Clearview AI

Clearview AI est une entreprise américaine spécialisée dans la reconnaissance faciale. Elle fournit un logiciel basé sur une technologie qu'elle développe, permettant de rechercher un visage parmi une base de données de plus de trois milliards d'images, obtenues via web scraping sur Internet et notamment sur les réseaux sociaux. L'entreprise a fait l'objet de diverses enquêtes depuis 2020, notamment autour de la menace qu'elle fait peser sur la vie privée, suscitant plusieurs controverses.

Clearview AI

Création
Fondateurs Hoan Ton-That (en)
Forme juridique Société par actions
Activité Surveillance
Produits Système de reconnaissance faciale
Site web clearview.ai

Histoire

La société est fondée en 2017 par Hoan Ton-That (en) et Richard Schwartz (en), et a été initialement financée par le multimilliardaire Peter Thiel, fondateur de Palantir Technologies et membre du conseil d’administration de Facebook[1]. Plusieurs enquêtes identifient l'entreprise comme ayant été proche de l'extrême droite, voire de personnalités néonazies, à partir de 2016[2],[3],[4].

Technologie

Le logiciel de Clearview AI permet de comparer une photographie avec une base de données de plus de trois milliards de photographies, principalement trouvées sur les réseaux sociaux via web scraping[1],[5]. Le logiciel donne le moyen d'associer les données personnelles de quelqu'un  comme son nom, son âge, son activité professionnelle ou ses relations  à partir d'une photo de son visage, grâce à l'intelligence artificielle et à la base de données de l'outil[6],[7].

Clients

Cible commerciale

La société déclare ne vendre son logiciel qu'aux forces de l'ordre, afin d'aider à la résolution d'affaires telles que des abus sexuels sur mineurs, par exemple[8].

Cependant, début 2020, une violation de données a révélé que de nombreuses organisations commerciales figurent sur la liste des clients de l'entreprise  telles que Walmart, Macy's ou la National Basketball Association  si bien que le logiciel est utilisé non seulement par des bureaux de police, mais également par des sociétés privées, des universités et des particuliers[9],[10],[11],[12]. La violation révèle également que, contrairement au positionnement qu'elle affirme de ne concentrer ses services qu'en Amérique du Nord, Clearview a démarché plus de 27 pays ailleurs dans le monde vis-à-vis de son logiciel, parmi lesquels l'Australie, le Brésil, l'Inde, la Norvège, le Royaume-Uni, la Serbie, la Suisse, et une partie importante des états membres de l'Union européenne[13],[12],[14].

L'entreprise prévoyait de même, en , de proposer son service aux forces de police en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Qatar et à Singapour  des états régulièrement considérés comme dirigés par des régimes autoritaires ou restreignant les libertés individuelles[12],[15].

Utilisation par la police et l'armée en Amérique du Nord

L'US Air Force achète une licence du logiciel en , pour une somme de 50 000 dollars[16]. En , plus de 600 bureaux de police nord-américains étaient clients de l'entreprise[1],[17]. En , le United States Immigration and Customs Enforcement signe également un contrat avec Clearview afin d'utiliser son logiciel, pour un montant de 224 000 dollars[4],[18]. L'entreprise revendiquait 3 100 utilisateurs actifs en [18]. Selon une enquête de BuzzFeed News parue en avril de la même année, le logiciel a également été utilisé, au moins temporairement, par l'US Army, l'US Navy, l'US Marine Corps et l'US Coast Guard[19].

Controverses

L'entreprise fait l'objet de plusieurs controverses et procédures judiciaires vis-à-vis des milliards d'images qu'elle a collectées sur Internet[20],[21].

En , Twitter dépose une mise en demeure à l'encontre de la société, demandant la suppression de toutes les données collectées sur son site[22]. Cette requête est suivie par des demandes similaires de YouTube et Facebook en de la même année[23],[24].

Toujours en , l'État du New Jersey interdit l'utilisation du logiciel sur son territoire le temps de s'assurer de la légalité de celui-ci[25].

Le , les autorités de protection des données britannique et australienne ouvrent une enquête sur les pratiques de Clearview AI[7].

Le , les commissaires à la protection de la vie privée du Canada signent un rapport dans lequel ils déclarent que Clearview AI viole les lois canadiennes sur la vie privée en recueillant sans consentement préalable, et à leur insu, les photos de citoyens canadiens[26].

Le , l’ONG Privacy International dépose plusieurs réclamations en Europe et demande une enquête à la CNIL sur les pratiques de Clearview AI[27].

Notes et références

  1. « Reconnaissance faciale : une start-up analyse les photos des réseaux sociaux pour la police américaine », sur Le Monde, (consulté le )
  2. (en) Luke O'Brien, « Far-Right Extremists Helped Create The World's Most Powerful Facial Recognition Technology », sur The Huffington Post, (consulté le )
  3. (en) Tom McKay, « Creepy Face Recognition Firm Clearview AI Sure Has a Lot of Ties to the Far Right », sur Gizmodo, (consulté le )
  4. Jérôme Hourdeaux, « Clearview AI, le cauchemar de la reconnaissance faciale devient réalité », sur Mediapart, (consulté le )
  5. (en) Louise Matsakis, « Scraping the Web Is a Powerful Tool. Clearview AI Abused It », Wired, (ISSN 1059-1028, lire en ligne, consulté le )
  6. Sébastian Seibt, « Clearview AI, la start-up de reconnaissance faciale qui pulvérise la vie privée », sur France 24, (consulté le )
  7. « Données personnelles : Clearview AI visé par une double enquête », Le Monde, (consulté le )
  8. (en) Kashmir Hill et Gabriel Dance, « Clearview’s Facial Recognition App Is Identifying Child Victims of Abuse », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Jon Fingas, « Law enforcement is using a facial recognition app with huge privacy issues », sur Engadget, (consulté le )
  10. (en) Ryan Mac, Caroline Haskins et Logan McDonald, « Clearview AI Says Its Facial Recognition Software Identified A Terrorism Suspect. The Cops Say That's Not True. », sur BuzzFeed News, (consulté le )
  11. (en) Kashmir Hill, « The Secretive Company That Might End Privacy as We Know It », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Ryan Mac, Caroline Haskins et Logan McDonald, « Clearview’s Facial Recognition App Has Been Used By The Justice Department, ICE, Macy’s, Walmart, And The NBA », sur BuzzFeed News, (consulté le )
  13. Incluant la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Irlande, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, les Pays-Bas, le Portugal, la Slovénie et la Suède.
  14. « 27 pays ont testé l'application de reconnaissance faciale de Clearview », sur Next INpact, (consulté le )
  15. (en) Caroline Haskins, Ryan Mac et Logan McDonald, « Clearview AI Wants To Sell Its Facial Recognition Software To Authoritarian Regimes Around The World », sur BuzzFeed News, (consulté le )
  16. (en) Caroline Haskins et Ryan Mac, « A US Senator Wants To Know Which Federal Authorities Are Using Clearview AI To Track The Coronavirus », sur BuzzFeed News, (consulté le )
  17. (en) Igor Bonifacic, « Google tells facial recognition startup Clearview AI to stop scraping photos », sur Engadget, (consulté le )
  18. (en) Kashmir Hill, « What We Learned About Clearview AI and Its Secret ‘Co-Founder’ », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  19. (en) Ryan Mac, Caroline Haskins, Brianna Sacks et Logan McDonald, « How A Facial Recognition Tool Found Its Way Into Hundreds Of US Police Departments, Schools, And Taxpayer-Funded Organizations », sur BuzzFeed News, (consulté le )
  20. Emma Confrere, « Reconnaissance faciale : la société Clearview AI accusée de «surveillance de masse illégale» », Le Figaro avec AFP, (consulté le )
  21. Samuel Kahn, « Reconnaissance faciale: Clearview fait scandale avec ses 3 milliards de visages «aspirés» », sur Le Figaro, (consulté le )
  22. (en) « Twitter demands AI company stops 'collecting faces' », BBC News, (consulté le )
  23. (en) Alfred Ng et Steven Musil, « Clearview AI hit with cease-and-desist from Google, Facebook over facial recognition collection », sur CNET, (consulté le )
  24. « Reconnaissance faciale : YouTube et Facebook mettent en demeure la start-up Clearview AI », sur Le Monde, (consulté le )
  25. (en) Kashmir Hill, « New Jersey Bars Police From Using Clearview Facial Recognition App », The New York Times, (ISSN 0362-4331, consulté le )
  26. (en) Elizabeth Thompson, « U.S. technology company Clearview AI violated Canadian privacy law: report », CBC News, (consulté le )
  27. Florian Reynaud, « Reconnaissance faciale : une enquête demandée à la CNIL sur les pratiques de Clearview AI », sur Le Monde, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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