Bacs de Seine

Les bacs de Seine désignent les bateaux chargés d'effectuer un service public de traversée de la Seine entre Rouen et Le Havre. Depuis des siècles, le franchissement du fleuve a toujours été d'une importance cruciale dans les relations entre les deux rives de la Basse Seine.

Bacs de Seine

Bac 20 au passage d'eau de La Bouille.

Communes desservies 15
Histoire
Exploitant Conseil départemental de la Seine-Maritime
Exploitation
Points d’arrêt 8
Jours de fonctionnement L, Ma, Me, J, V, S, D
Fréquentation
(moy. par an)
10 millions

Les bacs ont longtemps été le seul moyen de franchir la Seine entre Rouen et l'estuaire. L'absence de pont sur le fleuve jusqu'en 1959 avec l'ouverture du pont de Tancarville est due au fait que la Seine doit être navigable par les navires de haute mer se rendant jusqu'au port de Rouen, une hauteur libre sous les ponts d'au moins 50 mètres devant être disponible.

Longtemps assurée par le port autonome de Rouen, l'exploitation des huit passages d'eau de la Seine a été reprise depuis 2001 par le service des bacs du conseil départemental de la Seine-Maritime. Aujourd'hui, les bacs de Seine assurent un service indispensable aussi bien pour la population locale que pour les touristes visitant la vallée de la basse Seine. Chaque année, le service des bacs permet la traversée de 10 millions de passagers[1].

Histoire

De la nécessité de traverser

Comme tout cours d’eau, la Seine crée une discontinuité dans les échanges entre les territoires avoisinants. En l’absence de gués ou de ponts, les embarcations sont le seul moyen de traverser le fleuve. Rapidement les autorités locales ont organisé le passage d’une rive à l’autre en mettant en place des services de passage d’eau.

Le passage d’eau désigne alors un service organisé de traversée du fleuve opéré par des personnes autorisées avec une embarcation prévue à cet effet. Ce service proposé aux usagers donne lieu à une redevance que doit acquitter chaque passager auprès du passeur.

La longue évolution du matériel

Avant 1914

À l’origine, les passages d’eau sont équipés de manière hétérogène d’embarcations manœuvrées à la rame ou à la voile. C’est à partir de la fin du XIXe siècle que les passages d’eau les plus importants se voient équipés de bacs propulsés par une machine à vapeur. Ainsi celui de Caudebec-en-Caux est le premier à être converti à la vapeur en 1868, vient par la suite Duclair en 1872 et Quillebeuf l’année suivante. Le passage de La Mailleraye passe à la vapeur en 1895.

Les autres bacs de moindre importance seront modernisés beaucoup plus tard, avec la traction d’un plateau par une vedette durant l’entre-deux guerres. En ce qui concerne les bachots, les vedettes destinées aux passagers uniquement seront motorisées après la Seconde Guerre mondiale.

Jusqu'en 1959, la Seine ne pouvait être franchie entre Rouen et la Manche qu'en empruntant un bac. La construction du pont de Tancarville permit alors de faciliter ce franchissement. Le bac du Hode devenu inutile fut alors supprimé.

Par la suite, la construction du pont de Brotonne — qui entraîna la suppression des bacs de Caudebec-en-Caux et de La Mailleraye-sur-Seine — puis du pont de Normandie, réussit à désenclaver Yvetot, le pays de Caux et Le Havre en les raccordant notamment à l'autoroute A13.

Le bac 21, qui a remplacé le bac 14 au passage d'eau Duclair - Berville-sur-Seine, a été construit en 1999 par la Socarenam, à Boulogne-sur-Mer, sous la maîtrise d'œuvre du port autonome de Rouen.

En 2006, la construction d'un nouveau bac fluvial, permettant par déclassement du bac 15 de disposer d'un bac de réserve, est décidée. Ce bateau, construit par le chantier MIM de Dieppe porte le numéro 22 et mis à l'eau le . Après de longs essais dus à une mise au point difficile du refroidissement des moteurs, il a été mis en service le à La Bouille, puis transféré en décembre de la même année au passage d'eau de Val-de-la-Haye.

Le conseil général a, depuis lors, commandé un nouveau bac maritime destiné au passage d'eau de Quillebeuf pour remplacer le bac 14 (le bac 13 devenant bac de réserve). Ce 23e bac a été construit encore par la Socarenam. Baptisé le (sa marraine est Marie-Françoise Gaouyer, conseillère générale-maire d'Eu), des difficultés de mise au point n'ont pas permis de le mettre en service avant le début du mois de [2].

Au printemps 2017, il a été décidé de désarmer le bac 21 à la suite de nombreuses pannes rencontrées et aux frais engendrés par celles-ci[3]. Le bac 23 a donc été transféré de Quillebeuf à Duclair, Quillebeuf ayant alternativement les bacs 13 et 14 pour assurer le service de la ligne. Le bac 22 a également été transféré de Petit-Couronne à Yainville, cette traversée semblant mieux convenir à ses caractéristiques techniques.

La mise en service du bac 24 a été effectuée le 27 octobre 2020 remplaçant donc le bac 14, qui doit normalement être bientôt désarmée et démantelé[4]. Construit à Nort-sur-Erdre, le bac amphidrome SEEM-40-1140ST[5] (1 140 cv), de la société Merré[6], est arrivé sur les rives de la Seine en .

Caractéristiques techniques

Bac fluvial en maintenance. On peut remarquer le faible tirant d'eau du bateau.

Les bacs sont des bateaux à fond plat permettant à des véhicules de passer d'une rive à une autre. Ils possèdent un faible tirant d'eau, afin de pouvoir accoster au plus près du rivage dans des cales aménagées. Sur la Seine, les bacs sont amphidromes (avant et arrière indifférenciés).

Bacs fluviaux et maritimes

Les bacs sont propulsés par des moteurs diesel.

Bacs fluviaux

Les bacs jaugeant moins de 50 tonneaux sont classés comme fluviaux et sont armés par un équipage composé d'un capitaine et d'un matelot. Ils permettent de transporter une dizaine de véhicules légers, avec une charge maximum de 15 tonnes[7]. Ils peuvent accueillir un maximum de 50 passagers[8], automobilistes compris.
On dénombre six passages d'eau fluviaux en service[8] : Dieppedalle - Grand-Quevilly, Petit-Couronne - Val-de-la-Haye, La Bouille-Sahurs, Le Mesnil-sous-Jumièges - Yville-sur-Seine, Jumièges-Heurteauville et Yainville-Heurteauville.

Bacs maritimes

Les bacs jaugeant plus de 50 tonneaux sont classés comme maritimes et armés par un équipage de marins composé au minimum d'un capitaine, de deux matelots (pont) et d'un chef mécanicien. Ils permettent le passage de 3 à quatre poids lourds[8] en plus des voitures.
Deux passages d'eau maritimes sont actuellement en service : ceux de Duclair-Berville et de Quillebeuf - Port-Jérôme.


Exploitation

Jusqu'en 2001, le conseil général de la Seine-Maritime avait délégué la gestion du service des bacs au port autonome de Rouen. C'est le service territorial de Caudebec-en-Caux qui en avait la charge.

Depuis , la traversée de la Seine sur les bacs départementaux est gratuite.

Tableau illustré des passages d'eau

À jour du 24 octobre 2018

Rive gauche
nom du passage d'eau
Rive droite
nom du passage d'eau
N° du bac[9] Illustration
(bac d'affectation courante[10])
Quillebeuf-sur-Seine Port-Jérôme 13[11]
Quillebeuf-sur-Seine Port-Jérôme 24[12] Mise en service en
(Représentation graphique)
Heurteauville
49° 27′ 23″ N, 0° 48′ 55″ E
Yainville
49° 27′ 27″ N, 0° 49′ 10″ E
18[13]
Port-Jumièges Jumièges 17[14]
Jumièges en janvier 2017.
Yville-sur-Seine
49° 24′ 49″ N, 0° 52′ 17″ E
Le Mesnil-sous-Jumièges
49° 24′ 48″ N, 0° 52′ 02″ E
16[15]
En action fin 2016.
Berville-sur-Seine Duclair 23[16]
Le Grand-Quevilly Dieppedalle 19[17]
La Bouille Sahurs 20[18]
Direction Sahurs.
Petit-Couronne Val-de-la-Haye 22[19],[20]
Bac 22 lancé en 2006.
réserve maritime 14[21]
Le bac à l'œuvre en 2006.
réserve fluviale
(appontement à Berville)
15[22]
Retiré du service 21[23]
Devant Caudebec en 2006.
Passages d'eau supprimés au XXe siècle
Rive gauche Illustration Rive droite Illustration Observation
Berville-sur-Mer
49° 26′ 16″ N, 0° 21′ 45″ E
Le Hode
49° 26′ 42″ N, 0° 21′ 52″ E
Fermé en 1959
(pont de Tancarville)
Saint-Nicolas-de-Bliquetuit
Caudebec-en-Caux
L'ancien bac 10 en arrière plan.
Disparaît du fait du pont de Brotonne ()
La Mailleraye-sur-Seine
49° 28′ 58″ N, 0° 46′ 28″ E
Le Trait
49° 29′ 20″ N, 0° 46′ 34″ E
Disparaît du fait du pont de Brotonne (1977)

Notes et références

  1. Page de présentation du service des bacs, .
  2. Bac 23 : baptême d’un nouveau bac pour les traversées de Seine (Communiqué de Presse du Département de Seine-Maritime.
  3. Accident du bac 21 : la traversée de la Seine reprendra à 18h à Duclair, 31 juillet 2015.
  4. Le bac entre Quillebeuf-sur-Seine et Port-Jérôme arrive samedi 27 juin 2020 à Rouen, Paris Normandie - 27 juin 2020.
  5. Fiche technique du constructeur.
  6. , La construction du bac 24 a commencé, mars 2019.
  7. Arrêté du réglementant l'exploitation des passages d'eau et bacs de Seine, département de Seine-Maritime, en ligne le 10 août 2020.
  8. Brochure Horaires des bacs.
  9. Le choix est celui d'une numérotation et non celui d'un nom de baptême.
  10. Pour parer aux aléas mécaniques, un bac peut ponctuellement relever un service prioritaire.
  11. MMSI 227461230.
  12. IMO 9887463.
  13. MMSI 226006760.
  14. MMSI 226006750.
  15. MMSI 226006740.
  16. MMSI 227069110.
  17. MMSI 226006770.
  18. MMSI 226006780.
  19. MMSI 226006790.
  20. Cadre de vie, en ligne le 10 août 2020.
  21. MMSI 227471540.
  22. MMSI 226006730.
  23. IMO 8741662.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Pierre Derouard, À rames ou à voile, bacs et passages d'eau de la Seine en aval de Rouen, XVIIIe-XIXe siècles, Luneray, Bertout, 2003 (ISBN 2867435269)
  • Alain Saligal, La Seine et ses bacs, Luneray, Bertout, 2003 (ISBN 2867435161)
  • Jean-Pierre Derouard, Un passage de la basse Seine : Jumièges, Association des Baronnies de Jumièges et Duclair, 1993

Articles connexes

Liens externes

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