Suillus collinitus

Bolet à base rose

Le bolet à bas rose (Suillus collinitus) est une espèce de champignons basidiomycètes de la famille des Boletaceae. C'est une espèce comestible, bien que sans grand intérêt, qui évolue dans les forêts de pins européennes. Le champignon a un chapeau visqueux, brun roux à chocolat. Les pores de la face inférieure sont initialement jaune vif, avant de devenir brun verdâtre avec l'âge. Le mycélium rosé à la base du pied est un élément caractéristique qui permet de le distinguer des espèces similaires, comme le bolet granulé.

Dénominations

En français, l'espèce est appelée « bolet à base rose[1],[2] » ou « bolet à base rosée[3] » en raison de la coloration rose typique du mycélium. L'épithète spécifique collinitus est dérivée du latin et signifie « enduit » ou « graissé »[4].

Taxinomie

L'espèce a été décrite pour la première fois sous le nom de Boletus collinitus par Elias Magnus Fries en 1838[5]. Otto Kuntze l'a ensuite transférée au genre Suillus dans son Revisio Generum Plantarum de 1898[6].

Une analyse moléculaire de 1996 de 38 espèces différentes de Suillus a utilisé les séquences de leurs espaceurs internes transcrits pour inférer les relations phylogénétiques et clarifier la taxinomie du genre. Les résultats ont indiqué que Suillus collinitus était étroitement apparenté à un spécimen de Suillus granulatus prélevé au Népal. Selon les auteurs, cet isolat népalais représente probablement une espèce distincte des isolats nord-américains et européens[7]. En 2006, une analyse phylogénétique des isolats de Suillus collectés en Espagne a montré que Suillus collinitus était étroitement apparenté à d'autres espèces « typiques de la région méditerranéenne », à savoir Suillus bellinii, Suillus luteus et Suillus mediterraneensis[8].

Description

Le sporophore est celui d'un bolet charnu, moyen à gros. Le chapeau est initialement arrondi, puis devient convexe et enfin plat, atteignant jusqu'à 11 cm de diamètre[9]. Il est recouvert d'une cuticule brune de teinte variable et décorée de minuscules stries radiales, qu'on remarque particulièrement chez les spécimens complètement expansés et surtout par temps sec. Le chapeau a souvent une forme irrégulière et devient visqueux lorsqu'il est humide. Les tubes sont courts et l'insertion sur le pied est généralement adnée, voire légèrement décurrente. Les pores sont petits et angulaires. Ils sont initialement jaunes mais s'assombrissent avec l'âge. Les spécimens jeunes et frais portent parfois des gouttelettes d'un liquide clair qui s'accumulent à la surface des pores[10].

Le stipe est cylindrique et trapu, et mesure généralement de 8 à 10 cm de hauteur pour 1,5 à 2,5 cm d'épaisseur[10]. Il est jaune vif en haut et crème ailleurs, et orné de granulations brunâtres[2]. Il n'y a pas d'anneau. La base du stipe est attachée au mycélium, distinctement rose, qui devient visible lorsque le champignon est déraciné[10]. La chair est ferme, blanche dans le chapeau et jaune ne bas du pied. Elle a une saveur douce et une odeur faible, évoquant celle des cèpes[2]. Elle devient faiblement rougeâtre en réaction avec une solution d'ammoniaque[10].

Les spores sont de couleur brun ocracé, mais jaune pâle sous le microscope optique. Elles sont fusiformes (effilées à chaque extrémité) et mesurent de 8 à 10,5 μm par 3 à 4,5 μm[10]. Les basides portent quatre spores[9].

Espèces similaires

Suillus collinitus (mycélium rose).
Suillus granulatus (mycélium blanc).

Le bolet à base rose ressemble beaucoup au bolet granulé (Suillus granulatus), une espèce commune dans les forêts de pins européennes. Ce dernier a cependant un chapeau brun homogène sans fibrilles, et son mycélium est typiquement blanc[2]. Suillus collinitus partage encore le même habitat que d'autres espèces thermophiles, notamment Suillus mediterraneensis (dont le mycélium peut être rose mais la chair est jaune[2]) et Suillus bellinii.

Distribution et habitat

L'espèce est présente dans toute l'Europe. C'est un champignon ectomycorhizien, formant des relations symbiotiques mutuellement bénéfiques avec plusieurs espèces de pin (Pinus), dont le pin d'Alep (Pinus halepensis), le pin noir (Pinus nigra), le pin parasol (Pinus pinea) et le pin sylvestre (Pinus sylvestris). Le champignon favorise les sols calcaires[11]. Suillus collinitus est thermophile et courant dans le sud de l'Europe. Il est rarement observé dans les régions plus septentrionales, comme les îles Britanniques et la Pologne[9],[12].

Comestibilité

Le bolet à base rose est un comestible médiocre[2], à l'odeur aigre et au goût indescriptible[9]. Il est conseillé, comme pour toutes les espèces de Suillus, de ne prélever que des spécimens jeunes et de peler la cuticule avant la préparation[13]. Le champignon contient plusieurs tocophérols, une classe de composés chimiques appelés collectivement vitamine E, et qui confèrent une activité antioxydante[14]. Ils contiennent également plusieurs acides organiques, principalement les paires acide maliqueacide quinique, et acide citriqueacide alpha-cétoglutarique, qui représentent respectivement 42% et 30% des acides organiques totaux. La composition et la concentration en acides organiques influencent la saveur des champignons, et certains contribuent à l'activité antioxydante[15].

Notes et références

  1. Société mycologique de France, « Les noms français des champignons », sur Mycofrance.fr (consulté le ).
  2. Guillaume Eyssartier et Pierre Roux, L'indispensable guide du cueilleur de champignons, Belin, , 355 p., p. 168-169.
  3. Suisse. « Ordonnance du DFI sur les denrées alimentaires d’origine végétale, les champignons et le sel comestible ». (version en vigueur : 16 décembre 2016) [lire en ligne].
  4. (en) Roody William C., Mushrooms of West Virginia and the Central Appalachians, Lexington, Kentucky, University Press of Kentucky, (ISBN 978-0-8131-9039-6, lire en ligne), p. 271.
  5. (la) Elias Magnus Fries, Epicrisis Systematis mycologici, Uppsala, Inconnu, , 610  p. (lire en ligne), p. 410.
  6. Otto Kuntze, Revisio Generum Plantarum, (multivolume work), Leipzig, -, p.535.
  7. (en) Annette Kretzer, Yunan Li, Timothy Szaro et Thomas D. Bruns, « Internal Transcribed Spacer Sequences from 38 Recognized Species of Suillus sensu lato: Phylogenetic and Taxonomic Implications », Mycologia, vol. 88, no 5, , p. 776 (DOI 10.2307/3760972, lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) Beatriz Ruiz-Díez, Ana M. Rincón, María R. de Felipe et Mercedes Fernández-Pascual, « Molecular characterization and evaluation of mycorrhizal capacity of Suillus isolates from Central Spain for the selection of fungal inoculants », Mycorrhiza, vol. 16, no 7, , p. 465–474 (ISSN 0940-6360 et 1432-1890, DOI 10.1007/s00572-006-0063-8, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Michael Jordan, The Encyclopedia of Fungi of Britain and Europe, Londres, David & Charles, , 384 p. (ISBN 978-0-7153-0129-6, lire en ligne), p. 348.
  10. Alain Gérault, « Homobasidiomycetes : Boletales », dans Florule évolutive des Basidiomycotina du Finistère, , 51 p., p. 19.
  11. (cs) « Suillus collinitus », sur DAMyko, Domov Amatérských Mykologů (consulté le ).
  12. (pl) « Suillus collinitus », sur Grzyby.pl, Fungi of Poland (consulté le ).
  13. (it) Osvaldo Tagliavini et Rosario Tagliavini, Atlante dei funghi commestibili della Basilicata, Consiglio Regionale della Basilicata, , 2e éd. (lire en ligne), p. 292.
  14. (en) Sandrina A. Heleno, Lillian Barros, Maria João Sousa, Anabela Martins et al., « Tocopherols composition of Portuguese wild mushrooms with antioxidant capacity », Food Chemistry, vol. 119, no 4, , p. 1443–1450 (DOI 10.1016/j.foodchem.2009.09.025, lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) Patrícia Valentão, Graciliana Lopes, Miguel Valente, Paula Barbosa et al., « Quantitation of Nine Organic Acids in Wild Mushrooms », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 53, no 9, , p. 3626–3630 (ISSN 0021-8561 et 1520-5118, DOI 10.1021/jf040465z, lire en ligne, consulté le ).

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