Colette Capitan

Colette Capitan ou Colette Capitan Peter, née le à Chamalières et morte le à Paris[1],[2], est une sociologue et historienne française. Elle était chargée de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) depuis 1962.

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Biographie

Après des études supérieures de droit et de sciences humaines, complétées par un DES de philosophie-sociologie, elle travailla sur la vie politique française, et notamment sur les penseurs de la contre-révolution et sur l'Action Française. Ses travaux ont également porté sur l'antisémitisme et l'idée de nature.

La Nature à l’ordre du jour 1789-1793 (1993) est l'un de ses ouvrages principaux. Ce livre traite de la Révolution Française et de la façon dont celle-ci a remodelé l'oppression légale, sociale et idéologique des femmes[3]. Il analyse également l’entrée de la Nature comme référence centrale de la conception du politique[4]. Formalisée à l’époque des Lumières et de la Révolution Française, elle reste la nôtre aujourd’hui. Fondée sur le corpus des séances de la Convention et l’examen de la mutation des biens et des personnes, appuyée sur la lecture du projet pédagogique de Jean-Jacques Rousseau et des propos du Marquis de Sade sur la société, cette analyse montre la conception paradoxale d’une Nature considérée en même temps comme la substance causale des relations sociales et, contradictoirement, comme une réalité à instaurer et à maintenir[5]. Cette notion, la Nature, est de fait fondamentalement politique car destinée à déterminer ce qui dans les relations sociales est de l’univers du politique (et caractérise les hommes) et ce qui ne peut l’être, relevant directement de la Nature (ce qui est le cas des femmes)[6].

Après avoir travaillé sur les formes idéologiques explicitement conservatrices ou réactionnaires : Louis de Bonald et plus longuement l’Action Française, Colette Capitan a abordé la question de l’interdiction du politique au cœur des rapports de domination et en a montré le noyau, « irréductible » encore aujourd’hui, dans les relations entre les femmes et les hommes, l’accès au politique des uns, la fermeture organisée de ce même politique aux autres[7].

Elle s'est par ailleurs fait connaître par son engagement féministe aux côtés notamment de Colette Guillaumin. Elle participa a l'équipe de rédaction de la revue Questions féministes, fondée en 1977 par Simone de Beauvoir, qui est la source et l'organe de publication du féminisme matérialiste. Elle y côtoie Christine Delphy, Emmanuèle de Lesseps, Nicole-Claude Mathieu et Monique Plaza. Ses analyses recoupent celles des féministes radicales et posent les jalons de la critique du genre.

Publications

Références

  1. « Carnet du Monde - deces », Le Monde, , page 47
  2. « matchID - Moteur de recherche des personnes décédées », sur deces.matchid.io (consulté le )
  3. Annie Geffroy, « Colette Capitan, ~~La nature à l'ordre du jour (1789-1793)~~ », sur www.persee.fr (consulté le )
  4. Moreau de Bellaing Louis, « Colette Capitan, La nature à l'ordre du jour : 1789-1793, Paris, Éditions Kimé, 1996. In: L'Homme et la société, N. 132-133, 1999. Figures de l' « auto-émancipation » sociale. pp. 219-221. », avril -septembre 1999
  5. Diane Lamoureux, « Compte Rendu », Recherches féministes, no vol. 7, n° 1,, , p. 153-155 (lire en ligne)
  6. Colette Capitan, La nature à l'ordre du jour (1789-1793), Paris, Éditions Kimé, , 180 p. (ISBN 978-2-908212-72-3)
  7. Colette Capitan, Charles Maurras et l’idéologie d’Action Française, Paris, Seuil, (ISBN 2-02-002466-7)
  8. (en) Gill Seidel, The Nature of the Right : A Feminist Analysis of Order Patterns, John Benjamins Publishing, , 185 p. (ISBN 90-272-2412-9, lire en ligne)

Liens externes

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