Colocasia esculenta

Colocasia esculenta est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Araceae, sous-famille des Aroideae, originaire du sous-continent indien et d'Asie du Sud-Est. La plante est cultivée dans toutes les régions tropicales pour sa racine épaissie (un corme souvent appelé tubercule) à la chair de couleur blanche à rose, de texture sèche et au goût proche de celui de la patate douce. Les feuilles se préparent comme des épinards.

Cette plante est généralement connue sous le nom vernaculaire de « taro », terme générique qui au sens strict désigne Colocasia esculenta, mais est parfois utilisé pour désigner diverses espèces d’Araceae à tubercules alimentaires, notamment dans les genres Colocasia, Alocasia et Xanthosoma. Le terme désigne aussi le corme (ou tubercule) lui-même.

Noms vernaculaires

Noms communs : taro ou colocase. « Taro » est un mot emprunté au tahitien. À La Réunion et à l'île Maurice, cette plante est connue sous le nom de « songe » ou « arouille violette ». En Guyane, Martinique et Guadeloupe on l'appelle « madère » ou encore « chou chine » ou « dachine ». Encore appelé « kudubadé » ou « diabéré » en wolof au Sénégal. A Madagascar, encore appelé « saonjo ».

On trouve parfois le nom d'Eddo ou Eddoe pour désigner une espèce proche, Colocasia antiquorum aux cormes plus petits et au goût moins sucré[1],[2].

Sinogramme en chinois : .

Description

Aspect général

Colocasia esculenta

Le Colocasia, ou taro vrai, est une plante herbacée vivace par son rhizome tubéreux qui est de grosseur variable et forme un corme, tubercule d'aspect écailleux, à peau épaisse, résultant de l'épaississement souterrain de ce rhizome.

Feuilles

Les feuilles grandes et belles, vertes plus ou moins foncées, parfois violacées, sont peltées, à limbe cordiforme à la base, parfois un peu sagittées. Le limbe peut atteindre 70 cm de longueur sur 60 cm de largeur et présente un bon effet déperlant - effet lotus. Il est porté par un long pétiole vert ou violet, engainant à la base.

Fleurs

Les inflorescences se présentent sous forme d'un spadice cylindrique, terminé par un appendice acuminé et rose. Les fleurs femelles jaunes occupent la base du spadice et donneront les fruits, de petites baies uniloculaires. Les fleurs mâles garnissent la partie supérieure. Une spathe longue et étroite, se recourbant légèrement au sommet, est enroulée en cornet autour du spadice. L'ensemble est une structure caractéristique des Aracées, bien connue chez les Arums ornementaux.

Répartition

La plante semble originaire de la côte indo-birmane, mais s'est répandue dès la préhistoire dans toute l'Océanie puis par la suite dans l'Amérique tropicale, et plus tardivement en Afrique[3]. C'est l'un des plus anciens légumes cultivés[3].

Production

A l'heure actuelle, le taro est produit majoritairement en Afrique occidentale et en Chine[3], et plus marginalement en Polynésie, dans les îles de l'Océan Indien, dans les Antilles et en Nouvelle-Calédonie.

Technique

La multiplication se fait par bouture ou division du tubercule, en conservant un œil par fragment. La plantation se fait au début de la saison des pluies. On l'associe avec d'autres plantes telles que l'igname et l'aubergine. Son cycle végétatif s'étend de 8 à 18 mois. La plante exige un sol humide. La récolte des tubercules s'effectue dès que les feuilles les plus âgées dépérissent 6 à 7 mois après plantation. La production est très souvent vivrière, assez rarement commercialisée.

La partie comestible du taro

À Madagascar, les champs de taro (ou tarodières) sont reconnaissables de loin aux trous circulaires pratiqués autour de chaque pied de taro pour favoriser le développement du tubercule.

Chiffres

La récolte mondiale avoisine 10 millions de tonnes (FAO 2005), les principaux producteurs étant le Nigeria, le Ghana, la Chine et le Cameroun.

Production en tonnes. Chiffres 2004-2005
Données de FAOSTAT (FAO) Base de données de la FAO, accès du 14 novembre 2006

Nigeria4 027 000,0038 %4 027 000,0038 %
Ghana1 800 000,0017 %1 800 000,0017 %
Chine1 638 328,0015 %1 638 500,0016 %
Cameroun1 127 560,0011 %1 100 000,0010 %
Côte d'Ivoire370 000,003 %370 000,004 %
Papouasie-Nouvelle-Guinée256 000,002 %260 000,002 %
Madagascar200 000,002 %200 000,002 %
Japon184 800,002 %184 800,002 %
Rwanda136 359,001 %136 895,001 %
Philippines102 274,001 %102 000,001 %
République centrafricaine100 000,001 %100 000,001 %
Égypte116 673,001 %100 000,001 %
Autres pays556 308,005 %501 596,005 %
Total10 615 302,00100 %10 520 791,00100 %

Usages

Alimentaire

La racine du taro est la base traditionnelle de l’alimentation de nombreuses ethnies océaniennes, notamment à Hawaï, autrefois, où plus de 300 variétés de goût (et teneurs en oxalates) ont été répertoriées. Elle est aussi très appréciée en Asie du sud-est.

Le Taro est essentiellement cultivé pour son tubercule[3], qui une fois déterré se conserve assez mal. Il peut être consommé cuit à la vapeur ou à la braise, sauté, bouilli, parfois en purée ou grillé dans l'huile de palme en Afrique de l’Ouest ou d’arachide au Gabon. D'une manière générale, il est cuisiné comme les pommes de terre[3].

L'ethnobotaniste François Couplan (2009) rappelle que la plante est toxique, crue, en raison de la présence de cristaux d’oxalates (comme dans tout le reste de la plante), mais qu’elles peut être rendue comestibles par une simple cuisson. Les Hawaïens la cuisaient dans un trou dans le sol puis l’écrasaient avec de l’eau pour produire une pâte dite « poï » qui peut se conserver mais en s’acidifiant, prenant un goût alors apprécié par certains.

Les jeunes feuilles, les pétioles et pédoncules et le spadice, étaient aussi consommées, une fois cuites, c’est-à-dire en « brèdes », très appréciées dans l’île Maurice et à la Réunion[4] où la tige principale, après récolte du tubercule, est dite « bois de songe » à la Réunion. Ses turions ou griffes (jeunes pousses) se mangent comme des épinards et sont dites « brède songe » à la Réunion et à Maurice.

Symbolique

Dans la culture kanak, le taro est associé au monde féminin. Il est offert avec l'igname, plante symbolique de l'homme, lors des cérémonies coutumières[5].

Valeur nutritive

Le tubercule du taro est relativement riche en amidon, environ 30 à 33 %, mais pauvre en protéines (1 à 2 %) et en lipides. Cru, il est amer et irritant à cause de la présence de cristaux d'oxalate de calcium. Il faut bien le cuire pour éviter ce désagrément. Il s'apprête comme la pomme de terre et peut aussi être la base de desserts. Les jeunes feuilles sont parfois consommées, bien cuites.

Toxicité

Toutes les parties du songe (ou taro) contiennent des cristaux d'oxalate de calcium et un alcaloïde, la conine, produisant une sensation de brûlure de la bouche et de la gorge. Une préparation adéquate est nécessaire pour éliminer ces toxines[6].

Galerie


Notes et références

  1. (en)Purseglove, J.W. 1972. Tropical crops. Monocotyledons. Longman & John Wiley, Harlow and New York.
  2. (en)R. Tumuhimbise et al (2009) Growth and development of wetland-grown taro under different plant populations and seedbed types in Uganda. African Crop Science Journal, Vol. 17, No. 1, 2009, pp. 49-60
  3. Éric Birlouez, Petite et grande histoire des légumes, Quæ, coll. « Carnets de sciences », , 175 p. (ISBN 978-2-7592-3196-6, présentation en ligne), Légumes d'ailleurs et d'antan, « Le taro : une autre source tropicale d'amidon », p. 168-169.
  4. Couplan, François (2009) Le régal végétal : plantes sauvages comestibles ; Editions Ellebore, 527 pages
  5. Emmanuel Kasarhérou, Béalo Wedoye, Roger Boulay, Claire Merleau-Ponty, Guide des plantes du chemin kanak, Nouméa, Agence de développement de la culture kanak, , 77 p. (ISBN 9782909407760), p. 20-21
  6. http://medecinetropicale.free.fr/cours/intoxplante.pdf

Article connexe

Liens externes


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