André Mare

André Mare, né le à Argentan (Orne) et mort le à Paris, est un décorateur, architecte d’intérieur et peintre français[1].

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Il est l'un des artistes fondateurs de l’Art déco. Sa formation est celle d’un peintre, mais à partir des années 1910, il entreprend une carrière de décorateur d’intérieur. En 1912, au Salon d'automne, il présente, en collaboration avec le sculpteur Raymond Duchamp-Villon et les peintres Marie Laurencin et Roger de la Fresnaye, une « maison cubiste ». Elle provoque un scandale qui consacre André Mare comme décorateur.

Biographie

Né à Argentan dans une famille normande débarquée depuis assez longtemps pour avoir vu son nom gravé sur les Tables de Dives : ses aïeuls étaient les compagnons de Guillaume le Conquérant ayant combattu les Anglais à Hastings. André Mare grandit dans une ambiance bourgeoise et rigide. Adolescent, il se libère chaque fois qu'il le peut, pour galoper à cheval et visiter ses grands-parents épris de musique ou échafauder, avec son ami d'enfance, Fernand Léger, des théories sur l'art. Si ses parents le poussent à étudier la magistrature, André Mare, passionné de dessin, insiste pour partir étudier l'art à Paris. En 1904, il s'inscrit à l'École des arts décoratifs et suit les cours de l'Académie Julian.

En 1906, il expose aux Salon des indépendants, puis au Salon d'automne dont il deviendra un des principaux animateurs, avec ses amis Roger de La Fresnaye, André Dunoyer de Segonzac, Maurice Marinot et les frères Duchamp. S'atténuent alors les tendances postimpressionnistes « nabisantes » pour laisser place à des formes plus géométriques qui tendra vers une manière de cubisme « à la française »[Quoi ?]. La tentation quasi mystique du « nombre d'or », selon les traditions pythagoriciennes et platoniciennes donneront à ses œuvres une sensibilité cubiste. D'ores et déjà, le peintre et décorateur André Mare a un style : sous une apparente facilité, un style construit, subtil et rigoureux, alliant classicisme et modernité. Le même que l'on retrouve dans sa vie, faussement bohème et désinvolte, il cultive soigneusement une image de dandy. Son humour caustique et son enthousiasme contestataire sont tempérés de courtoisie.

Le Salon Bourgeois dans La Maison Cubiste au Salon d'automne, 1912, Paris. Femme à l'Éventail (en) de Jean Metzinger à gauche

Au Salon d'automne de 1912, André Mare regroupe ses amis et collaborateurs du Salon précédent et réalise la Maison Cubiste. Elle provoque un scandale qui consacre la renommée d'André Mare comme décorateur.

Durant la Première Guerre mondiale, mobilisé, il travaille à la création des camouflages pour les armées française - Section créée par Guirand de Scevola et dirigée par son ami Dunoyer de Segonzac - , britannique et italienne avec d’autres peintres : Jean-Louis Forain, Charles Camoin, Charles Dufresne, Jacques Villon, Louis Marcoussis, des sculpteurs : Henri Bouchard, Charles Despiau, et des décorateurs de théâtre. Il applique au camouflage les principes de dislocation des formes issus du cubisme : des bandes de couleur juxtaposées empêchent l’œil de reconnaître la forme du canon et ces tons sont choisis de sorte qu’ils se confondent avec ceux du paysage environnant. Lors de cette époque, il peint dans dix carnets de dessin de nombreuses aquarelles empreintes de cubisme, et dans lesquelles il note ses impressions et dessine sur le vif la douleur des combats et la mort (1996, un livre est édité par Herscher:"Carnets de guerre 1914-1918, André Mare" par Laurence Graffin). Le , il est décoré de la Military Cross par le roi George V.

En 1919, André Mare est chargé avec Louis Süe et Gustave Louis Jaulmes des décorations de l'avenue des Champs-Elysées et de l'Arc de Triomphe pour commémorer les fêtes de la Victoire. L'équipe, sous la direction d'André Mare, érige un cénotaphe, monument à la gloire des combattants devant lequel défilent les troupes alliées le . Il fonde également la « Compagnie des arts français » en association avec Louis Süe, créateur en 1912 de l’« Atelier français ». Ils s’intéressent à tout ce qui touche la décoration intérieure avec comme objectif de proposer au public des ensembles « sérieux, logiques et accueillants ». André Mare agrémente le mobilier, les papiers peints, les tissus, avec ses célèbres « paniers fleuris » et autres gerbes de roses, qui caractérisent les années 1920. À titre d’exemple, pour l’exposition de 1925, Süe et Mare commandent des cartons de tapisserie à Charles Dufresne pour un mobilier de salon[2] sur le thème Paul et Virginie, qui remporte un franc succès. Guillaume Apollinaire décèle très tôt le talent d'André Mare : « J'ai parlé des ensembles mobiliers, ils montrent et tout particulièrement les ensembles d'André Mare, que le moment va arriver où nous allons enfin voir des meubles nouveaux qui ne soient pas des horreurs ». (L'Indépendant du ).

Architecte global d’intérieur, il conçoit pendant huit ans avec Louis Süe près de deux mille modèles, et compose cinquante à soixante ensembles parmi lesquels la décoration de l'ambassade de France à Varsovie, une partie de l'ambassade de France à Washington, l'hôtel particulier du couturier Jean Patou à Paris, le grand salon du paquebot Île-de-France et les cabines de luxe du paquebot Paris. Il est aussi costumier et relieur. En 1921, Maurice Ravel lui confie le décor et les costumes de son nouveau ballet, L'Heure espagnole, créé à l'Opéra de Paris.

Pour l'Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925, Süe et Mare conçoivent deux pavillons à coupole dont celui nommé au musée d'Art contemporain, avec un grand salon au centre de la rotonde[3].

En 1926, André Mare est nommé chevalier de la Légion d'honneur à la suite de l'Exposition des Arts décoratifs.

En 1927, André Mare décide de ne plus assurer la direction technique de la Compagnie des arts français pour des raisons de santé. Il se consacre exclusivement à la peinture qu'il avait délaissée depuis une dizaine d'années au profit de la décoration pour la Compagnie des arts français.

En 1930, il exécute un grand tableau de commande : Les Funérailles du maréchal Foch. Il exécute des paysages de sa Normandie natale.

Le , il meurt de la tuberculose, des suites d'une grave intoxication au gaz moutarde. Il est inhumé dans le petit cimetière des Lignerits dans le pays d'Auge.

En octobre-, un ensemble important de ses œuvres est présenté à la 23e exposition de la Société des artistes normands au musée des beaux-arts de Rouen[4].

Œuvres dans les collections publiques

Peintures

Dessins

Mobilier

Chaise à dossier corolle

Bibliographie

  • Fernand Léger : Lettres à Charlotte et André Mare (1906-1932), correspondance présentée par Tristan Rondeau et préfacée par Michel Onfray. Textes d’introduction de Laurence Graffin, Jean-Christophe Orticoni, Yves Chevrefils Desbiolles et Benoît Noël, Sainte-Marguerite-des-Loges, Éditions BVR, 2019.
  • Benoît Noël : « Fernand Léger et André Mare, Normands pur jus », Revue Le Pays d’Auge, mars-.
  • Éric Lefèvre : Les peintres modèles de 1800 à 1950, catalogue de l’Espace-Musée Charles Léandre, Condé-en-Normandie, 2016.
  • Tristan Rondeau : « Caméléons » dans la Grande Guerre : étude des pratiques, représentations et motivations des artistes mobilisés à la Section de camouflage française (1914-1919), Mémoire de Master 1 sous la direction de Stéphane Audouin-Rouzeau, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2015.
  • Benoît Noël - Préface de Dominique Wallard : Fernand Léger - Un Normand planétaire, Sainte-Marguerite-des-Loges, Éditions BVR, 2015.
  • Cécile Coutin : Tromper l'ennemi - L'invention du camouflage moderne en 1914-1918, Paris, Pierre de Taillac – Ministère de la Défense, 2012.
  • Benoît Noël, Christiane Tatham et Frédéric Dombre : Saint-Céneri-le-Gérei, Barbizon des Alpes Mancelles, Sainte-Marguerite-des-Loges, Éditions BVR, 2010.
  • Aude Pessey-Lux, Laurence Graffin, Nicole Zapata-Aubé, Florence Camard et Christian Fraud : André Mare - Aux sources du cubisme et de l’art déco, catalogue du Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d’Alençon, 2005.
  • Nicole Zapata-Aubé : « André Mare », dans Basse-Normandie, Terre d’artistes, Caen, Archives départementales du Calvados, 2002.
  • Jean Arpentinier - Préface d’Aude Pessey-Lux : Orne, terre d’artistes - Peintres et graveurs 1700-1945, Igé et Marchainville, Segi et Proverbe, 1999.
  • Nicole Zapata-Aubé, Danielle Delouche et al. : André Mare - Cubisme et camouflage 1914-1918, catalogue de l’exposition du Musée municipal des Beaux-Arts de Bernay reprise à l’Arc de Triomphe de l’Étoile à Paris, l’année 1998 et enfin présentée au Musée Royal de l’Armée à Bruxelles en 1999.
  • Laurence Graffin : Itinéraire d’un camoufleur : André Mare dans Véronique Harel et al. : Camouflages, catalogue de l’exposition de l’Historial de la Grand Guerre (Péronne), 1997.
  • Stéphane Laurent : « Les reliures peintes d’André Mare », revue Arts & Métiers du Livre, janvier-.
  • André Mare (présentation par Laurence Graffin) : Carnets de guerre 1914-1918, Paris, Herscher, 1996.
  • Florence Camard : Süe et Mare et la Compagnie des Arts Français - Préfaces de Marcelin et Olivier Süe et de Michel Mare, Paris, Les Éditions de l'Amateur, 1993.
  • Nicole Zapata-Aubé : André Mare, catalogue de l’exposition à l’Hôtel-de-Ville d’Argentan, 1994.
  • Nicole Aubé - Préface de Michel Mare : André Mare, peintre et dessinateur, catalogue de l’exposition du Musée municipal des Beaux-Arts de Bernay, 1990.
  • Victor Beyer : André Mare et la Compagnie des Arts Français, catalogue de l’exposition à l’ancienne Douane de Strasbourg, 1971.
  • Pierre Cabanne : L’épopée du cubisme, Paris, La Table Ronde, 1963.
  • Xavier Rousseau : « Le peintre André Mare (1885-1932) », Le Pays d’Argentan - Revue Régionaliste d’Histoire et de Littérature, 1932.
  • Louis Cario : « André Mare » dans le Dictionnaire biographique des artistes contemporains (1910-1930) d’Édouard Joseph, Paris, Art & Édition, 1931.

Film

  • Documentaire (52 min) de Frédéric Tonolli, diffusé sur France 3 le .
    • Résumé: Le camouflage fut institué en France pendant la Première Guerre mondiale : le peintre André Mare a raconté dans ses carnets la chronique de cette période.

Notes et références

  1. Biographie
  2. Référencé en vente publique sur www.drouot.fr[source insuffisante]
  3. Celui-ci sert de décor au tournage du film Gribiche.
  4. L'Esprit français, 10 octobre 1933, n°85, p.216

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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