Château de Saint-Pierre-Église

Le château de Saint-Pierre-Église est une demeure, du XVIIIe siècle, qui se dresse sur la commune française de Saint-Pierre-Église dans le département de la Manche, en région Normandie. Il est aujourd'hui la propriété du marquis Gérard de Blangy et sa femme qui louent les salons et les extérieurs du château pour des réceptions[1].

Le château fait l’objet d’une inscription partielle au titre des monuments historiques[2].

Localisation

Le château est situé à 400 mètres à l'ouest de l'église Saint-Pierre de Saint-Pierre-Église, dans le département français de la Manche.

Historique

Au début du XVIe siècle[3], Jean de Clamorgan[note 1] est en possession d'une « forte maison à pont-levis close à eaux » enjambant des douves. Les Clamorgan, qui seraient d'origine saxonne, étaient seigneurs de Saint-Pierre-Église.

En 1566 ou 1575[3],[4], le château est acquis par Richard Castel, seigneur de Rauville. En 1594[3], lors de La Ligue, le château[note 2], alors en possession de son fils Nicolas Castel, partisan d'Henri IV, est incendié par Jean de Raffoville du côté des ligueurs. Nicolas après avoir saisi le Parlement de Normandie recevra la somme de 6 000 écus d'or de la part de l'incendiaire. Il s'empresse avec Jeanne de Couvert, qu'il vient d'épouser (, de reconstruire un manoir Renaissance, dans la pièce nommée la Cour des Acacias, ainsi que la ferme et les communs du château actuel[5].

Charles Castel[note 3], fils de Nicolas, seigneur du lieu, verra, en 1644[3], ses terres érigées en baronnie par Anne d'Autriche. Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, l'un de ses cinq fils, connu aussi sous le nom d'« abbé de Saint-Pierre », sera célèbre, notamment par la publication de son Projet de paix perpétuelle, et séjournera de nombreuses fois au château.

Bon-Hervé Castel[note 4], son neveu et nouveau seigneur de Saint-Pierre-Église, rase le manoir Renaissance et entreprend la construction du château actuel, entre 1730 et 1758[3], sur les plans de Jacques-François Blondel, architecte du roi. Les travaux durent une vingtaine d'années, et le château est achevé en 1756[8].

En 1766, au décès de Bon-Hervé, son petit-neveu, le marquis Bon Paul Jacques Érard de Belisle (mort en 1805) hérite du château[7]. Bien qu'ayant contribué à la rédaction des cahiers de doléances de la noblesse du Val de Saire, et souhaité le maintien de la royauté, ce dernier reçoit néanmoins le commandement de la Garde nationale. Ses ennuis et ceux de sa femme, Françoise Constance Simon de Carneville, débutent lorsque son fils, Bon Hervé Érard de Belisle (mort en 1820), émigre. Les armoiries ornant le fronton du château sont alors recouvertes de plâtre, et le marquis incarcéré à Cherbourg. Le , son épouse échange le château contre des terres avec Auguste Leviconte de Blangy[note 5], le frère de Pierre Henri Marie Leviconte de Blangy de Fontenay, qui entre ainsi en possession de Saint-Pierre[9].

Durant la Seconde Guerre mondiale, le château est occupé par les Allemands, qui truffent le parc de nombreux blockhaus. À l'occasion, ils s'emparent de deux grands tableaux qui ornent le grand salon et qui manquent toujours à l'appel. Lors de la Libération, les Américains s'installent dans le château et y logent 450 dockers qui travaillent sur le port de Cherbourg. Après un an d'« occupation », ils le laissent dans un état très dégradé. Il faudra 15 ans à Hubert de Blangy pour restaurer le château. Il était en 2018 la possession du marquis Gérard de Blangy et sa femme[8].

Description

Dès 1730, la propriété d'une cinquantaine d'hectares, est entourée de murs[note 6], avec de larges avenues dont les principales convergent vers une étoile[note 7], et en 1758[10], le château est achevé[note 8].

Le château de Saint-Pierre-Église, long de 45 mètres sur 15 mètres de largeur, se présente sous la forme d'un long bâtiment sans décoration d'un étage sur rez-de-chaussée avec un avant-corps central à bossages surmonté d'un fronton sculpté. Deux pavillons en légères saillies prolongent le corps de logis à gauche et à droite et s'éclairent par quatre fenêtres symétriques.

Le rez-de-chaussée, séparé du premier étage par un linéament de pierre, s'éclaire par de hautes baies vitrées. Une série de lucarnes, alignées sur les fenêtres du logis, habillent la toiture.

Un tunnel aurait relié le château de Saint-Pierre aux caves de la cour d'Inthéville[11], à Fermanville.

Sur le fronton de la façade nord, on peut voir un écu rond, surmonté d'une couronne comte, arborant les armes de la famille Leviconte de Blangy, « d'azur à trois coquilles d'or ». Sur le fronton de la façade sud, se sont celles de la famille de Choiseul Daillecourt qui sont gravées, « d'azur à la croix d'or cantonnée de 18 billettes de même, 5 dans chaque canton du chef et 4 dans chaque canton de la pointe ». Ces armoiries furent notamment portées par Félix comte de Choiseul-Daillecourt, mort en 1840, époux d'Athénaïs-Blanche de Blangy, morte en 1884[12].

La grille d'entrée principale et les deux pilastres cannelés qui la soutiennent furent mis en place par M. Augustin de Blangy[13].

À l'intérieur on peut notamment voir dans l'entrée un bel escalier et sa rampe en fer forgé avec à son pied une statue en terre cuite de Ganymède.

Il ne subsiste aucun vestiges de l'ancien édifice du XVIe siècle, dont les derniers vestiges furent enlevés pour régulariser la pièce d'eau[13].

Protection

Est inscrit par arrêté du [2] :

  • le château.

Sont inscrits par arrêté du [2] :

  • le portail d'entrée ;
  • les façades et toitures des deux pavillons d'entrée ;
  • la cour d'honneur ;
  • le parterre et perspective Ouest ;
  • le parterre Est.

Visite

Le parc et le château sont accessibles à la visite pour les groupes[1].

Notes et références

Notes

  1. Il obtiendra de François Ier le droit de créer un marché sur la place du village. Jean de Clamorgan est l'auteur d'un Traité sur la chasse aux loups, livre fondateur de la louveterie française.
  2. Ce premier château se situait presque en face du portail de l'église, à l'emplacement actuel d'une pièce d'eau.
  3. En 1649, il comptait parti les gentilshommes fidèles au roi, assiégés dans le château de Valognes par le frondeur, François de Matignon[6].
  4. Il a pour cousin Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle, et ils ont servi tous deux sous les ordres du maréchal de Villars. Le marquis de Castel deviendra le Maistre de camp de cavalerie du maréchal[7].
  5. Les Blangy sont issus d'une branche de la famille Castel.
  6. Leurs longueurs est de 4,75 kilomètres.
  7. D'après Maurice Lecœur, le parc éclipse ceux des châteaux de Flamanville ou Balleroy.
  8. La date de 1758 figure sur un des écoinçons de la charpente.

Références

  1. Site officiel du château de Saint-Pierre-Église.
  2. « Château », notice no PA00110598, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. Hébert et Gervaise 2003, p. 155.
  4. « Secrets de châteaux et manoirs - Cotentin - Saint-Lô - Coutances », La Presse de la Manche, no Hors-série, , p. 28 (ISBN 979-1-0937-0115-8).
  5. Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-9139-2038-5), p. 17.
  6. Girard et Lecœur 2005, p. 19.
  7. Girard et Lecœur 2005, p. 24.
  8. Secrets de châteaux et manoirs, 2008, p. 29.
  9. Girard et Lecœur 2005, p. 29.
  10. Girard et Lecœur 2005, p. 241.
  11. Claude Pithois, Le Val de Saire, Coutances, Arnaud-Bellée, (lire en ligne), p. 70.
  12. Collectif, Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 151.
  13. Blasons du Clos du Cotentin, 1996, p. 152.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

  • Ressource relative à l'architecture :
  • Portail des châteaux de France
  • Portail de la Manche
  • Portail des monuments historiques français
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.