Femme trans

Une femme trans ou femme transgenre est une personne dont l’identité de genre est féminine, alors que le genre qui lui a été assigné à la naissance sur la base de l'apparence de son sexe est masculin.

Femme trans à la Pride de São Paulo en 2008.

Le terme transsexuelle, encore parfois employé, est issu d'un contexte médical obsolète et peut être jugé offensant par les personnes concernées. 

Vue d'ensemble

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Selon certains auteurs, l'assignation sexuelle se réfère au fait d'avoir été assigné à un sexe à sa naissance, selon notamment l’apparence des organes génitaux externes[1]. En cela, ils critiquent la notion de « sexe biologique » en se fondant d'une part sur sa multiplicité tant diachroniquement[2] que culturellement[3] et d'autre part sur l'impossibilité qu'il y aurait à le définir par référence à de seuls critères biologiques (chromosomes, gonades, etc), de sorte que seule leur association avec des attentes sociales amènerait à assigner un genre[4]. C'est en ce sens que pour Judith Butler et Christine Delphy le sexe biologique, « naturalisé », est déjà un produit du système de genre[5],[6].

D'autres auteurs rejettent à l'inverse la notion d'assignation sexuelle, considérant que le sexe ne pourrait que se constater[7]. Ceux-ci font prévaloir une notion biologique et physiologique du sexe, opposée aux aspects culturels et sociaux du genre dont elle serait strictement distincte[8]. Dans ce cadre, les personnes transgenres sont définies comme celles dont l'identité de genre correspond au genre associé au sexe biologique opposé au leur[9].

L'identité de genre se réfère au sentiment et à l'expérience intime d'une personne quant à son propre genre, qui peut être différent de celui assigné à la naissance, ou continuellement par ce que Julia Serano appelle le « genrement », à savoir le processus par lequel un genre est constamment et activement assigné à une personne sur la base d'un nombre réduit de caractères considérés comme arbitraires[10].

La transition désigne le processus d'adoption sociale et personnelle de l'identité correspondant au sentiment intime du genre d'une personne, sans nécessairement inclure l'intervention médicale (traitement hormonal, opérations, etc.), les changements concernant les documents juridiques (nom et/ou marqueur de sexe, certificat de naissance, etc), et l'expression personnelle (vêtements, accessoires, voix, langage corporel).

Les femmes trans peuvent ressentir de la dysphorie de genre, c'est-à-dire la détresse relative au décalage entre leur identité de genre et, selon les auteurs, leur sexe de naissance ou le sexe qui leur a été assigné à leur naissance (et le rôle de genre associé, ainsi que les caractéristiques sexuelles primaires et secondaires)[11].

Les femmes trans peuvent effectuer une transition (socialement, médicalement, démarches à l'état civil, etc). Un élément essentiel de la transition médicale concerne la prise d'œstrogènes, qui entraîne le développement des caractères sexuels secondaires féminins (seins, redistribution de la graisse corporelle, baisse du rapport taille-hanche, etc). Lorsque ce traitement est associé à une chirurgie de réattribution sexuelle, la personne sera encline à ressentir beaucoup moins, voire plus aucune dysphorie de genre, ce qui peut lui apporter un soulagement majeur.

De la même manière, un homme trans est une personne ayant été assignée femme à la naissance, mais dont l'identité de genre est masculine.

Terminologie

Le terme « transsexuel » est un avant tout terme médical désuet[12] que les associations et les journalistes recommandent de ne pas utiliser[13],[14], de même que le Défenseur des droits français qui explique en 2020 que :

« si les notions de “transsexualisme”, de “transsexuel”, de “transsexuelle” ou encore d’“identité sexuelle” ont pu être employées par le passé, le Défenseur des droits recommande d’utiliser les termes “identité de genre” et “personnes transgenres” car la transidentité est une expérience indépendante de la morphologie et donc du sexe des personnes[15]. »

Certaines femmes trans ayant terminé leur transition de genre préfèrent être simplement appelées « femme », considérant que les termes « femme trans » ou « transsexuelle male-to-female » devraient être utilisés pour qualifier des personnes qui n'ont pas totalement fini leur transition de genre. Beaucoup d'entre elles peuvent aussi ne pas vouloir être perçues comme des « femmes trans », étant donné la tendance de la société à classer « autre », tout individu qui ne rentre pas dans le système de la binarité de genre, ou bien parce que, pour des raisons personnelles, elles ne souhaitent pas s'identifier comme des personnes transgenres en phase post-transitionnelle[16].

La transition fait dans ce cas référence à la période durant laquelle se produit la transformation (réassignation sexuelle) ainsi que la création de la nouvelle identité auprès des instances légales. On rencontre parfois le néologisme : « transitionner »[17].

Certains termes péjoratifs et transphobes sont parfois utilisés pour parler des femmes transgenres, alors qu'ils désignent d'autres réalités, par exemple : travelo (tranny en anglais) qui fait référence à un homme qui se déguise en femme, ce terme n'étant par ailleurs pas lié à des pratiques sexuelles ou à la prostitution mais peut faire partie des cosplay ; shemale (de l'anglais she, elle, et male, mâle) désigne une personne assignée homme à la naissance, et qui a des caractéristiques féminines et masculines, notamment des seins et un pénis (voir pornographie transsexuelle).

L'acceptation des femmes trans en tant que femme dans la société est contestée par certains courants féministes[18].

Orientation sexuelle

Le stéréotype du garçon efféminé qui grandit en vivant progressivement comme une femme est probablement le stéréotype lié à la transidentité le plus commun[19]. C'est une mauvaise conception et un stéréotype qui suggère que toutes les femmes trans sont hétérosexuelles. Cependant, certaines anciennes recherches concernant l'orientation sexuelle des femmes trans sont douteuses. De nombreuses études comportent des biais, étant donné que les personnes transgenres ont le sentiment que pour obtenir un traitement hormonal, certaines réponses aux questionnaires de pré-diagnostic comportent des réponses « vraies » et « fausses ».

Pat Califia, auteur de Sex Changes et Public Sex a indiqué que ce groupe avait été très lucide concernant les réponses à donner pour être éligible au traitement hormonal et/ou à la chirurgie de réattribution sexuelle : « Aucun des spécialistes de l'égalité des sexes ne semble réaliser qu'ils sont eux-mêmes responsables de la situation où les transsexuels doivent décrire un ensemble prédéfini de symptômes et faire un récit de manière clairement prescrite afin d'obtenir l'approbation du docteur pour ce qui devrait être leur droit inaliénable[20]. »

Une étude sur 3 000 femmes trans a montré que seulement 23 % d'entre elles se déclaraient hétérosexuelles, 31 % comme bisexuelles, 29 % comme lesbiennes, 7 % comme asexuelles, 7 % comme queer, et 2 % comme « autre »[21].

Discrimination

Les femmes trans, comme tout autre personne de genre variant, font face à de nombreuses discriminations et à de la transphobie. Une étude de 3 000 femmes trans vivant aux États-Unis, résumée dans le rapport Injustice at Every Turn: A Report of the National Transgender Discrimination Survey, a montré qu'elles en avaient été victimes[21][évasif].

Le rapport de 2010 de la National Coalition of Anti-Violence Programs concernant les violences anti-LGBTQI+ a trouvé que sur 27 personnes assassinées en raison de leur identité LGBTQI+, 44 % étaient des femmes trans[22]. Les discriminations sont particulièrement marquées à l'égard des femmes trans de couleur, qui font l'expérience de l'intersection du racisme et de la transphobie[réf. nécessaire] .

Dans son livre Whipping Girl, la femme trans Julia Serano se réfère au type de discrimination auquel font face les femmes trans : la « transmisogynie »[23].

Femmes transgenres et espaces réservés aux femmes

Pour une frange du féminisme critique du genre, confondre le sexe et l'identité de genre, déclarative, des femmes transgenres sur le plan légal remet en cause les droits des femmes en termes d'accès aux espaces réservés aux femmes (en)[24] comme les sanitaires, les hébergements d'urgence ou les prisons pour femmes[25],[26]. La présence de femmes transgenres dans les compétitions sportives féminines (en), potentiellement physiquement avantagées par rapport aux femmes cisgenres, est également source de débats[26].

Écrits

Dans son ouvrage intitulé Whipping Girl, a Transsexual Woman on Sexism and the Scapegoating of Femininity[27], Julia Serano, autrice trans et féministe, analyse la situation des femmes trans dans la société occidentale.Par ses propos, l’autrice met en avant les difficultés liées au sexisme et du mépris des hommes que subissent les femmes cisgenres et les femmes trans (en plus de transphobie dans le cas présent). Pour elle, les femmes trans seraient davantage rejetées et méprisées, non pas pour leur transexualité de prime abord, mais avant tout pour leur statut de femme au sein d’une société qui valorise le modèle masculin au détriment du modèle féminin.

Dans son article « Quelle place pour les femmes trans au sein des mouvements féministes ? »[28] le professeur Alexandre Baril, s'inspire du livre Excluded[29] de Julia Serano pour tenter de pointer les idées reçues sur les femmes trans présentes dans certains groupes féministes. Il rapporte que des groupes féministes refusent la présence de femmes trans, car elles ne seraient pas des femmes mais des hommes. Ces groupes féministes justifient leur exclusion des femmes trans à partir de stéréotypes de genre tels que:

  • les femmes trans ont une biologie masculine,
  • elles ont eu une socialisation masculine,
  • elles possèdent des privilèges masculins,
  • elles sont une menace masculine.

Pour déconstruire ces idées reçues, Alexandre Baril questionne premièrement la manière de déterminer le sexe d'une personne. Il rappelle que les féministes ont établi plusieurs dimensions au sexe (par exemple anatomique, gonadique, chromosomique et hormonal) et que ces composantes peuvent varier d'une personne à l'autre. Les groupes féministes ne font d'ailleurs pas d'examen physiques pour vérifier le sexe des femmes, elles se fient plutôt à l'auto-identification. Deuxièmement, il présente que l'exigence d'une socialisation spécifiquement féminine est illogique car la socialisation ne détermine pas l'identité de genre. Si l'argument d'avoir vécu l'expérience de socialisation et d'oppression féminine étaient valable, d'autres mouvements sociaux, comme celui LGBQ, ne pourraient pas se rassembler car ils sont constitués de personnes aux parcours de vie différents. Troisièmement, il souligne que les privilèges masculins sont distribués inégalement entre les hommes en fonction d'autres appartenances telles que la race ou l'orientation sexuelle. Il rappelle que les privilèges ne sont pas éternels et qu'une femme trans peut perdre ses privilèges masculins pendant sa transition. Finalement, il déconstruit le mythe de la menace masculine en soulignant le caractère homophobe et raciste de cet argument. Bien que des groupes féministes croient que l'exclusion des femmes trans sur la base de caractéristiques physiques (par exemple pilosité ou ton de voix) assuraient la création d'un espace sécuritaire pour les membres du groupe, elles reproduisent plutôt l'oppression vécue par les femmes. Si l'objectif est d'assurer la création d'espace sécuritaire, Alexandre Baril suggère de « s'attaquer aux dynamiques internes des groupes et aux comportements problématiques dans ces espaces. »[28].

[pertinence contestée]

Références

  1. Lorena Parini, « Elsa Dorlin :Sexe, genre et sexualités. Introduction à la théorie féministe », Nouvelles Questions Féministes, vol. 28, no 1, , p. 127 (ISSN 0248-4951 et 2297-3850, DOI 10.3917/nqf.281.0127).
  2. Thomas Walter Laqueur, La fabrique du sexe : essai sur le corps et le genre en Occident, Gallimard, (ISBN 978-2-07-045078-7 et 2-07-045078-3, OCLC 858211486).
  3. Mead, Margaret, 1901-1978., Moeurs et sexualité en Océanie, Pocket, 2004, ©1993 (ISBN 2-266-11230-9 et 978-2-266-11230-7, OCLC 300968562).
  4. Laure Bereni, Introduction aux études sur le genre, De Boeck, (ISBN 978-2-8041-6590-1 et 2-8041-6590-6, OCLC 820323652).
  5. Butler, Judith., Trouble dans le genre =Gender trouble : le féminisme et la subversion de l'identité, La Découverte, (ISBN 2-7071-5018-5 et 978-2-7071-5018-9, OCLC 180013549).
  6. Christine Delphy, L'Ennemi principal. 2, Penser le genre, Syllepse, (ISBN 978-2-84950-395-9 et 2-84950-395-9, OCLC 863112523).
  7. André, Jacques, Les sexes indifférents, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-054073-1).
  8. « Qu'entendons-nous par "sexe" et par "genre" ? », Organisation mondiale de la Santé.
  9. Anne-Virginie Butty et Francesco Bianchi-Demicheli, « Le point sur les étiologies biologiques de la transsexualité », Revue médicale suisse, (lire en ligne, consulté le ).
  10. Julia Serano et Noémie Grunenwald, Manifeste d'une femme trans : et autres textes (ISBN 978-2-36624-474-8 et 2-36624-474-6, OCLC 1143615104, présentation en ligne).
  11. (en) « Standards of Care for the Health of Transsexual, Transgender, and Gender Nonconforming People (version 7) », The World Professional Association for Transgender Health, p. 96.
  12. Arnaud Alessandrin, « Le transsexualisme : une catégorie nosographique obsolète », Santé Publique, vol. 24, no 3, , p. 263 (ISSN 0995-3914 et 2104-3841, DOI 10.3917/spub.123.0263, lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) « Reuters Handbook of Journalism », sur Reuters : « The terms transsexual man or transsexual woman should be avoided as they are considered outdated. Unless a person specifically requests to be identified that way, use transgender instead ».
  14. « Respecter les personnes trans », sur AJL (consulté le ).
  15. « DÉCISION-CADRE 2020-136 DU 18 JUIN 2020 RELATIVE AU RESPECT DE L’IDENTITÉ DE GENRE DES PERSONNES TRANSGENRES », sur defenseurdesdroits.fr, .
  16. (en) Julia Serano, Whipping Girl : A Transsexual Woman on Sexism and the Scapegoating of Femininity, Seal Press, , 1re éd., 29–30 p. (ISBN 1-58005-154-5, OCLC 81252738).
  17. « Transidentité : le casse-tête du changement de nom pour les auteurs », Actualitte, (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) Rachel McKinnon, « Gender, Identity, and Society », Philosophy: Sex and Love, , p. 175-198.
  19. (en) Julia Dudek, « Playing with Barbies:The Role of Female Stereotypes in the Male-to-Female Transition », Transgender Tapestry, (lire en ligne).
  20. (en) « FindArticles.com - CBSi », sur findarticles.com.
  21. (en) « Injustice at Every Turn: A Report of the National Transgender Discrimination Survey », National Center for Transgender Equality & National Gay and Lesbian Task Force, p. 29.
  22. « http://colorlines.com/archives/2011/07/70_percent_of_anti-lgbt_murder_victims_are_people_of_color.html »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  23. (en) Bernadette Barker-Plummer, « Fixing Gwen », Feminist Media Studies, vol. 13, , p. 710–724 (DOI 10.1080/14680777.2012.679289, lire en ligne).
  24. (en) « Why is JK Rowling speaking out now on sex and gender debate? », sur the Guardian, (consulté le ).
  25. (en) Amber Milne, « Explainer: J. K. Rowling and trans women in single-sex spaces: what's the furore? », sur reuters.com, (consulté le ).
  26. (en) « Do trans rights affect women's rights? », sur BBC News, (consulté le ).
  27. (en) Julia Serano, Whipping Girl : A Transsexual Woman on Sexism and the Scapegoating of Femininity, Seal Press, , 1re éd. (ISBN 1-58005-154-5, OCLC 81252738).
  28. Alexandre Baril, « Quelle place pour les femmes trans au sein des mouvements féministes? », Spirale, , p. 39-41 (lire en ligne).
  29. (en) Julia Serano, Excluded: Making Feminist and Queer Movements More Inclusive, Seal Press, , 336 p. (ISBN 978-1-58005-504-8, OCLC 1131661564).

Voir aussi

Articles connexes


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