Charles-Ange Laisant

Charles-Ange Laisant, né le à Indre près de Nantes, mort le à Asnières-sur-Seine, est un militaire, un mathématicien et un homme politique français républicain radical, boulangiste dans les années 1880 et dreyfusard à la fin des années 1890, député de la Loire-Inférieure de 1876 à 1885 et de la Seine de 1885 à 1893. De 1893 à sa mort, sous l'influence de son fils Albert, il devient anarchiste.

Charles-Ange Laisant

Charles-Ange Laisant
Fonctions
Député de Loire-Atlantique
Élection 1876
Réélection 1881
Groupe politique Union républicaine
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Indre près de Nantes
Date de décès
Lieu de décès Asnières-sur-Seine
Sépulture cimetière du Père-Lachaise
Nationalité France
Parti politique Union républicaine
Père Benjamin Laisant
Mère Alida-Lucie Thuez
Enfants Albert (1873-1928)
Diplômé de École polytechnique (promotion 1859)
et

École d'application de l'artillerie et du génie

Profession Officier d'artillerie, puis journaliste
Résidence Paris

Lors de la Première Guerre mondiale, il est l’un des signataires du Manifeste des seize rassemblant les libertaires partisans de l'Union sacrée face à l'Allemagne.

Biographie

Origines

Charles-Ange Laisant est le fils de Benjamin Laisant, 19 ans[1], clerc de notaire[2], et d'Alida-Lucie Thuez, 26 ans[3], domiciliés dans le bourg de Basse-Indre[4].

Charles-Ange Laisant est présenté comme le neveu d'Ange Guépin[5] (1805-1873), médecin et homme politique nantais, républicain socialisant, lié à Louis Blanc, Jules Michelet, Henri Martin et René Waldeck-Rousseau[6]. Il était en tout cas très proche de lui : lors des funérailles d'Ange Guépin, le , il est le second à prononcer un discours après René Waldeck-Rousseau, alors maire de Nantes.

Formation et débuts professionnels

Après des études secondaires au lycée de Nantes, il étudie à l’École polytechnique (promotion 1859) et devient officier du génie[7] à l’École d’application de cette arme.

Il est capitaine en 1870. Lors du siège de Paris (septembre 1870 – janvier 1871, il participe à la défense du fort d'Issy. Après l'armistice, il est affecté à Tours tout en se présentant à des élections à Nantes : il est battu aux législatives de 1871, mais est élu conseiller général en octobre.

À partir de 1873, il est affecté en Corse, puis en Algérie.

Carrière politique (1876-1893)

En 1876, il démissionne de l'armée pour se présenter sous la bannière républicaine aux élections législatives dans la première circonscription de Nantes et est élu ; ce mandat est renouvelé deux fois ; il se présente ensuite deux fois avec succès dans la Seine. Pendant ses quinze années à la Chambre, il siège à l'extrême gauche. En , il est l'un des signataires du manifeste des 363[8].

En 1877, il obtient un doctorat ès-sciences (mathématiques).

En 1879, il devient directeur du journal Le Petit Parisien. À ce titre, il est condamné à une lourde amende pour avoir diffamé le général Courtot de Cissey.

Il compte parmi les boulangistes députés du « groupe ouvrier » de 1885 et publie deux manifestes politiques (Pourquoi et comment je suis boulangiste, 1887 et L'Anarchie bourgeoise, 1887). Il est l'un des contributeurs et souscripteurs de la Grande Encyclopédie de Berthelot[9].

De 1893 à 1920

Une du Petit Parisien du 27 janvier 1897, avant un éditorial de Laisant, sous le pseudonyme Jean Frollo.

Il renonce à sa carrière politique en 1893, se consacrant à de nombreuses activités. Il joue un rôle important dans le milieu des mathématiciens, mais aussi dans celui des pédagogues, et participe aux mouvements libre-penseur, espérantiste. Il évolue vers l'anarchisme sous l'influence de son fils Albert (né en 1873).

En ce qui concerne les mathématiques, après avoir publié plusieurs livres, Introduction à la méthode des quaternions et Théorie et applications des équipollences (1887), en 1894, il fonde, avec Émile Lemoine, un journal de mathématiques, L'Intermédiaire des mathématiciens ; il est aussi élu président de la Société mathématique de France[10].

Dans les années de l'avant-guerre, il contribue aux journaux : La Bataille syndicaliste, L'École émancipée, L’Idée libre (créée en 1911). Il occupe également les fonctions de vice-président de la Société astronomique de France (SAF) entre 1907 et 1909, mais il démissionne après l’exécution de Francisco Ferrer par le roi Alphonse XIII, aussi membre de la société et que le bureau de SAF refusait alors d'exclure[11].

Durant la Première Guerre mondiale, il est l'un des signataires du « Manifeste des 16 » 1916, personnalités du mouvement anarchiste qui prennent parti pour les Alliés et contre l'Allemagne.

Engagement dans la franc-maçonnerie

Charles-Ange Laisant appartient à la loge « Les Libres-Penseurs » à l'Orient du Pecq de la Grande Loge symbolique écossaise, quand en 1882, Maria Deraismes y est initiée au mépris des règlements de cette obédience masculine. L'atelier est mis en sommeil et la réception de Maria Deraismes déclarée nulle et non avenue. Huit ans plus tard, le frère Georges Martin, tenant du féminisme et de la libre pensée (dont Maria Deraismes était un des fleurons), fonde avec la sœur Deraismes Le Droit Humain. Le frère Laisant membre de la loge « Raspail », adhère à la nouvelle obédience mixte[12].

Mort

À sa mort il est incinéré au cimetière du Père-Lachaise[13] où se trouvent aussi les urnes de son fils, Albert (1873-1928[14]), militant anarchiste et poète, et de son petit-fils Charles (1911-1952[15]), militant anarcho-syndicaliste et pacifiste.

Œuvres

Mathématiques
  • Applications mécaniques du calcul des quaternions. Suivi de Sur un nouveau mode de transformation des courbes et des surfaces, Paris, Verdière, 1877 (thèse), [lire en ligne]
  • Introduction à la méthode des quaternions, 1881
  • Théorie et applications des équipollences, 1887
  • Sur la numération factorielle, application aux permutations, 1888, [lire en ligne]
Politique
  • L'Anarchie bourgeoise, 1887
  • Pourquoi et comment je suis boulangiste, 1887

Décorations

Caricature de Laisant par André Gill (1879), Les Hommes d'aujourd'hui, n°69.

Voir aussi

Bibliographie

  • Dictionnaire biographique de la Loire-Inférieure, Éditions Henri Jouve, coll. « Dictionnaires départementaux », Paris, 1895 (disponible : Archives départementales 44). Une notice assez longue (4 pages).
  • Pierre Lamandé[17], (2010) « Une personnalité du monde de l’Éducation nouvelle: Charles Ange Laisant (1841–1920) et son combat politique pour une éducation rationnelle fondée sur la science », dans Paedagogica Historica, :Article en ligne 7 octobre 2010
  • Jérôme Auvinet, « Charles-Ange Laisant. Itinéraires et engagements d'un mathématicien, d'un siècle à l'autre (1841-1920). », thèse de l'université de Nantes, 2011. Sous la direction de Mme Evelyne Barbin
  • Léo Campion, Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas : les Maillons libertaires de la Chaîne d'Union, Éditions Alternative libertaire, 1996, lire en ligne, pdf.
  • Hem Day, Le Manifeste des Seize, Encyclopédie anarchiste, texte intégral.
  • Jérôme Auvinet: Charles-Ange Laisant - itinéraires et engagements d’un mathématicien de la Troisième République. Hermann, 2013.
  • Initiation mathématique. Suivie de: L'éducation de demain, Presses de l,Université Laval, Collection Réminiscences, Québec 2019. Textes présentés par Normand Baillargeon.

Sources

Articles connexes

Liens externes

Archives

  • Registres paroissiaux des Archives départementales de la Loire-Atlantique
    • Acte de naissance de Charles-Ange Laisant : Indre, 1841, , vue 20 (né la veille)
    • Acte de mariage de Benjamin Laisant et Alida Lucie Jeanne Thuez : Rezé, 1841, , vue 1. Témoins : Émilien François, rentier, de Machecoul, oncle de l’époux ; Jean-Marie Rousseau, notaire, de Pont-Rousseau ; Marie François Joseph Le Sant, pharmacien, de Nantes ; François Antoine Prévot, commis négociant, 22 ans, de Nantes.
  • Inventaire du fonds d'archives de Charles-Ange Laisant conservé à La contemporaine.

Notes et références

  1. Né le 28 décembre 1822 à Nantes, fils de Jean Marie Laisant, propriétaire rentier, demeurant à Alger, non présent au mariage et de Madeleine Rose François, demeurant à Rezé (Pont-Rousseau).
  2. Benjamin est encore étudiant en droit au moment de son mariage en janvier 1841.
  3. Née en 1815 à Brest, fille de Joseph-François-Julien-Jocelyn Thuez, capitaine au long cours, demeurant à Charenton-Saint-Maurice (Seine), présent au mariage, et d'Anne Marie Quinty, décédée à Saint-Pierre de la Martinique le 3 septembre 1823.
  4. Indre comprend trois agglomérations : Basse-Indre, chef-lieu, et Haute-Indre sur la rive droite de la Loire, Indret sur la rive gauche.
  5. L'ascendance de Charles Laisant (grands-parents) ne fait apparaître aucun Guépin. Peut-être s'agit-il d'une parenté par alliance ? On peut noter la présence comme témoin au mariage de ses parents du beau-père d'Ange Guépin, Marie-François Le Sant. On pourrait penser qu'Ange Guépin assistait au mariage et que le second prénom de Charles-Ange vient de lui.
  6. Père de Pierre Waldeck-Rousseau (1846-1904)
  7. Cf. site Assemblée nationale.
  8. Fiche sycomore
  9. Marcellin Berthelot, Hartwig Derenbourg, A. Giry, E. Glasson et Ch. -A. Laisant, La Grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, Tours, Impr. E. Arrault & Cie,
  10. Anciens présidents de la SMF — 1873–2006
  11. « À la porte l’assassin ! Quand les anarchistes voulaient exclure le roi d’Espagne de la Société astronomique de France », sur paris-luttes.info (consulté le )
  12. Léo Campion, Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas : les Maillons libertaires de la Chaîne d'Union, Éditions Alternative libertaire, 2002, texte intégral.
  13. Cf. "Liens externes"
  14. Né le 1er juin 1873, mort le 23 novembre 1928. Il a deux fils : Charles et Maurice, tous deux militants anarchistes.
  15. Né le 22 janvier 1911 et mort le 17 décembre 1958 à Asnières. Cf. Ephéméride anarchiste
  16. « Cote LH/1447/5 », base Léonore, ministère français de la Culture
  17. Université de Nantes.
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