Consuelo de Saint-Exupéry

Consuelo de Saint-Exupéry, née Consuelo Suncín Sandoval le [1] à Armenia (Salvador)[2] et morte le à Grasse, est une artiste peintre et sculptrice salvadorienne.

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Biographie

Consuelo Suncín-Sandoval naît, en 1901, au Salvador, en Amérique centrale, au sein d'une famille de riches propriétaires terriens. La petite fille passe une enfance heureuse et reçoit une excellente éducation. Elle poursuit ensuite des études supérieures d’arts plastiques à l'École des beaux-arts de San Francisco, puis à la faculté de droit de Mexico, à l'université nationale autonome du Mexique (UNAM).

Pour échapper à un mariage voulu par sa famille, Consuelo se marie dès sa majorité avec Ricardo Cárdenas, un jeune officier mexicain rencontré lorsqu'elle suivait encore ses études de droit. Ce mariage de convenance est un échec et ne dure pas plus d'un an.

À Mexico, elle est engagée comme journaliste au journal Antorcha dirigé par José Vasconcelos alors ministre de la culture et de l’éducation du Mexique. C’est grâce à ce ministre qu’elle rencontre le célèbre peintre muraliste Diego Rivera au collège San Ildefonso où s’est créé un mouvement artistique influencé par la tradition colorée des peintres muralistes indigènes qui aura une influence certaine sur la peinture suggestive, vive et intense de Consuelo[3].

Venue étudier à Paris, elle rencontre, par l'intermédiaire du peintre Kees van Dongen, Enrique Gómez Carrillo qui l'épouse. Gómez Carrillo est un écrivain guatémaltèque connu, correspondant de presse à Paris, consul d'Argentine à Paris. Fort apprécié par la France, il sera décoré de la Légion d'honneur et recevra de celle-ci un emplacement dans le cimetière du Père-Lachaise où Consuelo de Saint-Exupéry repose aujourd'hui.

Enrique Gomez Carrillo meurt en 1927, laissant à sa veuve un important héritage qui lui permet une vie mondaine, artistique et de nombreux voyages. En 1930, elle part en Argentine à l'invitation de son président de la République, Hipólito Yrigoyen en compagnie d'un groupe d'écrivains français, dont fait partie Benjamin Crémieux qui veut absolument lui présenter Antoine de Saint-Exupéry qu'il a connu à la NRF.

Sa vie avec Antoine de Saint-Exupéry

La rencontre d'Antoine, alors directeur de l'Aéroposta Argentina, et de Consuelo, fin 1930 à Buenos Aires, dans les salons de l'Alliance française, est suivie de leur mariage l'année suivante en France. Consuelo et Antoine de Saint-Exupéry se marient le , à la mairie de Nice, puis le la bénédiction du mariage et un repas familial pour fêter leur mariage ont lieu à Agay avec la mère et les deux sœurs d'Antoine de Saint-Exupéry.

L'emploi d'Antoine de Saint-Exupéry dans l'aéropostale et son dangereux métier d'aviateur met parfois la vie du couple à rude épreuve mais l'amour profond qui relie Antoine et Consuelo résiste à toutes les difficultés et seule la mort d'Antoine le 31 juillet 1944 les séparera. La gourmette d'argent que portait Antoine le jour de sa mort portait gravés les noms d'Antoine et de Consuelo.

Consuelo est la « Rose » du Petit Prince comme en témoignent les Mémoires de la rose et les nombreuses biographies écrites sur Antoine, Consuelo et Le Petit Prince. Antoine et Consuelo sont un couple uni mais aussi où chacun a son univers propre et son domaine créatif personnel. Consuelo à côté d'Antoine pilote et écrivain est une artiste à part entière qui peint et sculpte. Elle se lie d'amitié avec le groupe des peintres surréalistes (Marcel Duchamp, Oscar Dominguez, Balthus, André Breton, André Derain) qui influencent beaucoup ses propres travaux et sa peinture.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Antoine, après avoir combattu valeureusement comme pilote, part seul à New York à la fin de 1940, en attendant d'obtenir un visa pour son épouse Consuelo. Celle-ci se réfugie alors à la villa Air Bel, en zone libre près de Marseille où le journaliste américain Varian Fry aide les intellectuels en danger à quitter la France pour les États-Unis. Consuelo y retrouve ses amis artistes surréalistes, André Breton, Max Ernst, Óscar Domínguez et bien d’autres. Elle rejoint ensuite à Oppède dans le Luberon un groupe d'étudiants des Beaux-Arts. Ce groupe, animé par le futur grand architecte Bernard Zehrfuss, organise un réseau de résistance tout en continuant à faire des projets d'architecture.

De New York, Antoine envoie de nombreux télégrammes à sa femme car il ne supporte pas leur séparation. Fin 1941, Consuelo arrive à rejoindre Antoine de Saint-Exupéry aux États-Unis. Ils se retrouvent enfin dans la sérénité. Ils habitent une grande maison à Long Island, à seulement quelques kilomètres de New York. Cette maison porte le nom de Bevin House et comme le raconte si justement Consuelo dans une interview « Cette maison deviendra la maison du Petit Prince » ouverte à leurs amis exilés, comme Ingrid Bergman, Jean Gabin, Greta Garbo, Charles Boyer, Marlène Dietrich, Jean Renoir, Denis de Rougemont et bien d'autres. En mai 1942 Consuelo rejoint son mari à Montréal où l'écrivain est invité par son éditeur Valiquette à faire des conférences. Un film en couleur vendu par Sotheby's en 2010 montre le couple à cette époque souriant et heureux lors d'une promenade en bateau. Ce film permet de donner du couple une image à la fois moderne et très proche.

Antoine de Saint-Exupéry disparaît bientôt, le , lors d'une reconnaissance aérienne au-dessus de la Méditerranée.

Sa vie après Antoine de Saint-Exupéry

Après la mort d'Antoine de Saint-Exupéry Consuelo de Saint-Exupéry devient l'amante d'un ami commun, Denis de Rougemont[4]. Celui-ci contribue à l'écriture du roman de Consuelo, Oppède, qui paraît en 1947 chez Gallimard.

Toujours avec le concours de Rougemont, Consuelo de Saint-Exupéry achève la rédaction de mémoires qui ne seront publiés qu'après sa mort, sous le titre des Mémoires de la rose[5]. Elle s'y dépeint comme indéfectiblement attachée à Saint-Exupéry mais dénonce ses absences et « ses vacances de mari ».

En 1964, elle fréquente et peint dans l’atelier de Salvador Dali, rencontré à New York à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et avec qui elle a collaboré à la décoration de vitrines à New York, en 1945. Elle participe à de nombreux hommages et manifestations liés à la mémoire de Saint-Exupéry, comme l'Exposition universelle de 1967 à Montréal intitulée Terre des Hommes, dont Consuelo de Saint-Exupéry est l'invitée d'honneur.

Elle succombe à une crise d'asthme en 1979 et est enterrée à Paris au cimetière du Père-Lachaise (89e division), aux côtés de son deuxième époux Enrique Gomez Carillo. Elle lègue toute sa fortune et sa part sur les droits littéraires de Saint-Exupéry à José Martinez, son secrétaire[6].

En 2014, une chanson, Consuelo, lui rend hommage dans l'album Alain Souchon & Laurent Voulzy.

Œuvre

Écrits

  • Oppède, 1945.
  • Les Mémoires de la Rose (préf. Alain Vicondelet), Plon, , 283 p. (ISBN 978-2-266-10764-8).
  • Lettres du dimanche, 2001.

Expositions

  • Consuelo de Saint-Exupéry : la Rose unique du Petit Prince, exposition à Grasse, du 1er au 17 octobre 2005
  • Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry : Objets d'une vie, Mémorial de Caen, 2006

Notes et références

  1. « La Jeunesse », sur consuelo-de-saint-exupery.com (consulté le ).
  2. site web de Succession Antoine de Saint-Exupéry - d’Agay
  3. http://consuelo-de-saint-exupery.com/biographie/
  4. « Consuelo, son épouse », sur http://antoinedesaintexupery.com (consulté le )
  5. Christian Campiche, Le Nègre de la Rose, De Rougemont, Consuelo, Saint-Exupéry, Charmey, Éditions de l'Hèbe, , 288 p. (ISBN 2-88485-002-3, OCLC 493051891)
  6. Le Point, magazine, « L'affaire Consuelo », sur Le Point.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Christian Campiche, Le Nègre de la Rose, De Rougemont, Consuelo, Saint-Exupéry, Charmey, Éditions de l'Hèbe, , 288 p. (ISBN 2-88485-002-3, OCLC 493051891, présentation en ligne)
  • Marie-Hélène Carbonel & Martine Fransioli Martinez, Consuelo de Saint-Exupéry : une mariée vêtue de noir, Monaco/Paris, Éditions du Rocher, , 573 p. (présentation en ligne)
  • Abigaíl Suncín, La rosa que cautivó al principito : Consuelo de Saint-Exupéry, 2003.
  • Alain Vircondelet, O Consuelo, 2000.
  • Alain Vircondelet, Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry : un amour de légende, 2005.
  • Alain Vircondelet, C'étaient Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry, 2009.
  • Paul Webster, Consuelo de Saint-Exupéry, la rose du petit prince, 2000.

Article connexe

Liens externes

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