Association Sully

L'Association Sully (1925-1939) est un ancien mouvement protestant et royaliste, proche de l'Action française.

Histoire

Le château de Sully-sur-Loire, lieu d'un pèlerinage annuel.

En 1925, elle est créée sous le nom d'Action protestante.

En 1930, l'Action Protestante prend le nom d'Association Sully[1],[2],[3].

À partir du 8 mai 1934, ses membres participent, à Paris, au défilé de la fête nationale de Jeanne d'Arc et du patriotisme aux côtés des protestants de La Cause ainsi que, notamment, des militants de l'Action française ou encore des Croix-de-Feu[1].

Dès 1935, est organisé un pèlerinage annuel au château de Sully-sur-Loire[1],[4].

En 1939, l'Association Sully disparaît[4].

Portait de Maximilien de Béthune, dit Sully.

Idéologie

Les militants de l'Association Sully, sont partisans d'un royalisme ultra et légitimiste[1]. Elle est nommée ainsi en hommage à Maximilien de Béthune, duc de Sully et ministre de Henry IV[1],[2],[4].

À la suite de la condamnation de l'Action française par le pape Pie XI, en 1926, cette dernière s'ouvre aux non catholiques, dès lors, certains militants appartiennent aux deux mouvements[5]. Dans son ouvrage Les protestants et la République, de 1870 à nos jours, l'historien Patrick Cabanel la qualifie de « petite cousine germaine de l'Action française »[1].

En 1930, elle publie l'ouvrage, Ce que pourra être la royauté restaurée, d'Eugène Kuhlmann[6].

En 1932, la section du Bas-Languedoc, publie l'ouvrage, L'Association Sully, sa doctrine, son but, ses réponses à quelques objections, d'Alfred-Henry Chaber[7].

Organisation

Le pasteur Auguste Lecerf, théologien néo-calviniste, fut une figure de l'Association Sully.

Dans son article Ier l'Association Sully affirme ne pas être un parti politique ni une association religieuse mais une « union patriotique »[3],[8].

À sa fondation, c'est un groupuscule. Elle ne dispose, alors que d'une première section à Paris, composée de quatre personnes, le colonel Latour-Dejean, un dénommé Graf, le pasteur Pierre Courthial ainsi que le pasteur Roland de Pury[3]. Ce dernier quittera le mouvement après avoir brièvement dirigé la section étudiante parisienne, en 1931[2].

Une seconde section existe aussi à Montpellier, composée de trois personnes, le pasteur Hugues de Cabrol, qui, par la suite, se retrouvera à la tête du comité étudiant, ainsi que d'un dénommé Jourdan et que d'un certain Pierre Guiminal[3].

Elle restera une petite structure bien qu'elle atteigne, par la suite, entre les 4 000 et 5 000 membres[1],[2]. D'après l'historien André Encrevé, le culte protestant est, durant les années 1930, estimé comme la religion d'environ 800 000 français, soit 1,9% de la population[9]. À la même époque, les effectifs de l'Action française son, selon l'historien Pierre Nora, estimés entre 60 000 et 70 000 militants[10].

L'Association Sully est coprésidée par l'homme d'affaires, Eugène Kuhlmann, alsacien de confession réformée, ainsi que par deux parisiens, originaires du Gard, le colonel de Latour-Dejean et Louis de Seynes, frère d'Etienne de Seynes[1],[2].

Elle comptera aussi dans ses rangs les pasteurs Auguste Lecerf, Noël Vesper[11],[1],[2],[3], Jacques de Missècle, Ernest Langereau, Louis Dupin de Saint-André, Roland Jeanneret[3] et Henri Boegner, frère de Marc Boegner[1],[2],[3]. On trouve aussi le général Abel Clément-Grandcourt, Roger Boutitie, Philipe Secrétan et Amaury de Seynes[3].

Sociologiquement, elle est principalement composée d'enseignants, d'étudiants[1],[2], de petits-bourgeois et de membres de la petite noblesse[1],[2],[3].

De nouvelles sections s'implantent à Mulhouse, Strasbourg, Lyon, Nîmes, Toulouse, Le Havre et Rouen[1],[2], elle est toutefois quasi inexistante au sein de la France rurale[1],[2],[3].

Le Bulletin du Groupe du Bas Languedoc de l'association Sully

Le pasteur et théologien Pierre Courthial, ancien membre de l'Association Sully, deviendra, aux début des années 1970, enseignant à la Faculté libre de théologie réformée d'Aix-en-Provence.

Son plus grand journal, Bulletin du Groupe du Bas Languedoc de l'association Sully, publie son premier numéro le 15 décembre 1933[4],[12].

Il atteindra les deux mille abonnés[1],[2],[12] avec un tirage moyen de cinq mille exemplaires[1],[12]. L'édition de Montpellier est dirigé par Alfred-Henri Chaber et celle de Nîmes par Pierre Delpuech[12],[13]. Ses principaux rédacteurs sont Noël Vesper[1],[2],[4],[12] et l'avocat Gaston Mercier[1],[4],[12].

En 1937, le bulletin est renommé Sully[4],[12] et prend une envergure nationale[12]. Il disparaît en même temps que l’association en 1939.

D' à août 1944 il est recréé de manière indépendante par Noël Vesper. Il opte alors pour une position collaborationniste[4],[12].

Les Sullystes après Sully

Le Cercle Fustel de Coulanges, fondé par Henri Boegner, partiellement impliqué dans la collaboration, réunit de nombreux membres de l'Association Sully[1],[2]. Le pasteur Noël Vesper, quant à lui, est exécuté sommairement à la Libération par les F.T.P., avec son épouse, à Buoux, le , car tous deux sont connus pour leurs sympathies collaborationnistes et antisémites[14],[15].

Toutefois, Auguste Lecerf rejoint la résistance[16], tout comme Roland de Pury[17].

L'Union des Protestants Monarchistes est fondée en 1946 et disparait dans le courant des années 1950. Elle compte parmi ses membres plusieurs anciens membres de l'Association Sully, à savoir, Philippe Secrétan, Amaury de Seynes et Roger Boutitie[18].

Avis et critiques

Le pasteur royaliste Jean-Marc Daumas qualifie l'Association Sully de trop « doctrinaire » en comparaison à l'Union des protestants monarchistes, qui lui succédera, dans l'après guerre[19].

L'historien André Encrevé considère l'idéologie du mouvement comme contradictoire. Rappelant que, dans l'entre-deux-guerres, une immense majorité des protestants étaient de gauche mais aussi que le plus important des mouvements royalistes, l'Action française, est profondément anti-protestant[8].

Notes et références

  1. Cabanel, Patrick, 1961-, Les protestants et la République : de 1870 à nos jours, Bruxelles, Complexe, , 270 p. (ISBN 978-2-87027-780-5 et 9782870277805, OCLC 407144477, notice BnF no FRBNF37112896, lire en ligne), p153 - p158 à 162
  2. Cabanel, Patrick, (1961- ...).,, Histoire des protestants en France, XVIe-XXIe siècle, Paris, Fayard, impr. 2012, 1489 p. (ISBN 978-2-213-62684-0 et 2213626847, OCLC 819301818, notice BnF no FRBNF42737956, lire en ligne), p 1082
  3. Tartaud-Gineste 2003, p. 34-38
  4. Avezou, Laurent., Sully à travers l'histoire : les avatars d'un mythe politique, Paris, Ecole des chartes, , 554 p. (ISBN 978-2-900791-39-4 et 9782900791394, OCLC 46546389, notice BnF no FRBNF37640811, lire en ligne), p 464 à 467
  5. Eglise réformée de France, La tentation de l'extrême droite, Editions Olivetan, (ISBN 978-2-902916-72-6), p 109 à 113
  6. Eugène Kuhlmann, Ce que pourra être la royauté restaurée, Colmar, Editions de l'Association Sully, , 28 p.
  7. Alfred Henry Chaber, Alfred-Henry Chaber. L'Association Sully, sa doctrine, son but, ses réponses à quelques objections, Groupe du Bas-Languedoc de l'Association Sully, (lire en ligne)
  8. André Encrevé, « Les milieux protestants et l’Action française : Comment peut-on être protestant et royaliste au temps du Front populaire ? », dans L’Action française : culture, société, politique, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », (ISBN 978-2-7574-2123-9, lire en ligne), p. 173–184
  9. André Encrevé, « Les protestants français au milieu du xxe siècle », dans La Cimade et l’accueil des réfugiés : Identités, répertoires d’actions et politique de l’asile, 1939-1994, Presses universitaires de Paris Nanterre, coll. « Sciences humaines et sociales », (ISBN 978-2-8218-5109-2, lire en ligne), p. 41–63
  10. Pierre Nora, « Les deux apogées de l'Action française », Annales, vol. 19, no 1, , p. 127–141 (DOI 10.3406/ahess.1964.421131, lire en ligne, consulté le )
  11. [compte rendu] André Encrevé, « Right wing among French Protestants (1900-1944), with special Reference to the Association Sully by Grace Davie », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, vol. 137, , p. 654-656 (lire en ligne, consulté le ).
  12. Tartaud-Gineste 2003, p. 39-44
  13. Aimé Bonifas, Les Protestants nîmois durant les années noires (1940-1944), FeniXX réédition numérique, , 102 p. (ISBN 978-2-402-01305-5, présentation en ligne)
  14. Buton, Philippe., Guillon, Jean-Marie. et Institut d'histoire du temps présent (France), Les pouvoirs en France à la Libération, Belin, (ISBN 2-7011-1609-0 et 978-2-7011-1609-9, OCLC 32523254, lire en ligne)
  15. Tartaud-Gineste 2003, p. 50-52
  16. Hilaire, Yves Marie,, Mayeur, Jean Marie, et Encrevé, André, 1942-, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine. 5, Les Protestants, Beauchesne, (ISBN 2-7010-1261-9 et 978-2-7010-1261-2, OCLC 28358952, lire en ligne)
  17. « Auteur : Roland de Pury, LaProcure.com », sur La Procure (consulté le )
  18. Tartaud-Gineste 2003, p. 56-59
  19. François-Marin Fleutot et Patrick Louis, Les royalistes, enquête sur les amis du Roi aujourd'hui, p179

Voir aussi

Travaux universitaires

Ouvrages généraux

  • Aimé Bonifas , Les Protestants nîmois durant les années noires (1940-1944), 1993
  • Laurent Avezou, Sully à travers l'histoire : les avatars d'un mythe politique, 2001, p. 464-467
  • Patrick Cabanel :
    • Les protestants et la République, de 1870 à nos jours, 2000, p. 153 ; 158-162
    • Histoire des protestants en France, XVIe – XXIe siècle, 2012, p. 1082
  • Église réformée de France, La tentation de l'extrême droite, Editions Olivétan, 2000, p. 109-113
  • André Encrevé, « Les milieux protestants et l’Action française, Comment peut-on être protestant et royaliste au temps du Front populaire ? », dans, Michel Leymarie et Jacques Prévotat, L'Action française, culture, société, politique, 2008, p. 173-184, [lire en ligne]
  • Pierre-Yves Freychet, « Sully (1933-1944). Analyse politique d'un périodique protestant et monarchiste », dans André Encrevé & Jacques Poujol, Les Protestants français pendant la seconde guerre mondiale. Actes du colloque de Paris, Palais du Luxembourg, 19-21 novembre 1992, Paris, Société de l'histoire du protestantisme français, , p. 469-478.
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