Comté d'Alost

Le comté d'Alost est une principauté féodale située dans le territoire de l'actuelle Belgique. Le comté d'Alost se trouvait sous la suzeraineté du comte de Flandre, mais était située dans le Saint-Empire. Il faisait donc partie de la Flandre impériale.

Histoire

L'origine de ce comté se trouve en 1056, quand le comte de Flandre Baudouin V reçut de l'empereur Henri IV un comitatus dans l'ouest du Brabant, jusqu'à la Dendre[1]. Le comte confia l'administration de cette région à une famille, qui auparavant avait détenu la fonction d'avoué de l'abbaye Saint-Pierre de Gand et qui prit le titre de seigneur d'Alost[2]. Ce territoire était donc un comté, mais ceux qui le tenaient au nom du marquis de Flandre n'étaient point comtes, mais simples seigneurs[3]. Néanmoins, comme les comtes, il disposait de tout un personnel : châtelains, sénéchaux, chambellans, échançons et autres officiers, signant leurs lettres avec eux[4].

Les seigneurs, dits comtes d'Alost, viennent des anciens comtes de Gand (châtelains de Gand). Le Pays d'Alost, la terre de Waes ou Waise,les quatre métiers d'Assenede, Bochout, Axel, Hulst, furent les principales possessions des comtes de Gand qui restèrent aux mains des seigneurs d'Alost, après que le comte de Flandre eut conquis une première fois le neuf château de Gand sur l'empereur. Les seigneurs d'Alost reprennent souvent dans leurs chartes le surnom de Gand et ils ont partagé avec les châtelains de Gand les avoueries de l'abbaye Saint-Pierre de Gand et de l'abbaye Saint-Bavon de Gand[5].

On ne sait pas avec précision quand les comtes de Gand allèrent à Alost. Le pays d'Alost comprenait une grande partie de l'ancien duché de Brabant, issu de la Basse-Lotharingie. Les seigneurs d'Alost semblent avoir considéré comme leurs seigneurs féodaux les ducs de Brabant[4].:

Vers 1076, Robert le Frison remit aux seigneurs d'Alost le pays de Waes[6]. Les seigneurs d'Alost détenaient également Tourcoing dont ils furent les premiers seigneurs.

Dans la crise que provoque l'assassinat de Charles Ier de Flandre et la compétition de Guillaume de Normandie et de Thierry d'Alsace, Iwan d'Alost est au premier rang des grands qui soutiennent la cause de ce dernier[7]. Le comte Guillaume fut tué au siège de la place d'Alost (1128)[8]. Par reconnaissance pour l'aide apportée dans sa lutte contre le Normand, Thierry d'Alsace permit à Iwan de s'emparer de la succession de Baudouin III d'Alost, son frère (mort en 1127), au mépris des droits de Béatrice de Gand-Alost, la fille de Baudouin[9], épouse d'Henri châtelain de Bourbourg, (famille de Bourbourg).

En 1165 était mort Thierry d'Alost, fils d'Iwan le Chauve et de Laurette de Flandre, fille de Thierry d'Alsace et de sa première femme Suanehilde. Il ne laissait pas de descendant et ses terres firent retour au comte de Flandre[9]. Les descendants de Béatrice n'élevèrent pas de revendications bien sérieuses sur l'héritage qui leur avait été ravi[10], Baudouin de Bourbourg, fils d'Henri, négocia avec le comte de Flandre Philippe d'Alsace, et en reçut quelques terres dépendant d'Alost et la seigneurie de Tourcoing (liste des seigneurs de Tourcoing).

Liste des seigneurs d'Alost

Les seigneurs d'Alost, surnommés de Gand, portent les mêmes armes que les châtelains de Gand : « Écusson de sable au chef d'argent »[11].

Armoiries des seigneurs d'Alost
  • XIe siècle : Raoul de Gand. Sa biographie est développée ci-dessous.
  • Jusqu'en 1081 : Baudouin Ier, fils du précédent et de Gisèle. Sa biographie est développé ci-dessous.
  • 1081-1097 : Baudouin II le Gros, fils du précédent. Il a eu pour descendance : Baudouin III de Gand, dit Le Losche et Le Barbu, seigneur d'Alost; Yvain de Gand, surnommé le Chauve, seigneur d'Alost, père de Thierry de Gand, seigneur et prince d'Alost, mort sans enfants; Gislebert de Gand; Siger de Gand; Béatrix de Gand, dame de Beure[12].
  • 1098-1127 : Baudouin III le Barbu, fils du précédent, père de Béatrice; le , présent à Saint-Omer lorsque le comte de Flandre Guillaume Cliton confirme les lois et coutumes de la ville, Baudouin de Gand, seigneur d'Alost, jure d'observer celles-ci[13]. Sa fille Béatrix épouse Henri châtelain de Bourbourg et amène à ces châtelains des droits sur Alost et Tourcoing[12].
  • 1127-1145 : Yvain[14] ou Iwan, frère du précédent; Yvain est également présent à Saint-Omer en 1127[13].
  • 1145-1165 : Thierry, fils du précédent

Après sa mort, Thierry de Beure, seigneur de Dicquemue, se prétendit héritier de Thierry. Il eut recours à Henri Ier de Brabant, duc de Lothier et de Brabant, en tant que son seigneur féodal, pour être maintenu dans ses droits contre Baudouin V de Hainaut, à qui la terre d'Alost échut avec le comté de Flandre, à la suite de la mort de Philippe d'Alsace, comte de Flandre, son beau-frère.

Raoul d'Alost

Il vit au temps d' Henri Ier (roi des Francs) et de Baudouin de Lille (Baudouin V de Flandre), comte de Flandre. Son origine précise n'est pas connue mais les auteurs s'accordent pour lui donner un lien de parenté avec Lambert, 1er châtelain héréditaire de Gand.Dans les chartes, il est retrouvé avec le surnom de Gand ou il est dit d'Alost du fait de sa seigneurie. Est également qualifié d'avoué, car il avait dans son district, l'avouerie et la protection des biens des abbayes Saint-Pierre de Gand et Saint-Bavon de Gand[15].

En 1038, Raoul assiste à une cour solennelle tenue par Baudouin comte de Flandre à Arras. Il y souscrit aux lettres octroyées par Baudouin à l'abbaye de Marchiennes, avec différents notables, tels qu'Eustache, comte de Boulogne, Roger, comte de Saint-Pol, et les évêques de Cambrai, Thérouanne, d'Amiens, de Tournai, etc.

On le retrouve également sur deux chartes de l'abbaye de Saint-Pierre de Gand passées en 1050 et 1052, avec Baudouin de Gand, son fils, Arnould d'Audenarde, Folcard châtelain de Gand, etc.[16].

Il est encore retrouvé en 1056, sur une charte où Baudouin, présent à Saint-Omer, confirme les biens de l'abbaye Saint-Bertin, Raoul tenait ainsi son rang parmi les grands seigneurs de Flandre.

Selon un titre de l'abbaye de Saint-Winoc, il a épousé Gisle, sans autre précision. Toutefois, un de leurs fils Gislebert de Gand, seigneur de Folquingham en Angleterre, est qualifié par son historien de neveu de Baudouin comte de Flandre. On peut penser que sa mère provenait de la famille ou avait un lien de parenté avec les comtes de Flandre[17]. On dit qu'elle était fille de Frédéric de Luxembourg.

Le couple a eu trois enfants:

  • Baudouin Ier de Gand, seigneur d'Alost, qui continue la lignée,
  • Gislebert Ier de Gand, créateur de la branche des seigneurs de Folquingham en Angleterre
  • Raoul de Gand, dit d'Alost, chambrier ou chambellan de Flandre. À ce titre, il donne quelques terres situées à Testrep à l'abbaye Saint-Winoc de Bergues pour le salut de Raoul et de Gisle ses parents. Il en expédie les lettres en 1095 en présence de son suzerain Robert Ier de Flandre, de Baudouin II de Gand, son petit-neveu, et de différents seigneurs. Il accompagne le comte Robert de Flandre au voyage de Jérusalem en 1096 (première croisade) avec ses neveux Baudouin et Gislebert[18].

Baudouin Ier de Gand ou d'Alost (†1081 ou 1082)

En 1046, Baudouin est à Tournai, où il signe des lettres dans lesquelles Baudouin, évêque de Tournai et Noyon, confirme à Wixhard, abbé de Saint-Pierre de Gand, l'église d'Ostbourg avec la chapelle qui en dépendait située à Isendic[18].

Devenu seigneur d'Alost, après son père, il est dénommé par ce surnom d'Alost dans quelques actes; Il est retrouvé à Corbie, à la suite de Baudouin V comte de Flandre, quand celui-ci vient demander au roi de France Philippe Ier, l'amortissement des biens de l'abbaye de Hasnon, et il appose avec le comte de Flandre son nom au bas de l'acte royal pour l'an 1065[18].

Il assiste également à une cour solennelle du comte Baudouin V à Bergues en 1067, Adèle de France, épouse de Baudouin V est présente, de même que leurs enfants Baudouin et Robert, et différents notables locaux : Eustache comte de Boulogne, Roger, comte de Saint-Pol, et autres seigneurs locaux[18].

En 1075, le roi de France Philippe Ier (roi des Francs) confirme la possession de l'église Saint-Pierre d'Aire, à la requête du comte Robert Ier de Flandre (Robert le Frison). Baudouin Ier d'Alost fait partie des témoins avec les autres grands du comté de Flandre : Eustache comte de Boulogne, Guy comte de Saint-Pol, Hugues son frère, Robert de Béthune, ainsi que Geoffroy de Boulogne évêque de Paris[19].

Selon une source ancienne, Baudouin d'Alost aurait reçu de Robert le Frison les lieux de Tronciennes (sans doute Tronchiennes) et de Rusle. Baudouin est en compagnie du comte Robert en 1080 à Messines et signe à nouveau en tant que témoin la charte de confirmation envoyée par Robert à l'abbaye de Messines, fondée par la mère de Robert, avec Robert et Philippe, enfants de Robert, le comte de Boulogne, le comte de Saint-Pol, Arnould d'Ardres (seigneurs d'Ardres), Robert de Péronne, et autres[19].

Baudouin meurt peu après en 1081 ou 1082 et laisse plusieurs enfants de son épouse appelée Ode. Après le décès de son mari, Ode se fait religieuse dans l'abbaye que son fils Gislebert a fondée à Alost. Elle a été transférée peu après à Forest près de la ville de Bruxelles par Fulgence, 1er abbé d'Afflighem (abbaye d'Affligem)[19].

Baudouin Ier et Ode ont eu plusieurs enfants :

  • Baudouin II de Gand, dit « le Grand » ou « le Gros », seigneur d'Alost et de Waise.
  • Gautier de Gand fonde la branche des seigneurs de Tenremonde.
  • Gislebert II de Gand, chevaiier, est qualifié de fils de Baudouin de Gand dans une charte de 1088, dans laquelle Lotbert , abbé de l'abbaye d'Hasnon lui vend les alleux ou terres franches que son église possédait à Alost, Rasseghem et à Lède[19]. Dans une autre charte de 1096, où il est dénommé fils de Baudouin d'Alost, fils de Raoul, il fonde en son alleu d'Alost une abbaye de religieuses de l'ordre de saint-Benoit, où sa mère Ode et sa sœur Liltgarde ont pris le voile. Fulgence 1er abbé de l'abbaye d'Affligem, transféra le monastère créé à Alost à Forest, près de Bruxelles (abbaye de Forest), avec le consentement d'Odon, évêque de Cambrai, et ordonna que les religieuses observent la règle de l'abbaye de Cluny. Gislebert se croise en 1096 pour aller à Jérusalem, avec Baudouin son frère aîné, Raoul d'Alost chambrier de Flandre son oncle, Foulques de Guines, Arnould II d'Ardres (seigneurs d'Ardres) et d'autres seigneurs. On ne sait pas s'il en revint mais on le sait mort avant 1113 car dans la charte de translation de l'abbaye d'Alost vers Forest, Fulgence déclare qu'il le fait seul après le décès de Gislebert et avec la permission d'Odon évêque de Cambrai qui est mort en 1113[20].
  • Engelbert de Gand, ou Englebert, a été seigneur de Petenghem (Peteghem). Il est cité dans Lambert d'Ardres en tant qu'Engelbert de Peteghem, frère de Baudouin dit le Gros, seigneur d'Alost. La chronique de l'abbaye de Ninove dit qu'il a eu une fille Gisle de Petenghem, mariée à Gérard seigneur de Ninove, surnommé le Connestable, fils d'Amaury, connétable de Flandre. Gisle et Gérard ont eu deux filles, Mahaut dite de Ninove, et Ermengarde de Wome. À sa mort, Gisle est enterrée en l'église de saint Cornille fondée à Ninove par son époux[20].
  • Gertrude de Gand ou d'Alost, se marie avec Arnould II d'Ardres, seigneur d'Ardres[20].
  • Lutgarde ou LIetgarde, entre en religion avec sa mère Ode[21].

Baudouin II de Gand, mort en 1097

Baudouin II le Gros, fils de Baudouin Ier, 1081-1097 a eu pour descendance : Baudouin III de Gand, dit Le Losche et Le Barbu, seigneur d'Alost; Yvain de Gand, surnommé le Chauve, seigneur d'Alost, père de Thierry de Gand, seigneur et prince d'Alost, mort sans enfants; Gislebert de Gand; Siger de Gand; Béatrix de Gand, dame de Beure[12].

Notes et références

  1. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. I, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981) (lire en ligne), p. 111-112.
  2. Léon Vanderkindere, cité dans la bibliographie, p. 113.
  3. Léon Vanderkindere, cité dans la bibliographie, p. 116.
  4. A. du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 110.
  5. A. du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 109.
  6. Léon Vanderkindere, cité dans la bibliographie, p. 123-124.
  7. Léon Vanderkindere, cité dans la bibliographie, p. 115.
  8. Léon Vanderkindere, cité dans la bibliographie, p. 153.
  9. Léon Vanderkindere, cité dans la bibliographie, p. 158.
  10. Léon Vanderkindere, cité dans la bibliographie, p. 159.
  11. André Du Chesne, Histoire généalogique des maisons de Guines, d'Ardres, de Gand et de Coucy et de quelques autres familles illustres, Paris, 1632, p. 107, lire en ligne.
  12. André Du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 108,
  13. André Du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 52,
  14. (en) (in fr)  fr:Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ALOST, Seigneurs D’. Wikisource.
  15. A. du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 113.
  16. A. du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 111-112.
  17. A. du Chesne, cité dans la bibliographie, p.112.
  18. A. du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 113.
  19. A. du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 114.
  20. A. du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 115.
  21. A. du Chesne, cité dans la bibliographie, p. 116.

Bibliographie

  • Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. I, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981) (lire en ligne).
  • André Du Chesne, Histoire généalogique des maisons de Guines, d'Ardres, de Gand et de Coucy et de quelques autres familles illustres, Paris, 1632, lire en ligne.
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