Arkea-Paprec

Imaginé par Juan Kouyoumdjian, Arkea-Paprec fait partie des IMOCA dits « de nouvelle génération ». C’est un foiler, entièrement pensé et conçu autour de ses foils pour les courses en solitaire[1].

La construction a nécessité 36 000 heures de travail (dont 1 250 heures par semaine) par plus de 30 personnes, 50 fournisseurs. Plus de 10 matériaux différents utilisés dont de la fibre de carbone, du titane, du verre, de l'inox, de l'aluminium, 1 600 mètres de cordage[1].

La cuisson pour la coque et le pont a mis 120 heures au total : 4 sessions de 15 heures pour chaque élément[1].

Les moules vont être réutilisés pour le Corum L'Épargne de Nicolas Troussel[2]. Les deux coques sont donc sensiblement les mêmes, mais les plans de pont et les cockpits sont différents[3].

Mis à l'eau le 19 juillet 2019[4], il porte les couleurs des entreprises Arkéa et Paprec[5]. Il est baptisé en septembre 2019 à Bordeaux en présence d'Amandine Albisson et de Jandre Marais[6], marraine et parrain. Le bateau participe au Vendée Globe 2020 avec Sébastien Simon, accompagné par Vincent Riou et Juan Kouyoumdjian[7]^,[6].

Les foils d'Arkéa Paprec sont très grands. Une première paire va être testée sur la Transat Jacques-Vabre 2019. « Selon les résultats, dit Kouyoumdjian, une deuxième paire sera rapidement à l’étude sur la même base ou bien totalement différente[8]. »

Le 17 octobre 2019, Simon et Riou convoient le bateau de Port-la-Forêt, son port d'attache, au Havre, où va être donné le départ de la Transat Jacques-Vabre. À une heure du Havre, le bateau file 25 nœuds dans des conditions maniables, sur mer plate, lorsque le foil bâbord casse[9].

Le 27 octobre, Arkéa Paprec est tout de même au départ de la course, avec un seul foil. Le 8 novembre, au reaching bâbord amures, par 16 à 20 nœuds de vent, sur mer plate, le foil tribord casse à son tour. Simon et Riou, qui jusque-là convoitaient un podium[10], terminent la course sans foils, à la 9^e place[11].

Une expertise a été demandée pour le premier foil cassé. Une expertise plus poussée est demandée pour le deuxième[12].

La Transat Jacques-Vabre aura cependant apporté des enseignements. Le bateau a « un très bon potentiel au reaching », mais présente des lacunes aux allures portantes, qui sont celles que l'on rencontre principalement dans le Vendée Globe. C’est aux allures portantes « que les bateaux sont vraiment difficiles, dit Simon. Ils accélèrent fort, plantent, décélèrent, c’est usant à bord[13]. » Les nouveaux foils, dessinés par Kouyoumdjian[14], vont donc être typés « portant », à rayon constant, en forme de C[13], forme qui « soulève et […] soulage le bateau beaucoup plus vite ». Elle devrait donner un bateau plus maniable, avantage appréciable sur une course très longue en solitaire[14]. Dans un souci de fiabilité, les nouveaux foils sont également « beaucoup plus solides, plus gros, plus épais, probablement les plus épais de la flotte des Imoca[12] ».

En juin 2020, Arkéa Paprec est doté de ces foils version 2[14]. Le 4 juillet, quatre heures après le départ de la Vendée-Arctique-Les Sables-d'Olonne, le foil tribord casse, au ras de la coque. Simon abandonne[15]. Il ne sait que penser : « Je ne sais pas si c’est la conception, la construction, le calcul, le matériau. Je n’en ai aucune idée[16]. » Arkéa Paprec vient de casser trois foils en neuf mois. Dans l'intervalle, aucun autre Imoca n'a cassé un foil[17]^,[14].

Le team fait appel à un expert des plus réputés, un Britannique « qui n’est lié à aucune des éventuelles parties en cause[18] ». Mais ses conclusions définitives ne seront délivrées que dans quelques semaines, voire quelques mois — après le départ du Vendée Globe[19]. Il faut donc lancer la construction de nouveaux foils sans connaître la raison de la casse[20].

Simon n'a pas accompli ses 2 000 milles de qualification pour le Vendée Globe. Cependant, il dispose encore de deux foils de la version 2 : un foil bâbord, destiné au tour du monde, doit être livré bientôt ; et le foil bâbord en place est réversible, il peut s'adapter à tribord[16]. Cette solution va permettre à Simon de se lancer le 10 août dans son parcours de qualification[20].

Les trois casses n'ont pas été identiques. Dans l'ignorance de ce qui a pu se passer, la conception d'une paire de foils 2 bis, en forme de C, part sur des bases radicalement différentes. Les calculs sont confiés au cabinet néo-zélandais Pure, avec l'appui de Kouyoumdjian, l'architecte du bateau. La construction va se faire chez l'Italien Persico (en)[19]. Celui-ci promet les foils 2 bis pour début octobre, mais il a pris du retard dans ses livraisons en raison de la pandémie de covid-19[21], et les bateaux doivent être aux Sables-d'Olonne le 17 octobre[20].

Début septembre, le Défi Azimut va permettre de tester les foils 2. S'ils se révèlent performants, ils pourraient être utilisés dans le tour du monde[21]. Simon avoue qu'il n'est « pas serein pour le Vendée Globe[16] ».

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