Antoine Salvanh

Antoine Salvanh (au hameau de Vabrette, à Ayssènes vers 1476[1] - vers 1554), est un architecte rouergat de la première moitié du XVIe siècle qui fait la transition entre le gothique flamboyant et la première Renaissance.

Antoine Salvanh
Présentation
Naissance vers 1476
Vabrette, Ayssènes
Décès vers 1554
Mouvement Gothique flamboyant
Première Renaissance
Activités Architecte
Ses élèves Jean Salvanh

Il s'est marié en 1516 avec la fille d'un hôtelier d'Espalion dont il a eu un fils aîné, Jean, qui a été architecte et a pris la suite des travaux de son père.

Biographie

Longtemps ignoré, la vie d'Antoine Salvanh est sortie de l'anonymat grâce aux recherches faites au XIXe siècle par des archivistes locaux. On ne sait rien de ses années de formation.

Son premier ouvrage est connu par un prix-fait datant de donnant les dispositions du jubé de l'église de l'hôpital d'Aubrac à Saint-Chély-d'Aubrac. Celui-ci a disparu au XIXe siècle, mais ce qui restait de ce jubé a été dessiné en 1833 dans Les voyages pittoresques et romantiques ans l'ancienne France, Languedoc, d'après J. Taylor, Ch. Nodier et A. Cailleux, en 1834. Le dessin montre un ouvrage de la première Renaissance qui est le plus ancien de ce style connu en Rouergue.

Le , il est à Espalion pour signer le prix-fait pour le portail de l'église Saint-Jean-Baptiste commencée en 1472. Les consuls ont exigé un portail en peyra blanca posé sur une structure en grès. Il est associé pour ce travail à un sculpteur de Cruéjouls, Guillaume Desmazes. Cest ce dernier qui signe en qui signe une quittance.

Dans la nuit du 27 au , un feu allumé par des plombiers se propage à la charpente de la flèche du clocher datant du XIVe siècle de la cathédrale Notre-Dame de Rodez. L'absence de l'évêque, François d'Estaing, qui se trouvait au concile gallican, fit que les travaux du nouveau clocher ne commencèrent qu'en 1513, date donnée par Antoine Salvanh en juillet 1544 dans un procès. Les comptes de la ville donnent une date de début des travaux à l'automne 1512. Des prix-faits sont donnés au printemps 1512 pour la livraison des matériaux ad opus edificii cloquerii Beate Marie. À cette date, Bernard Anthony était encore, pour un an, le responsable de l'œuvre de la cathédrale[2]. Antoine Salvanh le remplace après pour la réalisation du nouveau clocher. La date de 1523 gravée sur la cloche la plus ancienne donne une date de fin de construction. La lanterne qui le surmonte porte la date de 1526, date d'achèvement comme l'indique l'inscription consommatum est 1526.

Antoine Salvanh a poursuivi les travaux de la nef de la cathédrale en même temps. Les murs de la nef centrale sont élevés en 1530. Les voûtes sont réalisées peu après et portent la date de 1542. Antoine Salvanh a construit les chapelles des travées occidentales car il demande dans son testament de 1552 à être enterré dans la seconde chapelle, chapelle Saint-Roch, qu'il disait avoir construite. La façade de la cathédrale date du premier tiers du XVIe siècle et on peut voir les armes de François d'Estaing au niveau de la rose. On constate que le style des constructions se modifie à partir des années 1520 sans qu'on puisse être assuré du nom du concepteur : chapelle du chanoine Gaillard Roux ou du Sépulcre, tribune crénelée de la sacristie des chanoines, clôtures du chœur et du rond-point. En 1529, Georges d'Armagnac est nommé évêque de Rodez.

Le , le nouveau prieur de Saint-Côme obtient de Guy de Castelnau, évêque de Périgueux, d'agrandir l'église Saint-Côme-Saint-Damien. Le , Antoine d'Estaing donne le prix-fait à Antoine Salvanh pour la réparation de l'église. Salvanh s'est probablement limité à la façade. Le prix-fait est confirmé en , honoré en 1528. Les vantaux du portail ornés portent la date de 1532.

L'église du couvent des Annonciades de Rodez construite à partir de 1517 nécessitait des travaux de reprise. Les administrateurs du couvent confièrent les travaux de réparation à Antoine Salvanh pour que l'édifice puisse recevoir la tombe du fondateur, le chanoine Hélyon Jouffroy, mort en 1529. Trois marchés ont été passés : le premier, le , pour allonger l'église d'une travée, le deuxième en 1536, pour la réalisation du tombeau du père franciscain Gilbert Nicolas, le dernier, le , pour la reconstruction du chœur.

Les Salvanh

Antoine Salvanh est le fils de Bertrand Salvanh, originaire d'un village près de Saint-Rome-de-Tarn et le père de Jean Salvanh qui a continué l'œuvre de son père à la cathédrale de Rodez.

On connait un Guillaume Salvanh, originaire de Salles-Curan, marié en 1481, et qui est appelé en expertise par les consuls de Millau en . Il est aussi maître d'œuvre de la cathédrale de Rodez en 1492-1493[3]. On ne connaît pas les liens de parenté entre Guillaume Salvanh et Antoine Salvanh. Peut-être a-t-il été son oncle. Ces liens de parenté, s'ils existaient, pourraient permettre d'expliquer la formation d'Antoine Salvanh et sa connaissance du haut clergé du Rouergue, en particulier des deux frères, François d'Estaing, évêque de Rodez, et Antoine d'Estaing, prieur d'Aubrac, puis évêque d'Angoulême.

Notes et références

  1. Dans un acte passé le 6 mars 1549 par Hugues Caulet et Pierre Reynal, consuls, il est écrit « Antoine Salvanh, maistre masson de l'œuvre Nostre-Dame de Roudès, âgé de 74 ans » (Henri Affre, Lettres sur l'histoire de Rodez, p. 366)
  2. Remarque : Étienne Hamon remarque que l'évêque de Rodez a visité l'église Saint-Jean-Baptiste d'Espalion deux jours après l'incendie de la cathédrale et qu'il est à Aubrac le , deux église sur lesquelles a travaillé Antoine Salvanh Ce dernier était peut-être présent à Aubrac pour la réalisation du jubé.
    Remrque 2 : Il y a un « trou » dans la carrière d'Antoine Salvanh entre 1510 et 1513. Certains auteurs l'ont imaginé accompagnant Antoine d'Estaing à Rouen où il a assisté à l'ouverture du testament du cardinal d'Amboise, séjour pendant lequel il se serait formé à la nouvelle architecture de la cathédrale de cette ville, et admiré la Tour de Beurre.
  3. J. Artières, Guillaume Salvanh, maître d'œuvre de la cathédrale de Rodez (1492-1493), Procès-verbaux des séances de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, 31, 1927-1930, p. 230-232

Voir aussi

Bibliographie

  • Étienne Hamon, Itinéraire d'un architecte rouergat entre gothique flamboyant et Renaissance : l'œuvre d'Antoine Salvanh, p. 51-70, dans Du gothique à la Renaissance. Architecture et décor en France 1470-1550, Publications de l'Université de Provence, Aix-en-Provence, 2003 (ISBN 2-85399-538-0)
  • Jacques Baudoin, La sculpture flamboyante en Rouergue, Languedoc, p. 38, 53, 61, 74, 214, Éditions Créer, Nonette, 2003 (ISBN 2-909797-85-6)Extraits
  • Louis Bion de Marlavagne, Histoire de la cathédrale de Rodez: avec pièces justificatives et de nombreux documents sur les églises et les anciens artistes du Rouergue, ornée de 27 gravures, 1875 ; p. 423
  • Henri Affre, Biographie aveyronnaise, Imprimerie H. de Broca, 1881 ; p. 383
  • Henri Affre, Lettres sur l'histoire de Rodez, Imprimerie H. de Broca, 1874 ; p. 576
  • Charles Bauchal, Nouveau dictionnaire biographique et critique des architectes français, p. 522-523, A. Daly fils et Cie, Paris, 1887 (lire en ligne (vues 542-543))
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