Alice de Bourbon-Parme (1917-2017)

Alice de Bourbon (en italien : Alice di Borbone-Parma et en espagnol : Alicia de Borbón-Parma), qui portait les titres de courtoisie de princesse de Parme et, par son mariage, de princesse des Deux-Siciles et duchesse de Calabre, est née le à Vienne en Autriche-Hongrie et morte le à Madrid (Espagne).

Ne doit pas être confondu avec Alice de Bourbon-Parme (1849-1935).
Alice de Bourbon-Parme
Portrait photo de la Princesse Alice de Bourbon-Parme de 1960
Biographie
Titulature Princesse de Parme
Infante d’Espagne
Duchesse de Calabre
Dynastie Maison de Bourbon-Parme
Nom de naissance Alice Maria Teresa Francesca Luisa Pia Anna Valeria di Borbone-Parma[réf. nécessaire]
Naissance
Vienne (Autriche-Hongrie)
Décès [1]
Madrid (Espagne)
Père Élie, duc de Parme et de Plaisance
Mère Archiduchesse Marie-Anne d’Autriche
Conjoint Alphonse, duc de Calabre
Enfants Thérèse, duchesse de Salerne
Charles, duc de Calabre
Inès, duchesse de Syracuse
Religion Catholicisme romain

Elle est l'épouse du prétendant au trône Alphonse de Bourbon-Siciles (1901-1964).

Alice est la fille d’Élie de Bourbon-Parme, duc de Parme et de Plaisance, et de son épouse la princesse impériale et archiduchesse Marie-Anne d’Autriche, princesse de Teschen. Elle épouse en 1936 l'infant Alphonse de Bourbon (1901-1964), prince des Deux-Siciles, et se fait naturaliser espagnole[réf. nécessaire] (1960). Alice de Bourbon est la mère du duc de Calabre (1938-2015), prétendant à la fonction de chef de la maison royale des Deux-Siciles et membre de la famille royale espagnole.

Biographie

Élie de Bourbon et son épouse l’archiduchesse Marie-Anne.

Famille

Alice de Bourbon est le septième enfant d'Élie de Bourbon-Parme (1880-1959), prétendant aux trônes de Parme et de Plaisance, et de son épouse l’archiduchesse Marie-Anne d’Autriche (1882-1940), princesse de Teschen[2]. Élie est le fils de Robert Ier, dernier duc régnant de Parme, et de sa première épouse Marie-Pie de Bourbon, princesse royale des Deux-Siciles[3] ; d’ailleurs, le , Élie de Bourbon devient, à la suite des disparitions de ses frères aînés, le chef de la maison ducale de Parme[4].

Du côté maternel, Alice se rattache aux Habsbourg-Lorraine de Teschen, une branche issue d’un fils de l’empereur Léopold II, l’archiduc Charles-Louis d’Autriche, premier souverain du duché éponyme[5]. En effet, l’archiduchesse Marie-Anne est la fille du dernier duc de Teschen, l’archiduc Frédéric, et de son épouse la princesse Isabelle de Croÿ[6], ce qui fait également d’elle une cousine germaine de la reine Marie-Christine d’Espagne, née princesse de Teschen.

Positions dynastiques

Faisant partie des descendants de Victor-Emmanuel Ier, aîné des successeurs et descendants d’Édouard le Confesseur, roi d’Angleterre et du roi David Ier d’Écosse[7], l’infante » Alice pourrait selon certains, revendiquer l’héritage jacobite au travers de sa trisaïeule la princesse Marie-Thérèse de Savoie, cinquième enfant du roi Victor-Emmanuel Ier, le légitime souverain jacobite. En effet, si l’on considère illégitime au regard du droit canon (interdiction d’un mariage au 3e degré) la descendance issue du mariage entre la princesse Marie-Béatrice de Savoie (sœur aînée de Marie-Thérèse) et son cousin germain le duc François IV de Modène, Alice, en qualité d’aînée des héritiers de la princesse Marie-Thérèse, pourrait prétendre aux trônes d’Angleterre, d’Écosse et de France selon la tradition jacobite[8],[9]. Toutefois, l’Église catholique ayant reconnu valable cette union, la reconnaissance de ses prétentions par les partisans jacobites reste minoritaire[9].

Fin , à la mort de sa sœur aînée Marie-Françoise de Bourbon (1906-1994), princesse de Parme, l’infante Alice devient légataire fictive du trône de Navarre[10], en tant qu’héritière des rois de Navarre[7] si l’on tient compte de la traditionnelle loi de succession navarraise de primogéniture à préférence masculine. Dans la même veine, certains regardent la princesse Alice comme l’héritière historique des coprinces laïcs d’Andorre, le même principe de succession ayant régné dans cette principauté jusqu’à la fin du XIXe siècle. Les droits qu’elle aurait sur ces couronnes lui viendraient de la sœur unique du comte de Chambord, Louise d’Artois, grand-mère paternelle du père d’Alice. Pour les légitimistes français cependant, les droits sur les couronnes de Navarre et d'Andorre échéent[11] au chef de la maison de Bourbon (le duc d'Anjou), du fait de la loi salique établie dans ces deux monarchies par l'édit de Louis XIII du .

En outre, en tant que descendante de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse d’Espagne, et, toujours selon le principe de primogéniture à préférence masculine, la princesse Alice de Bourbon-Parme est l’aînée des représentants généalogiques des rois de Castille, d’Aragon, de Naples et de Sicile au travers des anciennes lois successorales de ces royaumes[réf. nécessaire].

Enfance

L’infant Alphonse en 1912.

Alors qu’à l’âge de 5 ans Alice de Bourbon commence à accompagner son père Élie à la chasse dans les domaines familiaux d’Autriche, elle reçoit à 12 ans son premier trophée de chasse, la Glasshütte. En Espagne, le pays de naissance de son époux, elle est l’une des rares à y avoir chassé toute la faune, y compris l’ours et le lynx, aujourd’hui protégés. Également amatrice des canins, l’infante Alice contribue à introduire en Espagne le teckel et le Deutsch Drathaar[12].

Rôle en Espagne

Tante maternelle par alliance du roi Juan Carlos Ier (son mari étant un demi-frère de la mère de Juan Carlos), Alice est aussi une tante paternelle à la mode de Bretagne par alliance de ce roi (son mari étant un cousin germain cognatique du père de Juan Carlos Ier. Infante à titre de courtoisie à partir de 1936 (considérée comme telle par le roi déchu Alphonse XIII), elle reçoit officieusement ce traitement sous la monarchie instaurée en 1975 et participe à quelques activités officielles en tant que membre officieux de la famille du roi (la famille royale élargie), notamment à des messes commémoratives[13]. Alors que l’article 57 de la Constitution exclut de la succession au trône toute personne ne descendant pas de Juan Carlos[14], certains considèrent que son fils le « duc de Calabre » peut entrer dans l’ordre de succession[15], en raison du mariage de son grand-père l'infant Charles avec la sœur aînée d'Alphonse XIII.

Mariage et descendance

Selon le rite de la cour espagnole, en l’église des Minimes de Vienne[16], la princesse Alice épouse le don Alphonse de Bourbon (1901-1964), fils de l’infante María de las Mercedes, princesse des Asturies et du prince Charles de Bourbon-Deux-Siciles[17], prince sicilien naturalisé espagnol sous le nom de Carlos de Borbón y Borbón, et fait infant d’Espagne[18]. De leur union naissent trois enfants, titrés princes des Deux-Siciles une fois leur père proclamé chef de la maison royale de Bourbon-Deux-Siciles en 1960[19],[20] :

Titres et honneurs

Infante Alice
Formules de politesse
Indirecte Son Altesse Royale
Directe Votre Altesse Royale
Alternative Madame

Titulature de courtoisie

  •  : Son Altesse Royale la princesse Alice de Parme
  •  : Son Altesse Royale doña Alice de Bourbon-Parme, infante d’Espagne
  •  : Son Altesse Royale la duchesse de Calabre
  •  : Son Altesse Royale la duchesse douairière de Calabre

Fille d'Élie de Bourbon, prince de Parme, Alice de Bourbon porte dès sa naissance le titre de courtoisie de princesse de Parme et le prédicat de courtoisie d’altesse royale[2]. Alors que son père se fait naturaliser espagnol et reçoit le titre de prince de Bourbon et la qualification d'altesse royale, par décret royal d’Alphonse XIII le [23],[24], la princesse devient infante d’Espagne par mariage[17] le , sur les bases du décret royal du qui avait fait de son mari Alphonse de Bourbon (prince des Deux-Siciles) un infant de grâce[18]. Mais il s'agit seulement pour elle d'un titre de courtoisie[25], car Alphonse XIII est déchu depuis 1931. Selon le journal ABC et la revue Protocolo, Alice de Bourbon et son fils l’infant Charles, duc de Calabre, auraient été les seuls membres de la famille royale d’Espagne à être « légalement » infants de grâce, avec prédicat d’altesse royale[26],[27]. Mais si le duc de Calabre reçut bien ce titre par décret royal en 1994, ce ne fut pas le cas de sa mère. ABC et Protocolo ne précisent d'ailleurs pas quel serait le décret royal qui, selon eux, aurait donné à Alice de Bourbon le titre d'infante. Protocolo reconnaît même que les conjoints des infants d'Espagne n'ont droit à aucune titulature particulière, à moins que le roi ne leur en concède une (los consortes de los Infantes de España no tienen, por sí mismos, derecho a ningún tratamiento especial, excepto el que el Rey les conceda). Rodolfo Orantos Martín (docteur en droit public) attribue cette absence de légalisation du titre d'infante pour Alice de Bourbon à de la négligence (otra muestra más de la dejadez con que se han llevado estas cosas)[25].

L’infant Alphonse s’étant proclamé chef de la maison de Bourbon-Deux-Siciles à la mort de son oncle Ferdinand-Pie de Bourbon (« duc de Calabre ») — position également revendiquée par Rénier de Bourbon (duc de Castro) —, il se fait titrer duc de Calabre à l’instar de son prédécesseur[18],[28]. Par la même, Alice de Bourbon-Parme reçoit le titre de courtoisie de duchesse de Calabre, puis, à la mort d’Alphonse en 1964, celui de duchesse douairière. Aussi, bien qu’Alice soit souvent titrée duchesse douairière de Calabre par la presse espagnole[21],[27],[29] ou par des monarchistes italiens[7], le palais de La Zarzuela préfère quant à lui se référer à elle sous le simple titre d’infante[13].

Armoiries

Honneurs

Dame de l’ordre royal des dames nobles de la Reine Marie-Louise (royaume d’Espagne)
Dame grand-croix de justice de l’ordre sacré et militaire constantinien de Saint-Georges (ordre dynastique de la branche de Calabre de la maison de Bourbon-Siciles)

Ascendance

Notes et références

  1. Badts de Cugnac et Coutant de Saisseval 2002, p. 585.
  2. Badts de Cugnac et Coutant de Saisseval 2002, p. 578.
  3. Badts de Cugnac et Coutant de Saisseval 2002, p. 579.
  4. Badts de Cugnac et Coutant de Saisseval 2002, p. 254.
  5. Badts de Cugnac et Coutant de Saisseval 2002, p. 255-256.
  6. (en) « Genealogy of the House of Bourbon-Two Sicilies », Real Casa di Borbone delle Due Sicilie, (lire en ligne, consulté le ).
  7. Sixte-Henri de Bourbon-Parme, Une double monarchie sauverait la Belgique : Observations d’un ami du Royaume. Essai politique, Paris, Godefroy de Bouillon, , 163 p. (ISBN 978-2-84191-253-7 et 2-84191-253-1), p. 101.
  8. (en) « The Infanta Alicia of Spain », The Jacobite Heritage, (lire en ligne, consulté le ).
  9. Cercle d’études des dynasties royales européennes, Le Royaume d’Espagne, vol. IV, Paris, CEDRE, coll. « Les manuscrits du CEDRE » (no 18), 236 p. (lire en ligne), p. 132-133.
  10. Conseil de Monseigneur le duc d'Anjou, État présent de la Maison de Bourbon : pour servir de suite à l’Almanach royal de 1830 et à d'autres publications officielles de la Maison, Paris, Éditions du Palais Royal, , 1re éd., 151 p. (ISBN 2-7777-0204-7, lire en ligne), p. 33-34.
  11. (es) Marga Cavadas, « S.A.R. la Infanta Dª Alicia celebra su 95 cumpleaños », El Coto de Caza, (lire en ligne, consulté le ).
  12. (es) « Misa conmemorativa del centenario del nacimiento de Su Alteza Real Don Juan de Borbón, Conde de Barcelona », Casa de Su Majestad El Rey, (lire en ligne, consulté le ).
  13. (es) « El Orden de Sucesión », Casa de Su Majestad El Rey, (lire en ligne, consulté le ).
  14. (es) Raquel Quílez, « La Constitución continúa discrimando en la línea sucesoria », El Mundo, (lire en ligne, consulté le ).
  15. (es) José de Mayoralgo y Lodo, « Año 1936 », Movimiento nobiliario, (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  16. Badts de Cugnac et Coutant de Saisseval 2002, p. 585-586.
  17. Badts de Cugnac et Coutant de Saisseval 2002, p. 402.
  18. Badts de Cugnac et Coutant de Saisseval 2002, p. 403, 404 et 405.
  19. (es) Carlos Robles do Campo, « Los Infantes de España tras la derogación de la Ley Sálica (1830) », dans Real Academia Matritense de Heráldica y Genealogía, Anales de la Real Academia Matritense de Heráldica y Genealogía, vol. XII, Madrid, La Academia, , 451 p. (ISSN 1133-1240), p. 365.
  20. (es) Fernando Moreno, « Fallece un sobrino del Rey en un trágico accidente de moto », Vanitatis, (lire en ligne, consulté le ).
  21. (es) Eduardo Verbo, « Una Borbón, apoyo de García Revenga, el otro imputado de Nóos », El Mundo, (lire en ligne, consulté le ).
  22. Décret royal du 18 août 1920.
  23. Badts de Cugnac et Coutant de Saisseval 2002, p. 584.
  24. « El reconocimiento, honores y dignidades que hace la administración del Reino a una Infanta únicamente se sustenta en una gracia concedida por un Rey en el exilio en un momento en el cualquier decisión suya carecía de validez legal en España » : Rodolfo Orantos Martín, El nuevo valor de la corona, Cáceres, El País Literario Editorial, 2018, 1886 p.  (ISBN 978-84-697-8801-1), présentation en ligne, p. 127, lire en ligne.
  25. (es) Almudena Martínez Fornés, « El Infante Don Carlos celebra hoy su setenta cumpleaños », ABC, (lire en ligne, consulté le ).
  26. (es) Olga Casal, « Los tratamientos de la Familia Real Española en los medios de comunicación », El Protocolo, (lire en ligne, consulté le ).
  27. Badts de Cugnac et Coutant de Saisseval 2002, p. 403.
  28. (es) Rafael Leopoldo Aguilera, « La Casa Real y las cofradías », El Almería, (lire en ligne, consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Juan Balansó (trad. de l'espagnol par Chantal de Badts de Cugnac), Les Bourbons de Parme : histoire des infants d’Espagne, ducs de Parme, Biarritz, J. et D., , 237 p. (ISBN 2-84127-100-5)
  • Chantal de Badts de Cugnac et Guy Coutant de Saisseval, Le Petit Gotha, Paris, Éditions Le Petit Gotha, coll. « Petit Gotha », (1re éd. 1993), 989 p. (ISBN 2-9507974-3-1)

Articles connexes

Lien externe

  • Portail de la monarchie
  • Portail de l’Espagne
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.