d'élixirmacération dans de l'alcool avec adjonction de sucre.

Les herboristes utilisent les poils de cynorhodons, administrés à jeun enrobés dans du miel, pour éliminer les ascaris[14].

Notes, sources et références

  1. Les deux orthographes sont admises, selon le CNRTL.
  2. Nicole Tonelli, François Gallouin, Des fruits et des graines comestibles du monde entier, Lavoisier, (lire en ligne), p. 315.
  3. Aino Adriaens, « Un faux fruit au nom de gratte-cul », La Salamandre, (lire en ligne)
  4. (en) Albert MR. Novelty shop "itching powder." Australasian J Dermatology. 1998 Aug;39(3):188-9.
  5. Nicole Tonelli, François Gallouin, Des fruits et des graines comestibles du monde entier, Lavoisier, , p. 217.
  6. Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », Bulletin de la Murithienne, no 102, , p. 129-158 (ISSN 0374-6402, OCLC 716291575, lire en ligne).
  7. Paulette Vanier et Ronan de Fressenel (dir.), « Baie de l'églantier (Cynorhodon) : Rôle & Utilisation » (Article décrivant l'origine et les utilisations de la baie de l'églantier), sur PasseportSante.net, Neuilly-Sur-Seine, M6 Digital Services (consulté le ).
  8. (en) Harriet V. Kuhnlein, Traditional Plant Foods of Canadian Indigenous Peoples: Nutrition, Botany, and Use, Taylor & Francis, (lire en ligne), p.248
  9. (en) Adolf Hungrywolf, The Blackfoot Papers (Volume 1): Pikunni History and Culture, The Good Medicine Cultural Foundation, (ISBN 0-920698-80-8, lire en ligne), p. 130
  10. (en) Priscilla Russell Kari, Tanaina Plantlore, Dena'ina K'et'una, National Park Service, Alaska Region, (ISBN 978-0-941555-00-5, lire en ligne), p.84
  11. (en) Jay Simpson, Scandinavian Cookbook - Traditional Swedish Recipes, Springwood emedia (lire en ligne), p. 7
  12. (en) « This classic Swedish soup is the perfect winter warmer », The Local, (consulté le )
  13. « Rozenbottel jam », sur Roosvicee (consulté le )
  14. Marie-Antoinette Mulot, Secrets d'une herboriste, Éditions du Dauphin (réédition France-loisirs, 3e édition revue et complétée), 1984, (ISBN 2-7242-3402-2) p. 173.

Voir aussi

  • Portail des plantes utiles
  • Portail des roses et rosiers
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