Bernard Lemaire (préfet)

Bernard Lemaire, né le et mort le , est un haut fonctionnaire français. Comme préfet de l'Aude, il a eu à gérer plusieurs fermetures d'usines dans un contexte social sensible, et la Fusillade de Carcassonne en 2008, au sein du 3e RPIMa.

Pour les articles homonymes, voir Bernard Lemaire et Lemaire.

Il est décédé en activité.

Biographie

Formation initiale

Bernard Lemaire est né le à Vittel dans le département des Vosges, et mort le à l'hôpital Rangueil de Toulouse à l'âge de 62 ans[1].

Après des études supérieures, dont une licence en droit, il commence par être admis au sein de l'administration en qualité d'inspecteur du Trésor, ce n'est que sur le tard (1976) qu'il décide d'intégrer l'ENA, il y côtoie des personnages qui font partie comme lui de la « promotion Mendès France », dont : Pierre-Étienne Bisch (ancien préfet, directeur de Météo-France), Jean-Marc Espalioux (homme d'affaires), José Frèches (patron de presse et écrivain), Gilles-Henry Garault (ambassadeur), Gérard Mestrallet (PDG du groupe Suez), Philippe de Villiers (homme politique)…

Parcours dans la préfectorale

Après plusieurs postes à responsabilité dans les administrations, il rejoint le corps préfectoral, devient secrétaire général de plusieurs préfectures, sous-préfet dans plusieurs régions. Il obtient sa nomination en 1997 comme préfet adjoint pour la sécurité auprès des préfets de la Corse-du-Sud et de la Haute-Corse, où il a été confronté dans ses responsabilités à l'assassinat du préfet Claude Érignac le [2],[3].

En 2001, alors qu'il est préfet du département des Alpes-de-Haute-Provence, il a la tâche d'assurer la destruction de la statue géante du Mandarom édifiée à Castellane. Après plusieurs recours rejetés par le Tribunal de grande instance de Digne, la statue représentant le gourou Gilbert Bourdin est détruite le 5 septembre[4].

Bernard Lemaire s'est forgé une solide expérience par ses différents postes, que ce soit en Nouvelle-Calédonie, en Corse, au Pays basque, sur la côte atlantique (Charente-Maritime et Bayonne), ou encore dans les Ardennes.

Préfet de l'Aude

Il est nommé en 2006 préfet de l'Aude, succédant à Jean-Claude Bastion ; son travail n'est pas facile, car beaucoup de problèmes existent dans ce département : la crise viticole en particulier, la reconversion de l'ancien complexe minier (or) de Salsigne fermé en 2005, le scandale sanitaire de l'usine Efisol d'Espéraza, les fermetures multiples d'usines dans la haute vallée de l'Aude, l'implantation massive d'éoliennes. L'un de ses premiers gestes avait d'ailleurs été d'aller à la rencontre du syndicat des Jeunes Agriculteurs de l'Aude, signe de l'importance qu'il accordait à garder le dialogue avec un monde viticole audois[1].

Il s'est aussi fortement impliqué dans le contentieux sur la nouvelle usine d'embouteillage des eaux minérales d'Alet-les-Bains, en faveur de laquelle il avait pesé de tout son poids, car cette nouvelle usine est indispensable pour le développement économique de la commune et du canton (qui n'est toujours pas résolu à ce jour) [5],[6],[7].

Il a eu aussi à gérer la Fusillade de Carcassonne survenue le , faisant 17 blessés (dont plusieurs graves) [8]. Le drame s'est déroulé au cours de Journées portes ouvertes du 3e RPIMa. Un Groupe de commandos parachutistes simulait une libération d'otages. La démonstration avait déjà eu lieu cinq fois au cours de la journée, quand des rafales du fusil d'assaut FAMAS d'un sergent ont atteint la foule. Des balles réelles ont été utilisées : « La question qui se pose, c'est: est-ce que le militaire a eu un geste criminel ou pas. Evidemment, pour l'instant, personne ne peut y répondre (...) mais la thèse qui prédomine, c'est qu'il y a eu une erreur », déclare Bernard Lemaire[9]. Si un préfet est en première ligne, le jour même, face aux médias, la suite de l'enquête lui échappe, touchant le domaine militaire[10]. Le dernier dossier important qu'il a eu à traiter, a été celui de la Tempête Klaus qui s'est abattue sur tout le sud de la France, et qui a fait beaucoup de dégâts dans le département de l'Aude[11].

Le mardi , il est victime d'une chute après avoir glissé sur une plaque de glace dans la station de ski de Megève, où il passait quelques jours de vacances en famille. Il est hospitalisé à l'hôpital d'Annecy, puis transféré le au CHU de Toulouse-Rangueil, et est admis en urgence après un coma, il souffrait d'un grave œdème cérébral, opéré à deux reprises, il est décédé dans la nuit du 6 au 7 mars 2009 d'une hémorragie intra crânienne[1],[12].

Le , Anne-Marie Charvet est nommée préfet de l'Aude[13].

Il est le troisième préfet de l'Aude en exercice à décéder pendant ses fonctions, après Guillaume-Ferdinand Teissier en 1834 et Pierre Charles North en 1988.

Obsèques

Les obsèques de Bernard Lemaire se sont déroulées le mardi à partir de 10h en la cathédrale Saint-Michel de Carcassonne, office concélébré par Mgr Alain Planet, évêque de Carcassonne et Emmanuel Marie, père abbé des chanoines de l'abbaye de Lagrasse. Les hommages militaires lui ont été rendus sur le parvis par les soldats du 3e RPIMa, gendarmes et policiers.

L'État était représenté par Michel Cadot, directeur de cabinet de la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, qui était retenue à Paris pour la présentation au Sénat de la loi sur l'Outre-Mer. De nombreuses personnalités politiques du département étaient présentes, notamment Marcel Rainaud (président du Conseil général), Gérard Larrat (maire de Carcassonne), et beaucoup d'élus de l'Aude, venus lui rendre un dernier hommage.

Bernard Lemaire a été inhumé en soirée, dans l'intimité, au cimetière de La Rochelle, ville où sa famille possède des attaches[14].

Carrière et fonctions

Décorations

Hommages

Un registre de condoléances avait été ouvert au public, dans son ancien bureau, à la préfecture de Carcassonne.

La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie a adressé un message à l'ensemble des personnels de la préfecture et des sous-préfectures de l'Aude. « J'ai personnellement connu Bernard Lemaire et pu apprécier ses qualités professionnelles son courage et ses fortes convictions de l'intérêt général », écrit-elle en substance[17].

Plusieurs personnalités politiques du département se sont exprimées sur cette disparition, comme Marcel Rainaud (président du Conseil général), Gérard Larrat (maire de Carcassonne), ainsi que de nombreux élus de l'Aude de tous bords politiques, dont on peut en retirer l'essentiel :
« Un homme de dossiers - Un grand serviteur de l'État - Un homme loyal au service des autres - Un engagement sans faille - Un homme affable, courtois et très engagé au service de son département - Une personnalité exigeante envers lui-même et ses collaborateurs - etc. » [18].

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail des Vosges
  • Portail de la politique française
  • Portail des Pyrénées-Atlantiques
  • Portail de l’Aude
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.