Cuthbert Tunstall

Cuthbert Tunstall (ou Tonstall) (né en 1474 à Hackforth, Yorkshire – mort à Lambeth Palace le 18 novembre 1559) est un dignitaire religieux anglais, qui fut deux fois évêque de Durham sous les règnes de Henri VIII, Édouard VI, Marie Ire et Élisabeth Ire. Il fut en outre un diplomate et administrateur éminent, et conseilla plusieurs souverains.

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Cuthbert Tunstall

Tunstall, conseiller royal et prince-évêque de Durham. Dessin exécuté d'après une gravure de Paul Fourdrinier (1724).
Biographie
Naissance
Hackforth (Yorkshire)
Ordination sacerdotale
Décès 18 novembre 1559)
Lambeth Palace
Évêque de l’Église catholique
Consécration épiscopale
Dernier titre ou fonction prince-évêque de Durham
prince-évêque de Durham
prince-évêque de Durham
Évêque de Londres
Autres fonctions
Fonction religieuse
Doyen du chapitre de Salisbury (1521)
Fonction laïque
diplomate anglais lors de la diète de Worms (1520-21), et de la Paix des Dames (1529). Président du Council of the North (1537).

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Années de formation

Cuthbert Tunstall est un fils illégitime de Thomas Tunstall de Thurland Castle, dans le Lancashire. Son demi-frère légitime, Brian Tunstall, fut tué à la Bataille de Flodden Field en 1513. Cuthbert étudia à l’Université d'Oxford, de Cambridge et de Padoue, où il obtint le titre de docteur en droit. Il acquit ainsi une parfaite connaissance des mathématiques, de la théologie et du droit. Il avait également une grande maîtrise du grec et de l’hébreu, et son érudition lui valait l'estime d’Érasme lui-même.

Tunstall se concilia bientôt l'amitié de William Warham, l’archevêque de Cantorbéry qui en fit son chancelier le 25 août 1511, puis le nomma recteur du séminaire de Harrow-on-the-Hill. Tunstall devint par la suite chanoine de la cathédrale de Lincoln (1514) et archidiacre de la cathédrale de Chester (1515). Le roi Henri VIII et le cardinal Wolsey le chargèrent de missions diplomatiques : en 1515 on l'envoya à Bruxelles en compagnie de Thomas More. C'est d'ailleurs à Bruxelles qu'il fit la connaissance d’Érasme, qui devint ainsi l'ami de ces deux érudits anglais. À l’occasion de l'élection du nouvel empereur, en 1519 le gouvernement anglais le dépêche à Cologne. Le voyage qu'il fit jusqu'à la diète de Worms (1520-21) lui permit de saisir la portée du mouvement évangélique et de prendre connaissance des écrits des réformateurs.

Tunstall obtint de nouvelles promotions, devenant Master of the Rolls en 1516 et doyen du chapitre de Salisbury en 1521. En 1522, il est nommé Évêque de Londres par décret papal, et le 25 mai 1523 est nommé Lord du sceau privé. Malgré la multiplication des responsabilités qui lui sont confiées, il parvient à maintenir le rythme de ses audiences dans son diocèse. En 1525, il négocie avec l'empereur Charles Quint à l’issue de la bataille de Pavie, et joue un rôle considérable dans la résolution de la Paix des Dames (1529).

Évêque de Durham : les règnes d’Henri VIII et Édouard VI

Le 22 février 1530, toujours par décret papal, Tunstall prit la succession du cardinal Wolsey en tant que prince-évêque de Durham. Cette fonction conférait à son détenteur l'autorité régalienne sur tout le territoire du diocèse. En 1537 il fut élu président du nouveau Council of the North qui venait d'être créé. Malgré le temps qu'il lui fallait consacrer à de sempiternelles négociations avec les Écossais, il parvenait à maintenir un rôle actif dans ses autres mandats, assistant aux sessions du Parlement, où il discuta et vota en 1539 la Loi des Six Articles.

Dans le débat sur le divorce du roi Henri, Tunstall fut l'un des conseillers de la reine Catherine, mais parvint à la dissuader d’en appeler à Rome. Au cours des années troublées qui suivirent, Tunstall, contrairement à ses contemporains l’évêque John Fisher et Thomas More, adopta une attitude d’obéissance passive et de consentement qui lui attirait certainement la réprobation de ses amis. Comme la plupart des hommes d'église de son temps, il possédait tout autant une formation de haut fonctionnaire que d’homme de Dieu. Cette double compétence dictait son comportement lorsque ces deux fonctions entraient en conflit : alors que Tunstall était un catholique très attaché au dogme et aux rites de son Église, il accepta, après quelques hésitations, de reconnaître le roi Henri comme chef de l’Église d'Angleterre, et défendit publiquement ce point de vue, devenant schismatique aux yeux de Rome.

Tunstall désapprouvait la politique religieuse des conseillers du roi Édouard VI, et vota contre le premier Act of Uniformity en 1549. Pourtant, il continuait d’assurer ses charges publiques sans relâche, en espérant qu’il pourrait convaincre le comte de Warwick d’inverser la politique anti-catholique du duc de Somerset ; c’était peine perdue : à la chute du duc de Somerset en mai 1551, Tunstall fut rappelé à Londres et assigné à résidence. Il composa au cours de sa captivité un traité sur l’eucharistie, qui fut publié à Paris en 1554. À la fin de 1551 il fut conduit à la Tour de Londres, et on déposa un projet de loi pour le destituer auprès de la Chambre des Communes. Cette manœuvre ayant échoué, il fut jugé par une commission d'enquête les 4-5 octobre 1552, et déchu de son évêché.

Les règnes de Marie et d’Élisabeth

Tunstall recouvra la liberté lors de l'accession au trône de la princesse Marie en 1553. Son évêché, qui avait été dissout par le Parlement en mars 1553, fut rétabli par un nouveau vote en avril 1554. Tunstall, désormais octogénaire, reprit en main le diocèse de Durham. Il maintint sa politique conciliante de naguère, se refusant à persécuter les Protestants. Tout au long du règne de la reine Marie, il préserva la paix dans la région.

Mais lorsque Élisabeth Ire monta à son tour sur le trône, Tunstall refusa de prêter serment, et refusa en outre d'assister à l'investiture du Protestant Matthew Parker en tant qu’archevêque de Cantorbéry. Il fut arrêté, déchu de son diocèse en septembre 1559, et devint le prisonnier de Parker à Lambeth Palace, où il mourut en l'espace de quelques semaines. C'est l'un des onze évêques morts en détention sous le règne d’Élisabeth.

L’historien anglican Albert Pollard écrivit à son sujet :

« La longue vie de Tunstall, quatre-vingt-cinq ans dont trente-sept où il fut évêque, est l'une des plus cohérentes et des plus honorables du XVIe siècle. L'étendue des bouleversements religieux survenus sous le règne d’Édouard VI l'avaient amené à renoncer à sa foi en la suprématie royale mais il refusa de changer de nouveau ses prises de position sous le règne d’Élisabeth[1]. »

 A. F. Pollard, Henry VIII

Œuvres

  1. De arte supputandi libri quattuor (1522)
Cet ouvrage, largement inspiré de la Summa de Arithmetica de Luca Pacioli, fut le premier livre de mathématiques imprimé en Angleterre.
  1. Confutatio cavillationum quibus SS. Eucharistiae Sacramentum ab impiis Caphernaitis impeti solet (Paris, 1552)
  2. De veritate corporis et sanguinis domini nostri Jesu Christi in eucharistia (Paris, 1554)
  3. Compendium in decem libros ethicorum Aristotelis (Paris, 1554)
  4. Certaine godly and devout prayers made in Latin by C. Tunstall and translated into Englishe by Thomas Paynelle, Clerke (London, 1558).
  5. La correspondance de Tunstall en tant que président du Council of the North est consultable à la British Library.

Notes et références

  1. Tunstall's long career of eighty-five years, for thirty-seven of which he was a bishop, is one of the most consistent and honourable in the sixteenth century. The extent of the religious revolution under Edward VI caused him to reverse his views on the royal supremacy and he refused to change them again under Elizabeth

Bibliographie

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