Classification des personnes transsexuelles

La classification des personnes transsexuelles et des personnes avec d'autres atypicités de genre, a été faite au milieu des années 1960. En médecine et en psychiatrie, des termes tels que « hétérosexuel » et « homosexuel » ont été basés sur le sexe assigné à la naissance d'une personne, ce qui a incité l'utilisation d'androphilie et de gynophilie pour éviter les confusions terminologiques. Dans des contextes sociaux et politiques, la classification est souvent réalisée par rapport au sexe désiré.

Échelle de l'orientation sexuelle (1966)

Harry Benjamin a créé l’Échelle de l'Orientation Sexuelle (« Sex Orientation Scale » - SOS) pour classifier et comprendre les formes variées et les sous-types du transvestisme et du transsexualisme des hommes assignés[1]. C'est une échelle en sept points avec trois types de travestissement, trois types de transsexualisme, et une catégorie pour les hommes cisgenres. Benjamin a fait référence et a utilisé l'Échelle de Kinsey dans la distinction entre le « vrai transsexualisme » et le « transvestisme ».

Groupe Type Nom
Échelle de Kinsey Opération de conversion ?
1 I Transvesti (Pseudo) 0-6 Non prise en compte
1 II Transvesti (Fétichiste) 0-2 Rejetée
1 III Transvesti (Vrai) 0-2 Rejetée, mais l'idée peut être envisageable
3 V Transsexuel (Intensité modérée) 4-6 Demandée, habituellement indiquée
3 VI Transsexuel (Haute intensité) 6 Demandée avec insistance ; indiquée

Benjamin a noté : « Il faut souligner que les six types restants ne sont pas, et ne peuvent pas, être nettement séparés[1] ». Benjamin a ajouté une mise en garde : « Il y a eu l'intention de souligner la possibilité de plusieurs conceptions et classifications du transvestisme et du phénomène transsexuel. Grâce aux futures études et aux observations, une compréhension de l'étiologie pourrait être envisageable[1] ».

Diagnostic and Statistical Manual (1980)

DSM-III

Le transsexualisme a été inclus pour la première fois dans le DSM-III en 1980[2].

Le « Trouble de l'identité de genre » était un terme créé dans le DSM-III qui concernait les transsexuels ; les catégories étaient « TIG/Enfants transsexuels » ; « TIG/adolescents et adultes, de type non-transsexuels » et « TIG/non spécifié ». Fait intéressant, dans la grande révision du DSM (DSM-III-R), ils ont été placés dans la catégorie « Troubles habituellement évidents dans la petite enfance, l'enfance ou l'adolescence[3] ».

Dans le DSM-III, les termes « homosexuel », « hétérosexuel » et « asexuel » sont utilisés avec un peu de confusion[3]. (Ces termes sont remplacés dans le DSM-IV par « attiré par les hommes », « attiré par les femmes », « attiré par les deux » et « attiré par aucun »).

DSM-III-R

Le DSM-III-R, publié en 1987, a conservé le terme transsexualisme[4]. Il est situé dans la catégorie : « Disorders Usually First Evident in Infancy, Childhood or Adolescence ».

DSM-IV et DSM-IV-TR

Dans le DSM-IV-TR, le trouble de l'identité de genre est placé dans la catégorie des troubles sexuels, avec la sous-catégorie des troubles de l'identité de genre. Les noms ont changé dans le DSM-IV pour « trouble de l'identité de genre chez l'enfant », « trouble de l'identité de genre chez l'adolescent ou l'adulte », et « trouble de l'identité de genre non spécifié ».

Classification internationale des maladies

La classification internationale des maladies (CIM) est selon son éditeur, l'Organisation mondiale de la santé de l'Organisation des Nations unies :  « l'outil de diagnostic standard pour l'épidémiologie, la gestion de la santé et à des fins cliniques »[5]. Il est connu comme étant un système de classification des soins de santé reposant sur l'observation de signes, symptômes, résultats anormaux, plaintes, circonstances sociales et causes externes de maladie. Dans ce système, chaque état de santé peut être affecté à une catégorie unique et à un code donné.

La Classification Internationale des Maladies publiée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est utilisée dans le monde pour le remboursement, et l'aide à la décision dans les soins de santé. Ce système est conçu pour promouvoir la comparabilité internationale dans la collecte, le traitement, la classification et la présentation de ces statistiques. Le CIM est une base de la classification de l'OMS de la famille des Classifications Internationales (OMS-FCI)[6].

Le CIM est révisée périodiquement et est actuellement dans sa onzième révision. La CIM-10 a été élaborée en 1992 pour suivre les statistiques de la santé. La CIM-11[7] est sortie en 2015[8] à l'aide du Web 2.0[9]. Les mises à jour sont publiées par l'OMS[10]. Le CIM fait partie d'une « famille » de guides qui peuvent être utilisés pour en compléter d'autres, notamment la Classification Internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé qui met l'accent sur les domaines de fonctionnement (handicap) associés aux conditions de santé, d'un point de vue à la fois médicaux et sociaux.

Dans la CIM-10, le transsexualisme est classé dans les troubles de l'identité de genre, partie F64 dans la dans la catégorie : « Troubles de la personnalité et du comportement chez l'adulte ».

Typologie du transsexualisme de Blanchard (années 1980)

La typologie du transsexualisme de Blanchard (aussi appelée taxonomie de Blanchard) est une typologie psychologique du transsexualisme male-to-female, créée par Ray Blanchard dans les années 1980 et 1990, qui s’appuie sur le travail de son collègue, Kurt Freund. Blanchard divise les personnes transsexuelles male-to-female en deux groupes différents[11],[12],[13]: les « transsexuels homosexuels », qui sont attirés par les hommes, et les « transsexuels non-homosexuels »[14], qui sont autogynéphiles, c'est-à-dire sexuellement excités par la pensée ou l'image d'eux-mêmes en femme) ; la cause de transsexualisme n'étant pas nécessairement similaire entre les deux groupes.

En effet, autogynéphilie vient du grec « αὐτό- » (soi), « γυνή » (femme) et « φιλία » (amour) (« amour de soi en femme ») et désigne l'excitation sexuelle et paraphile d'un homme qui pense ou perçoit l'image de son corps en celui d'une femme[15]. D'autres termes dérivés ont été proposés tels que « automonosexualité », « éonisme » et inversion sexo-esthétique[16],[17],[18]. Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR) définit un terme équivalent, et reconnaît l'autogynéphilie en tant que trouble du travestissement fétichiste, mais ne classifie par l'autogynéphilie comme un trouble propre[19],[13]. Le terme analogique est l' autoandrophilie, qui désigne l'excitation sexuelle chez une femme lorsque celle-ci pense ou perçoit l'image de son corps en celui d'un homme[20]. Le terme est classifié dans la catégorie travestissement fétichiste dans la révision proposée du DSM-5[21].

Blanchard classifie quatre types différents d'autogynéphilie[22],[23] :

  • Autogynéphilie « travestie » : excitation dans l'acte ou le fantasme de porter des vêtements de femme.
  • Autogynéphilie comportementale : excitation dans l'acte ou le fantasme de faire quelque chose de féminin.
  • Autogynéphilie physiologique : excitation dans l'acte ou le fantasme de percevoir quelques parties du corps comme celui du sexe opposé.
  • Autogynéphilie anatomique : excitation dans l'acte ou le fantasme de percevoir le corps comme celui du sexe opposé.

Les critiques scientifiques concernant la recherche et la théorie sont venues de John Bancroft, Jaimie Veale, Larry Nuttbrock, Charles Allen Moser, Alexandre Baril, et d'autres qui prétendent que la théorie est une mauvaise représentation des personnes transsexuelles MtF, et que réduire l'identité de genre à une question d'attirance est non-instructif [13]. Les partisans de la théorie inclus Anne Laurent, J. Michael Bailey, James Cantor, et d'autres qui prétendent qu'il existe des différences significatives entre les deux groupes, notamment la sexualité, l'âge de la transition, l'origine ethnique, le QI, le fétichisme et la qualité de l'adaptation.

La théorie a fait l'objet de protestations parmi les communautés transsexuelles et LGBT, même si elle a ses partisans. Les problématiques soulevées par Blanchard ont fait de nouveau l'objet de critiques, avec la publication de Bailey The Man Who Would Be Queen en 2003. En 2005, Blanchard s'éloigne de l'affirmation de Bailey quant à la certitude scientifique de l'étiologie, exprimant que davantage de recherches seraient nécessaires avant que cette hypothèse puisse être justifiée[24].

Références

  1. Benjamin, H. (1966).
  2. American Psychiatric Association. (1980).
  3. Pauly, I. B. (1993).
  4. American Psychiatric Association. (1987).
  5. http://www.who.int/classifications/icd/en/ consulté le 26 juin 2012.
  6. World Health Organization.
  7. ICD11 Alpha is already available online, at http://apps.who.int/classifications/icd11/browse/f/en#/http%3A%2F%2Fwho.int%2Ficd%232772_712a6f06_71f2_48d0_919c_2b3cb8b7172d (consulté le 15 avril - 11:02 UTC).
  8. « Revision of the International Classification of Diseases (ICD) », World Health Organization (consulté le ).
  9. (en) The Canadian Press, « WHO adopts Wikipedia approach for key update », CBC News, (lire en ligne).
  10. WHO.
  11. Ray Blanchard, LH Clemmensen et BW Steiner, « Heterosexual and homosexual gender dysphoria », Arch Sex Behav, (PMID 3592961).
  12. Ray Blanchard, R Dickey et CL Jones, « Comparison of height and weight in homosexual versus nonhomosexual male gender dysphorics », Arch Sex Behav, (PMID 8561663).
  13. (en) Alexandre Baril et Kathryn Trevenen, « Exploring Ableism and Cisnormativity in the Conceptualization of Identity and Sexuality “Disorders” », Annual Review of Critical Psychology, , p. 389-416 (lire en ligne)
  14. Ray Blanchard, « The classification and labeling of nonhomosexual gender dysphorias », Arch Sex Behav, (PMID 2673136).
  15. (en) Blanchard, R. (1989). The concept of autogynephilia and the typology of male gender dysphoria]. The Journal of Nervous and Mental Disease, 177 616-623.
  16. Anne Lawrence, M.D. (Traduction de Michèle-Anne Roncières), « Débat sur l'Autogynéphilie paru dans DJ 56 : Présentation du concept », sur http://micheleanneroncieres.net/Traductions/Autogynephilie.htm.
  17. Le transsexualisme, une manière d'être au monde (lire en ligne), p. 18.
  18. (en) Paraphilia not-otherwise specified (lire en ligne).
  19. (en) https://books.google.com/books?id=3SQrtpnHb9MC&pg=PA574&q=autogynephilia.
  20. Autoandrophilia: Just Pretend I'm a Boy, CBS News.
  21. (en) 302.3 - Transvestic Fetishism, Proposed Revisions, DSM-5.
  22. (en) Blanchard, R. (1991). Clinical observations and systematic studies of autogynephilia. Journal of Sex & Marital Therapy, 17, 235-251.
  23. (en) Blanchard, R. (1993). Varieties of autogynephilia and their relationship to gender dysphoria. Archives of Sexual Behavior, 22, 241–251.
  24. (en) Bancroft J, Human sexuality and its problems, Elsevier, , 546 p. (ISBN 978-0-443-05161-6, lire en ligne).


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